Pépite du moment n°38: Salted Caramel Ice Cream de Metronomy (2019)

En cette période caniculaire, nous sommes dans une quête perpétuelle de fraicheur, laMetronomy fraicheur est tout bonnement notre Graal… Bien sûr vous me voyez venir car vous avez vu le titre et vous vous attendez à une pauvre ouverture dans le genre « besoin de fraicheur j’ai de la glace pour vous avec l’Ice Cream de Metronomy« . On ne va pas se mentir, mon esprit anesthésié par la chaleur étouffante a forcément eu ce raisonnement mais pas que… Metronomy a depuis ses débuts su me toucher, en particulier les deux premiers opus, le très électronique Nights Out en 2008 et le sommet de leur discographie jusqu’à maintenant le brillantissime The English Riviera en 2011. Ce dernier véhicule pour moi une image estivale où la fraicheur reste de mise, sûrement l’influence inconsciente du clip de The Bay.

Du coup Five-Minutes sait respecter son lectorat plus âgé et suit les préconisations du Ministère de la Santé en vous offrant une bonne dose de fraicheur. Tout d’abord une première bonne nouvelle avec la parution du sixième opus Metronomy Forever le 13 septembre prochain, la deuxième c’est l’excellent single Lately sorti il y a un mois qui nous donne une surprenante et excitante leçon de rock que, dans un acte de bonté totale (#meloniteaigue), je vous mettrai aussi en fin d’article. La dernière bonne nouvelle du jour c’est ce deuxième titre Salted Caramel Ice Cream et son clip loufoque, véritable pépite pop qui met en avant les synthés si représentatifs du groupe et la voix du bassiste Olugbenga Adelekan. Voilà en tout cas une pop hédoniste qui vaut tous les kilos de glace du monde! Enjoy!

Sylphe

Pépite intemporelle n°34 : Long way down (2013) de Tom Odell

Par ces temps de forte chaleur, pas vraiment question d’aller s’écouter du gros son qui fait bouger les corps de ouf : rien que de monter un étage au boulot ou d’aller chercher un document à l’imprimante, j’avais la sensation d’avoir couru un 100 mètres. Bref, voilà une des intros les plus pourries que j’ai pu proposer depuis les débuts de Five Minutes !

Tout ça pour dire que le son du jour est une petite pépite de calme née voici 6 ans déjà. Long way down (2013) est lovée au cœur du premier album éponyme de Tom Odell. Ce jeune auteur-compositeur-interprète anglais écrit ses premières chansons à 13 ans, avant d’expérimenter la formule groupe. Dont il se détachera finalement pour œuvrer en solo. Et livrer dès 2013, soit à l’âge de 23 ans, ce premier opus Long way down.

L’album se balade tranquillement dans la pop indé qu’on aime, avec des titres qui rappellent parfois Radiohead, Queen, ou encore Jeff Buckley. Surtout pour la voix concernant ce dernier, puisque celle de Tom Odell se paie le luxe d’avoir à la fois une tessiture relativement étendue, et un grain qui dégage d’assez fortes émotions. Et n’est donc pas sans rappeler la puissance et le frisson des titres de Grace, album référence absolue dans ma discothèque.

Long way down (le titre) est la parfaite illustration de ce frisson musical. En 2 minutes 30 (oui, cette semaine, on vous vole de la moitié des Five minutes promises… mais rassurez-vous, c’est court mais intense), Tom Odell lâche ici une véritable pépite émotionnelle. C’est juste l’histoire d’un garçon qui voit partir son amoureuse, et qui aimerait qu’il en soit autrement. C’est l’histoire d’une chute libre qui s’annonce, d’un long chemin à remonter ensuite. C’est à la fois mélancolique et d’une beauté infernale. Même sans comprendre chaque mot du texte, l’émotion à fleur de peau de ce piano-voix saura ravager toute résistance de votre part. Si vous sentez monter une larmichette, laissez la sortir. Surtout à 1’20 : bon courage pour résister à la reprise…

C’est un des morceaux-bulles dans lequel je retourne régulièrement, pour m’apaiser, échapper au tumulte du monde et à la connerie ambiante. C’est un titre que j’aime au-delà du raisonnable et qui ne m’a jamais quitté depuis ma première écoute. Au-delà de cet attachement qui n’appartient qu’à moi, j’espère que ce Long way down vous ravira et vous apportera de belles émotions.

Raf Against The Machine

Interview n°3: Tropical Mannschaft

Je vous faisais part dernièrement de tout le bien que je pensais de l’EP To Be Continued… Tropical Mannschaft Interviewde Tropical Mannschaft (voir ici ). Histoire de prolonger le plaisir je vous invite à faire la connaissance de Florian von Künssberg (à droite sur la photo je préfère préciser) qui se cache derrière ce beau projet!

1/ Bonjour Tropical Mannschaft, pourquoi ce choix de nom d’artiste ? Pourrais-tu nous présenter le groupe et le nouvel EP?

Bonjour, j’ai comme beaucoup choisi ce nom par hasard, j’aimais l’opposition que constituent ces deux mots. Je fais une musique sans contraintes, il me fallait trouver un nom de projet sans connotation… Et puis ça tabasse non ?
Je fais la musique seul à la maison et j’écris les textes, ensuite je rejoins mon pote Antony Josse qui tient un studio à côté de Caen (le studio Télémaque) et nous arrangeons les morceaux ensemble. C’est un véritable petit labo de recherche, on sort des claviers vintage, des vieux samplers et boîtes à rythmes, on branche des tas d’effets partout et on s’amuse, la base est toujours quasiment finie, ensuite il y a  beaucoup de spontanéité pour les arrangements.
Pour la scène, je suis accompagné d’Antony à la guitare, sampler et clavier et de Damien sampler , claviers.

2/ Comment définirais-tu ta musique?

Difficile de définir ce que l’on produit. C’est un Melting Pot qui trouve ses inspirations dans la Pop, la musique psychédélique, le Hip Hop et l’électro. On apporte énormément de matière aux maquettes de base avec des samples, des effets, des instruments traditionnels, des rythmes Hip Hop ou trip hop, ensuite on épure.

3/ Peux-tu me dire quelles sont tes influences et quels artistes/groupes tu aimes?

Mes influences sont à l’image de la musique que je fais, elles sont extrêmement variées. Ça va de la pop 60’s comme les Beach Boys ou Them en passant par Damon Albarn, Gorillaz, Daniel Johnston, Metronomy, Mac de Marco ou encore des groupes plus psyché allant de Pink Floyd à MGMT ou Tame Impala. Côté français j’adore Air, Flavien Berger, Antoine Antoine Antoine…

4/ Quel titre de l’EP représente le mieux ta musique et pourquoi?

Je ne pourrais pas choisir un titre, je pense que l’ensemble de l’EP représente ma musique et comme tu l’auras sans doute noté ça part dans tous les sens j’essaie juste au travers de mes productions de donner une cohérence à tout ça.

5/ Quel jeune artiste aimerais-tu aider à promouvoir?

On ne peut pas dire qu’ils soient spécialement jeunes, mais j’ai écouté un titre de Voyageur, le projet de Remi Lelièvre, ex chanteur de Da brasilians. Je crois qu’il compose actuellement, c’est une belle pop chantée en français avec des visuels superbes qu’il dessine lui-même… C’est à suivre.

J’aime aussi beaucoup un rappeur anglais Jamie Broad de Liverpool que mon pote Lewis Evans avec qui j’ai joué dans les Lanskies m’avait fait découvrir, je le suis depuis des années.

6/ Quel est en ce moment ton groupe/artiste préféré?

En ce moment je me gave de Flavien Berger, j’adore la recherche dans ses sons et son univers si singulier.
J’écoute toujours beaucoup Mac de Marco le plus cool, je me suis fais une petite cure de Beck récemment, je l’ai beaucoup écouté et tellement d’autres groupes plus rock, Idles, Foals, Sleaford Mods… beaucoup de Hip Hop plutôt old
school americain et anglais.

7/ Si nous devions détruire tous les albums musicaux sur Terre lequel sauverais-tu?

Pet sounds des Beach Boys

8/ Et si tu devais ne sauver qu’un titre lequel serait-ce?

God only Knows  je pense ne jamais pouvoir me lasser de ce morceau, c’est un chef d’oeuvre.

9/ Une question qui ne t’a jamais été posée et que tu aimerais que l’on te pose ?

Tu préfères ton bassiste ou ton batteur ?
(Aucun, d’ailleurs je n’ai ni bassiste, ni Batteur).

Sylphe

Clip du jour n°12 : Bétonneuse (2010) de Nicolas Jules / Emilie Sandoval

Planqué au cœur de Shaker (2010), 3e album studio de Nicolas Jules (et 4e album si on compte l’excellent live A l’Atelier (2005), enregistré à Orléans), il y a une pépite dont je ne me lasse pas. Bétonneuse est un de ces morceaux qui pourrait ne faire que passer, mais qui se loge dans un recoin de nous pour pousser tranquillement et s’y enraciner à jamais.

Nicolas Jules, aujourd’hui 5 albums au compteur (et 6 si on compte… bref), c’est un drôle de personnage dans la chanson française. Une sorte de lutin un peu facétieux qui rappelle tantôt Thomas Fersen, tantôt Higelin, mais qui cultive sa propre personnalité musicale. Pince-sans-rire doté d’un humour assez ravageur, cet auteur-compositeur-interprète est aussi capable d’injecter dans ses morceaux une poésie surréaliste et mélancolique, ce qui n’est pas non plus sans rappeler Boris Vian.

Poésie que l’on retrouve dans cette Bétonneuse, aussi bien dans le titre lui-même que dans le clip qui l’accompagne. Réalisé par Emilie Sandoval, ce petit bijou d’images sent le Michel Gondry à plein nez pour les trouvailles et bidouilles visuelles. Chaque plan est une parfaite mise en images de l’univers Nicolas Jules et de ce qui se passe dans ma tête à l’écoute de ce titre. Ce clip accompagne surtout à merveille un texte bien plus bouleversant qu’une écoute distraite pourrait le laisser penser, livré sur une musique où il n’y a rien de trop, rien de pas assez.

Une fois que vous aurez apprécié, vous pourrez, par extension, écouter tout l’album Shaker de Nicolas Jules, à commencer par le titre d’ouverture L’amicale des joueurs de luth. Et une fois Shaker savouré, il reste d’autres opus que je vous laisse découvrir. Pour ma part, je retourne profiter encore un peu de la Bétonneuse, parce que « Dans le grand ravalement des nébuleuses / Mon cœur tourne tourne dans la bétonneuse ».

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°33: I Love You So de Cassius (2010)

Il est des journées amères où l’on a envie de s’en prendre à cette chienne de vie qui brilleCassius par son injustice et le 20 juin 2019 trône fièrement au milieu de ces jours sans saveur… Hier soir Philippe Cerboneschi connu sous le nom de Philippe Zdar est décédé accidentellement deux jours avant la sortie du cinquième album de Cassius Dreems… et derrière la tristesse engendrée j’ai plus envie de rappeler aujourd’hui à quel point cet artiste était tout simplement brillant.

Zdar a donc formé avec son ami de toujours Hubert Blanc-Francard alias Boom Bass un duo électro marquant de la french touch Cassius. Les albums 1999 avec des titres comme Cassius 1999 ou l’addictif Feeling for You et Au rêve en 2002 (The Sound of Violence, Thrilla…) ont démontré le talent des deux à aller taquiner les dance-floors… En 2006 avec 15 Again ils se tournent davantage vers un son pop-rock bien senti et je vous mets au défi de ne pas fredonner des titres comme Toop Toop ou See Me Now. J’avais pris un vrai plaisir à les retrouver en 2016 avec le jouissif et hédoniste Ibifornia chroniqué par ici qui démontrait toujours le plaisir de faire de la musique viscéralement chevillé au corps qu’avaient ces deux-là.

Zdar était justement beaucoup trop amoureux de la musique pour ne pas se lancer dans la production… Après avoir produit les 4 premiers albums de MC Solaar, il a aidé à la naissance de sublimes albums (Wolfgang Amadeus Phoenix de Phoenix, How Deep Is Your Love de The Rapture, Hot Chip, Franz Ferdinand, Cat Power, Beastie Boys…) et permis à des titres touchés par la grâce d’occuper nos esprits. Je pense en particulier à l’un des titres qui me touchent le plus et qui était un des titres dont Zdar était le plus fier, à savoir le brillant La Ritournelle sur l’album Politics de Sébastien Tellier. Un instant de magie qui prend une saveur mélancolique inédite aujourd’hui…

Il faut toujours chercher le positif même dans les moments les plus durs et je sais qu’aujourd’hui nombreux sont ceux qui, comme moi, vont aller réécouter Cassius et retrouver le sourire… Je vous laisse avec un titre évocateur pour vous rappeler que Philippe Zdar c’était avant tout du bon son…

Sylphe

Pépite intemporelle n°32: Daniel de Bat for Lashes (2009)

Natasha Khan, alias Bat for Lashes, fait partie de ces artistes que je cite régulièrement Bat for Lashessans lui avoir dédié aucun article depuis la renaissance du blog et il est temps de réparer cette anomalie. Le cinquième opus Lost Girls sortira le 6 septembre prochain et depuis une semaine le single Kids in the Dark ravive les bons souvenirs d’une voix d’une grande douceur. Cependant, je préfère revenir en 2009 lors de la sortie du second album Two Suns qui s’impose pour moi comme son meilleur album avec Fur and Gold de 2006. Le single Daniel s’impose de loin comme son morceau le plus brillant avec ce chant habité et tout en retenue sur un univers instrumental d’une grande richesse entre violons et synthés. Le titre gagne en intensité et la rythmique s’intensifie, portée par un refrain à la mélodie imparable. A savourer sans aucune modération, enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°37: Lift Up de Dune (2019)

Petite découverte rafraichissante ce soir avec une sucrerie pop qui éclateDune immédiatement en bouche. Dune est un duo composé de la chanteuse Anja et de Thomas aux machines qui sortira son premier EP en octobre et vient d’envoyer en éclaireur son single Lift Up qui porte parfaitement son nom tant il réveille avec délicatesse les sens. La recette est d’une grande limpidité avec la douceur candide de la voix d’Anja qui ne sera pas sans rappeler la voix d’Emilie Simon et une ambiance instrumentale où les synthés old-school apportent une coolitude évidente. Le résultat est assez judicieusement illustré par un clip amenant à s’interroger sur l’influence des nouvelles technologies sur nos vies. Il ne vous reste plus qu’à savourer, enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°36 : Minidiscs [Hacked] (2019) de Radiohead

a2980258520_16La pépite du jour/du moment l’est à double titre : elle est disponible depuis quelques heures et ne le sera plus dans quelques jours. Tout autant qu’elle pourrait être une pépite intemporelle. Non, votre humble serviteur n’a pris aucune substance particulière, et oui j’écris à jeûn, en pleine maîtrise de mes propos. Retour quelques heures en arrière pour comprendre l’affaire.

Hier, mardi 11 juin, nous apprenons, et la planète entière avec nous, que Radiohead s’est fait hacker une pile de minidiscs contenant des sessions de la période 1995-1998. Soit, pour resituer les choses, à cheval deux ans avant et un an après la sortie de OK Computer (1997) qui reste à mes yeux un sommet du groupe. Peut-être le sommet, en tout cas un album que je n’hésite pas à classer dans la poignée d’albums parfaits. Le genre où il n’y a aucune note à retirer, aucune à ajouter, pas un mot à changer, pas un arrangement de travers. Une pépite intemporelle.

La bande à Thom Yorke s’est donc fait piquer un lot de minidiscs contenant des sessions de la période OK Computer. Pas un minidisc (sinon ça ne fait pas un lot), pas deux, pas cinq. Non. Dix-huit minidiscs, pour une durée totale de près de 18h. Petite parenthèse rétro-technologique : le minidisc, pour ceux qui l’ignorent, est une invention de Sony, qui permettait d’enregistrer 80 minutes de sons sur un support de la taille d’une disquette mais en qualité CD. Une aubaine pour tous les musicos de la Terre, car l’objet était transportable et de haute qualité.

Bref, Radiohead s’est fait piquer 18 minidiscs, pour lesquels une rançon de 150 000 $ est réclamée au groupe. Réaction des intéressés : ni une ni deux, loin de se plier à la rançon, ils ont décidé de tout balancer sur la plateforme Bandcamp, afin que tout amateur doté d’une connexion internet correcte puisse profiter de ces sessions. A l’origine, rien de ce matériel sonore n’était destiné à être rendu public, mais le groupe a fait le choix de couper l’herbe sous le pied des hackers.

Depuis hier 11 juin donc, et pour une durée de 18 jours (soit jusqu’au 29 juin), les 18 minidiscs sont librement à l’écoute sur Bandcamp sous le sobre titre Minidiscs [Hacked]. Mais ce n’est pas tout : moyennant 18 £, il est possible d’acheter, et donc de conserver à vie (notamment en les téléchargeant) ces 18 heures de sessions OK Computer. D’aucuns parleront d’un gros coup de pub, ou d’une démarche bassement commerciale. A cela, je répondrais plusieurs choses.

Primo, ce serait bien mal connaître le groupe, qui s’est par exemple déjà illustré en octobre 2007 en mettant en ligne (presque) gratuitement son album du moment In Rainbows. On pouvait alors le récupérer sans frais, tout en versant la somme à laquelle on estimait la valeur de l’opus. Deuzio, il s’agit là de sessions autour de OK Computer, album qui n’a plus rien à prouver, et qui n’a pas besoin d’un énième coup de promo pour être le bijou q’iil est déjà. Tertio, l’intégralité des fonds récoltés sera reversée à Extinction Rebellion, un « mouvement de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le réchauffement climatique lancé en octobre 2018 au Royaume-Uni ». Bénéfice financier pour Radiohead = pas un rond.

La question fondamentale reste toutefois la suivante : que valent réellement ces 18 heures de sessions ? J’avoue humblement ne pas m’être englouti les 18 minidiscs en totalité depuis hier soir, mais je suis tout de même allé y piocher des passages au hasard, pour pouvoir signaler rapidement cette news et en dire quelques mots. N’y allons pas par quatre chemins : ce matériel sonore s’adresse avant tout aux gros fans de Radiohead, lesquels y trouveront en revanche plus que leur compte. Les minidiscs sont bourrés de versions alternatives, maquettes de travail, démos déjà bien abouties, expérimentations, et aussi des moments live.

Les oreilles connaisseuses y trouveront de bien belles choses, tout en ayant sous la main de quoi mesurer les méthodes de travail et l’incroyable richesse créative du groupe. Au-delà, les oreilles clientes de bon son n’auront qu’à se laisser porter par la magie Radiohead qui opère, même sur des sessions et documents sonores non aboutis et destinés à rester dans des tiroirs. Et puis merde, 18 heures pour replonger dans l’époque OK Computer, ça ne se refuse pas. Surtout pour quelques euros destinés à des gens qui cherchent à sauver la planète.

En un mot comme en cent : foncez sur ces Minidiscs [Hacked] et goinfrez vous de tout ce bon son. Il vous reste 17 jours, et plus si affinités.

Raf Against The Machine

Pépite du moment n°35: Home to You de Cate Le Bon (2019)

Voilà deux semaines que ce titre m’obsède avec sa ritournelle candide et je vous invite à Cate Le Bonfaire la connaissance de Cate Le Bon. Je dois reconnaître que cette galloise m’était absolument inconnue avant la parution de son quatrième opus Reward… En même temps lorsque l’on a accompagné en tournée St Vincent, John Grant ou Perfume Genius et que l’on vient de signer sur le label Mexican Summer (Ariel Pink ou Connan Mockasin ) ça dresse un personnage…

Pour en revenir au sujet du jour, ce Home to You est juste superbe avec sa ritournelle imparable et la beauté de la voix de Cate Le Bon. Voilà un titre d’une douceur incommensurable qui m’évoque les grands moments d’émotion de Bat for Lashes ou de Joan as Police Woman. Et que dire de ce clip d’une grande humanité qui sublime par les images le titre? On suit des roms qui vivent à part dans le quartier Lunik IX de Košice en Slovaquie, loin de vouloir mettre le doigt sur la misère sous-jacente ce clip montre toute la cohésion de cette communauté et le bonheur qu’ils ont à vivre ensemble. Une bien belle leçon d’humanité à savourer… Enjoy!

Sylphe

Review n°31: Drift d’Agoria (2019)

Voilà un album qui m’a beaucoup interrogé… Une première écoute globalement Agoriadécevante avec l’impression (qui demeure toujours en fond) d’un son qui a eu tendance à se standardiser pour succomber aux sirènes commerciales. Après un Impermanence brillant qui s’imposait comme un bien bel hommage sans concession à la techno de Détroit (le garçon avait quand même réussi à faire chanter Carl Craig!), on s’attendait 8 ans plus tard à un album plus racé d’un artiste dont le cv fait rêver entre la création du label Infiné et sa participation active à la fondation des Nuits sonores à Lyon… Maintenant le très bon magazine Tsugi dont je suis un abonné fidèle a fait de cet album son album du mois de mai et m’a convaincu de donner une seconde chance à ce Drift, les mots de Sébastien Devaud s’avérant d’une grande franchise: « On vit tous dans une sorte de schizophrénie où on a envie d’écouter à la fois Rihanna et Aphex Twin. Mais aujourd’hui, la façon de consommer la musique, avec notamment les playlists, fait qu’il n’y a plus de jugement de valeur. Drift, c’est s’autoriser ces dérapages. Cet album est une envie de se faire plaisir et d’assumer mes contradictions et mes choix, peut-être plus commerciaux que ce que j’ai pu faire par le passé. » Force est de constater que j’ai bien fait de donner une seconde chance à cet album que je prends de plus en plus de plaisir à réécouter, une fois accepté le postulat de base que nous nous trouvons face à une playlist quelque peu destructurée…

Le morceau d’ouverture Embrace avec la chanteuse Phoebe Killdeer nous propose d’emblée une électro-pop assez bien sentie avec des synthés planants qui ne sont pas sans nous rappeler des atmosphères aperçues dernièrement chez Blow par exemple. Cependant, dans ce registre, je préfère You’re Not Alone et le flow plus sombre de Blasé qui m’évoquent un croisement plus subtil entre Modeselektor et The Blaze. En tout cas, après deux titres, bien habile serait l’auditeur qui aurait deviné que nous sommes dans un album d’AgoriaArêg vient alors nous rassurer par la richesse de sa structure, on part sur une plage de douceur qui rompt bien avec le morceau précédent avant d’inlassablement monter en puissance avec un sentiment d’urgence obsédant digne des grandes envolées électroniques de Birdy Nam Nam pour finir sur un piano apaisé. Passé le dispensable It Will Never Be The Same et ses 2 petites minutes, Call Of The Wild nous projette de nouveau dans un univers totalement différent avec un son techno plus âpre et le hip-hop de STS pour un résultat plein de caractère qui me séduit amplement (#vivelaguitaredefin).

Le florilège d’influences se perpétue, on a de la techno martiale avec un Dominae très influencé par les premiers albums de Vitalic et des synthés aériens sur le A One Second Flash qui nous rappellent qu’Agoria a été très proche de Francesco Tristano et son ancien groupe Aufgang. (#promisjevaismecalmersurlenamedropping). Le trio final clot superbement l’album: la voix soul de NOEMIE illumine de tout son talent la pépite électro-pop Remedy, Scala en featuring avec Jacques revisite judicieusement le titre sorti en 2013 chez Innervisions pour une électro soignée dont la guitare est juste jouissive et mériterait de figurer chez Thylacine alors que le morceau final Computer Program Reality nous ramène à la douceur d’Arêg et évoque les plaines sauvages de Boards of Canada (#perdupourlafindunamedropping…)

Voilà en tout cas un album très riche qui d’une certaine manière réhabilite les plaisirs coupables de tout passionné de techno et ça c’est déjà une sacrée performance. Enjoy!

Sylphe