Après avoir pleinement savouré le single Turn The Light (voir ici ), il est plus que temps
de parler de ce Lux Prima, rencontre magique entre deux orfèvres que sont l’excentrique Karen O et le producteur aux mains dorées Danger Mouse. A vrai dire, je me trouvais dans la situation optimale d’écoute car je n’avais pas véritablement d’attente à l’écoute de cet opus, m’appuyant davantage sur les souvenirs de la pépite It’s Blitz ( 10 ans déjà…) que sur le plus mitigé Mosquito. Karen O donnait l’impression de s’essouffler avec Yeah Yeah Yeahs et Danger Mouse a tout simplement réussi à sublimer cette artiste pour créer un album majeur de 2019. Suivez-moi lors de ce périple nocturne envoûtant…
Le morceau d’ouverture Lux Prima et ses 9 minutes qui contiennent plus de bonnes idées que certains albums va d’emblée poser les choses: le duo se montre ambitieux… On part sur 3 minutes de synthés spatiaux qui nous enveloppent et diffusent une douceur nostalgique qui m’évoque de manière évidente la BO de Virgin Suicid par Air avant que les choeurs et la voix de Karen O, soutenus par des violons judicieux qui seront très présents sur l’album, viennent nous offrir une saveur plus pop suintant par tous les pores le trip-hop sensuel de Massive Attack ou Morcheeba. Troisième mouvement du morceau avec la voix se retirant et laissant de nouveau les synthés du début reprendre le pouvoir, le morceau surprend et envoûte, suscitant de vraies interrogations… Ministry va vite nous aider à trouver des réponses avec sa guitare tout en douceur et son intro digne du chef d’oeuvre de Morcheeba Big Calm, Karen O paraît plus apaisée et maîtrise avec subtilité sa voix pour nous offrir une plage de douceur sublime. Ce morceau contraste brillamment avec le single Turn The Light dont la basse sensuelle imprime un groove addictif se mariant parfaitement à la voix plus « nasillarde » (#riendenegatifhein) de Karen O.
Le trio d’ouverture m’a déjà clairement désarmé et ce n’est pas la suite qui m’aidera à reprendre contact avec la réalité. La batterie martiale, les choeurs inquiétants et le chant sauvage de Karen O sur Woman d’un côté et le space-rock affûté de Redeemer de l’autre me replongent dans cette urgence sensuelle qui me plaît tant chez Yeah Yeah Yeahs… Un Drown tout en retenue et reverb dont l’ambiance fait écho à celle de Ministry avec un soin de l’orchestration évident (humm le travail de Danger Mouse…), un Leopard’s Tongue plus pop dans l’approche avec son refrain addictif, un Reveries tout en dépouillement, les morceaux s’enchaînent et empilent avec une rigueur de métronome les bonnes idées jusqu’à ce Nox Lumina qui referme brillamment la boucle entamée par Lux Prima. On finit sur un morceau binaire avec un chant mélancolique qui laisse peu à peu les synthés oniriques reprendre le dessus.
Le retour à la réalité est difficile mais c’est incontestablement un moment fort de la discographie de Karen O et Danger Mouse que viennent de nous offrir ces deux orfèvres. L’album en tout cas prend note pour les tops de fin d’année en toute simplicité.
Le live brillant de Woman au Late Show mis en scène par Spike Jonze himself…
Sylphe
2 commentaires sur “Review n°27: Lux Prima de Karen O et Danger Mouse (2019)”