Review n°36: The Big Picture de Last Train (2019)

Alerte enlèvement! Je répète, alerte enlèvement! Voilà bientôt deux semaines que j’aiLast Train perdu tout libre-arbitre et que, tous les jours, The Big Picture de Last Train vient insidieusement se placer sur ma platine…Voilà incontestablement pour moi l’album rock de l’année 2019! (#pasdeplacepourlesuspense)

Je ne connaissais pas les petits français originaires de l’Est de Last Train et malheureusement mes oreilles n’avaient pas croisé leur chemin jusqu’alors jalonné de deux EP The Holy Family (2015) et Fragile (2016) et d’un premier album en 2017 Weathering. Il n’en sera pas de même avec ce The Big Picture que je vais user jusqu’à la corde et qui, je l’espère, sera l’acte fondateur d’un grand groupe qui exportera le rock français à l’international. Je vous propose de me suivre dans les méandres de ce bijou et de ses 57 minutes pleines de maîtrise…

La batterie et les gros riffs de guitares sont de sortie sur le morceau d’ouverture All Alone qui semble taillé dans le granit brut et réveiller d’emblée une source d’inspiration évidente du groupe, les Red Hot Chili Peppers. La voix de Jean-Noël Scherrer file les frissons et évoque Anthony Kiedis, on verra que la puissance du chant est une des clefs de voûte de l’album avec cette énergie dévastatrice. Voilà une leçon de maîtrise qui donne le ton de l’opus avec brio… Scars part ensuite sur une rythmique plus apaisée avant l’explosion électrique du refrain, Last Train brille par sa capacité à alterner le calme et la tempête, véritable point fort de l’album. La deuxième partie du titre sonne comme du très grand Muse époque Origin of Symmetry, le souffle épique me ballotte dans tous les sens. On Our Knees part ensuite sur un format de 8 minutes pour nous proposer une lente montée en puissance toute en tension, les riffs électriques s’effaçant subitement pour laisser leur place à un minimalisme contemplatif savoureux qui prend peu à peu les traits du rock progressif à la Mogwai avec tout ce que ça implique dans la puissance émotionnelle et l’intensité. Brillantissime, sûrement l’un des titres les plus puissants écoutés ces dernières années…

I Only Bet On Myself nous ramène sur les terres plus classiques du rock avec sa rythmique uptempo digne des grandes heures des trop sous-estimés Placebo et sa fin estampillée Muse. Voilà en tout cas 4 titres de très haut vol ressentis comme une véritable intraveineuse de rock à l’état pur… La deuxième partie de l’album va, quant à elle, davantage jouer la carte des contrastes pour mon plus grand plaisir: The Idea Of Someone me rappelle l’orfèvre Sébastien Schuller dans sa capacité à filer des frissons, Disappointed nous afflige une nouvelle déflagration rock à la Red Hot avant que Tired Since 1994, sublime ballade empreinte de spleen, ne vienne discrètement nous évoquer Radiohead. Le rythme cardiaque s’abaisse avec la pop-rock plus linéaire de Right Where We Belong et le surprenant A Step Further Down porté par la douceur cristalline de son piano… Mais que dire du morceau final The Big Picture? Ce titre résume à lui tout seul la richesse artistique de Last Train, entre souffle épique et décharges éléctriques. 10 minutes sublimes comme la dernière touche d’un tableau frôlant la perfection. L’avenir appartient désormais à Last Train et j’attends désormais avec impatience les prochains voyages. Enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°46 : Immolate (2019) de Rain Phoenix

Dans la famille Phoenix, je voudrais la frangine Rain. Oui, évacuons d’entrée de jeu cette histoire de fratrie et dissipons les interrogations : Rain Phoenix est bien la sœur de Summer, Joaquin et River. Actrice comme eux, mais aussi chanteuse lorsqu’elle ne tourne pas. Ce qui est plutôt une chouette nouvelle compte-tenu du bon son que nous avons là.

Rain Phoenix avait déjà dégainé un premier titre en février 2019, intitulé Time is the Killer. Un morceau ballade aux accents légèrement country, sur lequel plane de façon flagrante l’ombre de Johnny Cash et June Carter. Cash qui, hasard ou pas, fut interprété de fort belle manière par Joaquin Phoenix (le frangin) dans l’excellent Walk the line (2005) de James Mangold, aux côtés de Reese Whiterspoon dans la peau de June Carter. Un film cher à mon cœur parce que Johnny Cash, parce que le casting, et parce que souvenir ému de mon dernier visionnage partagé. T’en souviens-tu ?

Un chouette morceau donc que ce Time is the Killer, qui était aussi l’occasion de retrouver Michael Stipe de feu R.E.M. en duo avec Rain Phoenix. Dans la foulée de ce premier titre, avait été annoncé un premier album à venir pour le 31 octobre 2019, date anniversaire du décès de l’autre frangin River (oui, 26 ans déjà). Un opus que Rain Phoenix présente comme “a totem to the legacy of her late big brother“ (soit “un totem à l’héritage de son frère décédé“). En guise d’aperçu, est sorti fin août, soit il y a quelques semaines, ce Immolate bien plus sombre et pénétrant que le duo avec Stipe.

On est ici en terrain relativement connu : un titre piano-voix soutenu par des cordes à mi-chemin. Soit trois minutes et deux secondes qui n’inventent ou ne réinventent rien, mais qui font les choses extrêmement bien. La voix de Rain Phoenix me fait penser à un croisement entre PJ Harvey, Fiona Apple et Paillette (cette dernière dont on a déjà parlé ici, c’est à relire d’un clic juste là). Un grain de voix envoûtant qui raconte à la fois la tristesse et la mémoire, donc la peine de l’absence et la persistance des disparus de nos vies. Le souvenir inaltérable de celles et ceux qui nous manquent, mélangé à l’espoir de se retrouver.

Immolate est une fort jolie pépite qui ne vous laissera sans doute pas de marbre. Ce single laisse espérer un album de la même tenue, album qui devrait s’intituler sobrement River si l’on en croit les pré-visuels de pochette. Nous allons donc surveiller de près cette toute fin du mois d’octobre, en sachant qu’au début de ce même mois, nous pourrons aller vérifier si la hype autour de Joker (interprété par Joaquin Phoenix) est justifiée. Un Joker qui ne dépareillerait pas un soir d’Halloween. Halloween c’est quand déjà ? Ah oui, le 31 octobre. Qui tombait l’an dernier un mercredi, je m’en souviens précisément. Je n’ai rien oublié. Persistance de la mémoire, telle une indélébile nuit indigo. CQFD.

Raf Against The Machine

Pépite du moment n°45: STAR d’Underworld (2019)

Voilà un projet gargantuesque comme je les aime! Underworld, groupe britannique qui Underworldbrille par ses sons électros depuis les années 90 et que nous avons tous connu à travers leur titre Born Slippy .NUXX. présent sur la BO de Trainspotting, s’est lancé depuis novembre 2018 dans une expérience ahurissante: poster un titre tous les jeudis sur Youtube pendant un an (du coup 52 titres,#j’melafriseenmaths) afin d’aboutir à un album Drift Series 1 qui sortira le 1er novembre.

Du coup, afin de vous donner envie de vous perdre sur Youtube et d’écouter les très nombreux titres déjà sortis, je partage avec vous le titre STAR, véritable pépite techno qui vrille le cerveau avec ses sons âpres. Le morceau  s’inspire des comptines enfantines pour évoquer des personnalités de la culture pop telles que Michael Caine, Iggy Pop et Danny Boyle, aux côtés de personnages fictifs comme Tom Pouce et Robin des bois.  « Prenez une comptine qui est si familière qu’elle fait presque partie de notre ADN et transformez-la en quelque chose d’étrange et d’inspirant – une célébration de la vie, et des vies, et des bons et des véritables grands de ce monde » a expliqué le groupe.

Voilà en tout cas un titre et un projet hautement inspirants, enjoy!

Allez je ne résiste pas à un brin de nostalgie ce soir…

Sylphe

Pépite du moment n°44 : The Runner (2019) de Foals

En mars dernier, Foals faisait son grand retour avec Everything not saved will be lost Part. 1, dont on avait dit le plus grand bien ici-bas ici même (Five reasons à relire d’un clic si besoin). Une galette bourrée d’énergie, parsemée de synthés et de sonorités à la Depeche Mode (entre autres références) qui nous avait grave emballée. Et dont on attend impatiemment la suite, le Part. 1 du titre promettant une Part. 2.

Ce sera le cas dans quelques semaines, mais en préambule, et comme pour le premier volet, Foals a libéré ces dernières semaines un premier titre Black Bull, résolument rock et ravageur. Inutile en effet de sortir un diptyque en deux temps si c’est pour livrer la même chose, les mêmes sons et les mêmes émotions, et la bande de Yannis Philippakis semble sur cette lancée.

En témoigne le second extrait de Everything nots saved will be lost Part. 2 que nous écoutons aujourd’hui : The Runner. On y retrouve à la fois l’énergie de la Part. 1 et le rock bouillonnant et rugueux de Black Bull, ce qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler Inhaler, un autre gros titre du groupe présent sur l’album Holy Fire (2013). A la lumière très 80’s de la galette de mars succède une ambiance plus nerveuse et âpre, plus sombre et rock aussi. Les guitares et leurs riffs sont très en avant, et les claviers qui nous illuminaient il y a quelques mois se sont mis en retrait.

Rien de finalement très étonnant : rappelons que la Part. 1 se terminait sur I’m done with the world (& it’s done with me), une ballade mélancolique et désabusée, sorte de pré-gueule de bois à la sortie de la fête. Il est donc parfaitement logique d’enchaîner sur un son moins festif et dansant, mais tout aussi efficace. En témoignent aussi les pochettes des deux disques : si la première nous invitait à un repos festif au cœur d’un bâtiment couvert de végétations rouges apaisantes, la seconde nous convie aussi au repos, mais dans un décor plus sombre et définitif dirons-nous.

Après The Light de Wax Tailor la semaine passée, The Runner de Foals est assurément un autre gros son sensation de cette rentrée. J’avoue trépigner d’impatience dans l’attente de l’album complet, histoire de voir si ce diptyque Everything not saved will be lost fera mieux au final que leur exceptionnel Total Life Forever (2010), qui reste pour moi une absolue référence et un hyper coup de cœur magistral, gravé en moi là où il s’est posé.

Réponse dans un petit mois le 18 octobre. Pour info, un autre gros son sensation de la rentrée tombera aussi dans les bacs le même jour : l’album Dyrhólaey de Thomas Méreur, dont nous avions parlé en mode preview sur ce même blog il y a presque un an (à retrouver d’un clic par ici). On en reparlera évidemment sous peu. D’ici là, régalez-vous de Foals qui, sauf dérapage et sortie de route de dernière minute, signe cette année un retour gagnant comme on n’y croyait plus.

Raf Against The Machine

Review n°35: Déjà Venise de Clio (2019)

Au programme du jour, une bien belle découverte, assez inhabituelle pour moi avec le

Clio

deuxième album Déjà Venise de Clio. Tout simplement inhabituelle car la chanson française n’a jamais trôné parmi mes grandes préférences et je n’ai jamais caché que, malgré un métier qui célèbre la beauté des mots (non, non je ne suis pas Bertrand Renard…), les atmosphères instrumentales me touchent plus que les mots… C’est finalement un joli gage de qualité lorsqu’un album à textes sait charmer mes oreilles et, le moins que l’on puisse dire, c’est que mes oreilles baignent dans un plaisir intense avec cet opus d’une douceur mélancolique séduisante.

La recette de cet album est d’une limpidité évidente, d’un côté la belle voix de Clio qui brille par sa langueur et une certaine forme de fausse nonchalance et de l’autre des ambiances très 80’s où les synthés insufflent, surtout dans la première partie de l’album, une fraîcheur qui me séduit. Ajoutons-y la puissance des textes qui traitent du sentiment amoureux avec candeur et ironie et vous vous trouvez avec 35 minutes douces-amères assez envoûtantes…

Le single T’as vu, sûrement mon titre préféré, ouvre brillamment l’album. Les synthés omniprésents et la rythmique du refrain accompagnent judicieusement le texte où Clio évoque avec originalité les doutes amoureux dans le couple. On sent la force du non-dit lorsqu’elle essaye de se convaincre en vain avec la répétition finale de « Y’a pas mieux que toi »… Amoureuse de son côté joue, quant à lui, la carte de la sincérité dans une composition plus classique qui met plus en avant la voix candide de Clio qui reconnaît son besoin de tomber sans cesse amoureuse. Sur les horodateurs aborde ensuite la difficulté de vivre en couple et la difficulté de mettre fin à une relation. Autour de la thématique récurrente de l’ennui et du temps qui passe, Clio m’évoque pour la première fois de manière évidente Charlotte Gainsbourg et plus particulièrement son Rest de 2017. Avec des formules marquantes comme « Toi t’as la flamme, moi j’ai la flemme », elle souligne la difficulté de rompre. On retrouvera cette thématique de la séparation dans le très bon Déjà Venise qui, sous ses airs de pop faussement légère avec son refrain candide « Elle est faite ta valise dans ta tête », souligne la peur d’être abandonnée.

Clairement, cet album démontre un vrai plaisir à manipuler et jouer avec les mots. La précision chirurgicale des mots de Tristan où le rythme du chant s’accélère, l’humour de Nous perdre au Louvre où l’intimité de la découverte amoureuse finit face à la Joconde au milieu de 400 Japonais, la reprise subtile du Porque Te Vas de Jeanette qui traite de nouveau de la séparation font mouche. Ajoutons-y la ligne de basse de Des Pas sous la neige toute droit sortie de la BO de Matrix et le duo final avec Ours où l’on retrouve une guitare qui sied parfaitement à ce duo amoureux et l’on se retrouve avec un très bel album.

Avec ce Déjà Venise, Clio confirme de vrais talents d’interprète et démontre qu’elle a tout d’une grande (#chutefacile). Dans l’Antiquité Clio était la muse de l’Histoire, au XXIème Clio est une muse pour raconter des histoires, enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°43 : The Light (2019) de Wax Tailor

On avait laissé Wax Tailor en 2016-2017 avec un diptyque plutôt captivant : By any beats necessary (2016) était une référence explicite au “By any means necessary“ de Malcolm X dans son combat pour une égalité et reconnaissance des droits humains et civiques pour tous. L’album porte clairement cette référence combattante, à la fois dans son énergie et dans ses percutantes sonorités soul, blues, rythm and blues, tout en conservant la base trip-hop/hip-hop/downtempo de Wax Tailor. Comme un écho à cet opus, sort l’année suivante By any remixes necessary (2017), tout simplement composé de remixes de By any beats necessary par des producteurs des quatre coins du globe. Si la galette de 2016 m’avait emballé, celle de 2017 m’a encore nettement plus convaincu.

Deux années plus tard, on retrouve Wax Tailor aux commandes d’un nouveau projet. L’album The Shadows Of Their Suns n’est pas encore disponible, mais on peut déguster depuis quelques jours un premier titre, sobrement intitulé The Light. Musicalement, c’est une sorte de retour aux sources, avec un titre très marqué trip-hop/downtempo, fait de boucles électros. Downtempo c’est un peu vite dit, puisque par deux fois, le rythme s’accélère d’un tempo plus marqué, comme pour souligner l’urgence du moment.

Parce que oui, si musicalement The Light se détache un peu de l’album précédent, en revanche le propos reste incisif. Le combat reprend, il se poursuit pourrait-on dire. Rehaussé sur sa dernière partie d’un gimmick vocal “You want to see the light ?“, The Light pose l’urgence d’un monde qui ne tourne pas rond, qui ne va pas très bien, et même qui déconne complètement. Entre consommation à outrance, destruction de la planète, fascisme et populisme en tout genre, invasion des images porteuses de pessimisme et autres maux de la planète, Wax Tailor déroule en 4 minutes un bilan bien préoccupant.

Le son lancinant et entêtant qu’est The Light se voit accompagné d’un clip d’une grosse efficacité : enchaînement d’images sans aucun commentaire, je vous laisse apprécier l’excellence de cette combinaison son/image, avec une chute qui en raconte bien plus que de longs discours. Et qui laisse espérer un grand album : par son titre The Shadows Of Their Suns, à mettre en miroir avec le titre du single The Light, mais aussi et surtout par ce percutant propos musical et visuel. The Light est assurément un des gros sons de la rentrée, et constitue une belle lumière dans le monde parfois sombre et gris qui nous entoure (#jeudemotsetconclusionfaciles^^).

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°38: Live at Leeds de The Who (1970)

Album fondateur et sûrement l’un des plus grands lives de l’histoire de la musique, leThe Who Live at Leeds est un monument. C’est pendant l’été qu’a germé l’idée de revenir sur cet album qui m’a toujours accompagné. En effet, pendant la période estivale, beaucoup d’articles, d’émissions de radio et de télé (redécouverte du documentaire sur Woodstock 3 days of peace and music) ont été consacrés aux 50 ans de Woodstock. Si j’avais les moyens, j’aurais craqué pour la réédition complète (38 cd et près de 800 euros) mais voilà, ma passion a quelques limites… En tout cas, la commémoration m’a permis de mieux comprendre à quel point ce festival reste un moment important pour la musique et la culture.

Quand j’étais jeune, j’avais emprunté à plusieurs reprises le documentaire dont Martin Scorsese est l’un des coréalisateurs et qui donne un aperçu du festival. Dans mon souvenir, on voyait 2 à 3 heures de musique mais je ne connaissais pas la moitié des groupes présents sur les éditions de l’époque. Je faisais donc beaucoup d’avance rapide. Objectivement, comme beaucoup, c’est Jimmy Hendrix que je voulais voir. On le voyait à la fin de la cassette. Il y avait quand même ce passage sur les Who

Et dieu que cela envoie du lourd! Malheureusement le concert de Woodstock des Who avait un son pourri. D’ailleurs, la rétrospective permet de se rendre compte à quel point Woodstock fut d’une grande impréparation.Quand on pense que Jimmy Hendrix joue vers 8 heures du matin alors que la plupart des spectateurs sont rentrés chez eux…

Mais revenons à nos Who. Ils avaient décidé d’enregistrer un live après la sortie de Tommy. Il faut dire que leur réputation d’énergie folle était déjà incroyable, leurs concerts duraient 3 heures et ils cassaient leur matériel sur scène une fois sur deux. De retour d’Allemagne, après une tournée extrêmement longue, les voilà à Leeds, puis à Hull. Les deux dates ont été captées sur la bande mais heureusement c’est le Live at Leeds qui est sorti en premier (Hull ça sonne vraiment con comme nom pour un concert de rock -finalement le Live at Hull sortira également bien plus tard…).

Alors ce disque c’est quoi au juste? l’énergie c’est beau quand c’est maîtrisé, c’est le premier enseignement de cette musique. Sur le Live at Leeds il suffit d’écouter l’enchaînement We’re Not Gonna Take It / See Me Feel Me / Listening To You et tous les instruments un par un pour se rendre compte que c’est tout juste incroyable.

Je ne pense pas à un musicien en particulier, ils sont tous des génies, mais c’est vrai que Keith Moon à la batterie avec ses tapotements de musicien de jazz qui semble se balader sur la rythmique, ça paraît toujours incroyable. Et puis il y a à la basse John Entwistle. Je suis bassiste et tout le monde devrait savoir qu’il a changé la perception et la place de la basse dans la musique. Bref pour revenir à cet article, je me suis rendu compte que la vraie sensation surprenante de cet album, outre qu’il est la porte d’entrée vers le punk, c’est la voix. Je n’avais pas bien compris jusqu’à maintenant qu’indépendamment d’individualités incroyables, de génies musicaux, d’énergie folle, ils avaient tous LA VOIX. Je ne parle pas uniquement de la voix de Roger Daltrey mais de cette capacité ahurissante qu’ils ont de chanter tous ensemble, de cette osmose musicale et mélodique incroyable qu’on retrouve partout sur le live et notamment sur A Quick One, While He’s Away.

Un dernier conseil, optez pour la version deluxe intégrale du live, 3 heures de musique pour ne rien rater d’un des plus grands lives de la musique rock (dans un autre genre je me garde la possibilité de parler un jour de The Youth are getting restless des Bad Brains).

 

Rage

Pépite du moment n°42: Beograd de SebastiAn (2019)

Pour savourer ce premier week-end post rentrée, il me faut en ce dimanche un morceau qui pulse pour me donner l’énergie de bosser un peu. On reviendra plus tard pour le concept du jour du Seigneur où le travail est interdit (#genreonvateplaindre)… J’ai exactement trouvé ce qu’il me faut avec du son estampillé Ed Banger, ce titre de SebastiAn sorti au début de l’été fait partie des éclaireurs qui nous préparent à l’album Thirst qui sortira le 8 novembre. Produit par So_Me qui est le producteur de prédilection du label Ed Banger (voir par exemple son clip de D.A.N.C.E. de Justice dont on avait parlé ici ), ce clip tourné à Belgrade est un vrai morceau dance qui met à l’honneur le pouvoir de la danse qui touche toutes les générations. Nous suivons différents personnages qui dansent sans cesse et qui finissent par se retrouver pour une battle dans un club. Les mouvements de caméra sont rapides et incessants afin de judicieusement faire ressentir la transe des personnages qui prend aussi possession de notre corps. Le morceau en lui-même fonctionne à merveille avec ces synthés lancinants et répétitifs qui ne sont pas sans rappeler Justice, des intermèdes apaisés et bien sentis permettent de relancer avec puissance le son. Voilà pour moi un morceau imparable avec sa montée finale follement excitante, enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°41 : Melody X (2017) de Bonaparte

71oXsQFzNTL._SS500_Voilà un son qui aurait pu être un Son estival du jour, mais l’été est terminé et on a repris le boulot. Et surtout, cet été je ne connaissais pas ce morceau, que j’ai découvert il y a quelques heures, plongé que je suis dans la saison 2 de Dark. Enfin une grande série TV allemande, qui nous change de Derrick et du Renard ^^

Si vous n’avez pas encore mis le nez dans ce trip télévisuel, sachez à quoi vous vous exposez : une virée SF comme je les kiffe, sans trop d’effets spéciaux ou d’aliens à canons lasers, intimiste et qui bouscule les méninges. Oui, pour suivre Dark, hors de question de mater l’écran d’un œil, tout en surfant sur votre réseau social préféré, ou de passe son temps à se lever pour aller chercher des M&M’s, une glace, un picon-bière ou pour aller évacuer ledit picon-bière.

Dark est une ambitieuse histoire de voyages dans le temps et de boucles temporelles, sur 5 époques différentes espacées de 33 ans à chaque fois. C’est une excursion torturée et tortueuse, à la fois cycliquement en arrière et en avant du présent, où les parents vont rencontrer leurs enfants alors qu’ils sont plus jeunes qu’eux, ou inversement et réciproquement. Où les vies se croisent en se jouant des générations, tout ceci au cœur d’un épais mystère scientifico-fictionnel. Et où je pourrais me rapporter à moi-même dans le passé, à une époque où il n’existe pas encore, ce Melody X que je ne connaissais pas (pour cause) mais que je connais déjà et qui finalement existe déjà. Amis des paradoxes temporels, bienvenue ! Dark offre une première saison généreuse et excitante, et une deuxième (que je suis donc en train de vivre) encore plus complexe et exigeante, mais qui sait récompenser son spectateur assidu par des moments de poésie et de grâce incroyables, et des flopées d’émotions assez incontrôlables.

Au cœur de cette série, outre une réalisation et une photographie irréprochables, la bande-son est assez fabuleuse aussi. Parce que l’on visite les années 1920, 1950, 1980, 2010. Et parce que les morceaux mis en avant sont parfois de belles découvertes, comme ce Melody X interprété par Bonaparte. Groupe allemand formé à Barcelone en 2006 et porté par Tobias Jundt, Bonaparte compte à ce jour 7 albums studios, dont The Return of Stravinsky Wellington (2017) dont est tiré Melody X.

Savant mélange de nappes synthés, piano, cordes et loops électros, voilà un bien bon son surmonté par la voix éraillée de Tobias Jundt. Par moments, j’ai pensé un peu à Get Well Soon, et aussi à Asaf Avidan. C’est aérien et mélancolique, terriblement lumineux aussi et ça se marie parfaitement avec la fin de l’épisode 3 saison 2 de Dark.

J’avoue que ce doux mélange Dark/Melody X m’a particulièrement touché, au point d’imaginer ce que ça pourrait bien donner si je faisais un tel voyage. Dans le futur, dans le passé, dans les deux à la fois tout en restant dans le présent, un triple paradoxe temporel qui serait peut-être l’occasion de réparer quelques erreurs et ratages, ou de mieux faire les choses, avec les risques que cela comporte. Ou peut-être au contraire de ne strictement rien toucher ou modifier, parce que nos vies sont telles qu’elles sont et que ça ferait partie du jeu : continuer la route avec nos regrets, sans les personnes qu’on aime, et qui nous manquent parce qu’elles sont parties ou qu’on n’a pas su les retenir.

Raf Against The Machine

Review n°34: Dune de Canine (2019)

Pour cette première review après un bien bel été, je vous propose un petit flash-back enCanine février avec le premier album Dune de Magali Cotta, alias Canine, que j’écoute en boucle depuis une semaine. Clairement c’est un superbe opus qui figurera avec fierté dans mon top des meilleurs albums 2019 tant l’univers de Canine est extrêmement séduisant et riche en émotions. Je vous propose de me suivre dans cette découverte sensorielle qui ne devrait pas vous laisser indemmes…

Le morceau d’ouverture Laughing nous offre d’emblée des éléments fondateurs de l’album: la voix grave et androgyne de Canine qui n’est pas sans me rappeler la sublime chanteuse Planningtorock et l’orchestration très soignée avec les violons bien sentis et le piano. Le morceau se déploie majestueusement, les choeurs instaurant un dialogue plein de douceur avec la voix principale clairement mise en avant. Ce titre plein de belles promesses est suivi d’un Fight plus destructuré où les percus viennent appuyer judicieusement un sentiment d’urgence qui vient subrepticement prendre le pouvoir. Vient alors le premier gros coup de coeur de l’album avec Bienveillance qui, comme son nom l’indique, met à l’honneur la langue française. L’orchestration est d’une grande beauté qui m’évoque The Golden Age de Woodkid, la tonalité plus pop et rythmée rappelle la sensualité de La Femme pour un résultat d’une très grande beauté.

Passé le phrasé plus hip-hop de Glow qui déborde d’une énergie viscérale, Dune m’inflige la deuxième claque monumentale de l’album. Orchestration croisant Woodkid et Craig Armstrong, duo sublime de voix et explosion électronique digne d’un Stromae, voilà un titre à faire se hérisser les poils… Une sorte de Emilie Simon extravertie…  Le bel interlude Hill Top et Home qui met parfaitement en valeur la voix androgyne de Canine comme dans Laughing nous amènent en douceur vers le bijou Ventimiglia, mariage tout en subtilité d’une orchestration d’une grande richesse et d’une voix pleine de nuances. Le résultat est d’une beauté assez inexprimable. Un Twin Shadow et un Forgiveness qui me rappellent par certains côtés l’énergie d’Arcade Fire, un Sweet Sway  dans la droite lignée hip-hop de Glow et Fight, la douceur dépouillée de Temps qui laisse place à une urgence électronique aussi surprenante qu’obsédante et la fin énigmatique de Jardin (qui sonne cependant un peu trop comme du Mylène Farmer…) permettent incontestablement de classer ce Dune dans la catégorie des chefs d’oeuvre de 2019, celle où se délassent au soleil Thylacine et Fat White Family. Enjoy!

Sylphe