Son estival du jour n°68: DLZ de TV on the Radio (2008)

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir ou réécouter un de mes albums rock préférés de tous lesTV on the Radio Dear Science temps, Dear Science de TV on the Radio. Après trois albums pleins de belles promesses – OK Calculator en 2002, Desperate Youth, Blood Thirsty Babes en 2004 et Return to Cookie Mountain en 2006 – les Américains de TV on the Radio (nom de groupe en référence à l’animateur de radio britannique Tommy Vance, qui se présentait sur les ondes par la formule suivante : « This is T.V. on the radio » ) frappent fort avec leur Dear Science qui est un alliage subtil d’influences rock, soul et trip-hop. Album d’une homogénéité folle, porté par des titres puissants comme Stork & Owl, Family Tree ou Love Dog, il est un écrin de choix pour la pépite du jour, DLZ. Basse addictive, ambiance brumeuse et sombre sublimée par la voix de Tunde Adebimpe (dont le flow rappelle un certain Kele Okereke), tension palpable et montée irrépressible qui arrive à exploser en possédant une retenue assez paradoxale, le morceau est un bijou de rage introvertie qui me file des frissons à chaque écoute. Un grand titre qui a croisé une grandissime série Breaking Bad, comme si l’alignement des planètes était parfait… Morceau final dans l’épisode 10 de la saison 2, il souligne la volonté de Walter White et Jesse Pinkman d’étendre leur réseau de distribution, porté par les seules paroles de Walter « Stay out of my territory ». DLZ pour dawn of a loser semble un titre écrit pour Walter White…. Si après cela, vous n’avez pas envie d’écouter Dear Science, je ne peux plus rien pour vous, enjoy !

 

Sylphe

Son estival du jour n°67 : Mannish boy (1955) de Muddy Waters feat. The Rolling Stones

71AIqZaQTwL._SL1400_Nouveau crossover de l’actualité : alors que les Rolling Stones sont actuellement en pleine tournée de leurs soixante ans, je découvre au détour d’internet la prochaine réédition d’un bien bel album. Le Live at the Checkerboard Lounge (Chicago, 1981) de Muddy Waters et des Stones est annoncé pour le 19 août prochain en double vinyle. Album aussi fascinant que relevant d’une quasi coïncidence, la double galette rend compte de la prestation unique du 22 novembre 1981 au Checkerboard Lounge de Chicago. Alors en plein cœur de leur tournée nord-américaine, les Stones s’installent à Chicago pour trois soirées. Dans ce berceau du blues qui influence tellement leur musique, la bande à Mick Jagger se rend ce soir-là au club The Checkerboard Lounge pour écouter Muddy Waters. La soirée prend très vite une autre tournure, puisque le groupe monte sur scène avec le légendaire bluesman, bientôt rejoints par Buddy Guy et Lefty Dizz, deux autres pointures du blues.

Il n’en faut pas plus pour donner naissance à une prestation blues, vénéneuse, incandescente, et pour tout dire assez incroyable. Musicalement tout comme dans l’esprit, puisqu’on assiste là à un bœuf musical taille XXL, exercice blues/jazz par excellence. Titre témoin et exemple de cette soirée, Mannish boy, standard absolu du blues enregistré par Muddy Waters en 1955. Histoire d’enfoncer le clou, on s’écoute juste après Hoochie Coochie Man, écrit et composé par Willie Dixon et interprété originellement par Muddy Waters en 1954. Le blues. La vie.

Raf Against The Machine

Son estival du jour n°66: Cheap and Cheerful de The Kills (2008)

Envie de rock un peu poisseux porté par un duo vénéneux ? J’ai ce qu’il vous faut avec The Kills,The Kills Midnight Boom duo composé de Jamie Hince et Alison Mosshart, qui nous a offert des albums de qualité dans les années 2000. Le troisième opus Midnight Boom prolonge le sentiment d’urgence et de malaise ressenti à l’écoute des deux premiers albums, Keep On Your Mean Side en 2003 et No Wow en 2005. Une attitude punk poussée à l’extrême, les talents de guitariste de Jamie Hince, l’interprétation habitée d’Alison Mosshart, un texte invitant à fuir le côté lisse de l’existence (au passage les paroles sont tout de même d’une certaine Amy Winehouse et d’un certain Mark Ronson…) et vous obtenez ce Cheap And Cheerful à fleur de peau qui donne envie d’aller réécouter une discographie puissante, enjoy !

 

Sylphe

Son estival du jour n°65: L’enfer de Stromae (2022)

Voilà un titre qui ne colle pas vraiment aux ambiances estivales censées être placés sous le sceauStromae L'enfer de la décompression et du rythme de vie qui n’est pas cadré par les horaires de travail. Pour autant, ce serait un brin simpliste de considérer que le mal-être vous laisse tranquilles lorsque le soleil brille dans le ciel et que le travail -pour les chanceux qui ont des vacances pendant l’été – desserre son étreinte et vous laisse plus de temps pour penser pleinement à ce que vous êtes. Je vous rassure, je n’ai aucunement l’intention de me lancer dans une analyse psychologique de comptoir et tentais seulement de montrer que ce titre n’est pas forcément à contre-courant de l’été. Avec Stromae, je m’attaque à une des plus belles plumes de ces dernières années, une plume capable de sublimer son spleen existentiel, de toucher aux sentiments les plus profondément enfouis tout en offrant des ambiances dansantes faussement légères. J’ai usé jusqu’à la corde Racine carrée, son deuxième album sorti en 2013, d’une justesse exemplaire. Je ne reviendrai pas plus sur cet album qui a inondé nos ondes et qui a permis l’explosion de Stromae. Une explosion trop difficile à gérer pour ce dernier, ce qui explique les 9 longues années d’attente avant le troisième opus Multitude sorti le 3 mars dernier. De même, je ne reviendrai pas sur la polémique ridicule autour du titre L’enfer joué pendant le jt de 20h de TF1 et me contenterai de savourer cette pépite très noire, à l’image de ce Multitude sans concession. Sobrement accompagné de ce choeur émouvant initial et d’un piano, L’enfer retranscrit avec une profonde humanité la puissance de l’angoisse qui étreint Stromae. Les synthés discordants qui symbolisent les crises donnent une ambiance électrique à ce superbe titre, à écouter en toute saison, enjoy !

 

Sylphe

Son estival du jour n°64 : Enter Sandman/Westworld (2022) de Metallica/Ramin Djawadi

500x500Comme un hasard du calendrier, l’été 2022 que nous traversons actuellement est à la fois l’occasion de retrouver Metallica en tournée européenne, mais aussi de replonger dans Westworld pour sa quatrième saison. Très possiblement la meilleure série TV actuellement en cours pour son propos, son ambition et son champ des possibles, associés à une réalisation et une photo de haute volée, Westworld a fait le pari, dès ses débuts en 2016, d’une BO originale et atypique. Du coin de l’œil, je vous vois froncer le sourcil : « Mais, une série débutée en 2016 et qui balance sa quatrième saison, y a comme un souci non ? ». Non, car Westworld est une série qui prend son temps, en plus d’avoir été frappée par deux années de Covid. Une BO atypique disais-je, en ce qu’elle combine des compositions originales, mais aussi bon nombre de reprises de titres archi-connus dans des versions instrumentales parfois déroutantes mais souvent passionnantes. Tout ceci supervisé par Ramin Djawadi (Game of Thrones, Pacific Rim, Person of Interest). Nous en avions déjà parlé voici quelques mois, autour du Space Oddity de Bowie (et c’est à relire/réécouter par ici).

Pourquoi parlais-je de Metallica en ouverture de cette chronique ? Vous me voyez venir, avec sous le bras un crossover aussi improbable qu’excitant. Aucune surprise là-dedans, surtout pour les personnes de bon goût qui ont déjà plongé dans Westworld saison 4 (rappelons que la série est visible en France sur OCS, en simultané avec sa sortie US). Cette nouvelle salve d’épisodes est, une fois encore, l’occasion de (re)découvrir de grands titres réarrangés. En témoigne Enter Sandman, titre d’ouverture du Metallica/Black album de Metallica, sorti en 1991. Morceau rock puissant et mélodique, il est totalement relu et réexploité dans Westworld, pour en faire ressortir l’ampleur orchestral et la majesté. Sans doute une des plus belles et justes reprises de ce petit bijou musical. Sans plus attendre, on écoute ça tout de suite. En bonus, la bande-annonce de Westworld saison 4, histoire de mesurer l’ambition de cette série incroyable et follement intelligente. Ecoutez Enter Sandman, puis foncez dans Westworld.

(Visuel by HBO)

Raf Against The Machine

Son estival du jour n°63 : Bernard Lavilliers (2007) des Fatals Picards

Ecouter Idées Noires voici quelques jours (toujours à retrouver par ici si vous avez raté le bus), c’était retrouver Catherine Ringer (à retrouver par là si vous avez raté le tram). C’était aussi revenir sur Bernard Lavilliers et le parcours assez étonnant de cet artiste. Une vie ponctuée de métiers, d’engagements forts, d’aventures aussi. De multiples existences regroupées en un seul homme, qui passe aujou51IaRjwmZOLrd’hui autant pour un baroudeur qu’un musicien confirmé et convaincant. En 2007, Les Fatals Picards rendent un bel et touchant hommage à cette personnalité hors du commun en ouverture de leur album Pamplemousse mécanique. Sobrement intitulée Bernard Lavilliers, la chanson égrène, non sans humour et tendresse, les multiples facettes du personnage.

Ce premier morceau de l’album ne fera qu’annoncer la couleur de ce qui est, possiblement, la galette la plus aboutie du groupe. Entre parodies en tout genre (Zebda, No One Is Innocent ou encore Indochine), humour parfois grinçant et engagements marqués, Pamplemousse mécanique est un disque qui tourne régulièrement par ici. Le groupe a le don de dresser des scènes et portraits, tout en appuyant toujours au bon endroit pour dénoncer ou faire sourire. Toujours avec une sorte de tendresse rock bordélique. Histoire d’élargir le premier aperçu donné avec Bernard Lavilliers, on écoute ci-dessous Au mariage de Kévin et de ma sœur (consternant tableau du racisme ordinaire et banalisé), suivi de Commandante. Si vous voulez ensuite éplucher tout le Pamplemousse mécanique, ce n’est pas moi qui vous en dissuaderai. Un vrai album rock dans l’esprit, à l’image de l’Orange mécanique de Kubrick, film auquel son titre fait explicitement référence. S’il vous prend aussi l’envie d’éplucher l’Orange mécanique, ce n’est pas moi qui vous en dissuaderai non plus.

Raf Against The Machine

Son estival du jour n°62: Acceptable in the 80’s de Calvin Harris (2007)

Qui aurait imaginé que ce petit Ecossais (enfin petit, on se comprend car le gus mesure tout deCalvin Harris I Created Disco même 1m97) proposant une électropop jouissive faite de bric et de broc sur ses deux premiers albums I Created Disco en 2007 et Ready For The Weekend en 2009 deviendrait un des DJ les plus influents des années 2010/2020 ? Sûrement pas grand monde et c’est, ma foi, ce qui fait le charme de cette véritable success story vécue par Calvin Harris… Je ne peux que me réjouir pour lui, même si ses productions actuelles correspondent bien sûr moins à mes goûts musicaux. Maintenant, je dois avouer que je retourne régulièrement vers I Created Disco qui représente toute la quintessence de l’électropop débridée gonflée au second degré comme j’aime. Un premier album nettement supérieur à son successeur Ready For The Weekend qui amorçait la mue vers les sirènes des DJ. De nombreuses pépites jalonnent l’opus et trois en particulier me font perdre tout contrôle de mon corps : Merrymaking at my Place et son clip loufoque qui est une véritable version électropop de Daft Punk Is Playing At My House de LCD Soundsystem, The Girls et ses sonorités électroniques taillées à souhait pour les dance-floors et le titre du jour Acceptable in the 80’s, sucrerie électropop à l’humour so british. Véritable dédicace à la génération 80 dont je suis, j’adore le contraste entre les synthés disco un brin kitsch et la voix grave de Calvin Harris qui semble imperturbable. Un clip coloré complètement barré, il ne m’en faut pas plus pour me dire que ce titre est plus qu’acceptable, et même hautement recommandé, encore en 2022, enjoy ! En cadeau trois clips pour le prix d’un pour vous donner envie de découvrir les débuts de Calvin Harris.

 

Sylphe

Son estival du jour n°61 : Ding dang dong (Ringing at your bell) (2007) des Rita Mitsouko

61jqv60dnxLReplonger dans Idées noires il y a quelques jours à peine (c’est par ici si vous avez raté la séance) nous a permis de réécouter Catherine Ringer, en duo avec Bernard Lavilliers : grande chanteuse/voix, personnage assez incroyable, et fondatrice avec le très regretté Fred Chichin des Rita Mistouko. Les Rita, c’est d’abord Marcia Baïla en 1985 sur leur premier album (même si le groupe officie depuis 1979). Un titre bien perché et sorti de nulle part au cœur des années 1980. Une décennie pendant laquelle la créativité musicale assez folle a ouvert la porte à de nombreux artistes, dont certains ne passeront jamais le cap du premier et unique tube. Les Rita ne sont pas de ceux-là et enchaîneront sept albums studios (dont la machine à tubes absolue qu’est The No Comprendo en 1986), une poignée de lives et un album de remixes, au cours d’une carrière qui mélange allègrement la chanson, le rock, le funk, la new-wave ou encore le jazz. Tout ceci jusqu’à Variety (2007), leur ultime opus.

C’est en presque fin de cet album que l’on trouve le bouillonnant Ding dang dong (Ringing at your bell). Titre explosif de funk, de groove et d’énergie, il trouve une de ses meilleures interprétations en live. Ici, on écoutera la version donnée sur le plateau de Taratata (une fois encore lieu de bien des merveilles musicales). Une prestation pour laquelle Catherine Ringer fait absolument ce qu’elle veut de son incroyable voix et enflamme le plateau, dans une version totalement dynamitée de Ding dang dong. Je vous défie de rester assis et immobiles à l’écoute de cette pépite de vie. Montez le son, écoutez les Rita Mitsouko. Vous êtes en vie.

Raf Against The Machine

Son estival du jour n°60 : Comme un boomerang (1975/2001) de Dani & Etienne Daho

BoomerangActualité d’un jour, actualité toujours : alors que, la semaine dernière, le son estival du jour by Archive nous était inspiré par l’annonce de la réédition vinyle de Take my head (à relire/réécouter par ici), celui de ce 20 juillet nous arrive par une autre news. La chanteuse et comédienne Dani est décédée avant-hier, et c’est presque automatiquement que Comme un boomerang nous revient en pleine tronche. Non pas qu’il faille occulter ses autres titres et rôles au cinéma : on se souviendra d’elle notamment chez Truffaut (La nuit américaine ou encore L’amour en fuite), mais aussi dans le très réussi et émouvant Guy d’Alex Lutz en 2018. Côté musique, Comme un boomerang reste un de ses titres phares, et surtout celui qui l’a ramenée au devant de la scène au début des années 2000.

Comme un boomerang date pourtant de bien plus loin. De 1975 précisément, année où Dani candidate à l’Eurovision pour représenter la France. Ayant la contrainte d’interpréter une chanson écrite par Serge Gainsbourg, choix est fait de tenter l’aventure avec Comme un boomerang. Peine perdue, puisque le titre est refusé, au motif que certains passages du texte seraient provocateurs et sexuellement connotés. Soit. La France se passera donc de cette pépite, qui dormira tranquillement dans les archives de la maison de disques Vogue. Jusqu’à la fin des années 1990, où Etienne Daho encourage Dani à reprendre Comme un boomerang, tout en l’invitant en live pour une interprétation en duo. La suite est connue : un single qui cartonne en 2001. Le titre sera remis au devant de la scène dix ans plus tard, à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort de Gainsbourg. La version chantée par ce dernier, pour servir de base de travail à Dani en 1975, sort en single, et donne à entendre la vision originelle de son créateur.

Ce sont ces deux versions que nous écouterons aujourd’hui, avec en prime une reprise figurant sur Monsieur Gainsbourg revisited (2006) : un bien chouette album de reprises en anglais, dont nous avions parlé voici quelques mois. Dani y relit son single en duo avec Feist, sur une musique de Gonzales. Choisissez l’interprétation que vous préférez, ou ne choisissez pas. Comme un boomerang est toujours une claque. Triple preuve ci-dessous.

Raf Against The Machine

Son estival du jour n°59: Walking On A Dream d’Empire Of The Sun (2008)

Pour le son du jour, je pense qu’en jetant un oeil dehors vous ne peinerez pas à comprendre leEmpire of the sun Walking on a dream choix du groupe… Ce duo australien composé de Luke Steele et Nick Littlemore débarque en 2008 avec son premier album Walking on a Dream qui s’appuie sur un concept narratif un peu fou avec deux personnages issus du soleil. Je vous laisserai savourer dans le clip en bas de l’article les tenues de nos deux farfelus (humm l’expression désuète à mettre sur le coup du soleil puissant…). Hymne à l’amour ou l’amitié -libres à vous de choisir, j’adore ce titre Walking On A Dream qui propose une belle alliance entre la synthpop et des influences glam rock parfaitement assumées. Morceau lumineux à la rythmique entraînante, je suis séduit par la voix de tête du refrain qui me donnerait presque envie de partir en randonnée sous cette canicule, presque. Voilà en tout cas l’occasion de plonger dans les souvenirs, de réécouter l’album et en particulier le titre We Are The People qui montre que derrière l’instantanéité des mélodies se cache un projet moins léger qu’il n’y paraît, enjoy !

 

Sylphe