Playlist du lundi n°24

Temps pluvieux, besoin de musique impérieux… Enjoy !

  1. Los Angeles d’Octave Noire. Le deuxième album d’Octave Noire Monolithe figure parmi mes coups de coeur de 2020. Los Angeles nous apporte ses synthés sortis tout droit de Jean-Michel Jarre, en espèce de rencontre du troisième type du XXIème siècle, avant que le spoken word ne s’impose. La voix est sombre et mélancolique, l’univers musical avec la batterie accentuant la rythmique et les cordes  m’évoque Air époque Virgin Suicides. Le morceau dont la mélodie du refrain s’imprime immédiatement en nous aurait mérité de figurer sur la BO de Mulholland Drive tout simplement…
  2. Sycamore Feeling de Trentemøller. L’électro cinétique sombre du Danois Trentemøller me touche depuis toujours et son deuxième opus sorti en 2010 Into The Great Wide Yonder est pour moi un des sommets incontestables de sa discographie. Sycamore Feeling développe son atmosphère mélancolique un brin inquiétante, la voix douce et mystérieuse de Marie Fisker sublimant l’ensemble.
  3. Nemesis de Benjamin Clementine. Deuxième passage par le premier album At Least for Now, sommet d’émotions imparable, avec ce Nemesis porté par la voix sombre de Benjamin Clementine et la justesse de l’atmosphère instrumentale, entre piano omniprésent en fond et cordes bien senties. Ce morceau traite avec brio de la nécessité de ne pas faire souffrir les autres pour ne pas courir le risque de subir en retour la déesse Nemesis (déesse grecque de la vengeance).
  4. Earth Death de Baths. Après un premier album Cerulean lumineux, Will Wiesenfeld alias Baths sort en 2013 un Obsidian dont l’univers est plus anxiogène. L’avant-dernier titre de l’album Earth Death est porté par ses sonorités électroniques abruptes et oppressantes pour un constat amer sur la Terre, que la douce voix de Baths essaye vainement d’atténuer… Une électro cinétique de haut vol et tristement d’actualité.
  5. A.M.180 de Grandaddy. Je n’ai jamais été un grand connaisseur, ni un grand fan des Américains de Grandaddy mais cette mélodie naïve d’A.M.180, titre présent sur le troisième album Under The Western Freeway, se marie à merveille à la débauche de guitares.
  6. Sonar d’Aufgang. Le trio composé de Francesco Tristano, Rami Khalifé et Aymeric Westrich réussit brillamment dès son premier album éponyme l’association entre la musique électronique et la musique classique. Sonar se présente comme une véritable odyssée qui nous offre 7 minutes d’une grande richesse.
  7. La résiliation de Ben Mazué. Pour faire suite au Nemesis de Benjamin Clementine qui évoquait une rupture amoureuse, La résiliation qui apparaît sur un projet de Grand Corps Malade montre avec pudeur et la justesse qu’on lui connaît le processus d’oubli qui se met en oeuvre après chaque rupture…
Sylphe

Pépite intemporelle n°142 : Girls and Boys (1994) de Blur

girls-and-boys-blur-570x570Comme une habitude qui s’installe, regardons une fois de plus dans le rétroviseur, et très précisément 30 années en arrière. Le 7 mars de l’année 1994 tombait dans les bacs le single qui allait propulser Blur au sommet des charts et dans à peu près toutes les oreilles. Girls and Boys est le titre d’ouverture de Parklife, troisième album du groupe mené par Damon Albarn, sorti en avril 1994. Pour emmener la galette, il fallait une locomotive sonore et musicale. Ce sera donc Girls and Boys, titre à la croisée du rock alternatif et de la britpop. Ce dernier courant musical, fraichement émergé et issu du rock alternatif britannique, s’incarne déjà avec Modern Life is Rubbish, deuxième album de Blur sorti en 1993. Mais son explosion viendra l’année suivante avec Parklife et son ouverture entêtante, dansante, obsessionnelle.

Girls and Boys a tout de la réussite instantanée, du tube en puissance, du titre imparable. S’ouvrant sur des notes de synthés simples mais ultra rythmées, le morceau claque dès la 18e seconde avec une section rythmique d’une redoutable efficacité. La ligne de basse groovy et ronde à souhait ne laissera aucun corps immobile. Débarquent alors la voix et la gouaille de Damon Albarn, qui apportent un ton désinvolte mais pleinement investi. Le reste appartient déjà à l’histoire de la britpop. Tout au long de ses presque 5 minutes, Girls and Boys est le bonbon impertinent à la fois sucré et acidulé dont on se gave jusqu’à plus soif… pour mieux en reprendre. Il n’y a pas une seconde de temps mort dans l’énergie déployée par Blur avec ce titre qui, aujourd’hui encore, reste une référence pour qui veut se lever et se sentir en vie.

Assez parlé : il est grand temps d’écouter cette pépite absolue. Malgré son grand âge, Girls and Boys nous donne un sacré coup de jeune lorsqu’on réalise que le titre a déjà 30 ans, mais qu’il a gardé intacte sa fraîcheur. On monte le son, et on danse sur une des pépites les plus emblématiques de la britpop.

Raf Against The Machine

Playlist du lundi n°23

Allez on est partis pour 7 nouvelles bombinettes qui devraient nous aider à gérer la dernière ligne droite avant les vacances scolaires, enjoy !

  1. The Parachute Ending de Birdy Nam Nam. Les champions du monde de turntable frappent fort en 2009 avec leur troisième album Manual for Successfull Rioting porté entre autres par cet extatique The Parachute Ending dont les sonorités âpres et son explosion en plein milieu secouent méchamment. On sent le lien fort qui unit cet album aux premiers opus de Justice
  2. Lights d’Archive. Le sixième album Lights de ceux qu’on ne présente plus en ces contrées est porté par ce titre éponyme qui figure parmi les plus beaux titres du groupe. 18 minutes sublimes pour un titre au pouvoir cinétique incontestable, de l’artisanat d’art…
  3. Sing de Four Tet. Kieran Hebden propose sa folktronica inventive depuis maintenant plus de 20 ans pour mon plus grand plaisir. Ce Sing tiré de son cinquième album There Is Love in You nous enveloppe doucement dans une version pop DIY digne de Boards of Canada. Un charme suranné se dégage de cette jolie pépite.
  4. People Movin’ de The Shoes. Nouveau passage du côté de l’électro-pop jouissive du deuxième album Crack My Bones (2011) de The Shoes avec l’instantané People Movin’. Un single électro-pop qui donne le sourire et la furieuse de faire du vélo…
  5. Genesis de Justice. Le premier album de Justice est une vraie déflagration sonore en 2007. Le son est pachydermique et immédiatement reconnaissable, 17 ans plus tard ce Genesis plus riche qu’il n’y paraît aux premières écoutes demeure un bijou sombre qui fait vibrer les corps.
  6. Steady, As She Goes de The Raconteurs. Encore un énième side-project brillant de Jack White… Le premier album Broken Boy Soldiers est porté par le rock subtil de Steady, As She Goes qui nous propose une belle débauche de guitares.
  7. World Sick de Broken Social Scene. Dans la catégorie des groupes pleins d’optimisme dont je rêverais d’être l’ami, Arcade Fire est talonné par les Canadiens de Broken Social Scene. Ce World Sick tiré du quatrième opus Forgiveness Rock Record devrait vous redonner foi en l’humanité.
Sylphe

Pépite intemporelle n°141 : Love on the beat (1984) de Serge Gainsbourg

516JvwfspmL._UF1000,1000_QL80_Il n’aura échappé à personne que nous étions hier le 14 février. Difficile de passer à côté de la Saint-Valentin aka la fête des amoureux, étalée sur toutes les devantures de magasins et une bonne partie des panneaux publicitaires. Que l’on souscrive (ou pas) à la formule, chacun est libre de célébrer (ou pas) cette date, de la façon qu’il le souhaite. Prolongement du 14 février, la chronique du jour n’est finalement pas si éloignée qu’il n’y parait de note sujet d’introduction. Love on the beat, sorti en 1984 sur l’album éponyme de Serge Gainsbourg, ouvre la galette de la plus funky des façons. Rompant alors avec ses deux précédents albums très teintés reggae Aux armes et cætera (1979) et Mauvaises nouvelles des étoiles (1981), Gainsbourg se tourne vers l’Amérique du Nord et des musiciens issus de l’univers funk-rock. Il en résulte un album puissant et groovy, au son très années 80 qui n’a néanmoins pas pris une ride. L’album contient également plusieurs textes qui choquèrent à l’époque, dont Love on the beat et Lemon incest, mais aussi deux titres abordant ouvertement l’homosexualité : I’m the boy et Kiss me Hardy. Love on the beat est un album court mais intense, fait de 8 titres rock, percutants, vénéneux.

Love on the beat (la chanson) en est la parfaite incarnation. Porté par une rythmique funky-groovy et soutenu par une batterie omniprésente, le titre est chaud bouillant. En 8 minutes, Gainsbourg égrène les étapes d’un rapport sexuel dans le rythme (on the beat), que l’on vous laisse découvrir. Il serait en effet maladroit, voire malvenu, de tenter de décrire avec nos propres mots ce que le poète a si bien écrit. Et qu’il livre de son phrasé si particulier, mettant sa voix unique au service d’un talking over rendant l’ensemble plus récité que chanté. Le texte peut ainsi être perçu comme un poème pornographique, ou encore comme la narration d’un moment intime de fusion et d’abandon. C’est Gainsbourg qui décrit le mieux cette exploration des sens : « Tu as envie d’une overdose / De baise, voilà, je m’introduis ». Deux lignes extraites d’un texte ciselé comme jamais, avec en toile de fond musicale l’enchevêtrement fiévreux de la basse, de la guitare qui groove, et des cris féminins qui ne laissent aucun doute sur l’intensité du moment.

Et l’amour dans tout ça me direz-vous ? C’est bien beau d’ouvrir sa chronique sur la Saint-Valentin pour ensuite nous faire écouter un titre aussi sexuellement cru, qui ne semble pas laisser la moindre place aux sentiments. D’une, chacun sa vision des choses. De deux, souvenons-nous des mots d’un autre poète. En 2002, Renaud publie l’album Boucan d’enfer, qui se referme par Mon bistrot préféré. Un lieu imaginaire où il se plaît à convoquer ses influences. On y croise pêle-mêle Brassens, René Fallet, Boris Vian, Desproges… et, dans un coin du bistrot, « Gainsbourg est au piano, jouant sa Javanaise / Et nous chante l’amour qu’il appelle la baise ». Simple question de mots et de conception des choses.

Raf Against The Machine

Playlist du lundi n°22

On est repartis pour une nouvelle étape du périple musical du lundi, enjoy !

  1. This Light de Girls In Hawaii. Petit clin d’oeil entre Belges après le This Light de Ghinzu la semaine dernière. Le quatrième album Nocturne de 2017 est porté par ce bijou d’émotion This Light avec sa lente introduction contemplative et le chant écorché vif qui devrait vous évoquer un certain Thom Yorke.
  2. If This Hat Is Missing I Have Gone Hunting de Get Well Soon. Le premier opus Rest Now,Weary Head! You Will Get Well Soon de Konstantin Gropper et consorts sorti en 2008 trône dans mon top 10 all-time des premiers albums chefs d’oeuvre. La voix d’encre, la tension palpable, les choeurs féminins et cette pop baroque animée d’un souffle épique, il n’en faut pas plus pour vibrer en ce lundi matin.
  3. Vital Signs de Midnight Juggernauts. Après un premier album Dystopia excellent, les Australiens de Midnight Juggernauts confirment avec The Crystal Axis leur capacité à instaurer des atmosphères brumeuses à renfort de synthés planants. Vital Signs nous happe immédiatement par sa puissance pop et sa palette de sons originaux.
  4. You! Me! Dancing! de Los Campesinos!. Je suis séduit depuis les premiers albums par l’énergie et l’optimisme débordant des Gallois de Los Campesinos! Le premier album Hold on Now, Youngster… est assez jouissif et ce You! Me! Dancing! commence avec une très longue introduction digne de Mogwai qui laisse monter la tension avant d’exploser. Il ne vous reste plus qu’à vous laisser emporter ensuite par le souffle pop…
  5. Baby I’m Yours de Breakbot feat. Irfane. Dans la famille Ed Banger, on connaît très souvent les incontournables Justice mais on oublie de nombreux artistes qui ont su briller plus subrepticement. Ce Baby I’m Yours présent sur le premier album By Your Side de Breakbot est un morceau pop d’une grande justesse. La voix d’Irfane, le chanteur du groupe Outlines, se marie à merveille à une atmosphère qui n’est pas sans rappeler Phoenix.
  6. Bullets de Tunng. Un peu de douceur désormais avec la folktronica de Tunng et en particulier ce Bullets présent sur leur troisième album Good Arrows. Comme une version champêtre de The Notwist qui nous donne envie de voyager.
  7. Un jour en France de Noir Désir. Un jour en France on mettra au pouvoir l’extrême droite et on ne pourra pas dire qu’on n’était pas mis en garde depuis longtemps… Le rock engagé et électrisant de Noir Désir est à son sommet au moment de la sortie de 666.667 Club en 1996, ce Jour en France reste un moment majeur de ma génération née au tout début des années 80.
Sylphe

Ciné-Musique n°17 : Sucker Punch (2011) de Zack Snyder

8obc33jenym3rqpiwgtqxqbp96j-038Sorti deux ans après la claque Watchmen (2009), Sucker Punch n’a pas connu le succès critique ni d’audience qu’il méritait. Premier film de Zack Snyder à être basé sur une histoire originale, le long métrage mérite pourtant qu’on s’y attarde, pour peu que l’on accroche à l’univers du réalisateur, mais aussi que l’on apprécie les bandes originales de qualité. Sucker Punch narre le parcours de Babydoll, jeune femme internée en hôpital psychiatrique par son beau-père, après qu’elle a accidentellement tué sa petite sœur. Le beau-père se révèle être non pas l’adulte attentif qui prend soin des filles après la mort de la mère, mais bien un ignoble salopard qui ne pense qu’à lui-même pour toucher l’héritage, et n’a aucune hésitation à violenter les jeunes filles. Babydoll est destinée à subir une lobotomie, afin de ne plus pouvoir témoigner contre son beau-père. Informée de la machination, elle monte le projet de s’évader en compagnie de quatre autres jeunes femmes. Pour à la fois supporter l’internement, mais aussi élaborer le plan d’évasion, elles vont s’immerger dans un cabaret imaginaire, au sein duquel elles parcourront différents univers où récupérer le nécessaire pour s’évader.

Sucker Punch est en fin de compte l’histoire d’une évasion du réel pour préparer une évasion réelle d’un environnement insupportable. Construit comme un jeu vidéo où s’enchainent les niveaux sous forme d’univers chapitrés, le film est accompagné d’une bande originale qui dit tout dès le premier morceau. Le générique, d’une beauté assez fascinante, est porté par une reprise de Sweet Dreams d’Eurythmics, ici interprétée par Emily Browning, l’actrice qui incarne Babydoll. On entend ensuite Army of Me de Björk, dans un remix avec un featuring de Skunk Anansie. Après l’éthéré Sweet Dreams, nous voilà dans un titre bien plus rock industriel qui sied parfaitement aux scènes d’action qu’il accompagne. Accalmie avec une version du White Rabbit de Jefferson Airplane prise en charge par Emiliana Torrini. Le même lapin blanc qui accompagne Alice dans son Pays des merveilles, autre évasion mémorable s’il en est, ou encore celui que Thomas Anderson suit dans Matrix pour s’en évader et rejoindre le monde réel. La première partie de la BO s’achève sur un mash-up assez démentiel de Queen entre I want it all et We will rock you, appuyé par Armageddon aka Geddy.

La puissante BO se poursuit avec Search and Destroy de Skunk Anansie. Porté en ouverture par un clavier aérien, le titre monte soudainement en puissance et des guitares très en avant. Pas très étonnant, puisque le titre est initialement sorti en 1973 sur Raw Power, troisième album des Stooges. Autrement dit, du rock pur et dur qui colle toujours parfaitement à la folie énergique et visuelle que représentent Sucker Punch et les évasions mentales de Babydoll. Tomorrow never knows est aussi une reprise, des Beatles cette fois, puisque le titre apparaît initialement sur Revolver (1966). Revisité par Alison Mosshart de The Kills, Tomorrow never knows conserve son côté psychédélique tout en se parant d’une touche plus rock. Le titre devient ainsi une oscillation entre un morceau connu, mais aussi déformé. En quelque sorte une zone entre le réel et une version imaginaire et revisitée de ce réel. A ce stade de Sucker Punch et de sa BO, on pourrait finir par ne plus trop savoir où l’on en est. Ce qui tombe très bien, puisqu’on retrouve Emily Browing accompagnée de Yoav pour une relecture de l’incontournable Where is my mind ? des Pixies. Un son qui fait d’abord ressentir cette sensation d’égarement, comme au réveil d’un profond sommeil, ou après un moment intense lorsque l’on a perdu une partie de nos repères. Puis le rock et l’énergie reprennent le dessus. Cette énergie qui ne quitte jamais Babydoll dans sa folle entreprise d’échapper à son funeste destin.

La BO s’achève avec Asleep, là encore interprété par Emily Browning. Un titre calme et apaisé qui accompagne la fin du voyage de Babydoll. Fin choisie ou subie, évasion réussie ou délivrance forcée, chacun appréciera et on ne spoilera évidemment rien du dénouement de Sucker Punch. Un film dont on recommande la version longue non censurée, qui rétablit l’exacte narration souhaitée initialement par Zack Snyder. Dans cette même version, on retrouve également une scène entre Carla Gugino et Oscar Isaac, où ils interprètent Love is the drug : la reprise d’un titre de Roxy Music sorti en 1975, également présente sur la galette.

Sucker Punch est construit sur trois niveaux qui baladent le spectateur : la réalité, la semi-réalité et les univers imaginaires. Sa BO porte admirablement ce triptyque dimensionnel, en nous emmenant sur des titres évocateurs de l’évasion du réel, et d’autres que l’on connait déjà mais que l’on retrouve et redécouvre avec un certain décalage, comme dans un monde parallèle. Revoir Sucker Punch avec tout cela en tête, en se laissant porter par sa BO et par son spectacle visuel, permet de reconsidérer ce long métrage mal aimé, mais aussi de replacer Babydoll et ses accolytes pour ce qu’elles sont : des femmes à qui on ne la raconte pas, et qui savent retourner toutes les mécaniques qui s’acharneraient contre elles pour renverser le réel.

Raf Against The Machine

Playlist du lundi n°21

Hop 7 nouvelles petites pépites sorties du sac pour illuminer ce lundi, enjoy !

  1. Two Dancers (i) de Wild Beasts. Après We Still Got The Taste Dancin’ On Our Tongues nouveau passage sur le deuxième album Two Dancers (2009) des Anglais de Wild Beasts. Après la voix fragile d’Hayden Thorpe, c’est la voix d’encre de Tom Fleming – qui fait beaucoup penser au timbre du leader d’Editors Tom Smith – qui porte avec brio ce Two Dancers (i) à l’introspection subtile.
  2. Myth de Beach House. La dream pop de Beach House nous offre des moments suspendus et ce Myth, présent sur leur quatrième album Bloom (2012), vient tutoyer les étoiles. Entre grâce aérienne et tentation d’une pop plus enlevée à la MGMT, le morceau vient toucher les cordes sensibles.
  3. Daft Punk Is Playing at My House de LCD Soundsystem. Le titre-phare du premier album post-punk (un titre qui me fait bien sourire au passage et qui évoque un rêve partagé par beaucoup à mon avis…) de la bande formée autour de James Murphy. Un morceau sous tension qui brille par son âpreté électronique et son refus de véritablement exploser.
  4. The Bay de Metronomy. Le troisième album The English Riviera des Anglais de Metronomy est un pur bijou qui figure dans mon top 10 all-time des meilleurs albums. The Bay brille par ses sonorités électroniques dignes des premiers albums et sa ligne de basse qui ferait fondre la glace des pôles sans difficulté. De l’orfèvrerie musicale et un refrain addictif à souhait.
  5. Instant Crush -Unpeeled de Cage The Elephant. L’original de Daft Punk, avec Julian Casablancas au chant est déjà imparable et s’impose comme un des sommets de Random Access Memories, la rythmique oscillant entre électro et funk et le chant percutant et survitaminé au vocoder se montrant particulièrement séduisant. La version live de Cage The Elephant réussit le tour de force de redonner un second souffle à cette pépite dans une version acoustique brillante. La diction faussement nonchalante de Matthew Shultz et les cordes subliment cet Instant Crush qui garde son pouvoir mélodique addictif. De la reprise de haut vol !
  6. This Light de Ghinzu. Les Belges de Ghinzu suivent avec brio la route tracée par leurs prédécesseurs de dEUS et je vous invite à réécouter leur deuxième opus Blow qui est tout simplement brillant. This Light figure, quant à lui, sur le troisième album Mirror Mirror et brille par son émotion poignante. La voix de John Stargasm et le piano en fond devraient vous picoter les yeux, la montée finale finissant totalement de nous désarmer.
  7. Belong de The Pains of Being Pure At Heart. Certes on a connu nom de groupe plus facile à mémoriser mais la musique de ce deuxième opus Belong donne ses lettres de noblesse à un son pop-rock empreint de mélancolie. Une belle intensité pour attaquer ce lundi avec envie…
Sylphe

Pépite intemporelle n°140 : The Letter (2005) de Xavier Rudd

0045778683161Après avoir remis dans nos oreilles Alela Diane (chronique à retrouver d’un clic par ici), restons au milieu de la décennie 2000-2010 pour replonger dans la musique de Xavier Rudd. Chanteur et multi-instrumentiste, cet Australien de 45 ans écume les plages musicales depuis maintenant près de 25 ans. Créateur d’une musique mélangeant allègrement le folk rock, le blues et la world music, Xavier Rudd livre des titres facilement écoutables au coin du poêle, au chaud le soir ou au petit matin avec un café, ou encore autour d’un feu après une session de surf. Pas de hasard : le garçon est aussi surfeur à ses heures, et entretient avec la nature une relation des plus proches puisqu’il est également activiste écologique. Vous commencez à vous faire un portrait de l’artiste ? On peut donc poursuivre et se plonger dans une de ses pépites musicales, qui va terminer de dresser le tableau.

The Letter n’a rien à voir avec celle des Box Tops (re)popularisée par Joe Cocker (nous en avions parlé ici, et également). Celle de Xavier Rudd sent la poussière, le jour qui tombe, le bush australien. Dans une sorte de folk blues lancinant lancé par sa voix et quelques accords de guitare folk plaqués, Xavier Rudd pose une ambiance d’entrée de jeu. Pas très étonnant que le titre ouvre Food in the Belly, troisième album studio des dix que le musicien a aujourd’hui à son compteur. Voilà un son qui donne le ton, et qui se pose d’emblée entre un John Butler des débuts et un Ben Harper de ses deux premiers albums Welcome to the cruel world (1994) et Fight for your mind (1995). Belles références me direz vous. A juste titre, puisque la référence/similtude avec Ben Harper ne s’arrête pas là. Si The Letter vous rappelle des Ground on down ou God Fearing man, c’est aussi parce que Xavier Rudd et Ben Harper ont en commun une guitare bien particulière.

Parmi les nombreux instruments dont il joue, Xavier Rudd utilise, tout comme Ben Harper, une guitare de la marque hawaïenne Weissenborn. Ces six cordes ont la particularité d’être jouées à plat sur les genoux. Le guitariste en tire les notes à l’aide d’une tone bar (sorte de barre métallique) qu’il glisse sur les cordes, donnant ainsi ce son caractéristique. La guitare Weissenborn apporte ainsi à la musique de Xavier Rudd cette chaleur sonore si particulière. Il maîtrise sur le bout des doigts (#jeudemotsfacile) sa guitare, mais aussi l’entièreté de ses compositions. The Letter en fait partie. Si tout cela vous plait après avoir écouté le titre, il vous reste tout Food in the Belly à savourer. Sans aucune modération.

Raf Against The Machine