Au programme du jour, une bien belle découverte, assez inhabituelle pour moi avec le
deuxième album Déjà Venise de Clio. Tout simplement inhabituelle car la chanson française n’a jamais trôné parmi mes grandes préférences et je n’ai jamais caché que, malgré un métier qui célèbre la beauté des mots (non, non je ne suis pas Bertrand Renard…), les atmosphères instrumentales me touchent plus que les mots… C’est finalement un joli gage de qualité lorsqu’un album à textes sait charmer mes oreilles et, le moins que l’on puisse dire, c’est que mes oreilles baignent dans un plaisir intense avec cet opus d’une douceur mélancolique séduisante.
La recette de cet album est d’une limpidité évidente, d’un côté la belle voix de Clio qui brille par sa langueur et une certaine forme de fausse nonchalance et de l’autre des ambiances très 80’s où les synthés insufflent, surtout dans la première partie de l’album, une fraîcheur qui me séduit. Ajoutons-y la puissance des textes qui traitent du sentiment amoureux avec candeur et ironie et vous vous trouvez avec 35 minutes douces-amères assez envoûtantes…
Le single T’as vu, sûrement mon titre préféré, ouvre brillamment l’album. Les synthés omniprésents et la rythmique du refrain accompagnent judicieusement le texte où Clio évoque avec originalité les doutes amoureux dans le couple. On sent la force du non-dit lorsqu’elle essaye de se convaincre en vain avec la répétition finale de « Y’a pas mieux que toi »… Amoureuse de son côté joue, quant à lui, la carte de la sincérité dans une composition plus classique qui met plus en avant la voix candide de Clio qui reconnaît son besoin de tomber sans cesse amoureuse. Sur les horodateurs aborde ensuite la difficulté de vivre en couple et la difficulté de mettre fin à une relation. Autour de la thématique récurrente de l’ennui et du temps qui passe, Clio m’évoque pour la première fois de manière évidente Charlotte Gainsbourg et plus particulièrement son Rest de 2017. Avec des formules marquantes comme « Toi t’as la flamme, moi j’ai la flemme », elle souligne la difficulté de rompre. On retrouvera cette thématique de la séparation dans le très bon Déjà Venise qui, sous ses airs de pop faussement légère avec son refrain candide « Elle est faite ta valise dans ta tête », souligne la peur d’être abandonnée.
Clairement, cet album démontre un vrai plaisir à manipuler et jouer avec les mots. La précision chirurgicale des mots de Tristan où le rythme du chant s’accélère, l’humour de Nous perdre au Louvre où l’intimité de la découverte amoureuse finit face à la Joconde au milieu de 400 Japonais, la reprise subtile du Porque Te Vas de Jeanette qui traite de nouveau de la séparation font mouche. Ajoutons-y la ligne de basse de Des Pas sous la neige toute droit sortie de la BO de Matrix et le duo final avec Ours où l’on retrouve une guitare qui sied parfaitement à ce duo amoureux et l’on se retrouve avec un très bel album.
Avec ce Déjà Venise, Clio confirme de vrais talents d’interprète et démontre qu’elle a tout d’une grande (#chutefacile). Dans l’Antiquité Clio était la muse de l’Histoire, au XXIème Clio est une muse pour raconter des histoires, enjoy!
Sylphe