Je tiens le coup de coeur de ce début d’année 2022 et le futur vinyle qui viendra enrichir ma collection ! J’ai déjà une belle histoire commune avec nos voisins tourangeaux d’EZ3kiel (#teamOrleans, #teamregionCentre) et de nombreux flashes me parcourent quand je pense à eux: un titre sombre et brillant déroulant une liste qui fait honte à l’humanité (l’étouffant Versus sur le deuxième opus Barb4ry), deux albums sublimes aux antipodes l’un de l’autre avec l’éthéré Naphtaline en 2006 et le post-rock pachydermique de Battle Field en 2008 qui se verront brillamment réunis dans Naphtaline Orchestra en 2012 pour une création scénique visuelle de haut vol que j’ai eu la chance de voir. Paradoxalement, je suis moins connaisseur du dernier album studio LUX sorti en 2014 et j’ai l’impression de déterrer une boîte secrètement enfouie, en espérant qu’elle n’ait pas perdu ses saveurs premières. Ce nouvel opus, qui tient son titre d’une nouvelle de Caryl Férey, s’est construit dans une formule élargie autour de Johann Guillon et Stéphane Babiaud avec Nicolas Puaux (Narrow Terence, Narco Terror), Benjamin Nerot (The Healthy Boy, Belone Quartet), Jean Baptiste Fretray (Grauss Boutique, Ultra Panda) et Jessica Martin-Maresco (Le Grand Sbam, Pili Coït). Le résultat est un véritable album-concept qui illustre avec brio cette nouvelle et la relation amoureuse de Diane et Duane, possédant une vraie force narrative qui n’est pas sans rappeler la démarche de Laurent Garnier et The Liminanas pour De Pelicula. Véritable album somme, il croise les sonorités post-rock habituelles avec une folk surprenante et des textes parlés, les nouvelles voix donnant encore plus de corps à l’ensemble. Voilà un album qui, fidèle à son titre, laisse des traces indélébiles. Je vous invite à suivre avec moi les aventures de Duane et Diane…
Le morceau d’ouverture Diaphane frappe fort d’emblée avec son post-rock sombre qui est sublimé par cette voix taillée à la serpe de Benjamin Nérot. Le résultat est puissant et pose la rencontre de Diane et Duane dans un contexte apocalyptique. Jessica Martin-Maresco vient ensuite dans Les amants d’antan apporter une touche de douceur avec une électro aux sons aquatiques et un texte parlé. Vous rajoutez le morceau instrumental L’absolu sombre et cinétique à souhait, réveillant les souvenirs de Battle Field, et vous obtenez un trio inaugural qui résume les grandes directions de l’album.
Les moments forts en émotions ne vont cesser de s’enchaîner au rythme de cette passion dévorante qui unit les deux personnages. De la surprenante folk douce et nostalgique m’évoquant Malajube de Les galions oubliés à l’instrumental et épique Serpent corail en passant par la rage de Rouge sang et son brutal martèlement de drums ou encore la débauche de synthés de Les spirales ascendantes, un vrai désir de vie et d’amour/destruction se dégage de ce superbe roman d’anticipation musical. A une époque où le format album est de plus en plus en danger et où les plateformes musicales amènent à l’éparpillement des titres à renfort de playlists, ce choix fort est savoureux et, à l’instar de De Pelicula, une réussite totale ! De mon côté, je suis en train de réécouter la discographie d’EZ3kiel et vais rapidement me plonger dans la littérature de Caryl Férey, cela devrait persuader les derniers indécis à se confronter à ce très beau La mémoire du feu, enjoy!
Morceaux préférés (pour les plus pressés): 1. Diaphane – 4. Les galions oubliés – 6. Serpent corail – 2. Les amants d’antan