Pépite du moment n°126: Strung Out Johnny d’Iggy Pop (2023)

Voilà plusieurs semaines que le dernier album Every Loser d’Iggy Pop tourne en boucle chez moi et que je tente de mIggy Pop - Every Losere convaincre difficilement que l’iguane a bien 75 ans… J’ai déjà eu la chance de voir Iggy en festival au Printemps de Bourges dans une autre vie, la vie où il était torse nu et manquait à tout moment de dégainer la banane car le monsieur a une forte tendance à l’exhibitionnisme. Sa carrière avec les Stooges ou en solo est gargantuesque et je me suis littéralement perdu dans sa discographie au point d’abandonner le compte de ses albums… J’ai longtemps hésité à écrire une review sur Every Loser, puis je me suis ravisé, ne me sentant pas les épaules pour le chroniquer, par respect pour les fans de la première heure qui auraient perçu ma relative méconnaissance de la discographie de l’icône rock qu’il est.

L’homme sait s’entourer et l’on retrouve Chad Smith des Red Hot Chili Peppers, Duff McKagan des Guns N’Roses, Stone Gossard de Pearl Jam et Taylor Hawkins des Foo Fighters entre autres… Désolé pour le name-dropping mais il est bon de montrer que participer à un album d’Iggy Pop reste un graal ultime pour tout musicien rock qui se respecte. Le résultat est un condensé d’énergie rock de 11 titres et 36 minutes qui me laisse pantois, les années semblent n’avoir pas de prise sur l’iguane et cette voix tout droit sortie d’outre-tombe fait toujours le même effet… J’ai choisi le tube en puissance Strung Out Johnny qui aborde l’addiction à la drogue (oui très surprenant), les guitares sont de sortie et le chant monte en puissance, prenant presque une teinte plus pop. Le clip est barré, Iggy Pop a priori doit sa ligne à une consommation accrue de fruits, bref tout est en place, enjoy !

 

Sylphe

Pépite intemporelle n°188 : Run boy run (2013) de Woodkid

71F9C9qszYL._SL1400_Dix ans déjà que cet album-claque nous est tombé dessus. En mars 2013, Yoann Lemoine aka Woodkid livre The Golden Age, son premier album studio. Que dire qui n’aurait déjà été dit de cette galette incroyable, révolutionnaire dans son mixage de sonorités, unique dans ses ambiances sonores, surplombé par la voix hors normes de son créateur ? The Golden Age est bourré de 14 pépites toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Depuis le titre éponyme qui ouvre les hostilités entre lyrisme et intimisme au martial The Other Side qui clôt le voyage, nos oreilles en prennent plein les yeux. On n’oubliera pas non plus le tribal Iron, le bouleversant Boat Song ou le vertigineux Conquest of Spaces. Bref, quelque soit le bout par lequel on attrape The Golden Age, c’est la fessée musicale de haute qualité. Difficile de retenir un titre plus qu’un autre tant, à la manière d’un Kubrick, chaque création en vaut largement une autre. C’est plutôt l’humeur du moment, ou le contexte, qui nous amène à préférer temporairement un morceau plus qu’un autre.

Aujourd’hui, ce sera une question de contexte. Lors de notre petite conférence de rédaction hebdomadaire avec le copain Sylphe, nous avons fait le constat d’une semaine à la fois très dense et qui file à vive allure. Sans trop savoir pourquoi, Run Boy Run de Woodkid m’est venu en tête et ne m’a pas lâché pendant plusieurs heures. Peut-être l’urgence du titre incarnée par les percussions intenses. A moins que ce ne soit la cadence, marquée et pourtant si lumineuse et semblant survoler le temps. Ou encore la conclusion du titre qui ressemble à ce qui transperce le coureur lorsqu’il aperçoit la ligne d’arrivée. Run Boy Run n’est peut-être rien de tout ça, et n’est peut-être simplement qu’un foutu bon morceau de musique qui file le pêchon. On aurait bien tort de s’en priver. Assez parlé, il est temps d’écouter cette petite merveille, à écouter sans aucune modération comme tout Woodkid. En bonus, le clip est une dinguerie de classe visuelle. Run Boy Run !

Raf Against The Machine

Pépite du moment n°125: Weightless d’Arlo Parks (2023)

Des nouvelles aujourd’hui d’Arlo Parks qui avait illuminé mon année 2021 avec son deuxième album Collapsed In Arlo Parks - My Soft MachineSunbeams (à relire par ici)… A priori, je n’avais pas été le seul sous le charme car cette dernière avait remporté le Mercury Prize en 2021 pour cet album. Pour notre plus grand bonheur, son troisième album My Soft Machine sortira le 26 mai prochain et les premiers singles laissent augurer de bien belles choses. Vendredi dernier, c’est le titre Weightless qui est apparu sur la toile, on y retrouve cette voix chaude qui paraît immédiatement habituelle, cette pudeur à se livrer et pour couronner le tout, un refrain séduisant qui nous emporte facilement. Allez, on prend notre mal en patience, il ne reste plus que 4 mois à attendre, enjoy !

 

Sylphe

Pépite intemporelle n°117: Fall d’Editors (2005)

Ayant envie de douceur pour réchauffer les coeurs et oublier le spleen latent du dimanche soir, je vais miser ce soir surEditors - The Back Room une valeur sûre avec les Anglais d’Editors et en particulier leur premier album The Back Room sorti en 2005. J’ai parlé il y a peu sur le blog de leur septième et dernier album EBM sorti le 23 septembre dernier (à relire par ici) qui fait bien le boulot mais qui a tendance à manquer d’émotions. Il faut dire que le choix de travailler en étroite collaboration avec Blank Mass a tendance à radicaliser l’aspect électronique du groupe.

Il convient de se rappeler que la voix (et quelle voix…) de Tom Smith était davantage au centre des compositions au début, apportant un supplément d’âme incontestable. Fall, le quatrième titre de l’album, est ainsi un bijou d’émotions qui fait la part belle au chant, la litanie des « I wanted to see » me provoquant toujours autant de frissons 17 ans plus tard. La montée finale amène une tension supplémentaire et nous invite à réécouter avec délectation ce The Back Room, sorti le jour même de mon anniversaire. Il y a des signes qui ne trompent pas, enjoy !

 

Sylphe

Pépite intemporelle n°116 : Un temps pour tout (2008) de Vincent Delerm

71+On4zvFvL._SL1500_Après le coup de vieux filé par le copain Sylphe dans sa dernière chronique, je vais aussi vous piquer un peu la timeline en remontant quasiment quinze années en arrière. Cette année 2008, le mois de novembre voit arriver le quatrième album de Vincent Delerm sobrement intitulé Quinze chansons. Clin d’œil à Leonard Cohen et ses Ten new songs ou Randy Newman avec son 12 songs, le titre de l’album invite surtout à découvrir les nouvelles compositions d’un garçon qui séduit autant qu’il peut être détesté. Sans attendre, plaçons nous dans la première catégorie. Depuis son premier album, Vincent Delerm me raconte avec un sens du détail imagé et cinématographique une succession de petites histoires qui touchent juste. Lorsqu’est sorti Quinze chansons, j’étais assez impatient, d’autant que Les piqûres d’araignée sorti deux ans plus tôt m’avait un peu laissé sur ma faim. Album bourré de pépites, il m’avait pourtant moins convaincu dans sa globalité. Quinze chansons replace la barre très haut, avec dès l’ouverture Tous les acteurs s’appellent Terence qui sent bon Hollywood des années 1950. Émotions directes du cinéphile/historien, et les yeux fermés à voir défiler mille scènes réelles ou imaginaires. Émotions et sourires qui se poursuivront pendant 37 minutes, avec, à l’entrée du dernier tiers, la pépite de douceurs de la galette.

Dixième titre de l’album, Un temps pour tout est une petite merveille. Cela tient peut-être à la délicate mélodie légèrement rythmée qui sait se suspendre pour mieux nous rattraper. A moins que ce ne soit pour le texte, finement et réalistement écrit, et ce qu’il raconte. Des instants saisis lors d’un trajet à deux en voiture qui est bien plus qu’un trajet, en forme d’un court-métrage mémoriel qui convoque en nous des images mentales. Des souvenirs ou moments vécus lors de ce genre de trajet-bulle, chargé de détails visuels et sensoriels, de sourires.

Il y a bien Un temps pour tout : pour écouter Vincent Delerm, pour aimer « votre visage à la lumière du péage », pour moduler « le son de la modulation », pour « votre main dans mon cou », pour « vos théories sur les autoroutes la nuit », pour « vos yeux près des miens flous ». En parler et mettre trop de mots sur cette chanson, c’est déjà la gâcher et ne pas lui laisser la place d’exister pleinement. Vous allez donc lancer la lecture ci-dessous, et vous laisser porter. Libre à vous, évidemment, de ne pas aimer. Mais, puisqu’il y a Un temps pour tout, écoutez ces 2 minutes 38, puis laissez venir votre avis.

Ensuite, puisqu’il y a Un temps pour tout, nous laisserons le temps jouer son rôle et faire venir à nous les moments qu’il nous réserve. Dont ceux où seront « vos yeux près des miens flous ».

(Photo de pochette : Virginie Aussiètre)

Raf Against The Machine

Pépite du moment n°124: Nothing Left To Lose d’Everything But The Girl (2023)

Attention coup de vieux en perspective, ou douce nostalgie… Le duo anglais composé de Tracey Thorn et Ben Watt,Everything But The Girl - Fuse Everything But The Girl (nom de groupe original lié à un magasin de literie de Hull qui avait pour slogan « For your bedroom needs, we sell everything but the girl), va ressortir un album (le onzième!)  intitulé Fuse le 21 avril prochain. C’est un événement car le dernier opus du duo, Temperamental, datait de… 1999. J’ai découvert au moment d’écrire sur cette pépite que ce groupe avait eu une carrière très riche que je ne connaissais pas du tout. Je suis d’une génération qui a écouté en boucles passer à la radio le sublime titre Missing tiré de leur huitième album Amplified Heart (1994) mais je ne me suis jamais véritablement confronté à leur discographie. Tracey Thorn de son côté a mené une carrière solo mais elle a aussi collaboré avec Massive Attack, en particulier sur leur deuxième album Protection où elle pose sa voix sur le titre éponyme et Better Things.

Ce Nothing Left To Lose arrive donc en éclaireur et les premières notes m’ont instantanément ramené vers Missing. La voix de Tracey Thorn est toujours aussi belle, chaude et envoûtante, et se pose à merveille sur une instrumentation électronique, certes un peu datée mais tout de même convaincante. Un peu l’impression d’entendre les précurseurs de Jungle, rapprochement inconscient accentué peut-être par le clip qui met en scène une troupe de danseurs. Voilà en tout cas une bien belle promesse et je prends date avec le 21 avril, en attendant j’ai quelques albums d’Everything But The Girl à écouter, enjoy !

 

Sylphe

Review n°115: Cool It Down de Yeah Yeah Yeahs (2022)

Je continue de regarder 2022 dans le rétroviseur aujourd’hui avec un opus sorti le 30 septembre dernier, à savoir le cinquième album studio de Yeah Yeah Yeahs Cool It Down. Le groupe composé de Brian Chase (batterie), Nick Zinner (guitares et claviers) et surtout Karen O. au chant avait retrouvé la scène pour quelques dates en 2017 mais le dernier album Mosquito remonte déjà à 2013, une éternité dans le monde musical actuel… J’ai déjà parlé de ce groupe américain dans ce blog, en particulier de leur troisième album It’s Blitz! (2009) qui, en plus de posséder une des plus belles pochettes all-time, est un bijou d’électro-pop sensuelle et électrisante. Pendant cette pause, Karen O. n’a pas chômé et a, entre autres, marqué mon année 2019 avec Lux Prima, un album composé avec Danger Mouse (à relire par ici) qui montrait l’énergie intacte qui l’animait encore.

Pour l’anecdote, nous retrouvons dans les paroliers de ce Cool It Down le leader charismatique de TV on the Radio, David Sitek… a priori tous les voyants sont au vert pour passer un bon moment qui risque cependant d’être un peu court (8 titres et seulement 32 minutes). Le morceau d’ouverture Spitting Off the Edge of the World va nous rassurer d’emblée avec sa basse pachydermique et ses synthés omniprésents, la rythmique tout en langueur sublimée par la voix de Perfume Genius, dont le featuring apporte une vraie plus-value au morceau, nous envoûte et laisse avec délices la place à un refrain électrisant qui donne plus de complexité au titre. Lovebomb va ensuite surfer sur un empilement de nappes de synthés contemplatives, Karen O joue la carte d’une sensualité digne d’Alison Goldfrapp avec ses interjections (ses ah quoi !) avant de démontrer une belle sérénité sur une fin mettant en avant le spoken word. Le morceau laisse entrevoir une fragilité qui n’est pas sans me laisser insensible, pour rester dans l’euphémisme. Wolf referme brillamment le tryptique initial dans une veine plus habituelle qui rappelle It’s Blitz!, le refrain addictif est puissant et cette bombinette électro-pop fait mouche avec une grande facilité. En un peu plus de 12 minutes, Yeah Yeah Yeahs vient de réanimer toute sa palette d’influences et la pause de 9 ans paraît déjà un bien lointain souvenir.

Fleez et sa guitare électrique plus rock est peut-être le morceau de l’album qui me touche le moins, j’ai du mal à percevoir la ligne directrice et le chant paraît un brin facile… Heureusement, Burning ne va pas me laisser le temps de cogiter bien longtemps en restant dans la veine électro-pop de Wolf, le titre est tout en contrastes et ruptures tout en débordant d’énergie, plus subtil qu’il n’y paraît avec des cordes bien senties. La sensualité à fleur de peau de Blacktop offre une belle plage de sérénité, Different Today propose une électro-pop primesautière et plus légère qui illumine la fin de l’album avant de finir sur un très beau moment d’émotion, Mars, dont le spoken word nous transperce. En 32 petites minutes, ce Cool It Down vient de prendre place aux côtés de It’s Blitz! pour enrichir une discographie déjà bien séduisante, enjoy!

Morceaux préférés (pour les plus pressés): 1. Spitting Off the Edge of the World – 5. Burning – 3. Wolf

Sylphe

Pépite intemporelle n°115 : Whole lotta love (1969) de Led Zeppelin

Vinyles-Led-Zeppelin-Vinyle-Led-Zeppelin---Led-Zeppelin-II--Remastered--lAprès 2022, ses 12 mois et tous ses bons sons partagés ici, il est grand temps de basculer en 2023 (comment ça on est déjà le 13 janvier ?). En commençant par souhaiter à tous nos lecteurs une excellente nouvelle année, pleine de bonnes choses, de santé et d’amour. Et puisqu’on parle d’amour, pourquoi ne pas fêter cette première chronique de 2023 avec un titre plein de love ? Avec élégance et distinction, comme toujours sur Five-Minutes. Whole lotta love (littéralement « Tout plein d’amour ») est sans doute ce qu’on fait de plus éloigné de toutes les bluettes et déclarations d’amour guimauves. On est là face à presque 5 minutes de pure énergie en tout genre, incandescentes et fortement sexualisées. La chanson ouvre Led Zeppelin II, deuxième album du groupe Led Zeppelin emmené par Robert Plant (chant) et Jimmy Page (guitare). Un album qui contient d’autres pépites comme The lemon song, Heartbreaker ou encore Moby Dick et son incroyable solo de batterie par John Bonham. Pourtant, c’est bien Whole lotta love qui met une baffe monumentale en ouvrant la galette et semble irriguer de toute son insolence le reste de l’album.

Whole lotta love est une adaptation de You need love du bluesman Willie Dixon, titre auquel Robert Plant ajoute quelques passages. Mis à part son titre somme toute assez sage (qui ne voudrait pas « Tout plein d’amour » ?), c’est plutôt ce qu’on trouve en fouillant un peu qui érotise l’ensemble. L’original de Willie Dixon contient déjà des paroles sans équivoque avec le « way down inside » (« tout au fond de toi »). Led Zeppelin va un peu plus loin en ajoutant au beau milieu du titre des cris vocaux d’orgasme se mêlant à d’autres moins évidents (mais tout aussi explicites) joués au thérémine par Jimmy Page pendant la montée psychédélique, sonore et jouissive du pont de milieu de la chanson. Comme s’il en fallait encore, les dernières paroles sont tout aussi électriques et font référence au Back Door Man (autre titre blues de Willie Dixon, repris cette fois par les Doors en 1967 pour une version tout aussi sexuelle que Whole lotta love) : « Shake for me girl, I wanna be your back door man » (Secoue-toi pour moi, je veux être ton homme de la porte de derrière). Tout un programme.

L’ensemble deviendra rapidement un standard absolu du groupe, autant pour son énergie et ses qualités musicales rock que pour le parfum vénéneux que le morceau dégage. Joué durant des années dans à peu près toutes les prestations du groupe, parfois dans d’interminables versions longues comme un orgasme qu’on retarde pour mieux le laisser venir, Whole lotta love est un titre chaud comme la braise, dévastateur, profondément connoté. Le genre de morceaux entré dans les annales depuis des années et jusqu’à la nuit des temps. Tant que les hommes et les femmes aimeront le rock, l’amour et le sexe, ils écouteront Whole lotta love.

Cerise sur le gâteau ? Whole lotta love est sorti en 1969, année érotique. Quant à la pochette du disque, regardez bien. On en le voit pas au premier coup d’œil mais il y a bien un gros Zeppelin gonflé qui flotte sur l’album. Il vous faut encore des explications après ça ? Si non, passons à l’écoute et à la démonstration, son à l’appui. Si oui.. et bien passons à la dernière preuve que seront l’écoute et la démonstration, son à l’appui. Whole lotta love !

Raf Against The Machine

Pépite du moment n°123: what is keeping you alive makes me want to kill them for de Kathryn Joseph (2022)

Belle découverte pour moi que ce titre de Kathryn Joseph qui a été une très belle porte d’entrée pour écouter sonKathryn Joseph - for you who are the wronged dernier album, For You Who Are The Wronged sorti en avril dernier sur le label Rock Action Records, label écossais créé par Mogwai (excusez du peu). Cet album est son troisième opus après Bones You Have Thrown Me and Blood I’ve Spilled en 2016 et From When I Wake The Want Is en 2018. Je ne peux que vous inviter à aller vous plonger dans une discographie d’une très grande sensibilité que je ne regrette pas d’avoir découverte.

Pour en revenir au titre du jour what is keeping you alive makes me want to kill them (oui l’artiste est fâchée avec les majuscules), c’est bien la voix de Kathryn Joseph qui m’a touché en plein coeur. D’une sensibilité exacerbée, toujours sur le point de se briser, évoquant Björk, la chanteuse de Lamb Lou Rhodes ou bien encore Julia Stone, cette sublime voix est magnifiquement mise en valeur par une orchestration qui rappelle les plus belles heures du trip-hop. Un dépouillement plein de grâce qui se passerait presque des mots, tant les paroles sont minimalistes, un moment suspendu tout simplement, enjoy !

 

Sylphe

Review n°114: Reset de Panda Bear & Sonic Boom (2022)

Les premières semaines de janvier ou l’art de revenir sur les albums oubliés de l’année précédente… A ma gauche, nousPanda Bear & Sonic Boom - Reset avons Noah Lennox, alias Panda Bear, connu pour sa carrière solo mais aussi pour son projet collectif hallucinogène Animal Collective. A ma droite, trône Peter Kember alias Sonic Boom qui a formé avec Jason Pierce le groupe Spacemen 3 avant une rupture assez brutale. Alors que ce dernier a trouvé le succès à travers le projet Spiritualized, Peter Kember s’est davantage tourné vers la production pour des groupes comme Beach House, MGMT (époque Congratulations) ou encore Panda Bear lui-même pour ses albums Tomboy (2011) et Meets The Grim Reaper (2015). Les accointances musicales entre les deux sont évidentes et vont se matérialiser dans un projet commun sous le soleil réconfortant du Portugal où ils résident désormais.

Ce premier opus commun Reset semble avoir pour objectif de réactualiser la pop californienne des années 60 voire le doo-wop. On retrouve ainsi de nombreux samples dans cet album, le Three Steps To Heaven d’Eddie Cochran pour Gettin’ to the Point, Denise de Randy & The Rainbows pour Edge of the Edge ou The Drifters pour Livin’ in the after. Le résultat est un subtil mélange entre aspirations électroniques et une pop solaire qui réchauffera les coeurs des plus frileux. Le morceau d’ouverture Gettin’ to the Point avec sa guitare psyché initiale résume finalement assez bien le projet avec l’impression qu’Animal Collective aurait mis ses synthés au service d’une pop toujours sur un fil, entre nostalgie évidente et volonté de reconstruction. Go on creuse le même sillon et on ne peut qu’être sous le charme de la voix de Panda Bear qui me rappellera à de nombreuses reprises dans l’album la voix d’un autre ours, Daniel Rossen, le chanteur de Grizzly Bear.

Everyday joue la carte d’une pop faite de bric et de broc avec une collection de sons en arrière-fond avant que Edge of the Edge frappe fort. Les choeurs sont bien sentis, les harmonies vocales justes et le résultat pourrait s’apparenter à ce morceau feel-good qui pourrait t’aider à entrer pleinement dans cette nouvelle année 2023. Un In My Body à l’instrumentation plus dépouillée, un Whirlpool qui fait davantage la part belle à des synthés aquatiques qui donnent envie de se baigner et de tout oublier (les influences d’Animal Collective sont ici évidentes), un Danger lumineux et d’une grande simplicité, l’album se déroule sans anicroche. Livin’ in the After est ensuite pour moi un des titres majeurs de l’album avec cette plongée surprenante dans le mariachi, les guitares donnant une énergie supplémentaire particulièrement savoureuse. Everything’s Been Leading To This clôt enfin l’album sur une note plus électronique bien sentie.

Sans réelle prise de risque, cette collaboration entre Panda Bear et Sonic Boom fonctionne à merveille et nous permet d’entamer 2023 avec le sourire (oui bon ok on a 5 mois de retard…), enjoy !

Morceaux préférés (pour les plus pressés) : 4. Edge of the Edge – 8. Livin’ in the After – 6. Whirlpool – 3. Everyday

 

Sylphe