Pépite du moment n°74: Sheremetiev de Thylacine (2020)

Des petites nouvelles d’un des petits chouchous du blog depuis son album ROADS Vol.1 (voir ici  ) en la personne de Thylacine. Après un ROADS Vol.2 sous la forme d’un EP d’une grande justesse, un album de reprises de musique classique sortira ce vendredi. Deux titres sont déjà partis en éclaireurs, Satie I qui s’attaque avec délices à la première Gymnopédie de Satie et dont le clip graphique est très beau (en cadeau ci-dessous) et Allegri qui reprend le Miserere de Gregorio Allegri dans un registre encore plus sombre et hypnotisant. Le titre du jour Sheremetiev (un compositeur russe des XIXème et XXème siècles) est donc le troisième extrait de Timeless, assez classique il brille par sa mélancolie et la douceur de son piano. Il est brillamment illustré par un clip monté en reverse qui retranscrit la chute dans l’eau d’un orchestre. Le temps semble presque arrêté pour un moment d’une grande épure, enjoy!

 

Sylphe

Review n°58: Fall To Pieces de Tricky (2020)

2020 est une année riche pour Adrian Thaws, alias Tricky. Il y a peu nous fêtions les 25 ans de son Trickypremier album Maxinequaye, coup de maître qui a lancé une très belle carrière solo riche de désormais 14 albums avec Fall To Pieces. Après avoir participé aux deux premiers albums de Massive Attack Blue Lines en 1991 et Protection en 1994, il fallait un certain cran et une certaine instabilité pour décider de tout plaquer et se lancer seul … Tricky est ainsi, il suit son instinct et sait nous surprendre en traînant sa carcasse cabossée à travers des albums magnifiques (les 5/6 premiers révèlent des pépites sombres à foison) et des incartades surprenantes au cinéma chez Olivier Assayas. L’objectif du jour n’est pas de résumer la discographie de Tricky mais je profiterai des vacances de Toussaint qui approchent pour vous faire une playlist sur le bad boy de Bristol afin de vous faire parcourir tous les bouges malfamés et enfumés d’Angleterre…

Je dois reconnaître que j’ai, ces dernières années, un peu perdu de vue le très prolixe Tricky et le dernier album que j’ai savouré dans son homogénéité remonte à 2013, avec le très bon False Idols. Depuis le dernier opus Ununiform en 2017, la vie de Tricky a suivi son cours à l’image de son timbre de voix, très sombre et rocailleux. En 2019, il a ainsi perdu sa fille Mazy Topley-Bird, née de son union avec sa muse Martina Topley-Bird, dans des conditions dramatiques… Un suicide faisant un triste écho au suicide de sa propre mère Maxine Quaye lorsqu’il avait 4 ans. Autant dire que le spectre de cette perte plane sur cet album aussi décharné et dépouillé que le bonhomme, 11 titres ramassés en 28 minutes qui révèlent encore plus clairement que son autobiographie Hell Around The Corner la souffrance pudique de Tricky.

Le titre d’ouverture Thinking Of  et sa rythmique downtempo sépulcrale ne laisse pas la place au doute, il ne faudra pas chercher un brin de lumière dans l’orchestration. Le souffle de l’espoir et de la vie sera symbolisé sur cet album par Marta Zlakowska, nouvelle voix marquante présente sur tous les titres à part deux morceaux qui laisseront les honneurs à la danoise Oh Land. Tricky a toujours brillé par sa capacité à révéler des voix féminines d’une grande sensibilité qui se marient parfaitement à sa musique et son timbre vénéneux, Marta ne déroge pas à la règle… Close Now brille par son électricité sous-jacente, l’infra basse nous fait vibrer et le flow coupé à la serpe de Tricky hache sec pour un titre de 1 minute 37 qui se finit de manière abrupte. On retrouvera de nombreuses fois ces fins soudaines dans l’album et je dois reconnaître qu’une certaine frustration m’a animé, comme si Tricky refusait d’accomplir pleinement les belles promesses. Enfin bon, il est comme ça notre Tricky, aucune concession artistique et le refus de la logorrhée… 28 minutes intenses et pas une de plus.

Passé un Running Off surprenant avec son introduction quasi lumineuse qui laisse vite place à un trip-hop désincarné, I’m In The Doorway met en avant la voix pure de Oh Land avec une mélodie d’une ingénuité surprenante. L’art du contre-pied est réel chez Tricky  et les titres suivants vont vite nous ramener à l’âpre réalité. Hate This Pain et cette voix glaciale qui s’insinue subrepticement en nous sur les notes d’un piano désincarné me ramène 20 ans en arrière dans les rues étroites de Bristol. Chills Me To The Bone joue ensuite avec les codes en croisant le trip-hop avec les sonorités mécaniques de l’indus, un groove surprenant se met en place que l’on retrouvera sur le titre suivant Fall Please, litanie obsédante par sa simplicité. La fin de l’album garde le même niveau d’intensité avec une mention spéciale pour Like A Stone où les voix de Marta et Tricky s’affrontent brillamment et le titre final Vietnam qui finit sur des notes lumineuses et pleines d’espoir… Non j’déconne, on reste dans une marche funèbre d’un grand esthétisme. Voilà en tout cas un bel album qui devrait satisfaire les fans de la première heure dont je suis, un album sans fioritures qui mérite qu’on lui laisse sa chance, enjoy!

Sylphe

Ciné-Musique n°8 : Under the Silver Lake (2018)

Cette semaine, je vous propose un Ciné-Musique un peu particulier. Il ne s’agit pas de revenir sur un score original, mais plutôt de mettre en avant deux titres qui avaient déjà leur petite vie avant d’intégrer la BO de Under the Silver Lake en 2018.

Under the Silver Lake, c’est quoi ? (question rhétorique pour les personnes qui ne l’ont pas vu, si vous le connaissez, vous savez. Quoique). Un film réalisé par David Robert Mitchell, qui commence comme un thriller hitchcockien, se termine comme une leçon de vie tout en passant par des moments surréalistes et lynchiens à souhait. Porté par la prestation de l’excellent Andrew Garfield, qui assure tout de même mieux dans ce rôle de Sam que dans la peau de Peter Parker (je dis ça, mais c’était avant de voir le reboot avec Tom Holland finalement), Under the Silver Lake ne mérite pas que l’on déflore son intrigue. En raconter plus, ce serait vous priver de l’expérience ciné qui vous attend, des rebondissements dans l’intrigue, de la galerie de personnages brillamment interprétés par un chouette casting… bref ce serait vous gâcher un beau moment de ciné.

Tout au plus, pourrait-on dire que Under the Silver Lake est accompagné d’une BO bicéphale. D’un côté, un score original de haute tenue, composé par Disasterpeace à qui on doit pas mal de BOs de jeux vidéo comme Fez, Hyper Light Drifter ou Mini Metro. De l’autre, une tracklist de titres préexistants qui ponctuent ce long métrage de près de 2h20 sans aucun temps mort. On pourrait détailler chaque titre entendu, mais là encore je vous laisse le plaisir de parcourir cette tracklist efficace au fil du film.

En revanche, attardons-nous sur une scène majeure à mes yeux. Elle intervient au bout d’une heure de film et constitue, en quelques minutes et deux titres, une charnière importante mais aussi un condensé de ce qu’est le personnage de Sam (aka Andrew Garfield donc). Sans rien spoiler, la scène se déroule dans une soirée privée en marge d’un concert privé où notre Sam s’est retrouvé invité par hasard, un peu comme Tom Cruise dans Eyes Wide Shut. La nature de la soirée n’est pas tout à fait la même, mais les deux scènes ont en commun de révéler au spectateur dans quelle ambiguïté se trouve le personnage. Ici coincé entre deux époques (l’adolescence et l’âge adulte) autant qu’entre deux états (l’euphorie insouciante et sexuelle, puis la redescente), Sam se cherche au cours de ce thriller/parcours initiatique.

Cette ambivalence est racontée à la fois à l’image par les choix de cadrage et la réalisation de David Robert Mitchell, mais aussi par les deux titres qui s’enchainent à ce moment là. Premier temps, R.E.M. et son What’s the frequency, Kenneth ? qui ouvrait efficacement l’album Monster en 1994. Un son pop-rock débridé qui incarne les soirées ados festives et permet à Sam/Andrew Garfield de se livrer à une prestation de danse alcoolisée et décomplexée. Si ça ne rappelle rien à personne, moi ça me renvoie à des fiestas lycéennes/étudiantes où on ne se posait pas de questions et où il s’agissait surtout de prendre son pied et de faire un peu le mariole, en espérant qu’une jolie fille aurait envie de nous suivre. Ce qui aurait été le cas pour notre Sam version ado, s’il n’était pas rattrapé par la dure réalité. Le jeune homme, sous ses airs d’ado nonchalant et sympathique, est aussi un adulte trentenaire apathique dont le corps le trahit (parfois).

C’est le cas en pleine prestation corporelle, alors que l’extase est bien là et que le plan cul semble à portée de langue. Deuxième temps, White Town et son Your Woman sorti en 1997. Le groupe britannique livre cette année-là un single qui va cartonner plutôt bien, et se voir repris en divers lieux et occasions. On entend Your woman assez furtivement (et dans une version légèrement remixée) lorsque notre Sam est en redescente d’orgasme avorté, mais suffisamment pour en saisir toute la détresse et la mélancolie. Oui, Sam est un homme adulte désœuvré et un peu paumé. Non, il n’a plus 18 ans dans son corps, même s’il y est resté bloqué d’une certaine façon (qui pourrait l’en blâmer ?). C’est une sorte d’égarement qu’on lit sur le visage d’Andrew Garfield à ce moment du film, grandement soutenu par le sample de Your Woman tiré de My woman, un titre jazz de Al Bowlly sorti en 1932. En quelques plans et une poignée de notes, le film nous livre les tiraillements d’un personnage miroir, comme une vision de nous-mêmes, coincés entre deux époques et deux mondes.

La scène ne dure que quelques minutes. Elle est au cœur d’un film qui en contient des dizaines d’autres de ce niveau. Aucune hésitation à avoir face à ce Under the Silver Lake. C’est un film brillant du début à la fin, même après plusieurs visionnages. Avec une BO qui donne envie de ressortir ses vieux albums de lycéens et d’étudiants, de monter le son et de s’y noyer. Quand un film en raconte autant en passant majoritairement par l’image et le son, on est en présence d’un vrai réalisateur. Et on se souvient que tout ça porte un nom : c’est de l’art.

(Et en plus, les 2 clips sont extra)

Raf Against The Machine

Review n°57: Les Forces contraires de TERRENOIRE (2020)

Mon album de l’année 2020 pourrait finalement être français… Incontestablement les frères Théo et TERRENOIRERaphaël de TERRENOIRE viennent de frapper un coup retentissant avec leur premier album, Les Forces contraires. Si vous êtes un lecteur régulier du blog, vous savez que je suis avec un réel intérêt les stéphanois de naissance depuis que mon chemin a croisé le bijou La Nuit des parachutes (voir par ici) mais ce serait mentir d’affirmer que j’étais prêt à une telle pépite sonore.

En 34 minutes TERRENOIRE nous donne une leçon d’émotion dans un album où s’entrelacent avec rage la mort, la peur et cette volonté insatiable de se confronter à ce monde, d’aimer. 10 grains de chapelet déposés que je ne peux m’empêcher de manipuler quotidiennement pour en sentir toutes les aspérités et que je vous invite modestement à découvrir avec moi. Il est une certitude au moment d’écrire cette review, mes mots ne seront pas assez forts pour retranscrire mon plaisir d’écoute.

Le morceau d’ouverture Le temps de revenir à la vie propose un univers instrumental qui n’est pas sans rappeler le brillant Baths en croisant le piano avec une certaine distorsion des machines. Les paroles très imagées – un des réels points forts de l’album – évoquent le deuil ou la fin de l’amour, instaurant un spleen esthétique qui séduit. Dis moi comment faire vient ensuite jouer la carte d’une électro-pop plus affirmée et plus frontale dans la droite lignée d’Agar Agar. Entre synthés, choeurs et montée en tension finale, on retrouve tous les ingrédients du titre facile d’accès qui, cependant, ne reflète pas véritablement l’album. Baise-moi vient ensuite aborder l’amour physique, une véritable déclaration d’amour pour le désir. Le refrain est obsédant, les paroles d’une justesse et d’une poésie rares (« la musique de l’amour aura l’odeur du tonnerre »). Dans cet album, l’amour est presque perçu comme une fuite face à un monde si dur et si sombre, ce qui sera parfaitement illustré par la suite par La fin du Monde. Arrivent alors deux pépites dans deux registres différents: Mon âme sera vraiment belle pour toi, océan de douceur mélodique qui démontre la volonté de confronter l’amour au monde et tenter d’éviter les écueils de la vie à deux (« Est-ce qu’on s’ra team divorce ou pas? ») et le sublime Derrière le soleil. Difficile de rendre un plus bel hommage au père décédé. Bijou de poésie, entre euphémisme « La vie s’est refermée à double tour sur toi » et simplicité enfantine « Vilain cancer a dévoré Papa », l’émotion est poignante et s’extériorise à travers le refrain, comme une litanie incessante. En évitant de tomber dans les excès du pathos et en gardant une certaine pudeur, les « coeurs mercenaires » que sont les deux frères de TERRENOIRE composent une des plus belles chansons écoutées sur le deuil.

Jusqu’à mon dernier souffle, dans un registre plus dépouillé piano/chant aux confins du spoken word, raconte avec simplicité le parcours accompli depuis le quartier de Terrenoire et la volonté viscérale de façonner une vie aussi simple qu’idéale. Margot dansait sur moi et son refrain pop rappelle l’univers musical de Dis moi comment faire et l’amour physique de Baise-moi, c’est le morceau qui me touche le moins dans cet album car je trouve qu’il manque un peu de nuances. Cet album finit très fort avec le tryptique suivant: La fin du Monde en featuring avec Barbara Pravi qui célèbre l’amour et le désir de paternité – « Un genre de diamant/Au goût de la vie/ Issu de mon corps » – malgré la dureté du monde, le bijou plein d’optimisme Ca va aller dont la douceur et le flow du chant sont d’une grande beauté et Là où elle est et son spoken word précis et touchant.

Si vous doutez encore de la beauté de ces Forces contraires, je ne peux que vous conseiller d’aller vous confronter à ce maëlstrom d’émotions qui fait tellement chaud au coeur, TERRENOIRE devrait être déclaré d’utilité publique en ces temps difficiles, enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°73: Ship de The Notwist (2020)

The Notwist

Des nouvelles aujourd’hui d’un groupe pour lequel j’ai un véritablement attachement, The Notwist. Ce groupe allemand fondé autour des frères Markus et Micha Acher brille depuis quelques années dans sa capacité à croiser avec subtilité l’indie-pop et l’electronica pour des résultats empreints d’une grâce évidente. Après des débuts dans les années 90 marqués par un punk plutôt virulent, le claviériste Martin Gretschmann intègre le groupe et va donner une toute autre orientation, les machines devenant plus centrales. Après un Shrink en 1998 assurant la transition, ce sont les albums Neon Golden en 2002 et The Devil, You + Me en 2008 qui m’ont vraiment touché et que je vous invite à aller (ré)écouter. Le dernier album Superheroes, Ghostvillains + Stuff en 2016 a confirmé que les Allemands ont encore de très belles choses à nous faire entendre, pour vous en convaincre difficile de faire mieux que le titre Kong… Avant d’en arriver à cet EP de 3 titres Ship et vous aider à percevoir le son de The Notwist, les frères Acher mènent des projets parallèles de très haut vol avec Lali Puna ou encore Ms. John Soda.

A vrai dire, je ne m’attendais pas à la sortie d’un EP de la part de The Notwist et je suis déjà prêt à ressentir la frustration après une petite dizaine de minutes… Le morceau éponyme s’appuie sur la voix de Saya, la chanteuse de Tenniscoats, qui apporte sa douceur sur des rythmiques urbaines, aussi destructurées qu’addictives. Distorsion et grâce paraissent toujours aussi subtilement entrelacées… Loose Ends nous ramène ensuite vers des terres plus classiques en s’appuyant sur la douceur feutrée de Markus Acher qui se marie parfaitement à une pop aérienne. Le dernier titre Avalanche nous rappelle pour finir que Lali Puna n’est jamais très loin avec son électronica faussement naïve. Cet EP de 3 titres aura eu le mérite de réveiller en moi le besoin de The Notwist et j’espère qu’un album suivra dans les mois à venir, enjoy!

Sylphe

Five Titles n°13: Imploding The Mirage de The Killers (2020)

Comme je vous en parlais en début de semaine, la très belle surprise de cette fin d’été vient du côtéThe Killers 2 d’un groupe qu’on n’attendait plus forcément à ce niveau de performance sonore, The Killers. La bande centrée autour du chanteur Brandon Flowers, qui doit son nom au clip de Crystal de New Order où un groupe fictif porte ce nom (#infopourbrillerensociete), a marqué le début des années 2000, en particulier avec leur bombe initiale Hot Fuss en 2004. S’ensuivent des albums solides sans être aussi transcendentaux, Sam’s Town en 2006, Sawdust en 2007 ou Day & Age en 2008, une pause de 4 ans et deux albums Battle Born en 2012 et Wonderful Wonderful en 2017 que je n’ai croisés que trop superficiellement pour avoir un véritable avis à leur sujet. Finalement, au moment d’écouter ce sixième opus Imploding The Mirage et sa pochette soignée graphiquement –Dance of the Wind and Storm du peintre évangélique Thomas Blackshear car nos Américains sont très croyants, faut-il le rappeler – je n’ai pas d’attente particulière, peut-être seulement un infime et inconscient espoir de replonger 15 ans plus tôt… Ne pas avoir d’attentes c’est se donner une possibilité supplémentaire d’être agréablement surpris. Malgré l’absence du guitariste Dave Keuning, quelle cure de jouvence que cet album doté d’une énergie inattendue! Le souffle de la pop électrise encore davantage ce rock qui regorge de singles euphorisants et je savoure cette immédiateté qui fait de ce Imploding The Mirage un album frontal à souhait. J’avoue une interrogation minime sur sa capacité à s’enrichir avec le temps mais je ne boude pas mon plaisir de cette machine à singles… La preuve partielle et partiale avec 5 bijoux qui se dégagent de l’ensemble et, je l’espère, devraient vous donner envie d’écouter ce très bel album.

  1. Le morceau d’ouverture My Own Soul’s Warning s’impose d’emblée comme un single imparable. Des synthés et une batterie qui ne sont pas sans me faire penser à Arcade Fire dans leur utilisation et une voix tellement directe  donnent une vraie puissance électro-pop à ce titre.
  2. Blowback surprend par sa formule d’une grande simplicité pop-rock taillée pour les radios. Tel une jeune jouvencelle, je me laisse séduire par le spectre large de la voix de Brandon Flowers
  3. Dying Breed séduit par sa rythmique digne de New Order, le morceau plus sombre monte inlassablement et explose dans un feu d’artifice arcadien. A n’en pas douter, The Killers n’est pas une race mourante (Dying Breed) et nous le prouve brillamment (#wtfcejeudemots?).
  4. Lightning Fields avec k.d.lang en featuring nous offre un bel instant de grâce avec un piano judicieux et une montée en puissance sur la deuxième partie. Voilà un duo marquant et surprenant dans la discographie de The Killers
  5. My God fait appel quant à lui à la brillante Weyes Blood pour un morceau d’une superbe intensité. Les voix sont d’une grâce quasi divine, on en regretterait presque de ne pas croire en Dieu…

Vous n’aimez pas les visions partielles? Vous détestez les prises de position définitives et croyez qu’on peut encore faire les meilleures soupes dans les vieilles marmites (#expressionpournoslecteursmoinsjeunes)? Vous savez ce qu’il vous reste à faire, enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°72: Johnson de Kruder & Dorfmeister (2020)

Petit instant nostalgie pour commencer le weekend aujourd’hui avec un duo de dj autrichiens Kruder und Dorfmeister qui sur la fin des années 90 a marqué par ses compilations et ses mixes toute une génération qui palpitait en découvrant le champ d’exploitations infinies de la musique downtempo. Pour vous dire à quel point ce duo avait disparu des radars et reste ancré dans une époque déjà bien lointaine, je me vois en train de désespérément chercher leurs perles sur Emule… Pour leurs faits d’armes dignes d’intérêt, en 1996 ils ont eu les honneurs de la quatrième compilation de DJ-Kicks (on en est à 69…) et leur album de remixes The K&D Sessions paru en 1998 regorge de joyaux sonores. Pour preuve, vous pourrez écouter à la fin leur reprise de Useless de Depeche Mode. Que viennent donc faire Kruder & Dorfmeister en 2020? La vague du trip-hop, la chill music et tous les satellites de la musique downtempo ont connu leur succès et le risque de paraître un poil désuet est réel. Cependant, ne boudons pas notre plaisir avec l’annonce de leur premier album 1995 (et oui on est bien dans la nostalgie) prévu pour le 30 octobre. Le 28 août dernier, un premier morceau Johnson, qui sera le titre d’ouverture de l’album, est parti en éclaireur. J’y retrouve cette musique downtempo qui se déploie langoureusement et sensuellement, les atmosphères enfumées des bars lounge où on prend plaisir à écouter St Germain, la tentation perceptible du nu-jazz, le tout illustré par un très beau clip qui retranscrit parfaitement l’atmosphère sombre et picturale de cette musique. Un titre qui sonne comme en 1995 mais que l’on prend un malin plaisir à savourer en 2020, enjoy!

Sylphe

Five reasons n° 22 : Gainsbourg en public au Palace (1980/2020) de Serge Gainsbourg

Retour aux affaires après la période estivale et en pleine rentrée yolo pour des retrouvailles au rythme d’un post hebdomadaire, aux côtés de mes gars sûrs Sylphe et Rage. Et question rythme, vous allez être servis avec la galette du jour. Je vous propose de remettre sur la platine le live de Gainsbourg au Palace en 1979 (publié en 1980), en égrenant 5 bonnes raisons de le faire.

  1. Revenons en arrière de quelques décennies, précisément en 1979. Serge Gainsbourg a cartonné dans les 60’s et les a clôturées par ses Initials B. B. (1968) et Jane Birkin – Serge Gainsbourg (1969) chargés de pépites. Les années 70 se présentent différemment. Gainsbourg se lance dans des albums plus conceptuels et moins grand public, mais néanmoins brillants et de haute volée : Histoire de Melody Nelson (1971), Vu de l’extérieur (1973), Rock around the bunker (1975) et L’homme à tête de chou (1976). Les ventes sont basses, notamment pour Vu de l’extérieur et L’Homme à tête de chou (respectivement 20 600 et 55 800 exemplaires). Gainsbourg se lance alors dans une période reggae, un genre musical qu’il va chercher à la Jamaïque. Il y enregistre Aux armes et cætera, qui sera un carton ventes avec 575 600 exemplaires écoulés. Autrement dit, en 1979-1980 et avec la période reggae, on est à une charnière de la carrière et de l’œuvre de Gainsbourg.
  2. Double charnière, puisque la série de concerts au Palace en décembre 1979 marque le retour sur scène de Gainsbourg. On peut voir ce live au Palace comme une renaissance scénique, qui amènera par la suite l’artiste à renouveler ses passages sur scène. Après cet album en 1980 viendront l’excellent Gainsbourg live (1985) enregistré au Casino de Paris après la sortie de Love on the beat (1984) et Le Zénith de Gainsbourg (1989). Si le live au Casino contient de purs moments d’extase (surtout dans sa réédition de 2015 gratifiée d’un nouveau mixage), ce live au Palace révèle une réelle spontanéité et un côté faussement artisanal très savoureux, avec des musicos et un Gainsbourg qui semblent vraiment s’éclater.
  3. Les musiciens justement, parlons-en : tout comme pour son enregistrement studio, Gainsbourg s’est entouré de musicos jamaïquains pure souche qui maitrisent le reggae comme personne. Et ça s’entend. Si vous voulez de la ligne de basse qui envoie, des percus qui racontent des histoires à chaque son et une guitare rythmique imparable, c’est ici et nulle part ailleurs qu’il faut poser vos oreilles. Le genre d’album qui donne l’impression d’être super facile à jouer, parce que fluide à l’écoute, sans temps mort, et qui pose son ambiance à la fois cool et sensuelle. Voilà du son juste moite comme il faut, avec sa dose de sensualité et de sexualité qui transpire de chaque note, renforcée par la puissance de certains textes comme Lola Rastaquouère ou Marilou Reggae Dub.
  4. Le petit plus de cet enregistrement (et sans doute son coup de génie), c’est d’intégrer d’anciens titres réarrangés à la sauce reggae. Gainsbourg et ses musicos balancent des réinterprétations de Docteur Jekyll et Mister Hyde, Harley Davidson et Bonnie and Clyde. Histoire de rappeler à tout le monde le génial musicien qu’était Gainsbourg, ainsi que l’universalité de ses chansons. Un titre comme Harley Davidson acquiert alors une puissance encore inconnue, tandis que Bonnie and Clyde s’habille d’une nonchalance crépusculaire assez ravageuse.
  5. Tout ça vous a donné envie de réécouter cette pépite ? Ça tombe bien : l’album, réédité dans un nouveau mixage, sera disponible demain 11 septembre chez tous les bons disquaires (et dès aujourd’hui à domicile pour les adeptes de la précommande ^^), en CD comme en vinyle. Du côté du contenu, rien de plus que la réédition double CD de 2006 (indisponible depuis). Le communiqué de presse parlait de deux inédits, qui figuraient en fait déjà dans la galette de 2006. Toutefois, cette nouvelle version est particulièrement indispensable, notamment en vinyle : le nouveau mixage met encore plus en valeur ce qui fait le cœur palpitant du reggae et de ces sessions live de Gainsbourg. A savoir la basse, ronde comme jamais, et des percus qui se détachent magnifiquement. Sans compter les textes et la voix de Gainsbourg bien mis en avant.

En résumé, si vous aimez Gainsbourg, si vous aimez le reggae, si vous aimez le bon son, voilà un (r)achat assez incontournable. Pour les collectionneurs, mentionnons des éditions vinyles colorées bleu-blanc-rouge (FNAC) ou vert-jaune-rouge (Vinyl Collector). Et si, en cette pleine période de rentrée, votre banquier/banquière vous fait les gros yeux, portez le coup de grâce à vos finances en vous offrant aussi la réédition de To bring you my love de PJ Harvey, et de la galette bis de Demos. Ça sort demain aussi. Et au moins, les choses seront claires !

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°59: Somebody Told Me de Mylo (2004)

Depuis quelques semaines tourne en boucle chez moi le sixième opus Imploding The Mirage de TheThe Killers Killers, qui est une très belle surprise dont je vous parlerai ce weekend. Je ne vous en dis pas plus car à Five-Minutes on a l’art du teasing (#seconddegré)… Il m’est souvent difficile de ne pas me replonger dans les discographies quand j’écris sur des groupes avec des carrières solides. The Killers, c’est avant tout pour moi la déflagration sonore du premier album Hot Fuss en 2004 et des singles imparables comme Mr. Brightside, Somebody Told Me ou encore Jenny Was A Friend Of Mine. En réécoutant ce chef d’oeuvre magistral, je redécouvre qu’il y a trois remixes à la fin, deux de Smile Like You Mean It par Fischerspooner et Jean-Marie Moens, et le bijou du jour, le remix de Somebody Told Me par Mylo. Vous ne connaissez peut-être pas Mylo qui, en dehors de ses remixes, a tout de même créé un superbe (et unique malheureusement) album en 2005 Destroy Rock & Roll que je vous conseille fortement d’aller écouter si vous aimez l’électro ludique pas avare en samples.

Pour en revenir à Somebody Told Me, c’est un titre jouissif au possible. La voix de Brandon Flowers, la rythmique uptempo, les gros riffs de guitare bien sentis, le refrain qui vaut toutes les drogues dures du monde en terme d’addiction, difficile de faire plus frontal et direct. Remixer 3 petites minutes percutantes n’est pas une mince affaire et c’est là que le talent de Mylo entre en jeu… Il y a du Boys Noize d’emblée avec une volonté affichée de déconstruire la musique, tel un puzzle le morceau se crée peu à peu et il faut attendre presque 3 minutes pour retrouver la voix de Brandon Flowers quasi a capella. La déconstruction du titre est brillante et change l’ambiance du morceau sans le dénaturer, Mylo vient de transformer 3 minutes de rock en 7 minutes d’une électro destructurée aussi jouissive que l’original. Il ne vous reste plus qu’à comparer les deux versions désormais, enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°71: HEART ATTACK de BRONSON (2020)

Ce soir on reste dans les découvertes avec BRONSON, un groupe signé sur le label de légende NinjaBRONSON Tune (Coldcut, Bonobo, Young Fathers, Fink…) qui m’aura beaucoup marqué sur la fin des années 90 et le début des années 2000. Je dois reconnaître que je suis désormais moins connaisseur des artistes signés chez les Anglais mais ce premier album éponyme a facilement trouvé grâce à mes oreilles, surtout la première partie qui croise intelligemment l’électro et les résurgences du dubstep. BRONSON regroupe le duo américain Odesza (Harrison Mills et Clayton Knight) et l’australien Thomas George Stell alias Golden Features, ce qui n’est pas pour me déplaire vu que je ne connais aucun des deux groupes! Le titre du soir HEART ATTACK fait appel au timbre soyeux de lau.ra qui se marie parfaitement à une électro aérienne teintée de dubstep, il y a du Bonobo et du Trentemoller dans ce bijou hypnotisant, enjoy!

Sylphe