Parce que c’est dans mes oreilles, autant que ce soit aussi dans les vôtres. Parce avec 46 ans au compteur, ce titre et l’album qui va avec sont toujours impressionnants d’émotions. Parce qu’il n’y a pas grand-chose de plus à ajouter à Wish you were here : tout est dit en 5 minutes 36.
Voilà déjà quelques semaines que le titre Ani Kuni de Polo & Pan, chroniqué par ici, a fait son irruption inattendue sur certaines radios généralistes et c’est ma foi amplement mérité. On sait tous comme une écoute répétée d’un titre peut finir par le dénaturer au point d’atteindre une véritable saturation mais je dois reconnaître que je reste sous le charme de l’inventivité de ce morceau. Pour le coup, j’ai eu envie de davantage m’attarder sur l’album Cyclorama sorti le 25 juin comme une promesse estivale supplémentaire. Même si je le trouve un peu long (1h05 et quelques titres plus dispensables sur la fin de l’album, en particulier la version radio d’Ani Kuni ), cet album mérite d’être savouré pour sa richesse. Je vous donne 5 raisons pour vous offrir un cocktail de couleurs savoureux en cette période de pré-rentrée pas toujours réjouissante.
Sur une recette assez proche de celle de BonEntendeur (le titre Melody en est un parfait exemple), Polo & Pan a cette capacité à moderniser des titres en les enveloppant d’une atmosphère d’électronica candide et hédoniste. A l’écoute, je suis souvent tiraillé entre l’impression que c’est un peu trop facile et la reconnaissance d’une vraie intelligence mais le résultat brillant clôt tous les débats. On notera donc le single imparable Ani Kuni ou encore Bilboquet (Sirba) qui reprend la musique de Cosma pour la BO de Le Grand Blond avec une chaussure noire.
Ce Cyclorama met aussi à l’honneur une pop solaire qui joue avec les codes de la dream-pop. Magic porte bien son nom et n’est pas sans m’évoquer l’univers de Les Gordon alors que l’innocence des choeurs de Feel Good nous ramène vers les débuts de MGMT.
Derrière cette candeur de façade, on retrouve une électro plus riche et poétique qu’elle n’y paraît sur les premières écoutes. Le morceau d’ouverture Côme avec ses sons aquatiques et ses cordes fragiles se déploie avec humilité comme la BO cachée d’un Miyazaki. Dans une veine plus proche d’Arandel, j’aime beaucoup la richesse de Requiem qui paraît un peu un ovni dans cet album résolument lumineux.
Les fans de l’univers de La Femme pourront savourer le recours à la langue française dans Attrape-rêve, Oasis ou encore Artemis pour un résultat un peu plus attendu.
Enfin, j’apprécie tout particulièrement Tunnel et le featuring de Channel Tres. Cette incursion dans l’univers plus sombre de la techno est savoureuse et me donne l’envie immédiate d’aller réécouter le dernier opus de Rone.
Ce Cyclorama est plus subtil et varié qu’il n’y paraît, j’espère que ce Ani Kuni, aussi bon soit-il, n’empêchera pas une véritable découverte du travail de Polo & Pan, enjoy!
Après la coupure salutaire de l’été, je reprends dans la droite lignée de mon pote Raf avec un son estival parce que, même si la météo est pour le moins capricieuse en ce moment, nous sommes bien encore en été. La semaine dernière est sorti le troisième album des Anglais de JungleLoving In Stereo qui fait particulièrement bien le job et dont je vous parlerai ultérieurement. Comme souvent, je ne peux pas m’empêcher d’aller réécouter les albums précédents – quand la discographie reste à taille humaine – et je me suis offert un flashback de 7 ans pour revenir au premier album Jungle sorti sur XL Recordings en 2014 (la date de sortie est inutile, je l’accorde, car le lecteur de Five-Minutes a déjà brillamment géré la soustraction). Marqué par des inspirations soul et funk, le collectif britannique mené par Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland propose un son électro particulièrement entraînant. A chaque fois que je les écoute, je pense aux Français de The Shoes pour vous donner une idée. Le titre Busy Burnin’ est pour moi le joyau imparable de l’album, porté par sa boucle électronique addictive et son message dénonçant le besoin perpétuel d’accumuler. Le clip qui met en avant un groupe de danse hip-hop (marque de fabrique des clips du groupe) me donne une folle envie de croquer dans la vie et c’est déjà beaucoup, enjoy !
Ce n’est un secret pour personne, en tout cas pas pour les Five-Minuteurs que vous êtes : Arcade Fire fait partie des groupes et artistes que l’on suit de près, et qu’on aime beaucoup. L’ami Sylphe et moi-même y revenons régulièrement. Dont acte ce 19 août, avec Everything now, titre d’ouverture du 5e album studio éponyme de la formation canadienne/montréalaise. Autour du couple et duo Régine Chassagne et Win Butler, le groupe livre en 2017 un opus dansant, plein d’énergie et bourré de bons sons. Ils nous avaient déjà gratifié de Reflektor en 2013, et semblent ici pousser l’aventure disco/boule à facettes. En plus d’être un concentré d’énergie, la galette a tout d’une profession de foi par son titre et ce morceau d’ouverture. Everything now est comme une sorte de lointain écho au « We want the world and we want it now ! » des Doors au cœur de l’explosion When the music’s over (album Strange days en 1967). L’impatience selon Arcade Fire, c’est sur Five-Minutes, et c’est maintenant.
C’est tombé comme ça de la playlist dans la matinée, alors autant en faire profiter les Five-Minuteurs. Redemption song est la dernière piste du dernier album de Bob Marley and the Wailers, sobrement intitulé Uprising (1980). Nous n’irons pas jusqu’à simplifier en disant que c’est le dernier morceau de Marley… et pourtant, il sonne comme une fin (autant que comme un commencement d’ailleurs) : une clôture crépusculaire qui s’accompagne d’une interprétation on ne peut plus intimiste et chaleureuse. Car, bien entendu, nous écouterons la version solo acoustique, et non celle accompagnée par le groupe dans son ensemble. Bob Marley seul sur sa guitare et face à lui-même, pour un ultime morceau qui ne manque pas de classe et d’émotion. Comme une toute fin de concert, comme les dernières notes d’un grand musicos qui salue une dernière fois. Mettez sans tarder et sans hésitation ce bon son au creux de vos oreilles. Et, comme dirait Sylphe, enjoy !
Le doublé Miossec de la dernière fois m’a (presque naturellement) amené à réécouter l’album Les retrouvailles (2005) de Yann Tiersen. Oui, on a déjà écouté ce dernier il y a quelques jours en version piano solo, mais avec Le jour de l’ouverture, niché en plein milieu du disque, on aborde une autre facette de sa musique : polyinstrumentale, accompagnée de texte et à plusieurs voix. Yann Tiersen convoque les copains, et pas n’importe lesquels : Dominique A et Miossec. Ces trois là réunis, c’est de la poésie à l’état pur, autant vocale et textuelle que musicale. Ce que la chanson raconte, comment elle le raconte, sa construction musicale : pas une seconde à jeter dans ce titre qui a toujours le même effet sur moi, malgré des centaines d’écoute. C’est beau à en crever. Les frissons, les poils, la poussière dans l’œil, la chialade, la sérénité, l’évasion, la lumière aussi. Place au bon son et à la poésie.
Deux sons pour le prix d’un aujourd’hui, avec un doublé de Miossec issu de son album Ici-bas, ici même (2014). Notez que le son estival pourrait être tout l’album, tant il est brillant, bouleversant et parfait. A l’image de 1964 (2004) et de Boire (1995), ces trois albums formant à mes yeux un triptyque évident. Mais c’est une autre histoire, dont on parlera peut-être un jour ici-bas ici même.
Pour le moment, attardons-nous sur Le cœur et Samedi soir au Vauban. Ces deux chansons se succèdent en presque ouverture de la galette, mais surtout elles se répondent d’une façon assez évidente. Si Le cœur constitue l’instantané d’une post-séparation, avec les questionnements liés, Samedi soir au Vauban interroge l’après. Dans le premier titre, on se demande, le cœur lourd et abîmé, ce qu’il restera de l’histoire aujourd’hui finie : « Car il voudrait tant / Que tu ne l’oublies pas ». Dans le second titre, c’est l’après qui est regardé, avec les inquiétudes de plaire encore, de savoir s’il y aura un après : « Si nous portons ainsi notre visage / C’est pour qu’il soit un jour aimé / Ce serait quand même bien dommage / Qu’il ne soit plus jamais caressé ». Avec une référence avouée à Paul Eluard et son recueil de poèmes J’ai un visage pour être aimé.
Samedi soir au Vauban amène, de surcroît, vers le titre suivant Qui nous aime, et vers la suite du disque. Quand je vous disais que, finalement, le son estival du jour pourrait être la totalité de l’album.
En douce, et en douceur, comme ça, maintenant, un petit Julien Doré avec London nous aime. Parce que « J’te ferai la cour / à Covent Garden ». Parce que « On fera l’amour / Charlotte Street Hotel ». En vrai, je te ferai la cour partout. Et on fera l’amour encore plus partout.
Le dernier son estival (pas plus tard qu’hier) nous emmenait pépouze sur les petites routes de la détente. Changement de cadre avec Normalement (Le mal est fait), un titre de Miro sorti en 2003 sur En plein vol, le deuxième album du garçon (au passage, rien à voir avec Mickaël Miro, dont l’horloge tourne toujours). On avait aimé, sur le premier La voix du vaurien (2001) des morceaux comme Billy le funkyman ou Toutes les filles du monde, plutôt groovy et dansant. On y trouvait aussi Samantha – In the box, ou 8 minutes assez délirantes que je vous invite à (re)découvrir. Miro enfonce le clou deux ans plus tard avec son En plein vol plus riche, plus varié, plus abouti. Bref, meilleur. Ne serait-ce que pour ce Normalement (Le mal est fait), qui n’est rien d’autre qu’un des titres français les plus perchés. Une plongée hallucinée accompagnée, sur la fin, d’une mise en abyme un peu méta. Avec plus de 7 minutes au compteur, c’est totalement barré. Donc jouissif et indispensable à écouter, surtout au cœur de l’été.
Ici chez Five Minutes, on écrit le plus régulièrement possible, et aussi un peu le reste du temps quand ça nous vient. Aujourd’hui, en pleine journée trajet à travers la France, voilà une bonne occasion d’écouter ensemble Les p’tites routes de Paul Personne. Parce que, tant qu’à faire des kilomètres, autant que ce soit en évitant les autoroutes et les grands axes, quitte à se perdre un peu au détour d’une départementale. Autant que ce soit, aussi, avec du bon son. Les p’tites routes en est un, à écouter la vitre ouverte et les (tes ?/nos ?) cheveux au vent. Une fois lancés, vous pouvez écouter tout le reste de l’album Demain il f’ra beau : une autre façon de formuler, en mots comme en musique, que « Demain est un autre jour » et que « Le meilleur est à venir ».