Interview n°1: Marvin Jouno

Le 4 février dernier, nous parlions ici même du titre Sur Mars (voir ici ), morceau éponyme du deuxième album parfaitement abouti de Marvin Jouno. Ce genre d’album qu’on prend plaisir à savourer en ayant l’infime espoir d’en savoir plus sur la genèse par le biais de l’artiste… Les réseaux sociaux, si souvent décriés, nous ont permis de contacter Marvin Jouno qui s’est spontanément et humblement livré au jeu de l’interview. C’est avec une fierté non dissimulée que nous ouvrons cette nouvelle rubrique et vous laissons faire la connaissance de Marvin Jouno

1/ Bonjour Marvin, peux-tu tout d’abord te présenter?

Je suis auteur, compositeur, interprète.

Je viens de sortir mon 2nd album s/Mars.

Je suis actuellement en tournée.

J’essaye de réaliser une pop contemporaine chantée en français.

Pour en savoir +: https://fr.wikipedia.org/wiki/Marvin_Jouno

2/ Pourquoi ce choix de nom d’artiste et l’absence d’un pseudonyme?

J’ai longtemps cherché… n’ai jamais trouvé de pseudonyme.

Alors je me suis tourné vers ce qui existait déjà.

Ce prénom et ce nom qui depuis lors, m’échappent un peu parfois.

3/ Tu as commencé par le cinéma, comment la musique est-elle entrée dans ta vie?

La musique a toujours été très présente chez mes parents.

De la soul music, du reggae, du rock anglais, de la cold wave, de la chanson française…

Je me suis émancipé de ces goûts à l’adolescence: avec les Doors, les Beatles, le jazz, la musique concrète, la pop: Björk et Radiohead, le hip-hop.

A 17 ans, je suis passé de l’autre côté du miroir en jouant de la basse dans un groupe de lycéens. J’ai marqué une petite pause le temps de mes études de mise en scène puis ai repris la musique grâce à l’apprentissage de la M.A.O.

4/ Comment définirais-tu ta musique?

Une pop en VF.

Je n’aime pas les étiquettes réductrices de « chanson française » et/ou « variété française ».

J’écris des chansons françaises.

Le postulat de départ étant de proposer une pop exigeante d’inspiration anglo-saxonne chantée en français.

Etant donné que j’écoute de tout – j’aime y mêler des incursions urbaines, électro, rock, dub…

Je ne me refuse rien – je tiens aujourd’hui à proposer des chansons françaises contemporaines.

5/ Peux-tu me dire quelles sont tes influences et quels artistes/groupes tu aimes?

Mes oreilles sont un tel maelström qu’il m’est bien difficile de citer des influences précises. Je n’écoute pas beaucoup de productions françaises en règle générale. Les derniers albums de Frank Ocean/ Bon Iver/ Likke Li m’ont profondément marqué dans la conception de ce 2nd album.

En parallèle j’écoutais beaucoup de B.O, de piano solo, d’électro minimale issus bien souvent de la scène nordique (Islande, Allemagne etc…)

Des titres écoutés en boucle toute la journée afin de composer une BO qui me permettait de rêvasser, écrire, travailler.

6/ Quel titre de l’album Sur Mars le représente le mieux et pourquoi?

L’Inconnue représente bien l’aspect schizophrène de mon projet. Tout y est fausse piste. On pense à une chancon classique. Et puis arrive une rythmique trap, de l’autotune sur le refrain. Le second couplet part en dub pour finir sur un outro très électro avec une voix aau vocodeur. J’aime par-dessus tout les titres à mouvements. L’idée était de signifier un voyage en bateau lors d’une tempête.

7/ Quel jeune artiste aimerais-tu aider à promouvoir?

Oulala – je me trouve très mal placé pour promouvoir un quelconque jeune artiste… Hier j’écoutais les EP de Petit Prince par exemple. Mais il n’a pas besoin de mon coup de pouce je crois bien. 😉

8/ Quel est en ce moment ton groupe/artiste préféré?

J’écoute beaucoup le dernier album de Foals.

Il me ramène en 2010 avec Spanish Sahara écouté à maintes reprises dans une Fiat 500 sur les routes de Sicile.

9/ Si nous devions détruire tous les albums musicaux sur Terre, lequel sauverais-tu?

Quelle horrible perspective. A Love Supreme de John Coltrane.*

10/ Et si tu devais ne sauver qu’un titre lequel serait-ce?

Wild is the wind de Nina Simone.

11/ Une question qui ne t’a jamais été posée et que tu aimerais que l’on te pose?

« Voudrais-tu travailler avec moi sur mon prochain album? »

Sylphe

Review n°26 : Deal with it (2019) de Paillette

Elle s’appelle Marie Robert, mais aussi Paillette. Cette jeune auteure-compositrice lyonnaise a livré en février dernier son deuxième EP Deal with it, empli de bonnes ondes et de frissons. Un 5 titres découvert au (heureux) hasard des réseaux sociaux, qui fait du bien aux oreilles et au corps. Comme un plaisir ne vient pas seul, nous avons eu la chance d’être en contact avec Paillette durant la préparation de cette review, et d’échanger sur son travail, d’où un exercice un peu inhabituel et inédit sur Five-Minutes : une chronique mêlée de questions-réponses.

a2524734725_16Découvrir Deal with it, c’est entrer dans un monde musical tout à la fois familier et un peu mystérieux. Les 5 titres forment un ensemble cohérent tout en possédant chacun une coloration spécifique : Blunt fait penser à Tori Amos (notamment son album Boys for Pele), A better version of me sonne très diva jazz, Morning évoque New soul de Yaël Naïm, Something (mon titre préféré parmi les 5) rappelle Agnès Obel… pour finir sur un Rain a capella qui serait une synthèse minimaliste des influences de Paillette. On vise juste ? « A part Tori Amos, que je n’écoute jamais (mais je vais m’y mettre tiens !), tout ce que tu évoques fait partie de mes influences effectivement. Agnès Obel est une référence évidente, qui revient constamment. C’est flatteur, et en même temps je sais qu’il faut que j’arrive à m’en décoller, pour trouver un univers encore plus personnel. »

L’univers musical de Paillette est pourtant déjà bien affirmé, tant ces moments passés avec sa musique m’ont fait voyager dans le calme, la légèreté, la sensualité, la mélancolie aussi. Une sorte de virée au fin fond d’une petite salle de concert intimiste, très lumière tamisée, où l’on viendrait se réchauffer à la fois le corps et le cœur. Un moment d’apaisement, une bulle frissonnante dans ce monde insensé qui manque cruellement de sérénité et de lumières en tout genre, et que la musique de Paillette nous apporte. Le coton des compositions piano, parfois soutenu par la magie d’un violoncelle, sert d’écrin à sa voix assez incroyable et pénétrante. Quelle voix ! Un très haut potentiel émotionnel, à mes yeux du même calibre que celles d’Agnès Obel, ou de Jeanne Added dans un autre genre musical. Paillette sait surtout faire ce qui manque cruellement à une partie de la scène musicale actuelle :  utiliser sa voix comme un instrument à part entière, auquel elle offre des lignes mélodiques en adéquation avec ses trames musicales. 

Justement… comment naît un titre de Paillette ? « C’est aléatoire ! Pas de secret de fabrication sinon je pourrais faire des chansons à la chaîne ! Ce qui est loin d’être le cas, l’inspiration est volatile. » Autant dire qu’on est, fort heureusement, bien loin des productions standardisées, mécaniques et autotunées. « Parfois je me mets à mon piano, j’avance sur un thème, et quand ça me plait, ça a tendance à m’évoquer une ligne de chant et un sujet à aborder en même temps. Et d’autres fois, j’ai une phrase qui me vient en tête n’importe quand dans la journée, des mots qui tournent en boucle, un truc que j’ai envie ou besoin de dire, et de là nait une chanson. »

Un univers musical foisonnant

Et pour ce qui est de se construire un univers encore plus personnel, pas d’inquiétude, compte-tenu des influences multiples et diverses affichées, que ce soit à travers cet EP ou au-delà : « J’écoute de tout, vraiment. Au quotidien principalement des artistes folk, pop, mais aussi du R’n’B, du rap, du rock, du jazz… Assez peu de musique classique, ça m’arrive occasionnellement. Et je vais aussi énormément en concert, au moins une fois par semaine je dirais. » Une démarche musicophile (voire musicovore !) et mélomane à laquelle je ne peux qu’adhérer… surtout avec ces quelques exemples : « Dans mes favoris Deezer on navigue entre Little Dragons, Mary J. Blige, Camille, Alicia Keys, James Blake, Pomme, Ibeyi, Liane La Havas, The Do, Drake, Baloki, Dosseh, Sampha, Albin de la Simone, etc. Enfin il y a plein de choses différentes. » Plein de choses différentes pour nourrir la créativité.

Autre preuve, si besoin en était, de la richesse de la discothèque Paillette, son album de chevet actuel : « J’ai énormément écouté The Love Album, de Adam Naas, ces derniers temps et On Hold de Fenne Lily ». Et lorsqu’on l’interroge sur l’album à emporter sur une île déserte, ou au fin fond de la campagne : « J’adore la mer mais déjà je pense que ce serait au fin fond de la campagne. Et je prendrais un Best Of de Nougaro. » N’en jetez plus !

Goldfish, extrait du 1er EP To Hide (2018)

 

La musique depuis toujours

Bien que les deux EP soient récents, et malgré ses (seulement) 26 années au compteur, Paillette et la musique, c’est une longue histoire. Conservatoire en piano classique dès 5-6 ans à Saint-Etienne, tout en étant scolarisée en classes musicales à horaires aménagés à l’école primaire et au collège. « A mes 18 ans », poursuit-elle, « j’ai commencé mes études à Chambéry, et j’ai repris en cursus aménagé pour la musique. J’ai continué le conservatoire pendant 2 ans en piano classique, toujours à Chambéry, puis je me suis orientée sur une formation en chant musiques actuelles. » Et les premières compositions ? « J’ai commencé à écrire mes propres chansons vers 17 ans, en anglais et à la guitare (mais je jouais plutôt mal !). Une fois à Chambéry, j’ai fait évoluer ça en duo avec une violoncelliste. Puis nos chemins se sont séparés, j’ai poursuivi mes études à Arles pendant 2 ans et j’ai complètement arrêté la scène (par peur de me produire à nouveau toute seule !). J’ai continué à composer, mûri un peu et décidé de me lancer à nouveau dans un projet solo, puis j’ai déménagé à Lyon (toujours pour mes études, en dernière année de master), et c’est là qu’est né le projet Paillette, avec une quinzaine de concerts la première année. »

L’étape suivante sera l’envie d’aller au-delà des seules prestations scéniques, avec l’enregistrement de deux EP : « La première année de Paillette, je l’ai vécue sans vraiment avoir d’objectif je crois. En tout cas, pas d’autre objectif que celui de jouer devant un public. Je suis restée uniquement dans ma région, j’avais une démo, home made, qui n’est plus dispo mais qui donnait déjà le ton de mon univers. Puis j’ai eu envie d’aller un peu plus loin, d’avoir un son plus abouti, d’être dans une démarche plus globale de ”projet” musical et donc de sortir un premier EP, en janvier 2018. S’en est suivi un 2ème EP, sorti lui en février dernier. »

Le contenu et le contenant

L’univers de Paillette passe aussi par les pochettes de ses disques, qui intriguent l’œil et accompagnent le contenu par une jolie créativité dans le contenant. C’est important cea2696871283_2 lien contenu/contenant ? « Oui, j’ai travaillé avec Anne-Laure Etienne pour ces 2 pochettes, et elle a aussi coréalisé mon dernier clip, Blunt, avec Peter The Moon. Pour la première pochette, celle de To hide, on ne se connaissait pas du tout, j’étais venue avec des idées qu’on a finalement pas du tout utilisé, et la pochette est arrivée un peu au hasard, même si ça restait dans un esprit délicat, fin, que je souhaitais. Pour la deuxième, celle de Deal with it, on avait des idées un peu plus précises (travailler sur la matière, au départ on pensait à des collages, à des déchirures), et Anne-Laure est finalement partie sur de la broderie. Ça colle vraiment bien à ce que je souhaitais, ça montre une évolution sans trancher complètement avec l’esprit du premier. »

Reste une question qui me taraude depuis que j’ai découvert le son de Paillette : d’où peut bien venir l’idée de ce pseudo, tant sa musique et son univers sont délicats, fins, subtils, sans fioritures inutiles et aux antipodes de tout esprit strass et bling-bling ? « C’est parti d’une blague au départ… Et puis je me suis dit que je voulais quelque chose qui détonne un peu avec mon univers, effectivement loin des boules disco et des paillettes. Et en y repensant je me dis que dans un sens, ça colle. Car j’associe Paillette au fait de refléter la lumière, de pouvoir être visible si on l’éclaire. » Ce qui tombe très bien, puisqu’on avait envie (modestement) de rendre visible Paillette en orientant sur elle et son travail les projecteurs de Five-Minutes. Et ça fonctionne chez vous aussi : éclairez sa musique en la mettant dans vos oreilles, vous verrez qu’elle vous le rendra bien.

Blunt, extrait du 2e EP Deal with it (2019)

Ce deuxième EP étant sorti, quels sont les projets de Paillette pour 2019, et au-delà bien sûr ? « Quelques jolies dates en perspectives, je ne peux pas tout citer pour l’instant, mais il y a des belles choses à venir. Travailler avec un.e autre musicien.ne est aussi dans mes projets, mais ça demande du temps. J’espère quand même pouvoir présenter quelque chose dans ce sens à l’automne 2019. Et surtout prendre du temps pour moi, pour savoir ce dont j’ai envie, pour composer et pour aller plus loin artistiquement. J’aimerais sortir un album, mais ce ne sera pas pour 2019, car je veux faire les choses bien et être fière de ce prochain disque. »

Fière, Paillette peut déjà l’être de ce qu’elle nous a livré jusqu’à présent. Les deux EP sont disponibles à l’écoute sur les plateformes de streaming, mais aussi à l’achat en support CD sur Bandcamp. Foncez découvrir cette jeune artiste sensible, envoûtante et généreuse, à qui on souhaite le meilleur et que l’on va suivre de près. En forme de conclusion, j’ai envie de rebondir sur le deuxième titre, A better version of me : cette version actuelle de Paillette nous convient déjà très bien, mais si elle veut faire encore mieux, on est évidemment preneurs.

Un grand merci à Marie/Paillette pour sa disponibilité, et à Thomas Méreur pour la découverte

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°22: Runaway de Yeah Yeah Yeahs (2009)

A force d’écouter le très bon premier album de Danger Mouse et Karen O, j’ai eu l’envieYeah Yeah Yeahs irrépressible de réécouter le sommet de carrière de Yeah Yeah Yeahs, It’s Blitz! Choisir une pépite intemporelle dans cet opus n’est pas une mince affaire tant les pépites foisonnent… Zero et sa lente montée toride ou l’électrique Heads Will Roll auraient pleinement mérité les honneurs de cette rubrique mais ce soir c’est la douceur sensuelle de Runaway qui remporte la palme.

Ce titre, très proche dans la démarche de l’univers de Feist, est d’une recette limpide. La voix suave et toute dans la retenue de Karen O, la ritournelle candide du clavier amènent avec brio vers une atmosphère qui gagne en tension et électricité… La batterie martèle, la basse et la guitare électrique s’unissent brillamment pour accompagner la voix qui se fait plus sauvage et indomptable, la montée est aussi brillante qu’imparable.  Tout simplement jouissif en toute subjectivité!

Sylphe

Review n°25: To Believe de The Cinematic Orchestra (2019)

Rarement un nom de groupe n’aura à ce point si parfaitement résumé mes aspirationsCinematic Orchestra musicales, The Cinematic Orchestra ou l’art orchestral de sublimer la musique pour en faire la vectrice d’images et d’émotions… J’attendais avec impatience des nouvelles de la troupe de Jason Swinscoe depuis leur dernier opus qui remonte  déjà à 12 ans Ma Fleur (porté par le sublime To Build A Home en featuring avec le prodige du piano Patrick Watson).

The Cinematic Orchestra a fait ses gammes depuis 20 ans en croisant le nu-jazz et l’ambient pour des résultats sublimes comme Motion en 1999 et mon petit favori Every Day en 2002. Je ne peux bien sûr que vous engager à déambuler paisiblement et en toute quiétude sur la discographie de ce groupe estampillé Ninja Tune dont le To Believe du jour ne dénaturera pas l’ensemble.

L’album commence brillamment sur le morceau éponyme porté par la douceur de la voix de Moses Rumney qui se marie avec délicatesse à une orchestration subtile où le piano dicte avec fragilité le tempo. Le morceau prend son envol tel un papillon porté par des violons judicieux qui font souffler un vent épique et pourtant tellement intimiste. Le résultat est délicat et contraste pleinement avec le titre suivant A Caged Bird/ Imitations of Life qui est porté par le flow de Roots Manuva qui flirte toujours avec le spoken-word. Le refrain donne une saveur pop suprenante et trompeuse car le morceau gourmand à souhait part dans toutes les directions. Le flow se fait plus percutant, les violons viennent apporter une touche de poésie finale inattendue. Incontestablement ce To Believe commence très fort…

Les 9 minutes instrumentales de Lessons viennent ensuite nous rappeler à quel point The Cinematic Orchestra produit une musique cinématographique alliant émotion et précision technique. Je ne peux pas m’empêcher de penser au dernier album de Thylacine tant leurs musiques se rapprochent dans leurs intentions. The Workers of Art, périphrase qui correspond tellement bien au groupe, et ses cordes creusera avec délices le même sillon de la capacité à dessiner musicalement des paysages envoûtants.

Entre temps Wait for Now/ Leave The World, porté par le chant de Tawiah, nous a offert un moment de plénitude rappelant les grandes heures de la douceur trip-hop. Le titre est d’une grande beauté mais peut-être un brin classique dans la construction, assez linéaire, pour me désarmer totalement. Zero One/This Fantasy et ses synthés qui m’évoquent les atsmosphères brumeuses de Zero7 -groupe qui au passage a vu les débuts de Sia (#digressioninutilepourbrillerensociété) – prolonge subtilement le plaisir avec la voix chaude et plus pop dans l’approche de Grey Reverend avant les 11 minutes du morceau final A Promise où la collaboratrice habituelle du groupe Heidi Vogel vient apporter les saveurs jazzy de sa voix au milieu d’un titre tiraillé sur la fin entre volonté épique et bidouillage électronique jouissif. Ces dernières minutes révèlent bien à quel point The Cinematic Orchestra est intarissable et a toujours autant à nous raconter pour le plus grand plaisir de nos oreilles pleines de gratitude. Espérons qu’il me faudra pas encore attendre 12 ans avant le prochain opus… (#finfacilemaistellementvraie)

En cadeau, To Build A Home et sa grâce éthérée…

Sylphe

Five reasons n°9 : Wish it was true (2012) de The White Buffalo

Par le plus pur des hasards télévisuels, j’ai découvert voici quelques jours Jake Smith, également connu sous le nom de The White Buffalo. Où précisément ai-je fait cette rencontre ? En regardant l’excellente saison 1 de The Punisher, qui jusque là n’avait pas quitté l’énorme pile de (bonnes) choses à visionner. Sur la toute fin d’un épisode (j’y reviendrai), ce Wish it was true a résonné comme sorti d’ailleurs. Il ne m’en a pas fallu plus pour avoir envie de partager cette pépite, en 5 raisons chrono.

  1. Ça sonne comme une partie de l’album Trouble de Ray LaMontagne, ou encore comme si le fantôme de Tom Joad revenait hanter nos esprits. Mais surtout ça pourrait être sur la BO de Into the Wild, tant le climat musical est similaire et la voix se confond avec celle d’Eddie Vedder. Et d’ailleurs dans le clip (visible ci-dessous), notre bonhomme ne chanterait-il pas (notamment) depuis un vieux bus qui nous en rappelle un autre ?
  2. Wish it was true est tiré de l’album Once upon a time in the West : quand on a l’audace de titrer ainsi une galette, mieux vaut être sûr de son coup et envoyer de l’émotion… et c’est le cas : il y en a de toute sorte dans ces quelques minutes de bon son.
  3. Plusieurs titres de The White Buffalo ont été repris dans des séries TV comme Sons of Anarchy, Californication ou Punisher : trois séries à la fois rock, irrévérencieuses mais aussi terriblement touchantes, trois qualificatifs que l’on pourrait copier-coller sur ce Wish it was true et qui me séduisent tout à fait.
  4. Précisément, ce titre accompagne l’hallucinante fin de l’épisode 3 saison 1 de The Punisher. A la fois à contre-emploi (la violence des images vs. la sérénité apparente du morceau) et totalement raccord (le titre évoquant tout à la fois désillusion et rédemption pétries d’une colère sourde).
  5. Un petit morceau guitare folk-voix qui sent les grandes étendues, l’évasion au milieu de nulle part (voir de nouveau certains plans du clip ci-dessous), le coin du feu d’où l’on va s’autoriser un peu à regarder passer le temps… ça fait jamais de mal dans ce monde qui, décidément, va bien trop vite pour moi. Into the Wild. CQFD.

Raf Against The Machine

Pépite du moment n°25: Turn The Light de Karen O et Danger Mouse (2019)

D’un côté Karen O, chanteuse orgasmique du groupe Yeah Yeah Yeahs, groupe certes un Karen O - Danger Mousepeu au ralenti après son dernier album  mitigé Mosquito mais qui a créé le chef d’oeuvre It’s Blitz en 2009 (#pochetted’anthologie) qui justifierait à lui seul n’importe quelle discographie… De l’autre le producteur talentueux Danger Mouse (Gnarls Barkley, Gorillaz, Beck, The Black Keys…) qui sait parfaitement mettre en valeur les artistes…

Le résultat, l’album Lux Prima, est sorti hier et devrait tourner en boucle cette semaine tant la première écoute m’a confirmé tous les espoirs mis en ce duo séduisant. Aujourd’hui, je vous mets l’eau à la bouche (#expressionestampillée90s) avec le titre Turn The Light dont les ingrédients sont évidents: la voix de Karen O qui sait toujours se faire sensuelle et une ambiance groovy à souhait. Le résultat reste bien en tête et me donne une furieuse envie d’écouter Lux Prima.

Enjoy!

Sylphe

Review n°24: Buoys de Panda Bear (2019)

Qui dit rush de boulot dit difficulté à appréhender un album dans sa totalité… Panda BearNéanmoins le besoin de chroniquer un album a pris le dessus et j’ai trouvé un parfait compromis avec le sixième opus de Panda Bear, Buoys, qui dure 31 petites minutes tout en douceur et intimité. Noah Lennox, alias Panda Bear, est avant tout connu pour être une des têtes pensantes du groupe Animal Collective, groupe sous acide mêlant psychédélisme et expérimentation électronique pour des résultats quelquefois hermétiques, quelquefois brillants comme l’inégalé Merriweather Post Pavilion en 2009. Noah Lennox n’est pas sans ressentir un certain essouflement artistique d’Animal Collective et n’a pas participé au dernier opus Tangerine Reef l’année dernière, préférant faire appel au producteur Busty Santos (Born Ruffians, l’orfèvre Owen Pallett) pour son sixième opus Buoys.

Pas de langue de bois entre nous, autant le dire d’emblée, je suis assez mitigé sur cet album qui me paraît bien inférieur au Tomboy de 2011… Certes l’ensemble est d’une grande douceur et la voix de Noah Lennox, quand elle n’est pas noyée dans le poison du moment que peut être l’autotune, a gagné en intensité et qualité, m’évoquant par moments Ed Droste. Certaines atmosphères instrumentales sont séduisantes comme la très aquatique Dolphin, d’autres plus surprenantes comme le morceau Token qui rappelle le Grizzly Bear de Veckatimest (#toutestquestiondebear) avec ses douces saveurs de pop psychédélique. Je sauverai bien le morceau final Home Free qui tente subtilement de nous sortir d’une certaine torpeur… parce que, finalement il faut bien se l’avouer, on s’ennuie  à l’écoute de ce Buoys.

Pas que l’ensemble soit mauvais, bien qu’un peu suranné et donnant l’impression d’une redite avec Animal Collective, mais parce que les titres semblent se répéter… Pas de réelle modulation (panne artistique?) et une recette usée jusqu’à la corde -guitare acoustique-palette de sons électroniques- voix entre reverb et autotune. Le titre symbolisant à mon sens cette boucle sans fin et agaçante c’est Master qui sonne comme du James Blake dénué d’inventivité. Bref, j’ai trop d’estime pour le talent de Noah Lennox pour m’appesantir sur cet album que je qualifierai poliment de mitigé et je vais plutôt aller me réécouter le To Believe de The Cinematic Orchestra sorti hier.

Sylphe

Pépite intemporelle n°21 : Far from any road (2003) de The Handsome Family

Alors que la saison 3 de True Détective vient de s’achever (#maisnospoilc’estpromis), il me revient l’effet incroyable que m’a fait cette série en 2014, lorsque j’ai découvert sa saison 1. Et peut-être encore plus les sensations ressenties à l’écoute du générique : Far from any road, ou la pépite country qui résonne à l’ouverture de chaque épisode, nous est livrée par The Handsome Family en 2003… 2003, l’année où le grand Johnny Cash nous a quittés. Une sorte de coïncidence qui se prolonge en musique, tant Far from any road rappelle les derniers enregistrements de Cash, les fameux American Recordings.

C’est ténébreux, crépusculaire et sidérant, comme une déambulation dans les bois et marécages fiévreux et sombres, là où sont passés avant nous Dale Cooper, Rust Cohle et bien d’autres cow-boys solitaires en quête d’un sens à leur existence et à ce monde qui nous entoure. C’est beau, prenant et imparable comme les 8 épisodes de la série. On ne pouvait rêver plus belle ouverture musicale. Même pas Johnny Cash. C’est dire.

Dernière chose : si vous n’avez pas encore vu True Detective – Saison 1, il est grand temps de vous rattraper. C’est sans doute une des plus grandes séries de ces dernières années et n’est pas loin, tout au fond de moi, d’égaler Twin Peaks. C’est dire.

Raf Against The Machine

Pépite du moment n°24: House of Glass de Cage The Elephant (2019)

Ma rencontre avec Cage The Elephant a été aussi intense que tardive lorsqu’en 2017 j’ai Cage The Elephantécouté le live Unpeeled qui, pour moi, reste un des plus beaux albums live jamais écoutés au côté du Alive 2007 des Daft Punk ou le Live from Mars de Ben Harper… L’émotion du chant de Matthew Shultz, ce blues rock assez intemporel capable de générer des pépites à foison (Sweetie Little Jean,Too Late To Say Goodbye, Trouble, Aberdeen, Cold Cold Cold, Cigarette Daydreams et j’en passe…) méritent d’être savourés et écoutés régulièrement comme remède contre la sinistrose.

Du coup, j’attends impatiemment depuis 2 ans de pouvoir savourer un album dès sa sortie et ce sera chose faite le 19 avril avec la sortie de Social Cues dont est tiré le son du jour, House of Glass. Après un Ready To Let Go très bon et somme toute assez classique dans la discographie des américains, House of Glass vient davantage brouiller les pistes avec ses 2 minutes 35 intenses. Rythmique uptempo tournée vers le dance-floor et chant tout en retenue et intériorité sur les couplets, le morceau suinte le stupre et l’angoisse. C’est électrique et électrisant et ça j’achète! (#gimmickdemerde)

Sylphe

Pépite intemporelle n°20 : On her Majesty’s Secret Service (1998) de Propellerheads

Son nom est Bond, James Bond, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les BO du célèbre agent secret ont toujours été de grands moments. Oui mais… Pourquoi diable n’avons-nous jamais été gratifiés dans un des films de ce bon gros remix ? Les Propellerheads ont pourtant mis du coeur à l’ouvrage, et ce On her Majesty’s Secret Service le prouve haut la main. Tout Bond se retrouve condensé en un peu plus de 9 minutes : action, suspense, glamour, saupoudrés d’electro big-beat classe comme on l’aime.

Les plus gourmands d’entre vous pourront d’ailleurs se goinfrer de tout l’album Decksanddrumsandrocknroll (1998), qui vient de fêter ses 20 ans, et dont ce morceau est tiré : les 13 titres sont tous excellents, et comme un autre clin d’œil, on retrouve la voix de Shirley Bassey sur un autre titre du LP, History repeating. Cette même Shirley Bassey qui enregistra jadis Diamonds are forever. Oui, encore un Bond. Et puisque la boucle est bouclée, passez vous donc cette galette en boucle (#vousl’avez?), vous ne le regretterez pas.

Raf Against The Machine