Au moment de vivre les dernières heures de cette année 2022 et de regarder dans le rétroviseur musical, je constate avec amertume que mon rythme d’écriture et d’écoute de nouveautés a singulièrement baissé cette année. Ce fichu temps et cet art de cumuler les passions chronophages, la perte de fluidité de l’écriture quand elle perd en régularité, le besoin des écoutes multiples pour se sentir une quelconque légitimité à parler des albums, la vie quoi… Bref, je ne vais pas m’apitoyer outre mesure et plutôt me tourner vers le futur avec optimisme en m’engageant à repartir sur la base de deux articles par semaine (la sacrosainte période des résolutions de début d’année qui ne durent jamais bien longtemps, nous verrons bien combien de temps je tiendrai et vous pouvez ouvrir les paris). Parce que, comme l’a déjà écrit l’ami Raf, vous êtes toujours plus nombreux à nous lire et c’est assez grisant de tout faire pour maintenir cette courbe ascendante. Parce que ces artistes méritent amplement de vivre de leur art et que notre partage peut peut-être amener des lecteurs à acheter des albums. Parce que la musique et l’écriture demeurent des refuges sublimes où le temps suspend son vol.
Pour ce top de fin d’année, je reste sur le principe de ne garder que des albums sur lesquels j’ai écrits. Certains que j’ai beaucoup écoutés et pour lesquels je n’ai pas su trouver les mots auraient amplement mérité de figurer dans ce top et figureront vraisemblablement dans d’autres tops de bon goût, néanmoins ce top plus limité a tout de même une bien belle allure et devrait vous offrir de belles heures d’écoute. Pour ce top 14 (non, non, aucune dédicace particulière à la patrie de l’ovalie), vous trouverez de nombreux artistes dont je suis assidument les carrières – Get Well Soon, Les Gordon, Thylacine, Hot Chip, Moderat – avec une mention spéciale à Arcade Fire qui monte sur la troisième place de mon podium musical avec un très beau WE qui donne foi en l’humanité. Les deux premières places sont trustées par des artistes français qui chantent en français, il faut croire que je suis définitivement en train d’entamer une mue musicale. La Mémoire du feu d’Ez3kiel a frappé fort les esprits dès janvier avec un album à la puissance narrative indéniable mais c’est bien Garden Party de Florent Marchet qui monte sur la première place de ce top 2022. L’art de ciseler de superbes textes sur ce qui façonne notre quotidien m’a profondément touché et j’aime l’idée de cette fausse simplicité qui trône tout en haut.
Pour ce top 14 des albums, n’hésitez pas à cliquer sur les liens pour aller jeter un oeil sur les chroniques si l’envie vous en prend. Vous trouverez en tête de cet article un top 55 des titres qui m’ont accompagné cette année et devraient s’installer durablement dans mon ADN musical, On a pris le temps de Grand Corps Malade/ Gaël Faye/Ben Mazué trône au sommet en toute humilité et s’impose comme une leçon de vie qu’il est de bon ton de ne pas oublier… Prendre le temps d’écouter des albums et de ne pas seulement les entendre, prendre le temps de les savourer, prendre le temps d’acheter de la musique et d’aller voir les artistes en concerts, prendre le temps de lire Five-Minutes, prendre le temps de vivre tout simplement. Bon réveillon à vous et on se retrouve en 2023 avec l’ami Raf Against The Machine -big-up pour son éternelle envie de découvrir et partager avec moi l’aventure bloguesque – pour de nouvelles aventures musicales, enjoy !
L’année touche à sa fin, et comme un vieux marronnier, il est de bon ton de regarder un peu dans le rétroviseur. Pas par nostalgie, ni avec des regrets, mais pour voir ce que l’on retient de 2022. Une année du boomerang (voir la petite chronique liée par ici) que je laisse partir tranquillement, pour plonger dans 2023 afin de voir comment 2022 et ses bonnes ondes (oui, il y en a eu) se prolongent. Toutefois, à la porte de cette nouvelle année, partageons une dernière fois ce qui a marqué mon année écoulée sur le plan musical. Une rétrospective forcément subjective : ne hurlez pas s’il n’y a pas votre son de l’année, votre découverte ou le live qui vous a marqué. En revanche, ne vous privez pas de laisser, dans les commentaires, votre top à vous. Five-Minutes, c’est aussi l’envie de partager ainsi quelques minutes de bon son.
Du côté des albums de l’année, une fois n’est pas coutume, j’ai un vrai podium à trois places. Pas quatre comme les années passées où, incapable de choisir, j’avais systématiquement rajouté une marche au podium. Et une fois n’est pas coutume, nous allons remonter les places. Sur la troisième marche, A Light for Attracting Attention, l’album de The Smile. Composé de Thom Yorke (chanteur de Radiohead), Jonny Greenwood (guitariste de Radiohead) et Tom Skinner (batteur chez Sons of Kemet), le groupe a livré au beau milieu de 2022 une galette assez impressionnante de créativité (la chronique est à relire par ici). J’attendais énormément cet album, et j’avoue avoir été très agréablement surpris par la richesse et la variété des compositions, alors que je m’attendais plutôt à un trio rock brut de décoffrage assez basique et uniforme dans les sons.
A la deuxième place, une galette totalement inattendue pour moi : La mémoire du feu du groupe Ez3kiel. Pour tout dire, c’est le copain Sylphe qui a mis ce son dans mes oreilles. Voilà un album concept comme on n’en fait plus. L’histoire d’amour de Diane et Duane qui prend place dans un univers de SF post-apocalyptique. La petite histoire dans la grande, toutes deux narrées au travers de onze titres tour à tour très rock qui décapent ou très doux et intimistes. Des compositions incroyables d’efficacité, surplombées par les voix tout aussi incroyables de Jessica Martin-Maresco et Benjamin Nérot. Un fascinant album que nous avons eu le plaisir de découvrir live. En plus d’un disque impressionnant, Ez3kiel sait aussi conquérir le public sur scène. Une vraie bonne surprise qui a tapé très fort dès janvier 2022.
Mais qui peut bien attraper la plus haute marche du podium ? Aucune surprise pour qui me connaît un minimum ou lit régulièrement ces pages. Sans aucune hésitation, mon album 2022 est Call to Arms & Angels de Archive. Album attendu comme aucun autre de ma part, j’ai plongé dès le jour de la sortie et les premières notes, et chroniqué la bête ici-même. Un peu plus tôt même, puisque j’avais eu la chance de pouvoir écouter l’album quelques jours avant sa sortie, lors d’une soirée-rencontre avec le groupe et quelques fans hardcores tous plus sympathiques les uns que les autres. Call to Arms & Angels est une claque totale et absolue. Un disque qui est pour moi autant une somme de lumières qu’un refuge, un baume autant qu’une pile d’énergie inépuisable. Alors que le groupe venait de fêter ses 25 ans avec la sortie d’un gargantuesque coffret et de Versions, deux albums de remixes, je me demandais (sans en douter) comment le groupe allait pouvoir poursuivre et innover. C’est bien plus que de l’innovation. C’est une réinvention totale pour un groupe qui ne cesse de me bouleverser. Nous aurions dû découvrir tout cela en live en octobre dernier, mais un putain de crabe a attrapé Darius Keeler, reportant d’un an la tournée. Darius va bien (et tant mieux pour lui et ses proches avant tout), Call to Arms & Angels poursuit sa route, et nous retrouverons bientôt Archive sur scène, pour un live qui s’annonce déjà dantesque.
Au-delà de ce top 3 d’albums sortis en 2022, il faut ajouter deux autres galettes, également sorties en 2022 qui ont marqué mon année. On vient de parler d’Archive, un groupe dans lequel officie le génial et sympathique Dave Pen (chant/guitares). Ce dernier a sorti à l’automne The universe is IDK, un EP de sept titres inattendu et assez captivant. J’en ai parlé par ici et vous laisse relire tout le bien que j’en pense. Preuve de la proximité et de l’humilité du garçon ? Suite à cette chronique, j’ai reçu un très gentil mot de remerciements. Autre galette, totalement inattendue elle aussi, Transmissions par le collectif Transmission. Initialement entendue en live au festival HopPopHop en septembre, la prestation m’a scotchée au point de vouloir retrouver ces sensations sur disque. Ce qui tombe bien, puisque ces compositions sont disponibles sur un enregistrement de haute facture qui rend justice à la créativité du collectif (chronique à retrouver ici). Un collectif porté en partie par des membres d’Ez3kiel. On ne se refait pas.
Il me faut encore citer cinq albums, cette fois non sortis en 2022 mais qui ont laissé une trace dans ces douze derniers mois. Sorti en décembre 2021, The Dystopian Thing de Thomas Méreur a littéralement ruisselé et accompagné tout 2022 (la review est à retrouver par ici). Le petit frère de Dyrhólaey (2019) est tout aussi magique, envoûtant, prenant et maîtrisé, pour nous emmener dans des voyages et des évasions intimistes au fond de nous-mêmes. Un magnifique album dont je ne me lasse pas. La réédition de Est-ce que tu sais ? de Gaëtan Roussel a apporté trois nouveaux titres à un album sorti en 2021 et déjà parfait. Pas vraiment un opus de 2022, mais une version définitive qui m’a fait replonger directement dans un des disques qui compte le plus pour moi. Autre réédition, celle de () du groupe islandais Sigur Rós. Pour célébrer les 20 ans de cet album incroyable, le groupe le republie ces jours-ci dans une édition anniversaire. Une excellente occasion de (re)découvrir un des groupes les plus fascinants et les plus créatifs de ces dernières années. Autre groupe fascinant : Noir Désir. Si l’intégrale vinyle est annoncée pour janvier 2023 au prix délirant et stratosphérique de plus de 200 euros, on s’arrêtera plutôt sur Comme elle vient – Live à Evry 2002, captation efficace et émouvante du dernier live du groupe. Clôture de la tournée Des visages, des figures, ce concert enregistré le 14 décembre 2002 restera pour toujours la dernière prestation du groupe, au sommet de sa créativité et de son intelligence musicale. Enfin, puisqu’on parle d’ultime prestation, comment ne pas penser au grand Arno, parti en mai 2022, laissant une carrière qui force le respect par son audace, sa diversité, son énergie. Une des meilleures façons de parcourir l’éventail musical de ce grand rocker sensible, c’est de s’écouter Vivre. Un album piano-voix sorti en 2021 et enregistré avec Sofiane Pamart. Tout est délicatesse, sensibilité, énergie, rage de vivre dans ces reprises intimistes de titres plus ou moins connus d’Arno. Avec une version bouleversante et imparable de Solo gigolo qui résonne comme un testament autant qu’un hymne éternel. Les poils putain putain. Avec Arno à nos côtés pour toujours.
La musique occupe une place essentielle pour moi aussi dans les œuvres où elle pourrait passer pour secondaire. Je m’explique. La musique existe et vit pour elle-même, mais j’y suis aussi particulièrement sensible dans les films et les séries, autant que dans les jeux vidéo.
Côté films/séries, trois BO auront marqué mon 2022. The Batman, sorti sur nos écrans en mars dernier, bénéficie d’une bande originale très efficace composée par Michael Giacchino, qui soutient un des grands films de l’année par sa noirceur autant que par sa compréhension de ce qu’est le Batverse. Ce film a marqué mon année, autant que sa BO. Autre moment à retenir : Cyberpunk Edgerunners, ou l’adaptation par Netflix du jeu CyberPunk 2077 de CD Projekt. La série réalise le mélange de l’animé japonais ultraviolent et de l’univers cyberpunk imaginé par Mike Pondsmith. L’occasion toute rêvée pour redécouvrir ce grand jeu malade à la faveur de sa mise à jour consoles next-gen, et se remettre dans les oreilles la super BO du jeu, que l’on retrouve en partie dans la série aux côtés de quelques titres rock bien sentis. Enfin, toujours côté séries, comment ne pas parler de l’ascenseur émotionnel (et donc du scandale) provoqué par Westworld ? Quelques jours après la sortie/diffusion de la saison 4 cet été, nous apprenions que HBO, chaîne à l’origine de la série comme de bien d’autres chef-d’œuvres du petit écran, ne donnerait pas suite et fin à Westworld, en refusant de financer l’ultime saison 5. Nous resterons donc orphelins de la conclusion d’une des plus grandes séries de notre temps, tout en gardant en tête son incroyable BO faite de compositions originales de Ramin Djawadi et de reprises de grands titres rock.
Coté jeux vidéo, deux OST ont ponctué mon 2022. D’une part, les compositions toujours hors du temps et du réel de Keiichi Okabe pour NieR Replicant et NieR: Automata. Ce dernier jeu est ma référence absolue, le jeu parmi les jeux et la BO de jeu parmi les BO de jeux. J’en suis tellement fan et soufflé que je n’ai toujours pas réussi à vous en faire une chronique par ici, faute de trouver les mots justes qui retranscriront ce que me procure ces musiques et ce jeu. Mais, pour reprendre Jack Kérouac (in Les clochards célestes), « Un jour je trouverai les mots justes, et ils seront simples ». Cette année 2022 est celle où j’ai enfin pris le temps de faire NieR Replicant, jeu grand frère et préquel de Nier: Automata. Si le jeu m’a moins marqué, tout en étant un super moment vidéoludique, sa BO m’a tout autant retourné et j’ai passé de longues heures à réécouter les compositions de Replicant et Automata. D’autre part, 2022 aura aussi été l’année du décès de Ryan Karazija, chanteur du groupe Low Roar dont les morceaux ont été largement mis en avant par Hideo Kojima dans son chef-d’œuvre Death Stranding. Une BO là aussi hors du temps, tout comme le jeu qu’elle accompagne. Et, à la survenue de cette triste nouvelle, relancer Death Stranding et réécouter Low Roar. Dont cet incroyable I’ll keep coming.
Objet inclassable et non classé de 2022 qui mérite pourtant amplement de figurer ici, le coffret PJ HarveyB-sides, Demos and Rarities constitué de 6 galettes vinyles et pas moins de 59 titres. Histoire de parachever la réédition depuis 2020 de l’ensemble de sa discographie, la chanteuse nous a gratifiés à l’automne de cette dantesque rétrospective de sa carrière, au travers de morceaux à découvrir ou redécouvrir. Un coffret dont j’avoue n’avoir pas encore fait le tour, tant il est riche, dense et passionnant. En proposant son contenu dans l’ordre chronologique de la carrière de PJ Harvey, il permet aussi de mesurer l’évolution et la créativité artistiques d’une artiste à nulle autre pareille.
Enfin, comme de petites ritournelles pop-folk-rock, je ne peux pas refermer 2022 sans mentionner Angus & Julia Stone. Leur dernier album studio Snow remonte à 2017, et leur dernière production à 2021 avec la BO du jeu vidéo Life is strange – True colors (que je reconnais ne pas avoir encore fait, il m’est donc impossible de pouvoir légitimement en parler). Pourtant, ces deux là m’accompagnent depuis quelques années, plus précisément depuis un jour de 2010 où j’ai découvert leur album Down the way et leur folk-rock, pour ne plus jamais trop m’en éloigner. L’année 2022 a fait que j’ai plus réécouté Angus & Julia Stone que d’autres années. Comme pour me glisser dans une bulle de sérénité. Comme du son qu’il fait bon partager au cœur de cette bulle.
Un dernier mot sur 2022 : notre Five-Minutes a encore progressé, aussi bien en nombre de vues avec plus de 21 250 (15 231 en 2021) qu’en nombre de visiteurs avec près de 15 100 (10 613 en 2021). Mes presque derniers mots de rétrospective 2022 iront donc à vous, lecteurs réguliers ou plus ponctuels, qui nous faites la gentillesse de venir suivre notre modeste et humble aventure bloguesque, pour quelques minutes de bon son. Merci infiniment à vous.
Last but not least, mon dernier coup de projecteur musical avant de refermer 2022 sera pour mon ami et compère de Five-Minutes. Sylphe, merci pour ta passion musicale, cette aventure Five-Minutes, ton indéfectible soutien en tout temps. Ton amitié.
Prenez soin de vous, bons derniers jours de 2022, et rendez-vous de l’autre côté en 2023 pour une nouvelle année de pépites et découvertes musicales.
Au moment de clore cette année 2021 et de passer par le sacrosaint réveillon qui me laisse toujours songeur tant je suis surpris de la joie des gens à voir passer le temps, je me réfugie avec plaisir dans un exercice, certes bien peu original, qui m’a toujours été cher: les tops de fin d’année. Plutôt que de m’extasier sur un futur écrit en points de suspension et placé sous la menace du Covid -pffff fichus concerts debout interdits -, j’ai envie de me souvenir de tous les jolis moments musicaux que m’a apportés cette très riche année 2021. Outre le fait que j’ai eu la chance de regoûter aux concerts et festivals, je dois reconnaître que musicalement 2021 restera un bien beau cru. Je vous passe le laïus habituel du tempus fugit et de la frustration de ne pas pouvoir tout écouter, de passer à côté de superbes albums (sensation accentuée par la lecture des différents tops de mes webzines préférés) et je choisis désormais d’aborder avec philosophie le puits sans fond des sorties musicales. Je rajouterai une anecdote qui démontre mon envie toujours intacte de vivre avec la musique et de la partager : après des déboires électriques et un abandon frustrant (ceci mériterait un long récit plein de péripéties), j’ai récupéré une platine qui fonctionne et tous mes vinyles qui -depuis presque 10 ans wtf- avaient trouvé refuge chez l’ami Raf. Une bien mauvaise nouvelle pour mon banquier, je vous l’accorde…. Enfin, cette année 2021 a vu exploser la fréquentation du blog, ce qui n’est pas sans nous donner encore plus envie de continuer. Lecteur régulier ou touriste égaré dans ces contrées, nous te remercions profondément et espérons te retrouver en 2022. J’en profite au passage pour remercier mon acolyte et ami Raf Against The Machine qui continue de nous partager, avec un enthousiasme et une plume inégalables, tous ses coups de coeur.
Vous trouverez ci-dessous un top 20 albums et un top titres avec … 78 titres… Ils me regardaient tous avec leur air de Chat Potté et je n’ai pas pu me résoudre à en choisir 60 cette année. La liste des 78 vous paraîtra vraisemblablement indigeste mais écrire cette liste est une humble manière de leur rendre hommage. Je vous rassure, vous pourrez écouter cette playlist de rêve via le player. Concernant les albums, la France de Thylacine et Terrenoire laisse la première place cette année à l’Allemagne de The Notwist qui n’en finit plus de me toucher de sa grâce inégalée. Peu de nouveaux artistes découverts (Arlo Parks, Kira Skov, Russell Louder et dans une certaine mesure Gaspard Augé), quelques retours inespérés (Clap Your Hands Say Yeah, Sneaker Pimps) et de nombreuses confirmations qu’il serait trop long de citer. Enfin, pour l’anecdote, cette année aurait mérité d’être nommée « l’année Casper Clausen » avec un superbe premier album solo Better Way, un très bel album Windflowers avec son groupe de toujours Efterklang et une très belle participation sur l’album Rone & Friends avec le bijou Closer. N’hésitez pas à piocher de-ci de-là -chaque album amène à l’article du blog – et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à picorer que j’ai pris de plaisir à écouter ces albums et ces titres cette année, enjoy! Bonne année en avance et on se retrouve en 2022 pour de nouvelles aventures musicales !
Nous y voilà : à la porte de sortie de 2021, pour un passage en 2022. Avant de laisser derrière nous ces douze derniers mois, passons par le marronnier de chaque fin d’année, à savoir le bilan top/flop. Côté flop, je ne m’attarderai pas, puisque l’idée de Five-Minutes est de vous faire partager des coups de cœur, non de dégommer telle ou telle production. Je préfère me concentrer sur ce qui a étayé et marqué, en musique et parfois à la marge, mon année 2021. Sans plus attendre, balayons ensemble ces mois passés, et ce qu’il m’en reste musicalement à l’heure de la fermeture. Dix minutes de lecture, accompagnées d’une soixantaine de minutes d’écoute. D’un bloc ou en picorant, c’est à votre appréciation. Let’s go.
Il est de tradition de faire un top, un petit jeu auquel le copain Sylphe excelle. Il adore faire des classements, et vous en aurez la preuve cette année encore avec son top à lui. Pour ma part, je vous propose un podium albums qui a la particularité de compter quatre places. Selon la phrase convenue, la quatrième place est toujours la pire, la plus rageante, celle de la médaille en chocolat (cela dit de loin la meilleure des médailles). Voici donc, pour éviter cette maudite quatrième place, un podium avec une première place, assortie d’une marche intermédiaire pour une première place bis, puis de deux deuxièmes places. Un podium bien peu commun, dominé assez largement par Thomas Méreur avec The Dystopian Thing, son deuxième album, qui est clairement mon album de l’année 2021. Plein de finesse et de sensibilité, bouillonnant d’émotions et de lumière malgré les temps sombres qu’il décrit, voilà bien un disque que j’attendais et qui a dépassé mes attentes (chronique à relire ici), en clôturant 2021 de la plus belle des façons. Pas très loin derrière, et donc sur cette fameuse place numéro 1 et demi, Low skies de Nebno. Un album musicalement dans l’esprit de The Dystopian Thing : de l’ambient mâtiné d’une créativité sans nom, pour des ambiances toujours plus envoûtantes et un voyage dans des univers dont on ne ressort pas indemne, tout en affichant une unité artistique évidente (chronique à relire par là). Marvel cherche désespérément son multivers au cinéma. Dans le monde musical, Nebno propose un autre multivers qui, lui, fonctionne : il est dans Low skies.
A long way home de Thomas Méreur, sur The Dystopian Thing
Maze de Nebno, sur Low skies
Reste la double deuxième place du podium. Les lauréats ne surprendront aucun habitué de Five-Minutes. D’une part, The shadow of their suns. Le cinquième album studio de Wax Tailor (sixième si on compte By any remixes necessary, album de relectures de By any means necessary) a claqué très fort dès le moins de janvier, et à ouvert les hostilités en plaçant la barre très haut. Disque sombre mais optimiste (comme je l’écrivais dans un Five reasons à relire ici), aussi brillant qu’élégant et obsédant, The shadow of their suns n’a pas faibli en intensité, loin de là. Il reste un très grand album de Wax Tailor, et un gros pavé musical de 2021. D’autre part, et dans un tout autre genre, Est-ce que tu sais ? de Gaëtan Roussel. J’ai toujours été très client du garçon et de ses différents projets Louise Attaque, Tarmac, Lady Sir, et bien sûr ses albums solo. Toutefois, ce dernier opus en date occupe une place particulière pour moi. Il est arrivé à un moment où chaque titre m’a raconté un bout de moi, où chaque mélodie et chaque texte ont résonné d’une façon très personnelle. J’en avais déjà dit beaucoup de bien (à relire par ici), et je pourrais me répéter puissance dix. Album pop intimiste et poétique, chaque seconde qu’il égrène me ramène à toi. Inévitablement, inlassablement, et toujours avec la même force. Sache le, où que tu sois et si tu me lis.
The light de Wax Tailor, sur The shadow of their suns
Tout contre toi de Gaëtan Roussel, sur Est-ce que tu sais ?
Sorti de ce podium à quatre places, bien d’autres sons ont occupé mon année. Il faut pourtant faire un tri, faute de quoi je vous embarque pour plusieurs heures de lecture et d’écoute. Un tri facilité en retenant deux albums découverts en 2021, mais ne contenant pas du matériel de 2021. Subtil. The Rolling Thunder Revue de Bob Dylan est une belle découverte, appuyée par le visionnage du film éponyme de Martin Scorsese disponible sur Netflix. Ce dernier retrace le retour sur scène de Bob Dylan en 1975, après presque dix années d’absence live. Documentaire et album se complètent magnifiquement : l’émotion magnétique des images de Dylan et de sa troupe en tournée se retrouve dans les enregistrements, et réciproquement. Il en résulte un témoignage musical à la fois bouleversant et de haute qualité, dont j’avais déjà dit le plus grand bien voici quelques mois (à relire ici). Avec, au cœur de tout ça, une version habitée de The lonesome death of Hattie Carroll, mais aussi un échange puissant et humain (dans le documentaire) entre Bob Dylan et Joan Baez sur eux-mêmes et leur histoire commune. L’évidence mise à nu d’un lien profond, dans sa plus simple expression et son plus simple appareil. Je ne m’en suis toujours pas remis.
The lonesome death of Hattie Carroll de Bob Dylan, sur The Rolling Thunder Revue
Autre album de 2021 qui rassemble des sons du passé, At the BBC de Amy Winehouse (chronique à retrouver ici). Ou la sortie officielle, propre et parfaitement masterisée, d’enregistrements entre 2003 et 2009, soit la période la plus puissante d’Amy Winehouse. On y retrouve des versions live de titres connus, d’autres moins, et quelques reprises comme celle de I heard it through the grapevine avec Paul Weller. Si l’on connaissait déjà bon nombre de ces versions, l’album sorti cette année est l’occasion de tout rassembler en un seul endroit, et de se faire une plongée dans les traces des meilleures prestations scéniques d’une immense artiste partie bien trop tôt.
I heard it through the grapevine par Amy Winehouse feat. Paul Weller sur At the BBC
Autres temps, autres lieux : 2021 a aussi été l’année du retour annoncé d’Archive pour l’année prochaine. Là encore, aucune surprise pour les lecteurs assidus du blog, tant ce groupe est pour moi une référence absolue et indéboulonnable. Si le douzième album studio Call to Arms & Angels ne sortira qu’en avril 2022, il a été précédé par deux singles d’une rare efficacité. Daytime coma est une plongée de plus de dix minutes dans l’état d’esprit et les déchirements sociétaux covidesques (pépite à relire par ici), tandis que Shouting within est un modèle de rage et de colère intérieures, sous couvert d’intimisme (pépite à relire par là). Ajoutons à cela Super 8, premier extrait de la BO qui accompagne le documentaire en lien avec ce nouvel album, et la hype est absolument totale. Je trépigne chaque jour de hâte d’être au 8 avril 2022, et donc je me gave d’Archive pour patienter (qui a dit « comme d’habitude » ? J’ai entendu, ne vous cachez pas 😉 ).
Super 8 de Archive
Gaming, cinéma et au-delà
Au-delà des albums, il s’est aussi passé bien des choses en 2021. Dans le domaine numérique/vidéoludique, je retiendrai trois moments très marquants. Tout d’abord, l’expo virtuelle/en ligne proposée par Radiohead, à l’occasion des vingt ans du dyptique Kid A/Mnesiac, devenue KID A MNESIA (chronique disponible ici). Elle se visite comme un jeu vidéo en vue à la première personne. La plongée visuelle, sonore et musicale dans cette KID A MNESIA EXHIBITION (disponible gratuitement rappelons-le) est une vraie expérience de folie pour tout fan du groupe, mais aussi pour tout amateur de musique et de création multimédia. A voir absolument, tout comme il est indispensable de réécouter KID A MNESIA pour mesurer le potentiel créatif de Thom Yorke et de ses compères.
Trailer de la KID A MNESIA EXHIBITION de Radiohead
Ensuite, du côté jeux vidéo, comment ne pas parler de Death Stranding et de sa double BO à couper le souffle ? Oui, j’ai enfin pris le temps de faire et de terminer le dernier jeu d’Hideo Kojima, à la faveur de la Director’s cut sortie à l’automne 2021. Quelle claque côté jeu ! Une aventure qui ne serait pas ce qu’elle est sans le score original de Ludvig Forssell, ni sans les chansons de Low Roar, Silent Poets ou encore Woodkid. L’ambiance est prenante et totalement envoûtante. Cette double BO y joue un rôle majeur et peut s’écouter indépendamment. La marque des grandes. Enfin, autre BO de jeu vidéo, celle de NieR Replicant, dont le remake est sorti en 2021, pour un jeu initialement paru en 2010 : l’occasion de réenregistrer et de redécouvrir de magnifiques compositions. NieR: Automata avait déjà frappé très très fort en 2017, tant sur le plan du jeu en lui-même que de la BO. NieR Replicant (qui est sorti et se passe chronologiquement avant Automata) confirme que la franchise NieR est, à mes yeux et mes oreilles, au-dessus de tout ce qui se fait en matière de jeux vidéo et d’OST, et de très loin. Par le maître Keiichi Okabe.
Once there was an explosion de Ludvig Forssell, sur l’OST de Death Stranding
I’ll keep coming de Low Roar, tiré de l’OST de Death Stranding
Snow in summer, tiré de l’OST de NieR Replicant
Petite cerise vidéoludique musicale (oui, ça fait finalement quatre moments marquants et non plus trois, ne boudons pas notre plaisir) : la BO de Deathloop, dont on a parlé pas plus tard que la semaine dernière. Si le titre Déjà vu par Sencit feat. Fjøra est un petit plaisir assez jouissif, le jeu en lui-même et le reste de l’OST le sont tout autant. On reparle sans doute en 2022 de cette BO rock/jazz 60’s/70’s. En termes de cohérence jeu/musique, ça se pose là bien comme il faut. A l’image de Space Invader de Tom Salta, une composition qui n’a rien à envier à Lalo Schifrin.
Déjà Vu de Sencit feat. Fjøra, tiré de l’OST de Deathloop
Space Invader de Tom Salta, tiré de l’OST de Deathloop
Enfin, je ne peux pas terminer cette subjective et non exhaustive rétrospective 2021 sans faire un crochet par le monde du cinéma. Si ce dernier a payé cher (comme bien d’autres secteurs) le prix d’une épidémie qui n’en finit plus, je retiens tout de même deux moments qui m’ont marqué. D’un côté, le retour de l’univers Matrix avec Matrix Resurrections, qui est le quatrième volet de la saga sans l’être vraiment. Aucun spoil à craindre ici. Je ne dévoilerai rien de ce film que j’ai beaucoup aimé, mais qui risque d’en dérouter plus d’un. Si j’en parle, c’est pour son générique de fin qui reprend habilement le Wake up de Rage Against The Machine (entendu à la fin du premier Matrix), mais dans une version revue par Brass Against et Sophia Urista. Oui, Sophia Urista, celle-là même qui a défrayé la chronique voici quelques semaines, après avoir uriné sur un fan lors d’un concert. Toujours est-il que, la chanteuse s’étant platement excusée depuis, pendant que le fan en question se disait sur les réseaux sociaux ravi de l’expérience, on se concentrera sur le titre musical, à la fois reprise fidèle et référence tout en n’étant pas vraiment le titre de base. Comme un clin d’œil méta à ce qu’est possiblement le film. Mais toujours une putain de boule d’énergie. Rage Against The Machine forever, Brass Against & Sophia Urista enfoncent le clou avec brio et un flow qui n’a pas à rougir de la comparaison avec celui de Zach de la Rocha.
Wake up de Rage Against The Machine par Brass Against feat. Sophia Urista
De l’autre, c’est avec une grande tristesse que j’ai appris voici quelques jours la disparition du réalisateur canadien/québécois Jean-Marc Vallée. Si ce nom ne vous dit rien, sachez que c’est l’homme derrière C.R.A.Z.Y. (2005), Dallas Buyers Club (2013), Wild (2014), ou encore les séries Big Little Lies (2017) et Sharp Objects (2018). Autant de réalisations brillantes et touchantes, toujours assorties d’une bande son incroyable. Jean-Marc Vallée était un cinéaste féru de musiques, qui se définissait ainsi : « Je crois que je suis un DJ frustré qui fait des films ». Cette frustration a eu du bon, et nous a permis de vivre des films et séries toutes plus humaines et touchantes les unes que les autres, grâce à un sens pointu des images soutenu par une pertinence musicale toujours impressionnante. En témoigne Demolition (2015), son dernier long métrage en date, avant qu’il ne se tourne vers les séries TV. A mes yeux son film le plus bouleversant, tant dans ce qu’il raconte que dans la façon de le dire, de le mettre en images et en musiques. Sans doute parce que, comme plus récemment l’album de Gaëtan Roussel, Demolition est arrivé à un moment clé de ma vie où il a résonné puissamment. Au point d’être un film majeur à mes yeux, pour m’avoir fait prendre conscience de multiples choses, et très possiblement pour m’avoir sauvé la vie. Tout simplement. La chialade et la lumière en même temps. Merci infiniment pour tout ça, et si vous n’avez jamais vu/écouté Demolition, foncez (comme sur toute l’œuvre de Jean-Marc Vallée).
Bruises de Dusted, tiré de la BO de Demolition
Impossible de conclure sans un mot sur le blog lui-même. L’année 2021 a été pour Five-Minutes l’année de tous les chiffres. Nous avons multiplié par trois depuis l’an dernier le nombre de vues mais aussi le nombre de visiteurs sur le blog. Avec le copain Sylphe, on ne court pas après les chiffres et les statistiques. Chaque semaine, on écrit avant tout pour mettre en avant et partager un son qui nous plaît, nous touche. Ne nous mentons pas, on écrit aussi pour être lus. Alors, découvrir en cette fin d’année que la fréquentation de notre modeste et humble Five-Minutes a triplé, c’est une sacrée récompense et sans doute la meilleure motivation pour continuer cette chouette aventure. Merci à toi mon ami Sylphe. Merci infiniment à vous toutes et tous, de passage ou lectrices et lecteurs plus réguliers. Merci de venir partager quelques minutes de bon son de temps en temps avec nous. Likez, commentez, et n’hésitez pas à nous faire connaître autour de vous. Rendez-vous en 2022 pour bien d’autres sons. Ce sera avec un immense plaisir. Merci à vous, du fond du cœur.
Voilà une catégorie que l’on alimente bien peu souvent sur Five-Minutes. Et pour cause. Il est néanmoins venu le jour de la dépoussiérer pour regarder une dernière fois dans le rétro. Oui, 2020 s’achève et on ne la regrettera pas. On l’a dit et redit : rarement année aura été aussi minable et à chier, sur à peu près tous les plans. Réussissant même à faire jeu égal avec ma 2015 à titre perso, et la surpassant de très loin si je regarde la globalité des faits, en faisant preuve d’altruisme. Donc 2020 casse-toi, on a hâte de passer à la suivante, même si, à bien y regarder, 2021 pourrait être assez grandiose également, puisque rien ne laisse espérer un twist encourageant dont le destin aurait le secret. Quoiqu’il en soit, s’il y a tout de même quelques bricoles à tirer de 2020, certaines se situent dans nos oreilles. Ça tombe bien, on est sur Five-Minutes et voici donc venu le moment de mettre en avant ce qui m’a accompagné (et bien souvent permis de tenir) dans cette misérable année.
Précision : la plupart des albums/titres évoqués ont fait l’objet d’un article sur le blog, lisible en cliquant dessus lorsqu’ils sont mentionnés. Et après chaque paragraphe, pour respirer, des pépites à écouter. Une rétrospective à parcourir/lire/écouter à votre rythme, comme bon vous semble.
2020 et son podium à 5 marches
De façon classique, je pourrais faire un Top 10 des albums de l’année, mais je préfère que l’on réécoute quelques bouts de galettes qui ont réussi à me toucher au-delà du raisonnable. Une sorte de Top 2020 totalement subjectif, où l’on n’écoutera pas que du 2020 d’ailleurs. En premier lieu (ou sur la première marche si vous préférez), il y a sans grande surprise Woodkid et son deuxième LP S16. Album sublime autant qu’il est sombre et pénétrant, voilà bien un disque qui a secoué ma fin d’année 2020. Quelques mois plus tôt, Woodkid avait déjà marqué l’été, avec Woodkid for Nicolas Ghesquière – Louis Vuitton Works One, soit plusieurs de ses compositions pour les défilés de mode Louis Vuitton. Deux moments musicaux incontournables pour moi, et qui placent cet artiste tout en haut. Woodkid succède donc à Thomas Méreur qui nous avait gratifié en octobre 2019 de son Dyrhólaey. Un album instantanément propulsé « Mon disque de l’année 2019 », mais qui, pour tout dire, a également beaucoup tourné en 2020. Parce qu’il est arrivé fin 2019. Et aussi parce qu’il est exceptionnel.
Juste derrière ces deux artistes, et sorti dans les mêmes moments que le EP Louis Vuitton de Woodkid, le EP Air de Jeanne Added, accompagné de son long et magnifique court métrage, a également bouleversé ma fin de printemps. En 8 titres, dont l’exceptionnel et imparable If you could let me be, voilà un opus de très haute volée qui concentre tout le talent de Jeanne Added, tout en allant un peu plus loin dans l’idée de concept EP. Comme un long morceau d’une trentaine de minutes, construit en plusieurs mouvements. Toujours sur le podium, sans place précise, le retour gagnant de Ben Harper le mois dernier avec Winter is for lovers: un album total instrumental et minimaliste, interprété uniquement sur une lap-steel guitare. Le résultat est inattendu et bluffant, de la part d’un grand musicos qui s’était, à mon goût, montré moins créatif ces dernières années. Autre opus sur le podium, tout aussi inattendu et bluffant : Trésors cachés & Perles rares, proposé par CharlElie Couture. Relecture et réinterprétation de titres anciens un peu oubliés ou restés dans des tiroirs, ce LP arrivé finalement assez vite après Même pas sommeil (2019) confirme, si besoin était, le talent et la créativité du bonhomme. Ainsi que sa capacité à se réinventer sans cesse. Ce qui est bien, finalement, en grande partie ce qu’on attend des artistes.
Ouvre les yeux et écoute
Cette année 2020 a aussi été marquée par des BO de très haute volée, dans des genres différents, qui ont tourné en boucle par chez moi. Blood Machines de Carpenter Brut accompagne le film éponyme de Seth Ickerman. Ce nouvel opus confirme toute la maîtrise synthwave de l’artiste, pour un travail collaboratif qui rend hommage au ciné SF des années 80 et à ses BO tout autant qu’à l’univers cyberpunk. Dans un tout autre style, mais pour rester dans la SF, 2020 aura vu la réédition dans un magnifique coffret 4 LP de l’OST du jeu vidéo NieR: Automata, et de ses préquels NieR Gestalt/Replicant. Sortis respectivement en 2017 et 2010, et donc accompagnés de leurs BO, on ne peut pas dire que ce soit du très neuf. Cependant, la réédition vinyle a été l’occasion pour moi de découvrir toutes ces compositions hallucinantes de Keiichi Okabe, tout comme le confinement du printemps m’a permis de plonger dans Nier: Automata pour découvrir, 3 ans après sa sortie, un jeu qui se place direct dans mon Hall of Fame du JV. Plaisir à venir : le printemps 2021 verra la sortie du remake PS4 de NieR Replicant, histoire de compléter la saga. Côté JV toujours, difficile de ne pas mentionner l’OST de Persona 5, sorti en 2016 au Japon et en 2017 ailleurs, et bénéficiant d’une version Royal depuis 2019 (Japon) et mars 2020 chez nous. Un jeu d’exception qui dégueule la classe à chaque instant, et sa BO n’y est pas pour rien. Enfin, sans m’attarder car j’en ai parlé pas plus tard que la semaine dernière, la BO de l’anime Cowboy Bebop, elle aussi excellente dans son genre, a bien accompagné ces derniers jours de 2020, à la faveur là aussi d’une chouette réédition.
Des rééditions et du plaisir renouvelé
Transition toute trouvée pour revenir, justement, sur quelques rééditions importantes en 2020, notamment sur le support vinyle. Certains diront que ce dernier retrouve ses lettres de noblesse, alors qu’en vrai il ne les a jamais perdues. Number one : PJ Harvey et l’entame de la réédition de sa complète discographie. Les festivités ont débuté mi-2020 avec Dry, et se poursuivent toujours à l’heure actuelle. On attend pour fin janvier Is this desire ? et sa galette de démos. Oui, c’est l’originalité et la beauté de cette campagne de réédition : chaque album solo est accompagné du pressage parallèle des démos de chaque titre. En bref, des ressorties de haute qualité, sur le fond comme sur la forme. Même combat chez Pink Floyd, avec le retour en version augmentée et remixée/remasterisée du live Delicate Sound of Thunder. Une prestation de très haute volée qui se voit magnifiée d’un packaging du plus bel effet, mais surtout d’un son nettoyé et retravaillé pour rééquilibrer l’ensemble et ressusciter les claviers de Rick Wright sans qui Pink Floyd ne serait pas Pink Floyd. Fascinant et indispensable. Tout comme Gainsbourg en public au Palace, republié en septembre dernier en double LP 40 ans après sa première sortie. Un nouveau mixage là encore, qui fait la part belle à l’essence même du son reggae adopté à l’époque par Gainsbourg : basse bien ronde et percussions détachées bien mises en avant, pour accompagner la voix de Gainsbourg qu’on n’a jamais aussi bien entendue pour cette captation.
Les incontournables, hors du temps
Voilà ce qui ressort de mon année musicale 2020, ce qui fait déjà de quoi occuper une bonne poignée d’heures. Toutefois, ce top de l’année serait bien incomplet si je n’évoquais pas des hors temps/hors catégories qui m’ont largement accompagné pendant ces 12 mois. A commencer par Archive, encore et toujours. Le groupe n’en finit pas de me coller à la peau, et ce n’est certainement pas le duo 2019-2020 qui va changer les choses. Pour rappel, les londoniens ont entamé en 2019 la célébration de leurs 25 années d’existence, avec dans l’ordre la sortie d’un méga coffret sobrement intitulé 25, puis une tournée dantesque et toujours sobrement intitulée 25 Tour qui a donné lieu à un album 25 Live offert en ligne. Clôture des festivités en cette fin 2020 avec Versions (août 2020), un album d’auto-relecture de 10 titres, puis Versions: Remixed (novembre 2020), ou 11 titres revisités presque du sol au plafond. Archive toujours donc, tout comme Hubert-Félix Thiéfaine et la totalité de sa discographie. J’avais fait de Petit matin 4.10 heure d’été (2011) un son estival, mais au-delà ce sont tous les titres de HFT qui reviennent régulièrement m’emporter, me porter ou me supporter (au choix du mood).
Et pour quelques pépites de plus…
Question mood justement, la plongée dans les archives de Five-Minutes m’a permis de voir que j’avais chroniqué deux fois, sans m’en apercevoir, Where is my mind ? (1988) de Pixies : une fois en Five Reasons, une autre en Reprise Ça ne trompe pas, puisque c’est un titre qui me hante depuis des années, dans sa version originale comme dans ses multiples reprises, et qui a bien trouvé sa place en 2020. Et puisqu’on en est à des titres récurrents et persistants, je pourrais terminer en citant en vrac Bright lies (2017) de Giant Rooks, Cornerstone (2016) de Benjamin Clementine, Assassine de la nuit (2018) d’Arthur H, Indigo Night (2018) de Tamino ou encore Sprawl II (Moutains beyond moutains) (2010) d’Arcade Fire.
Nous arrivons au bout de cette virée dans mon 2020 musical, en même temps que nous atteignons le bout de l’année. Un peu plus tôt dans la journée, Sylphe a livré un gargantuesque double top 2020 fait de 20 albums et 60 titres. Je vous invite évidemment à y plonger, histoire de passer en 2021 avec du bon son. Avant de laisser 2020, un grand merci à vous tous qui nous lisez régulièrement ou plus épisodiquement, puisque comme l’a expliqué Sylphe, nous avons doublé la fréquentation du blog cette année. Voilà qui fait très chaud au cœur et qui nous incite à poursuivre l’aventure ! Une aventure dans laquelle j’ai plongé voici quelques années à l’invitation de Sylphe, et que je peux bien remercier lui aussi très chaleureusement : si ce monde, qu’il soit de 2020 ou pas, reste supportable et vivable, c’est grâce à quelques potos comme lui et à la musique. Five-Minutes réunit les deux. On vous retrouve en 2021 ?
Pour le plaisir, un dernier son culte tiré d’un album total culte (et ce n’est pas Sylphe qui me contredira) : Christmas in Adventure Parks by Get Well Soon. Ou le nom d’un artiste qu’on aimerait être un bon présage pour la suite.
Voilà une nouvelle année écoulée et quelle année… Si je peux me permettre une litote osée, cette année n’était vraiment pas folichonne… Clairement le monde de la musique subit les conséquences désastreuses de cette foutue COVID et le ralentissement des sorties a bien eu lieu ce printemps surtout, compensé par un automne gargantuesque. Paradoxalement, les confinements auraient dû me permettre d’écouter encore plus de musique mais ce ne fut pas le cas, tout du moins j’ai délaissé les nouveautés et préféré écouter des albums refuges qui m’ont bercé de leur douce nostalgie (le sacrosaint « monde d’avant » utilisé à tout bout de champ par les médias). Heureusement que mon pote Raf Against The Machine a gardé la foi et son rythme pour faire vivre ce blog et compenser ma réelle baisse de régime, grâce à lui surtout nous avons doublé la fréquentation de Five-Minutes par rapport à 2019! J’en profite pour remercier nos lecteurs anonymes, réguliers ou ponctuels, qui, je l’espère, ont pu piocher de bons sons ici. Je ne peux que souhaiter que nous continuions à faire progresser la fréquentation du blog car il faut reconnaître que c’est toujours gratifiant de se savoir lus à une époque où les blogzines peinent de plus en plus à attirer et fidéliser. Pour ce faire, même si 2021 ne paraît pas placée sous les meilleurs auspices, je retrouverai avec enthousiasme mon rythme de 2019 avec deux articles par semaine car la musique, même si certains la considérent au même titre que l’art en général comme non-essentielle, est un refuge savoureux et jouissif. Un refuge face à un monde complexe mais aussi quelquefois une manière de fuir le bonheur comme l’affirmait avec une pointe d’ironie Cioran « La musique est le refuge des âmes ulcérées par le bonheur. » A Five-Minutes, nous ne doutons pas du caractère essentiel de la musique!
Pour en revenir au sujet de cet article, même si j’ai moins écouté/chroniqué de nouveautés qu’en 2019, 2020 reste tout de même un très beau cru. Un numéro 1 incontestable en la personne de Terrenoire et sa poésie pleine d’émotions, des retours inattendus (The Strokes, The Avalanches, The Killers), des albums solos pour des artistes issus de groupes adorés (Will Butler, NZCA Lines, EOB), des valeurs sûres (Caribou, Sufjan Stevens), le retour en force de la langue française (Gaël Faye, Octave Noire, Biolay, Grand Corps Malade), de belles nouveautés (Milo Gore, JB Soulard, Georgia, Arandel) et ma tendance à aimer la musique électronique sous toutes ses formes (Les Gordon, Thylacine) donnent une fière allure à ce top 20. Le top 60 des titres devrait vous permettre de découvrir des titres marquants de cette année 2020 qu’on va gentiment mettre de côté afin d’aborder 2021 pleins d’ondes positives.
Pourquoi un top de fin d’année? Pour deux raisons principales: j’ai cette manie de faire des classements pour m’aider à visualiser et structurer mes goûts (#cestgravedocteur?) et c’est toujours un réel plaisir de passer du temps à réaliser ces tops car je peux réécouter tout ce que j’ai savouré dans l’année. Le constat de cette première année entière écoulée c’est que 2019 est une année très dense et très riche en pépites sonores, entre belles découvertes (Thylacine, Last Train, Fat White Family), confirmations de têtes bien connues (Hot Chip, Balthazar, Cage The Elephant, Metronomy, James Blake) et retours inespérés (Lamb, Kid Loco, The Cinematic Orchestra). Le deuxième constat qui vient inlassablement pointer le bout de son nez c’est la frustration de ne pas avoir assez de temps pour écouter tout ce qui s’est fait de bon en 2019 et ne pas pouvoir les partager avec vous, mais bon je ne vais pas enfoncer la porte ouverte du temps qui file trop vite(#prétérition) et vous invite juste à prendre autant de plaisir que j’en ai eu à les créer et à savourer le top 20 Albums (n’hésitez pas à cliquer sur les titres pour jeter un coup d’oeil aux reviews) et le top 50 Titres de 2019, enjoy!