Playlist du lundi n°1

Après des vacances d’été reposantes, il est temps de repartir sur une nouvelle année (ici à Five-Minutes nous fonctionnons assez naturellement en terme d’année scolaire…) et de distiller la première nouveauté avec la playlist de la semaine, postée tous les lundis. Le principe est simplissime avec le choix de 7 titres brièvement présentés, comme des portes d’entrée vers des artistes ou des albums, qui peuvent être des nouveautés ou des pépites intemporelles. La notion de hasard et de l’impression d’une balade musicale au gré des envies prédomine, l’idée est de piocher de ci de là dans un vaste contenu musical qui ne demande qu’à tomber dans vos oreilles…

Pour cette première playlist, voici les 7 titres qui vous donneront du baume au coeur si vous repartez sur le chemin du travail…

  1. Paris de Friendly Fires feat. Au Revoir Simone  Sur leur premier opus sorti en 2009 déjà, les Anglais de Friendly Fires invitent les non moins célèbres reines de la dream pop Au Revoir Simone. Ce Paris est magique avec sa rythmique uptempo qui me donne l’impression d’écouter un morceau de Bloc Party qui aurait décidé de se vendre corps et âme à la pop. Le refrain est entêtant et cela fait toujours plaisir d’écouter un titre qui présente Paris comme un lieu idéalisé pour y commencer une nouvelle vie…
  2. Holiday de Metronomy   La discographie de la bande formée autour de Joseph Mount commence à prendre de la densité. Même si les derniers albums montrent un réel essoufflement, il y a des albums touchés par la grâce et à n’en pas douter nous ferons un tour un lundi du côté de The English Riviera… Ce Holiday dont le titre revêt une teinte nostalgique aujourd’hui est tiré du deuxième opus Nights Out sorti en 2008, véritable bijou électro qui surprend dans une discographie davantage tournée vers la pop et les basses sensuelles. Rythmique extatique, débauche de synthés, voix bidouillée électroniquement, ces préparatifs de vacances avortées prennent une tournure burlesque étonnante…
  3. Blouson noir de AaRON. Tiré de son troisième album We Cut the Night sorti en 2015, ce morceau très sombre et synthétique dont le texte est un pur bijou d’écriture retranscrit le mal-être à travers une errance nocturne angoissante.
  4. Children – Dream Version de Robert Miles. Bijou de l’italien Robert Miles (de son vrai nom Roberto Concina), ce morceau de dream trance a inondé les ondes radiophoniques en 1995/96. Cette association fragile entre les synthés et cette mélodie au piano me désarme toujours autant 28 ans plus tard, un instant de poésie suspendue…
  5. 1901 de Phoenix. Philippe Zdar à la production fait des merveilles et permet à Phoenix de faire une entrée fracassante sur la scène mondiale avec leur quatrième opus Wolfgang Amadeus Phoenix sorti en 2009. Il y a déjà du très bon précédemment, en particulier Alphabetical qui me touche beaucoup, mais des titres comme 1901 apportent un vent de fraîcheur assez inexplicable. Des rythmiques imbriquées et cette voix de Thomas Mars qui s’affirme sans fioriture, il n’y a pas besoin de grand chose pour créer un single brillant d’instantanéité.
  6. Tornado de Jonsi. La musique intemporelle de Sigur Rós est inclassable et d’une beauté à faire pleurer les pierres, elle devrait faire des apparitions régulières sur les playlists du lundi. Cependant, c’est bien le premier album solo Go (2010) de son chanteur Jónsi qui m’intéresse aujourd’hui et en particulier le titre Tornado. On retrouve tout ce qui fait la beauté des Islandais avec ces cordes qui donnent une ampleur folle au titre et la voix d’une sensibilité exacerbée de Jónsi.
  7. We Are The People d’ Empire of the Sun. Tiré du premier opus Walking on a Dream (2008), ce morceau révèle toute la folie des deux Australiens Luke Steele et Nick Littlemore qui proposent une musique résolument lumineuse, entre synthpop et glam rock. De quoi faire naître un sourire avant de bosser…

 

Sylphe

Son estival du jour n°92 : Sous le soleil exactement (1967) de Serge Gainsbourg

Jane_Berkin-Serge_Gainsbourg_(album)Après la dose de fraîcheur apportée par mon ami Sylphe dans sa dernière chronique, retour à des températures plus élevées avec Sous le soleil exactement de Serge Gainsbourg. On ne peut pas dire qu’on manque de soleil ni de chaleur ces jours derniers… on apprécierait même de pouvoir respirer un peu. C’est toutefois une version du soleil bien plus douce et sensuelle que propose Gainsbourg dans ce titre composé initialement en 1967 pour le téléfilm Anna. Alors interprétée par Anna Karina, Sous le soleil exactement revient deux ans plus tard sur l’album Jane Birkin – Serge Gainsbourg, cette fois chantée par son auteur. La version 1969 est quelques degrés (#jeudemots) plus érotique, plus suave, plus moite et sexuelle. N’oublions pas, pour contextualiser, que Jane Birkin – Serge Gainsbourg sort donc en 1969, paré de titres assez évocateur comme 69 Année érotique, ou encore l’incandescent Je t’aime… moi non plus.

Sous le soleil exactement est donc bien entourée, et se déguste comme et/ou avec qui vous le souhaitez. Comme un goût de fin d’été, mais qu’il est amplement possible de faire durer en nous. Un son estival par excellence, un excellent son estival en toute saison.

Raf Against The Machine

Son estival du jour n°91: The Deconstruction d’Eels (2018)

En cette période estivale de fortes chaleurs (le célèbre dôme de chaleur ou la preuve imparableEels - The Deconstruction du dérèglement climatique, tant les nouvelles expressions météorologiques fleurissent aussi vite que les incendies sur la nature asséchée…#pointmeteo), nous sommes en quête perpétuelle d’un brin de fraîcheur, d’un semblant de courant d’air et restons au maximum calfeutrés chez nous. Une situation parfaite pour écouter du bon son non? Allez, je vous invite à la plus grande compassion suite à cette ouverture un brin foireuse pour vous pencher sur ce son estival d’Eels. Le morceau d’ouverture éponyme est tiré de l’album The Deconstruction sorti en 2018 et symbolise bien pour moi la saveur douce-amère inhérente à ce groupe. Nous retrouvons la voix éraillée de Mark Oliver Everett, ces cordes qui se marient parfaitement aux sonorités électroniques et les refrains percutants qui viennent atténuer la mélancolie des couplets. Derrière ces sonorités lumineuses et presque enfantines, Eels délivre un beau message sur le besoin de l’être humain de se renouveler, d’accepter de faire table rase pour encore mieux se réinventer. Se réinventer sans se renier, voilà ce que le groupe fait à merveille depuis 14 albums déjà et il serait temps qu‘Eels obtienne un écho médiatique plus en accord avec son talent évident. Allez je vous laisse avec la fraîcheur salvatrice de The Deconstruction, enjoy !

 

Sylphe

Son estival du jour n°90 : The Sea (1998) de Morcheeba

R-161529-1578576499-6182Le dernier son estival en date nous a fait traverser la Manche pour retrouver les Pogues. Restons donc chez les Britanniques pour écouter Morcheeba. Le groupe, né en 1995 et toujours actif à ce jour, mène une carrière ponctuée de 10 albums studios, depuis Who can you trust ? en 1996, jusqu’à Blackest Blue en 2021. C’est plutôt le début de la discographie qui nous intéresse aujourd’hui, avec un arrêt en 1998 et sur l’album Big Calm. A l’époque, le groupe est un trio composé des frères Paul et Ross Godfrey, et de la chanteuse Skye Edwards. Cette dernière a grandement contribué à l’identité musicale du groupe de par sa voix très caractéristique, ce qui explique sans doute son retour en 2010 après avoir quitté le trio en 2003. Skye Edwards donne ainsi une couleur et une ampleur musicales à Morcheeba, entre downtempo, trip-hop, rhythm and blues et pop.

L’album Big Calm est très représentatif de ce mix musical qui fonctionne à merveille. Composé de 11 titres, la galette ne contient que des pépites. Depuis le bluesy Part of the Process aux plus pop Blindfold et Shoudler Holster, en passant par le très trip-hop Bullet Proof, les délicats Over and Over et Fear and Love ou encore le hip-hop lancinant de Big Calm en clôture, Morcheeba expose l’étendue de son talent. Cet album est d’une classe absolue. The Sea, son titre d’ouverture, explore quant à lui une ambiance douce, ensoleillée. Comme un mélange de farniente et de temps qui s’écoule sans contraintes. Une certaine idée de l’été les pieds dans l’eau, qui entre donc parfaitement dans nos sons estivaux.

Raf Against The Machine

Son estival du jour n°89 : The Broad Majestic Shannon (1988) de The Pogues

81rpFJdVkNL._UF1000,1000_QL80_La moitié nord de la France jouit actuellement d’une météo qui fleure bon l’automne, à grands coups de ciel bouché, de pluie, de vent, de températures bien indignes d’un début août. Non, Five-Minutes n’a pas viré blog météo : vous êtes bien au bon endroit pour du bon son à partager. Toutefois, ce temps que l’on croise parfois en Bretagne et, par extension, en Grande-Bretagne, et par re-extension en Irlande, nous amène aujourd’hui à réécouter The Pogues. Groupe de folk rock britannique fondé au début des années 1980, la formation a fait les belles heures des années 1980 et 1990 à grands renforts de folk irlandais mâtiné de rock et même de punk rock. Pour l’anecdote, The Pogues se sont initialement appelés Pogue Mahone, soit la transcription en anglais de l’expression irlandais póg mo thóin qui signifie « embrasse mon cul ». Tout un programme de punk attitude donc, incarné par son chanteur Shane MacGowan dont l’énergie, la gouaille, les excès et la rock attitude sont restés dans les mémoires.

The Pogues, c’est 7 albums studios entre 1984 et 1996, dont les incontournables Rum, Sodomy and The Lash sorti en 1985 (« Rhum, Sodomie et Fouet », là encore tout un programme), et If I Should Fall from Grace with God publié en 1988 (littéralement « Si je devais tomber en disgrâce avec Dieu »). Album des Pogues le mieux classé dans les charts britanniques avec une 3e place, ce dernier ne contient presque que des pépites. Dont The Broad Majestic Shannon, en quasi clôture de la galette. Une ballade folk inspirée qui sent bon la chaleur et l’humanité autour d’une bière, mais qui apporte également une forme de sérénité à se laisser porter aux confins du monde par ces 3 minutes. Mettez ce son dans vos oreilles puis, si le cœur vous en dit, écoutez le reste de If I Should Fall from Grace with God. Assurément un grand album rock, et un grand album de musique tout court.

Raf Against The Machine