Pépite du moment n°118: The Last One de Daniel Rossen (2022)

Si vous avez envie de douceur ce matin, j’ai ce qu’il vous faut avec de la folk soyeuse à souhait.Daniel Rossen - You Belong There Vous connaissez probablement de nom Daniel Rossen qui est un des chanteurs principaux de Grizzly Bear, groupe de folk originaire de Brooklyn qui a sorti 5 très beaux albums (avec une mention spéciale pour Veckatimest en 2009 et Shields en 2012). Sur les dix dernières années, les Américains ont seulement sorti Painted Ruins en 2017 et ce n’est pas une surprise de voir Daniel Rossen se lancer dans un projet solo. Le 8 avril dernier est donc sorti You Belong There, qui sonne de manière évidente comme du Grizzly Bear et confirme le talent de songwriting incontestable de son leader vocal. Le titre du jour The Last One, avant-dernier morceau de l’album, s’appuie sur une guitare sèche digne de Ray Lamontagne et une batterie qui gagne en intensité tout au long. L’amour est abordé avec pudeur, à l’image de la voix de Daniel Rossen toujours dans la retenue et la justesse. Un titre à savourer au coin de la cheminée, tout en pensant à faire des économies énergétiques… enjoy !

 

Sylphe

Review n°107: Ephémère de Grand Corps Malade, Ben Mazué et Gaël Faye (2022)

Si vous êtes des lecteurs réguliers de ce blog, vous n’êtes pas sans savoir que je suis un ferventGrand Corps Malade Gael Faye Ben Mazué - Ephémère admirateur du travail de Grand Corps Malade (voir par ici la review sur Mesdames) et de Gaël Faye (ou par ici la review sur Lundi Méchant). Je n’ai jamais écrit sur Ben Mazué mais des titres comme Quand je marche ou La résiliation me désarment, tant la plume de ce dernier est juste et touchante. Les trois me parlent particulièrement car ils sont de ma génération et nous avons donc des références communes, les trois mettent en avant une amitié forte d’une grande simplicité qui fait plaisir à voir…. bref vous l’aurez bien compris, je suis très impatient de découvrir cet EP avec Mosimann et Guillaume Poncelet à la réalisation…

S’enfermer dans un studio une semaine pour composer un EP, le défi est pour le moins ambitieux et, autant ne pas tergiverser, le résultat est brillant. Nous nous retrouvons avec 7 titres variés qui entrelacent avec un plaisir non feint l’émotion et l’humour, le tout porté par des textes finement ciselés. Le morceau d’ouverture On a pris le temps frappe fort d’emblée avec cette thématique du temps qui file, de ces artistes pris dans le cyclone de leur vie professionnelle et personnelle -« Alors j’ai tout fait tout fait / Jusqu’à étouffer étouffer » – qui ont enfin décidé de prendre le temps et ces 7 jours pour composer à leur rythme cet EP. On reconnaît la patte de Mosimann avec la superbe montée finale entre cuivres et synthés qui te donnent une envie immédiate de bouger et de prendre toi aussi ton temps. Tailler la route est ensuite pour moi un des titres qui représente le mieux le projet avec trois textes très personnels, trois sensibilités si différentes mais qui se rejoignent sur l’idée de découvrir le monde, le tout sur une instrumentation en retrait, entre piano et quelques cuivres sur la fin. Sous mes paupières prolonge cette émotion à fleur de peau en s’appuyant sur la nostalgie des souvenirs d’enfance, le piano accompagne avec délices et pudeur ces trois plongées sensibles dans le passé. Un bijou d’émotion pure qui picote les yeux…

Comme si l’émotion était devenue trop poignante, Qui a kidnappé Benjamin Biolay? va amorcer un virage à 360 degrés en proposant un délire cinématographique dont je ne me suis toujours pas remis. On est au cinéma et on suit les conséquences liées au vol (fictif je vous rassure) de la Victoire de la Musique de Benjamin Biolay pour Grand Prix (qui l’avait remporté face à nos trois acolytes), le résultat est jouissif et hilarant. Franchement à quand un court-métrage autour de cette histoire loufoque? Pour le clin d’oeil, le titre suivant La cause s’appuie sur l’instru de La Superbe (faut croire que la famille a payé la rançon pour récupérer Benjamin Biolay…) afin d’aborder la notion de l’engagement pour un artiste. Question difficile à trancher que Gaël Faye résume finalement assez bien dans la formule « Parler c’est prendre position / Se taire c’est prendre position » qui montre que l’artiste est prisonnier du tribunal médiatique.

Besoin de rien s’appuie sur un ping-pong verbal entre Grand Corps Malade et Gaël Faye qui rappelle bien que ces deux-là sont issus de la scène du slam. Le plaisir de manipuler les mots et de partir de rien -une attente à un abribus et une réflexion hautement philosophique autour de Chipster et Curly – débouche sur une explosion pop savoureuse menée par Ben Mazué. Ephémère clôt enfin l’album en rendant hommage à cet éphémère qui donne toute la saveur à notre quotidien, à l’image de cet opus. Quitte à manquer cruellement d’originalité et à finir sur une chute attendue, je ne peux que prier intérieurement pour que la collaboration entre ces trois-là ne soit pas qu’éphémère, tant le résultat est d’une grande humanité, touchante en ces temps difficiles… Enjoy !

 

Sylphe

Pépite du moment n°117 : This Fffire (2004) de Franz Ferdinand

Franz_Ferdinand_album_cover.svgLes plus attentifs d’entre vous auront d’emblée remarqué une incohérence dans le titre de cette chronique. Comment un morceau de 2004 peut-il être pépite du moment ? En effet, nous sommes toujours bien calés en 2022, entre une pandémie covidesque qui ramène sa fraise pour la huitième édition, un conflit mondial larvé qui n’attend qu’une étincelle pour éclater et une crise économique résultant, entre autres, de la combinaison des deux événements précédents. Tout cela étant le contexte idéal pour voir proliférer théories conspirationnistes, intolérances en tout genre et connerie humaine de la pire espèce. On est pas bien là ? Paisibles ? Bref, je m’égare sur cette année 2022, mais ferait-il meilleur vivre en 2077 ? Je vous vois, le regard perplexe et inquiet. Avec l’impression que j’ai totalement basculé dans une dimension parallèle où 2004, 2022 et 2077 ne sont plus qu’un seule et même année. Pas du tout, mais la pépite musicale de cette chronique nous plonge dans ces trois années. Explication.

En cette année 2022, et très précisément depuis le 13 septembre dernier, Netflix propose dans ses programmes Cyberpunk Edgerunners, série animée américano-japonaise de dix épisodes. L’histoire se passe en 2077, dans cette bonne ville de Night City bien connue des rôlistes et des gamers. Night City, c’est la mégalopole futuriste imaginée comme terrain de jeu dans Cyberpunk 2077, jeu vidéo sorti fin 2020, lui-même inspiré du jeu de rôle sur table Cyberpunk 2020 créé par Mike Pondsmith. Vous comprenez le merdier des dates ? On ne va pas y aller par quatre chemins : Cyberpunk Edgerunners est une vraie réussite. La série reprend les codes visuels du jeu vidéo, avec de nouveaux personnages. L’ambiance crade, criminelle, sexuelle et cyberconnectée de Night City est parfaitement retranscrite. Les scènes d’ultra-violences alternent avec d’autres plus posées qui laissent entrevoir le putain de cauchemar cyberpunk de l’année 2077.

Quid de 2004 dans tout ça ? Le générique de la série Cyberpunk Edgerunners. Si la BO efficace est composée de divers titres, dont certains déjà entendus dans le jeu Cyberpunk 2077, le générique va piocher dans du bon rock qu’on aime, avec This Fffire de Franz Ferdinand. Sorti en 2004 (nous y voilà) sur le premier album du groupe, le morceau contient déjà tout le talent de la team Alex Kapranos. Mieux encore, il colle parfaitement à l’ambiance de Cyberpunk Edgerunners. A la base, je n’aurais jamais fait cette association. A l’entendre, c’est d’une évidence et d’une pertinence absolue. On s’écoute donc le This Fffire original, accompagné ensuite de quelques friandises Cyberpunkiennes. Histoire de vous donner envie de plonger dans cet univers de malade, et dans un jeu fascinant en dépit du scandale technique qu’il a représenté à sa sortie.

Raf Against The Machine

Review n°106: Hideous Bastard d’ Oliver Sim (2022)

Dans la famille de The xx, à l’origine de trois superbes albums dont le coup de maître initial enOliver Sim - Hideous Bastard 2009 (écouter Intro et Crystalised devrait être déclaré d’utilité publique), Jamie Smith et Romy Madley Croft se sont déjà lancés dans des projets individuels dignes d’intérêt mais le bassiste Oliver Sim était jusqu’alors resté en retrait. Poussé par Jamie Smith qui est à la production de ce Hideous Bastard, Oliver Sim saute le pas d’une manière brillante. 34 minutes épurées, intimistes, sensibles qui ne sont pas sans me donner des frissons identiques à ma découverte de The xx

Porté par sa voix profonde – une vraie révélation – et une volonté de se livrer tout en retenue, Oliver Sim nous offre une sublime introspection en 10 titres finement ciselés. Le morceau d’ouverture Hideous qui sample Your Sweet Love de Lee Hazlewood montre toute la difficulté à s’accepter et la faille du VIH contracté à 17 ans. Nous retrouvons cette basse, ces cordes, cette rythmique downtempo qui ont fait le succès de The xx et le superbe contraste de voix entre les graves d’Oliver Sim et le timbre cristallin de Jimmy Somerville, mentor talentueux. Un moment d’une grande intensité…

Romance With A Memory propose un son plus rythmé avec une batterie plus présente et une voix résolument plus pop, Sensitive Child joue la carte de l’introspection éthérée avec une mélodie au piano obsédante (et une fin abrupte qui me laisse songeur, au passage) avant le deuxième grand moment de l’album, Never Here. Des synthés dignes de Radiohead et une rythmique rock imparable donnent à ce titre une intensité folle. Le solide Unreliable Narrator brille ensuite par le travail sur la voix et l’autotune afin de faire surgir les fantômes de James Blake et Alt-J, le résultat nous plonge dans un univers intemporel en deux petites minutes.

Saccharine aborde de manière subtile la peur de l’amour et de la tendresse pour un résultat d’une grande sobriété qui aurait mérité de figurer sur n’importe quel album de The xx. Un Confident Man plus classique dans son approche et sa structure piano/voix amène vers un autre morceau majeur de l’album, GMT, qui est un bijou de douceur démontrant définitivement la beauté de la voix d’Oliver Sim. Fruit traite ensuite du sujet épineux du rapport aux parents et de la difficulté de ne pas correspondre à l’image de nous qu’ils ont essayé de façonner avant que Run The Credits ne finisse l’album sur une note plus légère et plus extravertie avec une vraie pop hédoniste. Un coup de maître, tout simplement, enjoy !

Morceaux préférés (pour les plus pressés) : 1. Hideous Bastard – 4. Never Here – 8. GMT – 5. Unreliable Narrator

 

 

Sylphe

Pépite intemporelle n°105 : Somebody’s down, somebody’s name (1995/2022) de PJ Harvey

PJ-Harvey-annonce-un-coffret-de-faces-B-de-demos-9050180.Autant dire les choses directement : alors que la reprise et la rentrée nous ont déjà noyés sous des tonnes de boulot et des journées interminables, c’est sans doute la meilleure news de la semaine. Quoi donc ? L’annonce de la sortie prochaine d’un coffret PJ Harvey fait d’inédits, de démos et de faces B. Sobrement intitulé B-Sides, Demos and Rarities, l’objet contiendra pas moins de 59 titres répartis sur, au choix, 3 CD ou 6 vinyles, joliment glissés dans des pochettes avec photos inédites de Maria Mochnacz, collaboratrice de longue date. Avec cette sortie assez dantesque couvrant la totalité de sa carrière depuis Dry (1992) jusqu’à The Hope Six Demolition Project (2016), la chanteuse britannique aux multiples talents et facettes clôt son projet de longue haleine de réédition de toute son œuvre. Rappelons en effet que, depuis le printemps 2020, tous les albums ont bénéficié d’une nouvelle sortie en vinyle et CD, chacun accompagné de son jumeau miroir contenant les démos de chaque titre. On notera au passage que cette première grand annonce était intervenue en pleine première vague/confinement covidesque, ce qui n’avait pas manqué de nous redonner le sourire. Deux ans plus tard, PJ Harvey nous apporte de nouveau joie et bonheur.

Les 59 titres composant le coffret ont tous été passés à la moulinette de John Parish, complice de longue date de notre PJ Harvey préférée, accompagné de l’ingénieur John Mitchell. En d’autres termes, la garantie d’un mastering de haute volée pour profiter de ces pépites que l’on a hâte de découvrir, à commencer par les 14 titres jamais publiés auparavant. La dame ne faisant pas les choses à moitié, trois titres sont d’ores et déjà disponibles. A la fois pour nous faire patienter, mais aussi nous allécher autour de ce coffret d’anthologie pour lequel, ne nous mentons pas, on est déjà turbo chaud. Disponibles donc dès à présent, les démos de Dry et Missed, deux titres tirés de Rid of me (1993), deuxième album studio. Petite subtilité : Dry est bien le titre du premier album studio, mais la chanson Dry n’apparait que sur Rid of me. L’occasion de redécouvrir ces deux morceaux dans des versions plus dépouillées et brutes que celles de l’album.

Trois titres avons nous dit : Somebody’s down, somebody’s name est quant à lui tiré de To bring you my love (1995), plus exactement du single Down by the water dont il était la B-side. Un son déjà en évolution par rapport aux deux première galettes, bluesy et nerveux à souhait, qui laisse entrevoir l’impressionnante carrière à venir de PJ Harvey. Après avoir dégusté chacun des albums réédités, ce coffret constituera à la fois une prolongation de ces 11 galettes et un éclairage supplémentaire en forme de visite des coulisses de la carrière d’une des artistes les plus fascinantes de notre temps. Le coffret sera disponible le 4 novembre prochain. La hype est totale, et si ce n’est pas (encore) votre cas, en écoute ci-dessous les trois premiers extraits dont on vient de parler. Le rock, c’est maintenant.

Raf Against The Machine

Five-Titles n°28: Source de Canine (2022)

Il est écrit là-haut qu’en septembre il est de bon ton de chroniquer le dernier album de CanineCanine Source sorti au printemps. Le premier opus Dune (chroniqué par ici) s’était imposé comme une franche réussite de 2019 au point de figurer dans mon top de fin d’année en sixième position. La voix androgyne de Magali Cotta, les influences trip-hop, le souffle épique à la Woodkid, les textes jonglant avec fluidité entre l’anglais et le français étaient de véritables forces pour un premier LP. Trois ans plus tard, Source est sorti le 13 mai dernier riche de 16 titres (dont 3 interludes) qui confirment le talent certain de Canine. Nous retrouvons ce perpétuel jeu de va-et-vient entre l’anglais et le français mais la voix (qui me paraît moins androgyne dans les arrangements) est davantage au centre des morceaux. Du coup, nous avons l’impression d’un album plus intimiste tourné vers l’introspection et la célébration de la nature -le soleil et la mer très présente, ce qui n’a rien de surprenant pour une Niçoise d’origine – qui propose moins d’envolées épiques à la Woodkid. A l’écoute de cet album, c’est finalement la référence de Mesparrow qui est revenue le plus souvent, confirmant la mue vers un son plus posé et moins aventurier. Je vous propose 5 tableaux impressionnistes qui vous donneront un aperçu de ce Source séduisant :

  1. Le morceau d’ouverture Sun est un bien bel hymne au… soleil (oui, oui, ce n’était pas évident…) et sa puissance régénératrice. Refrain lumineux et pop, rythmique trip-hop, le morceau ouvre brillamment l’album.
  2. Le titre suivant F.O.R.C.E nage dans les eaux profondes de l’introspection et de la mélancolie. Sublimé par ses arpèges sensibles, il séduira sans hésitation les fans de Mesparrow.
  3. Novembre reste dans la même lignée que F.O.R.C.E en abordant avec subtilité et justesse le deuil de l’amour. Pop soyeuse, ce titre n’est pas sans rappeler Sébastien Schuller dont j’ai parlé il y a peu.
  4. Hunters surprend, quant à lui, avec une rythmique électro-pop plus affirmée qui rappelle davantage le premier album.
  5. Galaxies demeure enfin ma plus belle bulle de douceur, donnant ses lettres de noblesse à une pop intimiste, feutrée et sensible, digne d’Aimée Mann.

 

Sylphe

Pépite intemporelle n°104 : Evil eye (2013) de Franz Ferdinand

61g1JAzwCBL._SL1200_Comme un bon gros iencli que je suis, j’ai fini par lâcher ma pièce à Jeff. Pas le Jef de Brel (celui qui est tout seul mais pas tout seul). Non, celui qui pilote une partie du monde depuis son empire, et qui a glissé un paquet de méga grosses liasses de biffetons dans la production des Anneaux de Pouvoir. A moins d’avoir vécu ces derniers mois, et surtout ces derniers jours, dans une grotte au fin fond du Mordor, impossible que vous soyez passés à côté de cette série événement dont l’histoire se déroule avant Le Seigneur des Anneaux. Les deux premiers épisodes sont disponibles sur Prime Vidéo depuis quelques jours. Comme un bon gros iencli, j’ai donc glissé ma pièce dans la machine à images et je me suis jeté dessus. Bon. On pourrait parler pendant des heures du grand écart entre des décors à couper le souffle et un univers propre comme les pièces de l’oncle Picsou, arpenté par des personnages qui ont le charisme d’un paresseux sous anxiolytiques. Disons simplement que chaque plan me remet en tête la trilogie de Peter Jackson, ce qui n’est jamais très bon signe pour la série du moment.

Pourquoi donc m’égarer dans le monde des Anneaux ? Pour amener notre pépite du jour, à la faveur d’une énorme ellipse digressive. Repenser à la trilogie de Peter Jackson, c’est notamment se souvenir du visuel de Sauron, absolument flippant, sous la forme d’un œil géant. Le mal absolu, incarné par un œil terrifiant. L’œil du mal. Evil eye. Peut-être est-ce pour ça que j’ai le son de Franz Ferdinand en tête depuis deux jours ? Rien à voir entre le groupe écossais et l’œuvre de Tolkien, mais c’est l’occasion de réécouter ce titre qui envoie comme peu d’autres, sur ce qui est possiblement un des meilleurs albums de la formation. Sorti en 2013, Right thoughts, right words, right action est leur quatrième galette studio. Chacun des dix titres est une pépite rock d’énergie pure, survolée par le chant d’Alex Kapranos. Evil eye est l’exemple parfait de ce que les Franz Ferdinand savent faire de mieux. Après avoir écouté cette petite merveille, rien ne vous empêche de plonger dans le reste de l’album, pour une virée rock vivifiante et percutante. Ceux qui oseront le voyage sauront (#vousl’avez? #blaguefacile) de quoi je parle.

Raf Against The Machine

Review n°105: Freakout/Release d’Hot Chip (2022)

Le 19 août dernier, Hot Chip nous a aidés à bien gérer la dernière ligne droite des vacances etHot Chip Freakout Release l’approche de la rentrée de septembre avec son huitième opus, Freakout/Release, produit par le duo belge Soulwax (les rois du bootleg et des mixes de folie sous le nom de 2 Many Dj’s). Croisant avec subtilité la synthpop et une dance flamboyante, Hot Chip n’est plus à présenter et reste sur un septième album A Bath Full of Ecstasy sorti en 2019 (chroniqué par ici) qui soulignait le besoin intact de proposer une musique hédoniste, destinée à faire bouger les corps, tout en s’adressant aux esprits.

3 ans plus tard et un épisode covidesque qui n’en finit pas après, nous sommes en droit d’espérer que la bande centrée autour de Joe Goddard et Alexis Taylor aura encore plus l’intention de nous faire danser pour nous faire oublier cette époque anxiogène. Nos espoirs ne sont pas déçus et nous tenons là un album dansant savoureux, comme une éternelle madeleine de Proust des sons 80’s. La recette est sans grande surprise mais redoutable : la voix aiguë si reconnaissable d’Alexis Taylor, la débauche de synthés 80’s, des singles percutants révélant un sens inné des mélodies et quelques prises de risque somme toute assez mesurées. 18 ans après Coming on Strong, les Anglais d’Hot Chip continuent à creuser avec justesse le sillon d’une pop dansante jouissive.

Le morceau d’ouverture Down qui s’appuie sur un sample de More Than Enough de Universal Togetherness Band joue la carte d’un funk surprenant qui me fait penser à LCD Soundsystem se transformant en cours de morceau en Alexis Taylor. Le vent pop prend peu à peu le dessus, ce qui est confirmé par Eleanor, porté par ses synthés et cette voix qui me donne le sourire immédiatement. Le genre de titres que Metronomy était capable de produire avant de tomber dans le classicisme et l’insipide (#balleperdue). La surprise va venir du titre éponyme Freakout/Release dont la voix robotique initiale fera penser à Daft Punk ou Intergalactic des Beastie Boys. Ce morceau plus électro, assez déstructuré et gorgé de sonorités synthétiques, ne me déplaît pas mais me laisse tout de même assez circonspect. Un sentiment qui ne dure pas très longtemps, tant je suis sous le charme du single pop Broken dont l’instrumentation lumineuse contraste à merveille avec les doutes soulevés sur la capacité à aider les autres. Not Alone va clore avec brio une très bonne première partie d’album marquée par sa diversité, rarement Hot Chip n’aura proposé de titre aussi doux avec ses synthés irréels.

Hard To Be Funky qui invite sur la fin du titre Lou Hayter propose un titre tiraillé entre rythmique downtempo et tentation groovy dont les premiers mots sont savoureux « Ain’t it hard to be funky when you’re not feeling sexy? / And it’s hard to feel sexy when your not very funky ». Si Miss The Bliss et ses excès de vocodeur ou Guilty me touchent un peu moins, la deuxième partie de l’album nous offre trois belles pépites : la sucrerie pop uptempo Time qui réalise le tour de force de réveiller nos corps malgré la thématique plus sombre du tempus fugit, The Evil That Men Do illuminé par son refrain et par le superbe rap final de Cadence Weapon et le très beau morceau de fermeture Out Of My Depth qui brille par sa douceur et ses cordes.

Ce Freakout/Release sera définitivement mon album de chevet face à la sinistrose septembrale, en plus de rajouter quelques pépites à la liste déjà longue des morceaux de choix d’Hot Chip, enjoy !

Morceaux préférés (pour les plus pressés) : 4. Broken – 7. Time – 1. Down – 11. Out Of My Depth

 

Sylphe

Son estival du jour n°83 : Highway to hell (1979) de AC/DC

ACDCVoilà que l’été touche à sa fin : pas nécessairement dans le calendrier, et pas forcément côté météo. Il n’empêche que l’esprit estival qui nous a conduit à chiller depuis plusieurs semaines s’estompe, pour faire place à la rentrée. Nous avions débuté cette période le 11 juillet avec Welcome to the jungle des Guns n’ Roses (à retrouver par ici). Trente sons estivaux plus tard, il est l’heure de refermer cette longue session. Oui trente, ce qui veut dire qu’en moyenne, nous avons partagé avec vous du son plus d’un jour sur deux. Plutôt un bon rythme, d’autant que vous avez été très nombreux à venir nous lire et passer un moment musical avec nous. On ne vous remerciera jamais assez car, sans lecteurs, Five-Minutes aurait peut-être mis la clé sous la porte depuis un moment.

Pour clore l’été, arrêtons-nous quelques minutes sur Highway to hell de AC/DC, titre sorti en 1979 sur l’album éponyme. Drôle d’idée me direz-vous : en général, l’autoroute, on la prend en début de vacances, pour partir. Certes mais, mécaniquement, on la prend aussi pour rentrer. Et puisqu’il s’agit de rentrée, on remet notre tenue d’écolier comme Angus Young. Sans oublier de lancer le disque, de monter le son, et de driver cheveux au vent sur l’autoroute de l’enfer. Que nous réserve cette nouvelle année, en attendant l’été 2023 ? On en sait foutrement rien, on verra bien. Toujours est-il qu’on a du bon son, qu’on va certainement en croiser du nouveau dans l’année, et qu’avec le copain Sylphe on poursuit l’aventure, accompagnés de vos visites toujours plus nombreuses. Quand tout va bien, on s’ambiance avec des morceaux qui font du bien. Quand ça va moins bien et/ou que plus rien ne va, il nous reste la musique. Toujours.

Highway to hell par AC/DC, suivi de deux reprises dont je vous laisse la surprise. Amis du bon son, vous êtes sur Five-Minutes, avec Sylphe et Raf aux commandes. Five-Minutes version 2.0 saison 5, c’est parti.

Raf Against The Machine