Review n°107: Ephémère de Grand Corps Malade, Ben Mazué et Gaël Faye (2022)

Si vous êtes des lecteurs réguliers de ce blog, vous n’êtes pas sans savoir que je suis un ferventGrand Corps Malade Gael Faye Ben Mazué - Ephémère admirateur du travail de Grand Corps Malade (voir par ici la review sur Mesdames) et de Gaël Faye (ou par ici la review sur Lundi Méchant). Je n’ai jamais écrit sur Ben Mazué mais des titres comme Quand je marche ou La résiliation me désarment, tant la plume de ce dernier est juste et touchante. Les trois me parlent particulièrement car ils sont de ma génération et nous avons donc des références communes, les trois mettent en avant une amitié forte d’une grande simplicité qui fait plaisir à voir…. bref vous l’aurez bien compris, je suis très impatient de découvrir cet EP avec Mosimann et Guillaume Poncelet à la réalisation…

S’enfermer dans un studio une semaine pour composer un EP, le défi est pour le moins ambitieux et, autant ne pas tergiverser, le résultat est brillant. Nous nous retrouvons avec 7 titres variés qui entrelacent avec un plaisir non feint l’émotion et l’humour, le tout porté par des textes finement ciselés. Le morceau d’ouverture On a pris le temps frappe fort d’emblée avec cette thématique du temps qui file, de ces artistes pris dans le cyclone de leur vie professionnelle et personnelle -« Alors j’ai tout fait tout fait / Jusqu’à étouffer étouffer » – qui ont enfin décidé de prendre le temps et ces 7 jours pour composer à leur rythme cet EP. On reconnaît la patte de Mosimann avec la superbe montée finale entre cuivres et synthés qui te donnent une envie immédiate de bouger et de prendre toi aussi ton temps. Tailler la route est ensuite pour moi un des titres qui représente le mieux le projet avec trois textes très personnels, trois sensibilités si différentes mais qui se rejoignent sur l’idée de découvrir le monde, le tout sur une instrumentation en retrait, entre piano et quelques cuivres sur la fin. Sous mes paupières prolonge cette émotion à fleur de peau en s’appuyant sur la nostalgie des souvenirs d’enfance, le piano accompagne avec délices et pudeur ces trois plongées sensibles dans le passé. Un bijou d’émotion pure qui picote les yeux…

Comme si l’émotion était devenue trop poignante, Qui a kidnappé Benjamin Biolay? va amorcer un virage à 360 degrés en proposant un délire cinématographique dont je ne me suis toujours pas remis. On est au cinéma et on suit les conséquences liées au vol (fictif je vous rassure) de la Victoire de la Musique de Benjamin Biolay pour Grand Prix (qui l’avait remporté face à nos trois acolytes), le résultat est jouissif et hilarant. Franchement à quand un court-métrage autour de cette histoire loufoque? Pour le clin d’oeil, le titre suivant La cause s’appuie sur l’instru de La Superbe (faut croire que la famille a payé la rançon pour récupérer Benjamin Biolay…) afin d’aborder la notion de l’engagement pour un artiste. Question difficile à trancher que Gaël Faye résume finalement assez bien dans la formule « Parler c’est prendre position / Se taire c’est prendre position » qui montre que l’artiste est prisonnier du tribunal médiatique.

Besoin de rien s’appuie sur un ping-pong verbal entre Grand Corps Malade et Gaël Faye qui rappelle bien que ces deux-là sont issus de la scène du slam. Le plaisir de manipuler les mots et de partir de rien -une attente à un abribus et une réflexion hautement philosophique autour de Chipster et Curly – débouche sur une explosion pop savoureuse menée par Ben Mazué. Ephémère clôt enfin l’album en rendant hommage à cet éphémère qui donne toute la saveur à notre quotidien, à l’image de cet opus. Quitte à manquer cruellement d’originalité et à finir sur une chute attendue, je ne peux que prier intérieurement pour que la collaboration entre ces trois-là ne soit pas qu’éphémère, tant le résultat est d’une grande humanité, touchante en ces temps difficiles… Enjoy !

 

Sylphe

2 commentaires sur “Review n°107: Ephémère de Grand Corps Malade, Ben Mazué et Gaël Faye (2022)

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