Pépite intemporelle n°138 : Safe from Harm (1991) de Massive Attack

61N9E6jnyVL._UF8941000_QL80_Dans sa dernière chronique en forme de Top 10, mon ami Sylphe concluait sur l’envie de continuer à partager des sons que l’on aime et de vous inciter à acheter de la musique. Incitation que l’on s’applique à soi-même chez Five-Minutes. Et pas plus tard qu’il y a quelques jours, où je suis tombé sur un exemplaire vinyle de Blue Lines (1991), premier album de Massive Attack considéré comme le disque séminal et fondateur du trip-hop. Bien que le terme n’apparaisse qu’en 1994, l’acte de naissance de ce genre musical est indéniablement contenu dans ce Blue Lines. Avec cette galette, Massive Attack pose non seulement les bases de son propre son, mais aussi de tout un courant que l’on appellera ensuite le Bristol Sound. Des artistes comme Portishead et Tricky emboiteront le pas à Massive Attack pour donner naissance à certains des plus grands albums que l’on connaisse à ce jour. Je pense notamment à Dummy (1994) de Portishead, ou encore Maxinquaye (1995) de Tricky.

Toutefois, avant ces disques majeurs, il y eut donc Blue Lines de Massive Attack. L’album est une pépite intemporelle à tout point de vue. Il suffit d’en réécouter les 45 minutes pour se faire attraper sans délai par le talent du groupe. A commencer par Safe from Harm (littéralement A l’abri du danger) en guise de premier titre. Un morceau puissant et pénétrant dès les premières secondes, sur lesquelles résonne une basse samplée depuis le titre Stratus de Billy Cobham. Une basse ronde, ronronnante, sur laquelle la chanteuse Shara Nelson pose sa voix puissante et aérienne. Le reste appartient à la magie Massive Attack : de multiples ajouts et collages sonores pour habiller et enrober une base déjà assez incroyable.

Quitte à terminer 2023, finissons donc cette année avec classe et élégance, et avec du bon son dans les oreilles. Safe from Harm en fait partie, et comme un plaisir ne vient jamais seul, on ajoute en écoute bonus Blues Lines, troisième morceau très soft groovy de cet album éponyme, où l’on retrouvera la voix de Tricky. Rendez-vous en 2024 : nous sommes ravis de voir que la fréquentation de Five-Minutes est en hausse cette année encore. Comme l’a dit mon compère de blog, tout cela nous incite à poursuivre l’aventure et le partage musical. Merci pour vos visites régulières ou plus ponctuelles. Le meilleur pour 2024. Et le meilleur commence à l’instant avec une double dose de Massive Attack.

Raf Against The Machine

Top de fin d’année 2023 albums de Sylphe

Cette année a été placée sous le signe de la sobriété énergétique de mon côté… Une panne d’envie d’écouter de nouveaux sons et des difficultés à poser des mots sur les quelques albums qui trouvaient grâce à mes oreilles. La motivation a clairement vacillé sur la collection printemps/été mais depuis septembre j’ai repris peu à peu goût à l’aventure bloguesque. Pour le coup, je me trouve donc bien embêté au moment de cette période des tops de fin d’année qui me tient tant à coeur. Aucune réelle légitimité à partager un top d’albums écoutés et/ou chroniqués (je persiste à refuser de placer dans les tops des albums écoutés de manière superficielle, juste pour le plaisir d’y voir figurer des artistes qui me plaisent) et encore moins un top des titres mais en même temps 10 beaux albums se dégagent de cette année 2023. Désolé Michael Jordan de ne pas avoir rendu honneur à ton numéro légendaire, 2024 sera à n’en pas douter une année plus riche musicalement pour moi et je l’aborde avec un enthousiasme non feint. Je n’hésiterai pas à utiliser l’image un brin éculée de « tomber pour mieux rebondir » !

Assez parlé de moi, dix jolies pépites nous attendent… Pour chacune, vous pourrez cliquer sur le titre pour lire la chronique. Deux exceptions avec les derniers albums de The Kills et Grand Corps Malade que j’ai écoutés en boucle depuis leurs sorties respectives et que je chroniquerai début janvier.

Top Albums 2023:

  1. Desire, I Want To Turn Into You de Caroline Polachek
  2. Will Butler + Sister Squares de Will Butler + Sister Squares
  3. everything is alive de Slowdive
  4. Reflets de Grand Corps Malade
  5. The Fool de Jain
  6. JUNGLE de The Blaze
  7. Red Gold Rush de Batz
  8. Hadsel de Beirut
  9. Good Games de The Kills
  10. Player Non Player d’Agar Agar

Bon réveillon à tous et merci aux artistes de continuer à véhiculer en nous des émotions fortes ! Merci à nos lecteurs de Five-Minutes, réguliers ou passagers ! Moins on écrit, plus vous nous lisez (pas un message subliminal qui nous est adressé j’espère…) et la barrière des 30K visites sur l’année a été dépassée. Voilà aussi ce qui nous donne toujours envie de continuer et vous inciter à acheter de la musique, enjoy !

Sylphe

Review n°124: Hadsel de Beirut (2023)

La fin de l’année approche et il est encore temps de parler des coups de coeur deBeirut-Hadsel novembre/décembre avant de partir plein d’enthousiasme sur la piste 2024. Si vous passez dans le coin régulièrement, vous connaissez tout mon attachement pour Zach Condon (voir la playlist qui lui est dédiée par ici) et le dernier album Gallipoli sorti il y a 4 ans (et chroniqué par ici) laissait augurer un renouvellement d’inspiration et un certain retour aux sources.

La confirmation avec ce septième opus Hadsel du nom de l’île norvégienne où Zach Condon est parti s’isoler et se retrouver face à lui-même. 12 titres et 47 minutes très homogènes comme une carte postale de la Norvège sauvage (de nombreux morceaux ont pour titres des lieux) et une introspection toute en pudeur. Les cuivres de Gulag Orkestar sont toujours au centre des morceaux pour mon plus grand plaisir, souvent accompagnés par un orgue. La voix mélancolique fait mouche et le sens des mélodies est imparable. Un album somme toute assez classique même si les grands spécialistes arriveront à nous faire passer pour des nouveautés certaines évolutions de nuances… Ne voyez aucune amertume dans mon propos car ce Hadsel m’a pleinement séduit par son lyrisme habituel !

Dans ce périple dans les contrées glaciales, vous savourerez ainsi les sonorités de l’Est du titre éponyme Hadsel en ouverture qui aurait mérité de figurer dans les premiers albums. Arctic Forest, ses choeurs et son instrumentation brumeuse, vous donneront envie de vous réfugier dans cette forêt paradoxalement accueillante malgré le climat hostile, on est ici très loin de la forêt inquiétante d’une Fever Ray par exemple. La lente rythmique brésilienne sur Baion surprend, So Many Plans s’appuie sur une guitare folk très classique alors que l’orgue de Melbu me rappelle de manière surprenante l’ambiance de Neon Bible d’Arcade Fire.

Stokmarknes est ensuite une étape centrale de ce road-trip, la folk s’illumine avec des sonorités plus claires et des synthés omniprésents. Il y aurait presque du Sufjan Stevens dans ce titre magnifique à la ligne mélodique émouvante. Les cours d’eau d’Island Life nous dirigent en douceur vers les hauteurs de Spillhaugen qui brille par son utilisation des synthés digne d’un autre chantre de la folk baroque, Get Well Soon.

La montée progressive et la mélodie naïve de January 18th, l’instrumentation tout en silences de Süddeutsches Ton-Bild-Studio, le sommet d’émotions qu’est The Tern qui révèle toute la puissance émotionnelle du chant de Zach Condon, l’orgue et les cuivres de Regulatory, Beirut réussit le tour de force d’un album sans aucun temps faible. Et vous, si vous chaussiez vos raquettes pour aller découvrir les aurores boréales de Hadsel? Enjoy !

Morceaux préférés (pour les plus pressés): 1. Hadsel – 8. Spillhaugen – 6. Stokmarknes – 11. The Tern

 

Sylphe

Playlist du lundi n°16

En cette journée de Noël, j’espère que vous avez été pleinement gâtés hier soir ou ce matin… Pas de trêve des confiseurs chez Five-Minutes et un petit extra de 7 cadeaux sonores, bonne écoute et joyeux Noël à toutes les lectrices et lecteurs, enjoy !

  1. Archangel de Burial. Le deuxième album Untrue de l’Anglais Burial date déjà de 2007 et symbolise l’âge d’or du dubstep. Un opus tellement brillant que Burial ne se lancera plus jamais dans le format long, se montrant néanmoins très actif avec de nombreux EP et des collaborations avec Four Tet ou Massive Attack. Cet Archangel est le single imparable d’ Untrue avec son jeu subtil sur les beats urbains, la fragilité de la voix et l’atmosphère mystérieuse qui se dégage du titre.
  2. Focus de Nneka. Je ne me suis toujours pas remis de l’énergie viscérale qui se dégage de No Longer at Ease Nneka s’engage à corps perdu pour dénoncer les dérives du Nigéria. Ce Focus attaque sur un riff de guitare électrisant avant de s’appuyer sur le flow incandescent de Nneka qui fait feu de tout bois. Aussi puissant que subtil, un maillon entre Neneh Cherry et Lauryn Hill.
  3. Crystalised de The XX. Un des albums majeurs de cette année 2009, le premier album de The XX est un bijou épuré. Les synthés de Jamie Smith, la basse jouissive d’Oliver Sim et sa voix qui se marie à merveille avec celle de Romy Madley Croft, il y a une telle pudeur chez ce trio qu’il touche au sublime. Ce Crystalised semble s’appuyer sur si peu, la ligne de basse nous hypnotise et les voix s’entrelacent avec retenue. Un instant suspendu.
  4. Sleep d’Archive. Le cinquième album Noise d’Archive regorge de tubes en puissance et l’on peut presque piocher les yeux fermés pour atteindre le nirvana sonore. Ce Sleep commence en douceur avec la voix de Craig Walker et la mélodie au piano en fond, les cordes donnent un aspect majestueux et l’on sent la tension subitement monter avec les refrains qui hérissent les poils. Le reste c’est de la dentelle musicale riche en tensions et émotions. Du grand art…
  5. The Big Picture de Last Train. Le deuxième album des Français de Last Train (chronique à relire par ici) est tout simplement mon deuxième album préféré de 2019, derrière un certain Thylacine. Les 10 minutes du morceau final The Big Picture sont d’une richesse folle. Le chant écorché, les guitares, les explosions électriques et la puissance émotionnelle du titre (les 4 dernières minutes…). Difficile de rendre un plus bel hommage au rock.
  6. You Say Yes, I Say Yes de VETO. Le deuxième opus Crushing Digits des Danois de VETO est d’une grande intensité. L’impression d’écouter The Foals qui aurait décidé de s’appuyer davantage sur les synthés, ce You Say Yes, I Say Yes est un morceau de rock abrasif qui fonctionne à merveille.
  7. Monochrome de Yann Tiersen feat. Dominique A. Le troisième album de Yann Tiersen, Le Phare, est porté par un moment de grâce que ce Monochrome tellement riche en couleurs et nuances … Le chant de Dominique A et le violon de Yann Tiersen semblent nés pour coexister et entamer deux superbes carrières.

 

Sylphe

Pépite intemporelle n°137 : Fairytale of New York (1988) de The Pogues

81rpFJdVkNL._UF1000,1000_QL80_En plein cœur de l’été dernier, nous avions jeté une oreille sur un son estival tout droit sorti de 1988 et de la discographie des Pogues, avec The Broad Majestic Shannon. Nous ne savions alors pas que, quasiment 3 mois plus tard jour pour jour, la voix des Pogues quitterait ce bas-monde. Shane MacGowan est mort le 30 novembre dernier. Avec sa voix éraillée reconnaissable immédiatement et sa gouaille à nulle autre pareille, le garçon aura porté bien haut et durant de nombreuses années The Pogues. Le groupe de folk rock irlandais mâtiné de punk rock a fait vibrer notamment les années 1980 avec deux grands albums qui, à mon sens, restent leurs meilleurs : Rum, Sodomy and the Lash (1985) et If I Should Fall from Grace with God (1988). Dans ce dernier, on trouvait par exemple The Broad Majestic Shannon évoqué plus haut, mais aussi Fairytale of New York (Conte de fées de New York), en duo avec Kirsty MacColl. Un titre pépite intemporelle, qui mérite doublement qu’on y revienne quelques minutes ces jours-ci. A la fois pour son sujet, et parce qu’on l’a réentendue aux obsèques du chanteur.

Les funérailles de Shane MacGowan ont eu lieu le 8 décembre dernier. Loin d’être une procession morbide et mortifère, le moment a donné lieu à un grand moment d’hommage populaire, comme en attestent divers reportages. Il est assez émouvant de voir des milliers d’Irlandais suivre le cortège funéraire et le corps de Shane MacGowan, tout en ponctuant le rassemblement de chants et de musiques. En l’église Sainte-Marie-du-Rosaire de Nenagh (Irlande), de bien belles notes ont résonné, à l’initiative des Pogues réunis pour l’occasion et de Nick Cave. L’interprétation de Fairytale of New York est assurément un moment intense qui va vous faire dresser les poils. De la musique, de la danse et du cœur : les Pogues c’était ça. Et ça le restera.

Coïncidence du calendrier, Fairytale of New York raconte une histoire entre Christmas Eve (le réveillon) et Christmas Day. Alors que nous n’avons jamais été aussi près de Noël, voilà une parfaite occasion de penser aux gens qu’on aime et avec qui partager un moment, mais aussi à celles et ceux qui ne fêteront rien, qui seront seuls, ou tout simplement qui ne sont plus là pour fêter quoique ce soit. Pas avec tristesse ou avec pitié, mais plutôt avec l’esprit de Noël, le vrai : celui qui nous fait penser d’abord aux autres avant nous-mêmes. Celui qui devrait, finalement, régner et nous habiter tout au long de l’année. Shane MacGowan est parti, mais il nous laisse, avec les Pogues, des morceaux gravés dans le marbre, pleins de vie, de fête, d’émotion. Merci Messieurs.

Pour préparer Noël, mettons dans nos oreilles Fairytale of New York en version studio, suivie de l’interprétation donnée aux obsèques de Shane MacGowan. En bonus, on écoutera aussi Nick Cave qui reprend magnifiquement A Rainy Night in Soho. Merci à vous toutes et tous de nous lire et de faire vivre Five-Minutes, et bien sûr un joyeux Noël.

Raf Against The Machine

Playlist du lundi n°15

Dans une semaine nous ouvrirons des cadeaux, du coup on s’entraîne ce matin avec 7 petits cadeaux sonores, enjoy !

  1. Rano Pano de Mogwai. Le post-rock de Mogwai est âpre et aussi écorché que les falaises embrumées de l’Ecosse dont ils sont originaires. Leur septième album Hardcore Will Never Die, But You Will paru en 2011 ne déroge pas à la règle et ce Rano Pano porté par sa mélodie de fond obsédante brille par l’obscurité de son atmosphère. Du grand art qui file des frissons, un an avant la sublime BO de la série des Revenants.
  2. Second Lives de Vitalic. Le deuxième album de Vitalic Flashmob est un bijou d’électro/techno qui mérite de figurer dans toutes les playlists orientées vers le dance-floor. Ce Second Lives est porté par sa rythmique uptempo et ses ruptures de rythme. Une odyssée de synthés comme on les aime.
  3. Gabriel de Lamb. Nous avions déjà parlé de ce troisième album de Lamb avec le titre What Sound (playlist n°5) et de sa beauté aérienne. Ce Gabriel est pour moi un sommet d’émotions du trip-hop porté par la voix si émouvante de Lou Rhodes et les cordes. Je vous mets au défi de ne pas frissonner au bout de deux minutes…
  4. Let It Happen de Tame Impala. Kevin Parker alias Tame Impala confirme que l’Australie est une vraie terre de musiques depuis Innerspeaker en 2010. Le troisième opus Currents de 2015 est sublimé par ce Let It Happen à la structure totalement folle. Ca sonne comme du MGMT, la reverb et les synthés sont de sortie. L’impression que certains groupes auraient tiré 3 titres de ce seul Let It Happen.
  5. La selva de Cabaret Contemporain. Jouer de la techno de manière acoustique et sans machines, Cabaret Contemporain a réussi ce défi fou sur leur album Séquence collective de 2018( au cas où on en parle par ici). La selva joue la carte d’une atmosphère volontiers inquiétante avec ses sonorités irréelles et l’on se surprend à se sentir observés…
  6. Sun de Two Door Cinema Club. Après un Tourist History qui a déferlé sur la planète musicale, Beacon confirme cette facilité des Nord-Irlandais de Two Door Cinema Club à façonner des tubes électropop. Ce Sun est brillant (désolé, elle était facile…) et met à l’honneur la voix d’Alex Trimble. La rythmique surprend et l’on sent l’envie de monter un projet plus ambitieux.
  7. Natural Blues de Moby. Play est incontestablement un de mes albums préférés de tous les temps… S’appuyant sur le remix de la chanson Trouble So Hard de Vera Hall (1937), ce Natural Blues tutoie les étoiles. Mes mots sont insuffisants pour retranscrire la beauté de ce titre, il ne vous reste plus qu’à l’écouter…

 

Sylphe

Interview n°7: Seb Moreau et Franck Marchal (Batz)

Il y a quelques jours, je partageais avec vous la très belle découverte qu’est le premier opus Red Batz All_1Gold Rush de Batz (à relire par ici si vous voulez en savoir plus). Nous avons eu la chance d’avoir le duo Seb Moreau/ Franck Marchal  en interview afin de faire plus ample connaissance et percevoir leurs influences et ce qui les a amenés à ce nouveau projet musical. Bonne découverte et encore merci à eux !

Bonjour Batz, pourriezvous nous en dire un peu plus sur vous et votre carrière ?

Nous sommes tous deux musiciens /compositeurs, et officions depuis des années dans la post-production et la musique de films.

Nous nous sommes rencontrés en travaillant sur des bandes originales de films publicitaires.

Le courant est passé entre nous et le sujet de faire une collaboration musicale plus « personnelle » s’est imposé rapidement.

La chanteuse Charlotte Savary est venue rejoindre le projet et a finalement écrit 5 titres sur lesquels elle a posé sa voix.

Deux ans plus tard, Red Gold Rush naissait.

 

 Pourquoi avoir choisi Batz comme nom d’artiste ?

On aimait beaucoup la sonorité qui claque comme une perc de boîte à rythmes.

Mais c’est aussi le nom de la ville en Bretagne Sud, dans laquelle nous avons enregistré.

 

Comment définiriez-vous votre musique ?

C’est principalement de la pop electro, mais notre spécificité est, de par notre bagage de compositeurs à l’image, d’avoir inclus énormément de références et d’atmosphères cinématographiques.

Il y a une volonté de faire de cet album, la BO d’un film imaginaire.

 

Pouvez-vous me dire quelles sont vos influences et quels artistes/groupes vous aimez ?

Elles sont nombreuses et éclectiques : Depeche Mode, Bowie, The Beatles, Mogwai…

Mais aussi John Carpenter, Vangelis, Ennio Morricone, Niels Frahm, Serge Gainsbourg, Craig Armstrong … 

 

Quel titre représente le mieux votre musique et pourquoi ?

C’est une question difficile, choisir c’est renoncer et c’est compliqué d’imaginer qu’un seul titre puisse nous représenter.

Cependant, si des gens veulent nous découvrir, nous leur conseillons d’écouter en premier Call Me By Your Name.

C’est notre single et c’est une forme de concentré de plein d’éléments que nous avons intégrés à l’album.

Quel est en ce moment votre groupe/artiste préféré ?

Il est bon de préciser « en ce moment », car la liste évolue souvent. Notre playlist comporte en ce moment des artistes comme :

Wolf Alice, rock très intéressant, avec une chanteuse solaire, mais aussi IDLES avec leur dernier titre Dancer, Enfant Sauvage, The Wave, Darkside, The Weeknd, Who Made Who.

Nous avons aussi eu un gros coup de cœur pour une jeune chanteuse qui se nomme Yoa (notamment sur le titre Paroxetine), dont on adore l’univers.

 

Si nous devions détruire tous les albums musicaux sur Terre, lequel sauveriez-vous ?

Pour Seb :  Je serais en peine de choisir entre  Sergeant Pepper’s  et  Yanqui UXO  de  Godspeed You! Black Emperor. 

Pour Franck : Sans hésiter Travels  de Pat Metheny.

 

Et si vous deviez ne sauver qu’un titre, lequel serait-ce ?

Pour Seb :  Wish You Were Here de Pink Floyd, une chanson parfaite 

Pour Franck : Le canon de Pachelbel dont la fréquence sonore est reconnue par de grands scientifiques internationaux, pour sa richesse thérapeutique.

 

Une question qui ne vous a jamais été posée et que vous aimeriez que l’on vous pose ?

« Si votre groupe de musique pouvait créer la bande originale d’un film encore non réalisé, quel genre de film imagineriez-vous ? »

La réponse serait un thriller d’anticipation à la croisée des univers de Lynch, Carpenter, Ridley Scott et David Fincher, (La photo serait faite par Nicolas Winding Refn)…

 

Et maintenant un peu de place pour dire ce que vous voulez.

Merci à Five minutes pour cette super interview !

On invite les gens à venir nous découvrir sur nos comptes réseaux sociaux (Insta: @wearebatz, FB: @Batzmusic…) et sur toutes les plateformes (https://supercali.ffm.to/redgoldrush.opr ) ainsi que sur notre chaîne YouTube (Batzmusic), pour découvrir le clip de Call Me By Your Name, ainsi que d’autres titres inédits.

Sylphe

Playlist du lundi n°14

C’est reparti pour une nouvelle semaine et la bande-son de votre lundi matin, enjoy !

  1. The Rip de Portishead. Le troisième album de Portishead, sobrement intitulé Third, date déjà de 2008 et il devient de plus en plus utopique qu’il ait un jour un successeur… Après deux bijoux de douceur mettant à l’honneur le trip-hop brumeux, Third détone et nous offre sa litanie de sons bruts et discordants. Les influences sont plus larges, naviguant entre expérimentation électronique et krautrock. The Rip est tout d’abord porté par sa mélodie de fond faussement naïve et la voix de Beth Gibbons nimbée d’une certaine intemporalité avant que les machines prennent une place plus centrale dans la deuxième partie du morceau. Ce titre résume assez bien l’évolution proposée par ce Third brillantissime.
  2. The Magic de Joan As Police Woman. J’ai un certain attachement pour le cinquième album The Deep Field de Joan Wasser alias Joan As Police Woman. Après avoir collaboré avec Jeff Buckley ou Antony and the Johnsons, elle crée son propre groupe en 2002. The Magic est un titre de pop lumineuse porté par le timbre envoûtant de Joan As Police Woman et devrait vous donner le sourire.
  3. Building Steam With A Grain of Salt de DJ Shadow. Le premier album Endtroducing frappe fort en 1996, brillant par son originalité. Essentiellement composé de samples, il allie avec subtilité le hip-hop expérimental et la musique électronique. Ce Building Steam With A Grain of Salt est porté par sa mélodie au piano et la richesse de ses sons auxquels viennent se greffer les samples. De l’artisanat de haut vol et une force cinématographique véritable.
  4. Tribulations de LCD Soundsystem. J’ai usé jusqu’à la corde le premier album éponyme porté par le brillant James Murphy qui a donné ses lettres de noblesse au label DFA Records. Ce Tribulations est porté par ses sonorités électroniques et ses tentations dance alors que la voix apporte un souffle post-punk surprenant. Le résultat donne une fâcheuse envie de danser, une danse pour lutter contre la dureté du monde contemporain.
  5. T’es beau de Pauline Croze. Le premier album éponyme de Pauline Croze est illuminé par ce T’es beau porté par un texte puissant et la dentelle fine du chant de Pauline Croze. Un moment de grâce suspendu qui ne mérite pas d’être dénaturé par un texte trop long…
  6. Shine de Parov Stelar feat. Lilja Bloom. Avant d’être devenu un des DJ les plus influents de ces dernières années, l’Autrichien Parov Stelar a créé son propre label Etage Noir pour développer un son très personnel qui entrelace l’électro swing et la musique downtempo. Ce Shine présent sur le quatrième album du même nom (2007) est porté par la voix de Lilja Bloom qui instaure un climat assez inquiétant. La rythmique est percutante et l’atmosphère générale n’est pas sans rappeler les albums de Poni Hoax.
  7. Anthemic de Magnetic Man. Vous prenez trois artistes majeurs de la scène dubstep, à savoir Benga, Skream et Artwork, pour créer un supergroupe électronique Magnetic Man et vous sortez un album dévastateur qui se suffit à lui-même et ne connaîtra jamais de successeur. Ce Anthemic me donne une énergie folle avec sa débauche de machines et son électro pachydermique plus subtile qu’il n’y paraît.

 

Sylphe

Review n°123: Red Gold Rush de Batz (2023)

      Ayant la chance d’avoir un pied à terre dans le Finistère Nord du côté de Roscoff, je suisBatz - Red Gold Rush amoureux de l’île de Batz qui est un vrai havre de paix ensoleillé. Il faut croire que les anges se sont penchés sur ce nom car depuis plus d’un mois j’écoute en boucle ce premier opus d’un groupe composé de Seb Moreau et Franck Marchal qui a choisi à merveille ce nom de groupe… Signé sur le label SuperCali, un label plutôt tourné vers les musiques de film, ce Red Gold Rush s’impose comme une des plus belles découvertes de l’année. Des atmosphères au pouvoir cinétique évident, une électro plutôt sombre qui prend pour arrière-plan le monde sauvage des océans, une débauche de synthés vintage, la superbe voix de Charlotte Savary qui a déjà illuminé de sa grâce de nombreux albums de Wax Tailor, des tubes électro-pop qui brillent par leur immédiateté et une ligne narrative de l’album qui n’est pas sans rappeler la structure du dernier Ez3kiel ou la collaboration Laurent Garnier/The Limiñanas sur De Pelicula. Voilà un programme qui réveille les papilles auditives…

    Après les 45 secondes d’ouverture de Pier One qui place l’album sous l’égide d’une électro sombre et prenante, Call Me By Your Name offre un superbe uppercut musical. La voix chaude de Charlotte Savary se marie parfaitement à une électro riche, la tension monte inlassablement et le refrain hautement addictif vient lorgner vers une électro-pop jouissive. A n’en pas douter, je me souviendrai de ce titre au moment du top des titres 2023… Musical Boxes brille ensuite par ses voix enregistrées (procédé qui m’évoque le Doubts And Convictions de Troublemakers ) et son électro digne des premiers albums trip-hop de Wax Tailor. Quand l’électro se passe de voix chantées, l’aspect cinétique est véritablement décuplé. Before the Flowers Die joue davantage sur la voix douce de Charlotte Savary qui se fait languissante et sensuelle dans les couplets avant de faire une concession électro-pop dans les refrains.

Klaatu Barada Nikto (formule intraduisible tirée d’un film de SF de 1951 intitulé Le jour où la terre s’arrêta) semble poursuivre la trace de Musical Boxes avant de se faire emporter par un souffle post-rock bienvenu, la voix masculine proposant un pendant judicieux à la douceur de Charlotte Savary. A Two Days Walk vient ensuite s’imposer comme un deuxième single imparable à l’image de Call Me By Your Name : une lente montée au piano et des synthés oppressants, des rythmiques fortes et l’aura électro-pop de Charlotte Savary pour un résultat qui s’inscrirait parfaitement dans la discographie de Röyksopp. Nous pouvons sentir cet intérêt pour les atmosphères brumeuses du trip-hop made in Bristol et ce n’est pas A Polaroid On The Beach qui s’opposera à ces influences. Les violons et les sons féériques dignes d’Ez3kiel s’avèrent un superbe écrin pour la voix un brin inquiétante à la Beth Gibbons, le titre s’imposant comme un moment suspendu.

Neve joue la carte d’une électro plus dépouillée, mimant une plongée dans les profondeurs abyssales. Il y aurait presque du Air dans cette capacité à mettre en place un tableau en mouvement. La deuxième partie de l’album arrive à maintenir l’intensité tout en prenant le risque de moins s’appuyer sur la voix centrale de Charlotte Savary. Cette dernière porte une dernière fois Race Against Time qui continue à creuser le sillon d’une électro-pop avec une rythmique uptempo et s’efface. Un Information Paradox qui place Giorgio Moroder comme une influence évidente de l’album, un 47°15’56,8 » N 2°27’13,1 » W (The Map) qui part sur des rythmiques dignes de Kavinsky avant de surprendre par ses voix plus pop et le jeu sur les boîtes à rythme vintage de Sodium Chloride nous amènent vers Pier Two qui donne l’impression d’un voyage infini, tant il développe les mêmes motifs que Pier One.

Le name-dropping dans cette review peut paraître extrême mais j’aime rattacher les nouveaux artistes à des univers musicaux et ce voyage qu’est Red Gold Rush mérite amplement toutes ces références, enjoy !

Morceaux préférés (pour les plus pressés) : 2. Call Me By Your Name – 6. A Two Days Walk – 4. Before the Flowers Die – 5. Klaatu Barada Nikto

Sylphe

Reprise du jour n°11 : Little parcels of an endless time (2015/2023) de/par Asaf Avidan

fyxnlbhy4y6zb_600Penchons aujourd’hui nos oreilles sur une vraie-fausse reprise. N’étant jamais aussi bien servi que par soi-même, il peut être judicieux pour un artiste de se reprendre lui-même, et de revisiter son répertoire. Bien d’autres l’ont fait avant Asaf Avidan, mais c’est sur lui que nous nous arrêtons. Depuis 2020, l’auteur-compositeur-interprète se balade dans ses propres titres qu’il réinterprète en version acoustique. Sobrement intitulés In a box, la démarche en est à son troisième volume, sorti voici quelques jours sur toutes les bonnes plateformes. Au menu de ce dernier, 13 titres piochés ça et là, et notamment dans l’excellent Gold Shadow (2015). Cet album, peut-être le plus dylanien de l’artiste, contient de la pépite à tout va. Et ce dès les premières notes. C’est toutefois Little parcels of an endless time qui me sonne à chaque fois, tellement le morceau marche sur des œufs intimistes durant les couplets, pour prendre une ampleur folle aux refrains. Avec, comme toujours, la voix hors norme d’Asaf Avidan.

Huit ans plus tard, on retrouve Little parcels of an endless time dans ce In the box III. Asaf Avidan en fait une version encore plus bouleversante. Sèche jusqu’à l’os tout en restant d’une générosité incroyable, il n’en reste que la rythmique guitare sur laquelle se déroulent les envolées vocales stratosphériques du garçon. Une version dépouillée et captée live dans l’instant. C’est imparable. Les poils partout sur le corps, comme un truc qui vous parcourt du bout des doigts de pieds jusqu’aux extrémités des neurones. Un peu plus de 4 minutes de pure émotion, qu’Asaf Avidan conclut quasi a capella du bout des lèvres. C’est d’une beauté fulgurante. C’est Asaf Avidan.

Histoire de profiter pleinement de cette pépite qu’est Little parcels of an endless time, voici en écoute la version acoustique, et juste en dessous la version originale. Asaf Avidan par Asaf Avidan.

Raf Against The Machine