Live n°2 : VeryDub – 26 mars 2022

IMG_5590La musique sur disques, c’est bien. La musique en live dans une salle de concert, c’est encore mieux. Disons même que ça n’a rien à voir. Deux salles, deux ambiances. Deux expériences différentes et complémentaires, foi de musico-dépendant. C’est dans cet esprit que nous avions ouvert la rubrique Live sur Five-Minutes, afin de faire partager des moments scéniques et, si possibles, orgasmiques. Seulement voilà : un bref retour dans les archives vous rappellera que la rubrique a vu le jour en 2019, pour une mémorable soirée en direct du Printemps de Bourges. A peine un an plus tard, nous avons été rattrapés (et les artistes les premiers) par un covido-chômage technique d’une tristesse sans nom. Aujourd’hui que les masques tombent et que les salles de concert retrouvent leur ambiance du monde d’avant, il est grand temps de redonner du souffle à nos chroniques Live. Et quelle meilleure occasion pour se relancer de dire quelques mots de l’excellent concert du VeryDub ce samedi 26 mars 2022 ? Nous y étions, à Saran (Orléans) précisément. Si vous avez préféré une niaiserie télévisuelle, voire un Columbo (non niais en revanche, et toujours efficace), libre à vous, mais vous êtes passés à côté d’une grosse prestation electro-jazz.

VeryDub est un quintet constitué autour de Baptiste Dubreuil. Ce dernier est loin d’être un inconnu sur la scène jazz. Fin connaisseur et interprète de Keith Jarrett, à peu près aussi à l’aise au piano que derrière ses synthés et capable de brillantes compositions, le garçon s’était également fait remarquer en 2011 avec Nicolas Larmignat et Benoît Lavollée. Le trio avait enregistré Le symptôme, un huit titres marqué par des ambiances oniriques tirées au cordeau. Le VeryDub, c’est la même veine mais en version démultipliée et explosive. Baptiste Dubreuil s’est entouré de Nicolas Larmignat à la batterie, Stéphane Decolly à la basse, David Sevestre aux saxophones et DJ Need aux platines. Ce dernier nom vous parle ? Normal, et en plus vous avez bon goût. DJ Need est une des quatre paires de mains de feu Birdy Nam Nam, quatuor de DJ à la créativité et l’énergie débordantes.

Et de l’énergie débordante, on en a eu lors de ce concert. Au fil des titres, chacun y va de sa présence dans une musique enracinée dans l’electro-jazz, mais qui se plaît à faire voler en éclat les barrières et catégories. Les compositions sont fournies et variées, enchaînant plusieurs thèmes dans un seul morceau. Ce qui pourrait passer pour un bordel désorganisé est en réalité soigneusement élaboré, rappelant ainsi les logiques créatives d’un Pharaoh’s dance de Miles Davis (album Bitches Brew), ou même du Echoes de Pink Floyd (album Meddle). Au cœur du dispositif, Baptiste Dubreuil installé derrière ses machines, et à l’origine de toutes les compositions. Un Fender Rhodes, un Moog, un Prophet et des boîtes à sons partout : en d’autres termes, un créateur d’ambiances incroyables, appuyées par le jeu généreux et habité de Nicolas Larmignat, lui-même soutenu en section rythmique par les lignes de basse denses de Stéphane Decolly. Posées sur cette base, les lignes saxophoniques de David Sevestre, et les platines de DJ Need. La musique du VeryDub est avant tout hautement cinématographique. Combien de fois pendant ce concert ai-je vu des scènes de films ? Combien d’images mentales se sont créées, notamment pendant La fin du monde ? Peut-être le titre le plus marquant parmi les six interprétés, avec également Kind of punaise. De bidouillages sonores en explosions de rythmes entrecroisés, VeryDub nous emmène dans des mondes post-apocalyptiques, dans des polars, ou encore dans l’agitation de nos cerveaux bousculés par un monde incertain. Plus d’une fois, j’ai eu cette sensation d’entendre se matérialiser ce qui se joue parfois au fond de moi-même lorsque je suis tiraillé entre des moments paisibles, en suspension, et de violents rappels à la réalité.

J’ai souvent dit ici que les meilleures bandes originales de films/jeux vidéo sont celles qui existent par elles-mêmes, et que l’on peut écouter sans images. Avec le VeryDub, on prend la question dans l’autre sens : les compositions de Baptiste Dubreuil ne sont pas des BO, mais elles font émerger des images qui n’existent nulle part sur un écran. Tout cela se passe au creux de nos cerveaux, et aussi au fin fond de nos corps : le son du VeryDub est éminemment organique, viscéral, physique. Une musique qui prend aux tripes, qui parle à la chair, qui fait vibrer, qui tabasse dans tout le corps et grâce à laquelle on se sent en vie. Pleinement. Une musique forte, dotée d’une vraie identité, d’une personnalité pleine et entière, loin de toute mièvrerie ou soupe à la guimauve. Le VeryDub ne laisse pas indemne, mais c’est pour notre plus grand bien. Une musique qui secoue, qui émeut, qui transporte, qui bouscule, qui réveille et qui donne une putain d’énergie et d’envie de se lever. Un mélange de sourires et de larmes d’émotions, une combinaison subtile entre tensions et frissons. Quand un musicien ou un groupe atteint cette double sensation, il peut se dire qu’il a réussi son coup, et avec brio : nous sortir un temps des affres du quotidien pour nous balader très loin en traversant une foultitude de sensations toujours solidement accrochées plusieurs heures après le concert. Quand on connaît une pareille expérience, on se dit qu’on a bien fait de délaisser toute niaiserie télévisuelle, et même un bon Columbo, pour venir vivre le VeryDub en live. Une seule hâte : reprendre très vite une dose de cette bonne came de très haute volée.

Un plaisir en annonce un autre : le groupe, via Baptiste Dubreuil himself, précise qu’un disque est en construction pour une sortie en septembre 2022. On surveille ça et on en reparle au plus vite. Le VeryDub sur scène ET sur disque. La boucle de cette chronique est bouclée.

Raf Against The Machine

Live n°1 : Gaëtan Roussel + Beirut + Rodrigo y Gabriela + Thiéfaine au Printemps de Bourges (2019)

PDB19_FESTICKET_1400x800-GENChez Five-Minutes, on est joueurs, et peut-être aussi un peu inconscients. Puisque la team complète se déplace ce soir à Bourges pour une soirée au Printemps, on tente une expérience : un article écrit en direct, au long de la soirée. Une sorte de reportage au fil de nos pérégrinations et de nos émotions musicales. Pour vous faire partager ce moment, on viendra mettre à jour régulièrement cette page, mais vous pourrez également nous suivre sur Twitter via le compte de Sylphe (@sylphe45) et/ou le mien (@BatRafATM).

Bref, c’est nouveau, c’est expérimental. Peut-être que ça fonctionnera, peut-être pas. Si on fait un truc tout pourri, vous pourrez nous le dire… Si on fait un truc sympa, vous pourrez le dire aussi ! Pour donner un avant-goût (en dehors de la merguez-frites de festoche qui nous attend), on sera principalement au W pour la soirée Gaëtan Roussel + Beirut + Rodrigo y Gabriela + Thiéfaine. Juste pour le clin d’œil, et pour patienter… vous pouvez retrouver des articles sur ces quatre artistes, que nous avons tous à un moment chroniqués ici-bas ici même (les titres conduisent direct aux articles d’un seul clic) :

Comme quoi, on ne pouvait décidément pas être ailleurs ce soir.

Comme expliqué plus bas, la soirée s’est finalement faite sans Beirut, annulé à la presque dernière minute : on laisse quand même cette chouette formation dans l’ouverture d’article ci-dessus, histoire de découvrir ou réécouter.

Fin des opérations ! On espère que cet article à la forme originale vous aura plu, et aussi donné envie de plonger dans l’univers de chacun de ces artistes, si ce n’est déjà fait. À bientôt pour de nouvelles minutes de bon son !

[MàJ 00:36] Et voilà ! La soirée au W du Printemps de Bourges c’est terminé ! En résumé : une très chouette et surprenante prestation de Gaëtan Roussel, suivie d’une assez impressionnante démonstration technique de Rodrigo y Gabriela autour de leur nouvelle pièce maîtresse qu’est leur reprise assez folle de Echoes. Enfin une version raccourcie des 40 ans de chansons de Thiéfaine, mais toujours aussi efficace et chargée de la poésie vénéneuse de ce grand bonhomme. Il ne nous aura manqué que Beirut, que l’on espère voir de nouveau sur scène très bientôt. On repart de Bourges des sons plein la tête !

[MàJ 00:07] À l’heure de James Bond et alors qu’on n’a plus vraiment de voix… en trouver encore un peu pour gueuler Sweet amanite phalloïde queen avec tout le W ! Et mettre une dernière fois le feu avec La fille du coupeur de joints évidemment.

[MàJ 23:58] Et que de lieux fantastiques visités ! Après une virée dans L’ascenseur de 22h43Enfermé dans les cabinets (avec la fille mineure des 80 chasseurs) ! C’est surtout une virée dans le Thiéfaine des premières années… et putain que c’est bon ! Allez on poursuit avec Alligators 427, autre pièce maîtresse de l’œuvre Thiéfaine.

[MàJ 23:45] Quelle énorme version très rock d’Un vendredi 13 à 5h ! C’est un sacré pied de réentendre ça, avec toujours un super son dans le W : on profite un maximum des textes de Thiéfaine, ce qui est complètement essentiel pour apprécier ce grand auteur. Et maintenant… Je t’en remets au vent et, une fois encore, les frissons, comme depuis plusieurs décennies avec cette ballade.

[MàJ 23:30] « Ça sent la vieille guenille et l’épicier cafard dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’Amour » : on est en plein dans les Confessions d’un never been, à mes yeux un des morceaux majeurs de Thiéfaine, que j’ai écouté jusqu’à la corde. Je ne me lasse pas de la tension de ce titre et de la beauté ténébreuse de son texte torturé.

[MàJ 23:26] Sans oublier l’excellent Yan Péchin qui vient de faire son apparition sur le fond de la scène 😀! Pendant ce temps ça déroule avec Crépuscule Transfert et La ruelle des morts… puis à présent La vierge au Dodge 51 : un grand retour en arrière dans le temps pour un de mes morceaux préférés de la discographie de Thiéfaine. Et on enchaine avec Lorelei Sebasto Cha! La sensation de refaire un saut à l’automne dernier sur cette tournée anniversaire que j’ai eu la chance de vivre… Magique !

[MàJ 23:08] Confirmation de Thiéfaine : on va avoir droit à des extraits du spectacle 40 ans de chansons sur scène… dans un esprit donc très rock avec Stalag-tilt puis l’Eloge de la tristesse, d’une actualité assez affolante. Côté musicos, on retrouve en effet des têtes connues, à commencer par Lucas Thiéfaine et Alice Botté aux guitares 🤘

[MàJ 22:58] HFT entre en scène sur 22 mai, comme en ouverture des 40 ans de chanson sur scène. C’est parti pour 1h30 de Thiéfaine 🤘🖤!

[MàJ 22:27] Après une magistrale interprétation de Echoes et une clôture de set survitaminée, Rodrigo y Gabriela quittent la scène pour laisser la place d’ici une demi-heure à Hubert-Félix Thiéfaine ! On se remet de nos émotions (car il y en a eu… décidément quelle relecture de Pink Floyd !) et on se retrouve avec HFT d’ici peu.

[MàJ 21:56] Contre toute attente compte-tenu de la longueur du morceau et de la petite heure de concert… Rodrigo y Gabriela entament leur relecture du Echoes de Pink Floyd… On va se poser un moment et juste écouter cette merveille 🖤

[MàJ 21:46] Rodrigo y Gabriela poursuivent leur impressionnante démonstration technique et de maîtrise de leurs 6 cordes. Après 20 minutes de pure folie, un moment de relative accalmie… on continue à profiter !

[MàJ 21:27] Et c’est parti avec le duo de guitaristes qu’on attendait ! Une entrée en matière qui envoie du bois ! C’est comme sur les disques… mais en vivant et sur scène, avec un W chauffé à blanc 🤘 C’est dingue comment deux musicos seuls en scène peuvent galvaniser une salle entière.

[MàJ 21:17] Après une sympathique pause repas festoche très diététique, reprise des activités musicales dans quelques minutes avec Rodrigo y Gabriela !

[MàJ 20:40] Après une grosse reprise de Bashung, on sait que l’on s’achemine (déjà ?) vers la fin du concert, et pourtant l’énergie ne faiblit pas, ni sur scène ni sous le chapiteau W ! Help myself (Nous ne faisons que passer)… peut-être bien mais on a rarement eu droit à une version aussi vitaminée ! Suivie de Léa… encore une chouette surprise de ce chouette concert 🙂 Et la clôture de cette bien belle prestation avec Hope, titre phare et efficace tiré du dernier album en date.

[MàJ 20:20] Un concert de Gaëtan Roussel résolument rock, avec en ce moment une version musclée de Clap Hands, tirée du 1er album Ginger. Une ouverture de soirée sans faute qui envoie le bouzin (#commediraitSylphe)

[MàJ 20:00] Gaëtan Roussel, ça envoie bien : le son est excellent dans le W, et le garçon est particulièrement investi ! Une version nerveuse et efficace de Dedans il y a de l’or, suivie d’une magnifique interprétation de Il y a… Grave !!! Ton invitation de l’époque Louise Attaque 😀!!! Et… Si l’on marchait jusqu’à demain ! Tiré de l’excellent 3e album À plus tard crocodile… Géniale prestation pour le moment !

[MàJ 19:46] Et c’est parti avec Mister Roussel, et une version particulièrement enlevée de Dis-moi encore que tu m’aimes ! La classe, le W est déjà bien rempli, tout comme nos gobelets 😉

[MàJ 19:00] Après un léger retard sur la route, on arrive sur Bourges ! Le temps de se poser et de rejoindre le W, on devrait entrer sous peu dans la soirée… mais il faudrait prévenir Gaëtan Roussel que nous ne ferons que passer à sa prestation (#vousl’avez?)

[MàJ 16:32] On apprend l’annulation de la prestation de Beirut, pour raisons de santé… C’est bien triste car on se faisait une joie de les découvrir sur scène. Avant tout on souhaite repos et prompt rétablissement aux cordes vocales incriminées. Et on va se consoler avec les 3 artistes restants, qui formeront malgré tout une belle soirée.

Raf Against The Machine