On avait laissé Foals pas tout à fait en mauvaise posture, mais sur un album en demi-teinte. What went down, sorti en 2015, avait peiné à convaincre. Non pas qu’il était mauvais : voilà un album rock, avec des guitares et de l’énergie. Mais, au regard des albums précédents avec notamment Holy fire (2013) et surtout l’excellent Total life forever (2010), Foals semblait un peu en perte de vitesse et donnait l’impression d’avoir perdu son identité. Des groupes comme Arcade Fire, Archive ou encore Foals nous ont habitués à teinter chacune de leur galette d’une touche bien personnelle et immédiatement identifiable. Or, ce feu sacré (#vousl’avez?) foalsien était quelque peu retombé avec What went down. C’est donc avec à la fois appréhension et excitation que l’on attendait ce nouvel opus, pour savoir si la flamme est de retour.
La réponse est oui, absolument oui. Foals livre avec Everything not saved will be lost part. 1 son meilleur album depuis ce Total life forever porté aux nues. Et peut-être son meilleur album tout court. C’est une raison suffisante pour vous jeter dessus, mais pour convaincre les plus hésitants, en voici cinq autres.
- Cet album est d’une cohérence assez incroyable. On ne parlera pas de concept-album (c’est bien autre chose), mais d’une galette dont vous n’apprécierez la grandeur qu’en écoutant les titres dans l’ordre, les uns après les autres. Piocher l’un ou l’autre au hasard reviendrait, comme dans tout bon album, à passer à côté des intentions et du voyage proposé.
- Foals se livre à un énorme travail sur les sons et sonorités, à la fois en termes de recherche et de construction. Les différentes pistes mélangent des instruments qu’on pensait incompatibles, dans un savant équilibre avec la voix selon l’ambiance souhaitée. Moonlight ouvre la danse avec son synthé et une guitare lunaires et la voix de Yannis Philippakis, alors que plus loin, White onions mixera des sons très aériens et d’autres bien plus gras et ronflants. Ce cocktail est inattendu 4 ans après What went down, mais il est réussi et autrement plus excitant.
- La force d’un album réside aussi dans sa capacité à glisser en nous, sans qu’on s’en aperçoive, une mélodie qui ne nous quittera pas. C’est le cas avec notamment In degrees, son ambiance groovy et sa ligne de basse saturée en boucle, qui me rappelle l’effet que m’avait fait Everything now de Arcade Fire, sur l’album éponyme. Ou encore On the luna, qui ouvre la face B avec un son très 80’s et plein de bonne énergie.
- Transition toute trouvée… Everything not saved will be lost part. 1 est un disque monstrueusement bourré d’énergie. Dès Exits, qui fut le premier single sorti, Foals lâche les chevaux (#vousl’avezbis?) dans une composition rappelant furieusement Depeche Mode qui aurait branché une guitare un peu lourde pour quelques riffs bien gras. L’énergie ne faiblit pas d’un iota, même lors de titres apparemment plus calmes, comme Café d’Athens avec sa voix plus posée tel un instrument parmi le vibraphone et les percussions très présentes. Ou encore Sunday, ou la ballade revisitée par Foals : un titre d’éveil du dimanche matin qui évoque le corps tiède de son amoureux.se sortant de sa nuit pour venir se blottir en nous.
- L’album se clôt avec un titre à la fois provocateur et teaser à mort : I’m done with the world (& it’s done with me). D’une, c’est ici un peu la renaissance de Foals et c’est donc paradoxal de dire qu’on en a fini. De deux, on sait bien qu’on est loin d’en avoir fini, puisque l’opus Part. 2 sortira à l’automne, et il est inutile de préciser qu’on a très très hâte d’entendre ça. Pirouette ultime pour ce Part. 1 : un titre piano-voix-synthés, en décalage complet avec l’avalanche rock du reste des titres, comme une façon de dire « Et oui, ça aussi on sait le faire ».
Everything not saved will be lost part. 1 est sorti en mars dernier, et si vous ne vous êtes pas encore jetés dessus, foncez ! Et pour allier le plaisir des oreilles et des yeux, je ne saurais que trop vous conseiller le format vinyle, qui permet d’apprécier pleinement la splendide pochette créée pour l’occasion.
Raf Against The Machine