Rétrospective 2022 de Raf Against The Machine

L’année touche à sa fin, et comme un vieux marronnier, il est de bon ton de regarder un peu dans le rétroviseur. Pas par nostalgie, ni avec des regrets, mais pour voir ce que l’on retient de 2022. Une année du boomerang (voir la petite chronique liée par ici) que je laisse partir tranquillement, pour plonger dans 2023 afin de voir comment 2022 et ses bonnes ondes (oui, il y en a eu) se prolongent. Toutefois, à la porte de cette nouvelle année, partageons une dernière fois ce qui a marqué mon année écoulée sur le plan musical. Une rétrospective forcément subjective : ne hurlez pas s’il n’y a pas votre son de l’année, votre découverte ou le live qui vous a marqué. En revanche, ne vous privez pas de laisser, dans les commentaires, votre top à vous. Five-Minutes, c’est aussi l’envie de partager ainsi quelques minutes de bon son.

Du côté des albums de l’année, une fois n’est pas coutume, j’ai un vrai podium à trois places. Pas quatre comme les années passées où, incapable de choisir, j’avais systématiquement rajouté une marche au podium. Et une fois n’est pas coutume, nous allons remonter les places. Sur la troisième marche, A Light for Attracting Attention, l’album de The Smile. Composé de Thom Yorke (chanteur de Radiohead), Jonny Greenwood (guitariste de Radiohead) et Tom Skinner (batteur chez Sons of Kemet), le groupe a livré au beau milieu de 2022 une galette assez impressionnante de créativité (la chronique est à relire par ici). J’attendais énormément cet album, et j’avoue avoir été très agréablement surpris par la richesse et la variété des compositions, alors que je m’attendais plutôt à un trio rock brut de décoffrage assez basique et uniforme dans les sons.

A la deuxième place, une galette totalement inattendue pour moi : La mémoire du feu du groupe Ez3kiel. Pour tout dire, c’est le copain Sylphe qui a mis ce son dans mes oreilles. Voilà un album concept comme on n’en fait plus. L’histoire d’amour de Diane et Duane qui prend place dans un univers de SF post-apocalyptique. La petite histoire dans la grande, toutes deux narrées au travers de onze titres tour à tour très rock qui décapent ou très doux et intimistes. Des compositions incroyables d’efficacité, surplombées par les voix tout aussi incroyables de Jessica Martin-Maresco et Benjamin Nérot. Un fascinant album que nous avons eu le plaisir de découvrir live. En plus d’un disque impressionnant, Ez3kiel sait aussi conquérir le public sur scène. Une vraie bonne surprise qui a tapé très fort dès janvier 2022.

Mais qui peut bien attraper la plus haute marche du podium ? Aucune surprise pour qui me connaît un minimum ou lit régulièrement ces pages. Sans aucune hésitation, mon album 2022 est Call to Arms & Angels de Archive. Album attendu comme aucun autre de ma part, j’ai plongé dès le jour de la sortie et les premières notes, et chroniqué la bête ici-même. Un peu plus tôt même, puisque j’avais eu la chance de pouvoir écouter l’album quelques jours avant sa sortie, lors d’une soirée-rencontre avec le groupe et quelques fans hardcores tous plus sympathiques les uns que les autres. Call to Arms & Angels est une claque totale et absolue. Un disque qui est pour moi autant une somme de lumières qu’un refuge, un baume autant qu’une pile d’énergie inépuisable. Alors que le groupe venait de fêter ses 25 ans avec la sortie d’un gargantuesque coffret et de Versions, deux albums de remixes, je me demandais (sans en douter) comment le groupe allait pouvoir poursuivre et innover. C’est bien plus que de l’innovation. C’est une réinvention totale pour un groupe qui ne cesse de me bouleverser. Nous aurions dû découvrir tout cela en live en octobre dernier, mais un putain de crabe a attrapé Darius Keeler, reportant d’un an la tournée. Darius va bien (et tant mieux pour lui et ses proches avant tout), Call to Arms & Angels poursuit sa route, et nous retrouverons bientôt Archive sur scène, pour un live qui s’annonce déjà dantesque.

Au-delà de ce top 3 d’albums sortis en 2022, il faut ajouter deux autres galettes, également sorties en 2022 qui ont marqué mon année. On vient de parler d’Archive, un groupe dans lequel officie le génial et sympathique Dave Pen (chant/guitares). Ce dernier a sorti à l’automne The universe is IDK, un EP de sept titres inattendu et assez captivant. J’en ai parlé par ici et vous laisse relire tout le bien que j’en pense. Preuve de la proximité et de l’humilité du garçon ? Suite à cette chronique, j’ai reçu un très gentil mot de remerciements. Autre galette, totalement inattendue elle aussi, Transmissions par le collectif Transmission. Initialement entendue en live au festival HopPopHop en septembre, la prestation m’a scotchée au point de vouloir retrouver ces sensations sur disque. Ce qui tombe bien, puisque ces compositions sont disponibles sur un enregistrement de haute facture qui rend justice à la créativité du collectif (chronique à retrouver ici). Un collectif porté en partie par des membres d’Ez3kiel. On ne se refait pas.

Il me faut encore citer cinq albums, cette fois non sortis en 2022 mais qui ont laissé une trace dans ces douze derniers mois. Sorti en décembre 2021, The Dystopian Thing de Thomas Méreur a littéralement ruisselé et accompagné tout 2022 (la review est à retrouver par ici). Le petit frère de Dyrhólaey (2019) est tout aussi magique, envoûtant, prenant et maîtrisé, pour nous emmener dans des voyages et des évasions intimistes au fond de nous-mêmes. Un magnifique album dont je ne me lasse pas. La réédition de Est-ce que tu sais ? de Gaëtan Roussel a apporté trois nouveaux titres à un album sorti en 2021 et déjà parfait. Pas vraiment un opus de 2022, mais une version définitive qui m’a fait replonger directement dans un des disques qui compte le plus pour moi. Autre réédition, celle de () du groupe islandais Sigur Rós. Pour célébrer les 20 ans de cet album incroyable, le groupe le republie ces jours-ci dans une édition anniversaire. Une excellente occasion de (re)découvrir un des groupes les plus fascinants et les plus créatifs de ces dernières années. Autre groupe fascinant : Noir Désir. Si l’intégrale vinyle est annoncée pour janvier 2023 au prix délirant et stratosphérique de plus de 200 euros, on s’arrêtera plutôt sur Comme elle vient – Live à Evry 2002, captation efficace et émouvante du dernier live du groupe. Clôture de la tournée Des visages, des figures, ce concert enregistré le 14 décembre 2002 restera pour toujours la dernière prestation du groupe, au sommet de sa créativité et de son intelligence musicale. Enfin, puisqu’on parle d’ultime prestation, comment ne pas penser au grand Arno, parti en mai 2022, laissant une carrière qui force le respect par son audace, sa diversité, son énergie. Une des meilleures façons de parcourir l’éventail musical de ce grand rocker sensible, c’est de s’écouter Vivre. Un album piano-voix sorti en 2021 et enregistré avec Sofiane Pamart. Tout est délicatesse, sensibilité, énergie, rage de vivre dans ces reprises intimistes de titres plus ou moins connus d’Arno. Avec une version bouleversante et imparable de Solo gigolo qui résonne comme un testament autant qu’un hymne éternel. Les poils putain putain. Avec Arno à nos côtés pour toujours.

La musique occupe une place essentielle pour moi aussi dans les œuvres où elle pourrait passer pour secondaire. Je m’explique. La musique existe et vit pour elle-même, mais j’y suis aussi particulièrement sensible dans les films et les séries, autant que dans les jeux vidéo.

Côté films/séries, trois BO auront marqué mon 2022. The Batman, sorti sur nos écrans en mars dernier, bénéficie d’une bande originale très efficace composée par Michael Giacchino, qui soutient un des grands films de l’année par sa noirceur autant que par sa compréhension de ce qu’est le Batverse. Ce film a marqué mon année, autant que sa BO. Autre moment à retenir : Cyberpunk Edgerunners, ou l’adaptation par Netflix du jeu CyberPunk 2077 de CD Projekt. La série réalise le mélange de l’animé japonais ultraviolent et de l’univers cyberpunk imaginé par Mike Pondsmith. L’occasion toute rêvée pour redécouvrir ce grand jeu malade à la faveur de sa mise à jour consoles next-gen, et se remettre dans les oreilles la super BO du jeu, que l’on retrouve en partie dans la série aux côtés de quelques titres rock bien sentis. Enfin, toujours côté séries, comment ne pas parler de l’ascenseur émotionnel (et donc du scandale) provoqué par Westworld ? Quelques jours après la sortie/diffusion de la saison 4 cet été, nous apprenions que HBO, chaîne à l’origine de la série comme de bien d’autres chef-d’œuvres du petit écran, ne donnerait pas suite et fin à Westworld, en refusant de financer l’ultime saison 5. Nous resterons donc orphelins de la conclusion d’une des plus grandes séries de notre temps, tout en gardant en tête son incroyable BO faite de compositions originales de Ramin Djawadi et de reprises de grands titres rock.

Coté jeux vidéo, deux OST ont ponctué mon 2022. D’une part, les compositions toujours hors du temps et du réel de Keiichi Okabe pour NieR Replicant et NieR: Automata. Ce dernier jeu est ma référence absolue, le jeu parmi les jeux et la BO de jeu parmi les BO de jeux. J’en suis tellement fan et soufflé que je n’ai toujours pas réussi à vous en faire une chronique par ici, faute de trouver les mots justes qui retranscriront ce que me procure ces musiques et ce jeu. Mais, pour reprendre Jack Kérouac (in Les clochards célestes), « Un jour je trouverai les mots justes, et ils seront simples ». Cette année 2022 est celle où j’ai enfin pris le temps de faire NieR Replicant, jeu grand frère et préquel de Nier: Automata. Si le jeu m’a moins marqué, tout en étant un super moment vidéoludique, sa BO m’a tout autant retourné et j’ai passé de longues heures à réécouter les compositions de Replicant et Automata. D’autre part, 2022 aura aussi été l’année du décès de Ryan Karazija, chanteur du groupe Low Roar dont les morceaux ont été largement mis en avant par Hideo Kojima dans son chef-d’œuvre Death Stranding. Une BO là aussi hors du temps, tout comme le jeu qu’elle accompagne. Et, à la survenue de cette triste nouvelle, relancer Death Stranding et réécouter Low Roar. Dont cet incroyable I’ll keep coming.

Objet inclassable et non classé de 2022 qui mérite pourtant amplement de figurer ici, le coffret PJ Harvey B-sides, Demos and Rarities constitué de 6 galettes vinyles et pas moins de 59 titres. Histoire de parachever la réédition depuis 2020 de l’ensemble de sa discographie, la chanteuse nous a gratifiés à l’automne de cette dantesque rétrospective de sa carrière, au travers de morceaux à découvrir ou redécouvrir. Un coffret dont j’avoue n’avoir pas encore fait le tour, tant il est riche, dense et passionnant. En proposant son contenu dans l’ordre chronologique de la carrière de PJ Harvey, il permet aussi de mesurer l’évolution et la créativité artistiques d’une artiste à nulle autre pareille.

Enfin, comme de petites ritournelles pop-folk-rock, je ne peux pas refermer 2022 sans mentionner Angus & Julia Stone. Leur dernier album studio Snow remonte à 2017, et leur dernière production à 2021 avec la BO du jeu vidéo Life is strange – True colors (que je reconnais ne pas avoir encore fait, il m’est donc impossible de pouvoir légitimement en parler). Pourtant, ces deux là m’accompagnent depuis quelques années, plus précisément depuis un jour de 2010 où j’ai découvert leur album Down the way et leur folk-rock, pour ne plus jamais trop m’en éloigner. L’année 2022 a fait que j’ai plus réécouté Angus & Julia Stone que d’autres années. Comme pour me glisser dans une bulle de sérénité. Comme du son qu’il fait bon partager au cœur de cette bulle.

Un dernier mot sur 2022 : notre Five-Minutes a encore progressé, aussi bien en nombre de vues avec plus de 21 250 (15 231 en 2021) qu’en nombre de visiteurs avec près de 15 100 (10 613 en 2021). Mes presque derniers mots de rétrospective 2022 iront donc à vous, lecteurs réguliers ou plus ponctuels, qui nous faites la gentillesse de venir suivre notre modeste et humble aventure bloguesque, pour quelques minutes de bon son. Merci infiniment à vous.

Last but not least, mon dernier coup de projecteur musical avant de refermer 2022 sera pour mon ami et compère de Five-Minutes. Sylphe, merci pour ta passion musicale, cette aventure Five-Minutes, ton indéfectible soutien en tout temps. Ton amitié.

Prenez soin de vous, bons derniers jours de 2022, et rendez-vous de l’autre côté en 2023 pour une nouvelle année de pépites et découvertes musicales.

Raf Against The Machine

2 commentaires sur “Rétrospective 2022 de Raf Against The Machine

  1. Merci pour tous vos partages et vos enthousiasmes musicaux, souvent contagieux !
    Avec quelques heures d’avance, belle et heureuse année 2023 !

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    1. Merci pour votre retour et ce commentaire qui font chaud au cœur ! C’est exactement l’idée du blog : partager notre enthousiasme et le diffuser.
      Une très bonne et heureuse année 2023 également, avec bien d’autres partages musicaux à venir. Merci de nous lire !

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