Pépite intemporelle n°143 : Aventine (2013) de Agnès Obel

Agnes-Obel-album-cover-AventineEt si l’on écoutait un peu de musique raffinée en ce samedi, en remettant sur la platine Agnès Obel ? Retour en 2013 avec l’album Aventine, une des pépites intemporelles de ma discothèque. Il y eut bien sûr Philarmonics, premier opus de l’auteure-compositrice-interprète danoise sorti en 2010, et son lot de titres tous plus beaux les uns que les autres. Pourtant, l’artiste relèvera haut la main le défi du deuxième album avec un Aventine de fort belle facture, au moins aussi bien réussi que son prédécesseur. Le disque s’ouvre sur un Chord left des plus épurés, mais également au titre des plus ironiques puisque les cordes sont bel et bien présentes dans ces compositions d’Agnès Obel. De belles et profondes nappes qui soutiennent les mélodies dès Fuel to fire, deuxième morceau dans l’ordre d’écoute. La présence des cordes ne s’arrête pas à un soutien musical, puisque plusieurs compositions leur laisseront toute la place. C’est par exemple le cas de Run cried the crawling, ou encore de The curse.

C’est également le cas dans Aventine, quatrième morceau du même nom que l’album. Le titre repose sur une élégante base de cordes en pizzicato, auxquelles se rajoute un violoncelle en cordes frottées, dans ses tonalités les plus basses. Il en résulte un envoûtant mélange de légèreté et de mystère quelque peu inquiétant. Aventine est une composition tout en contraste, entre lumière et noirceur, entre apaisement et tension. Agnès Obel n’a plus qu’à poser sa voix dans cet écrin musical, et en jouer comme d’un instrument à part entière. On obtient ce qui est à mes yeux un des plus beaux morceaux de l’artiste, mais également un des plus riches et denses émotionnellement. En à peine plus de 4 minutes, elle parvient à nous entraîner dans un imaginaire poétique qui mêle douceur et mélancolie avec une grande élégance. On ne s’en étonnera finalement pas, compte-tenu de la classe et de la grâce des compositions d’Agnès Obel.

On ne s’en étonnera pas, mais on s’en émerveillera toujours un peu plus à chaque écoute d’Aventine, le titre comme l’album. On vous propose ici le morceau, suivi pour le plaisir du Fuel to fire précédemment cité. Il vous reste ensuite à plonger dans le reste de l’album, et si le cœur vous en dit, dans la discographie d’Agnès Obel à la recherche d’autres pépites intemporelles que vous n’aurez aucun mal à dénicher.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°142 : Girls and Boys (1994) de Blur

girls-and-boys-blur-570x570Comme une habitude qui s’installe, regardons une fois de plus dans le rétroviseur, et très précisément 30 années en arrière. Le 7 mars de l’année 1994 tombait dans les bacs le single qui allait propulser Blur au sommet des charts et dans à peu près toutes les oreilles. Girls and Boys est le titre d’ouverture de Parklife, troisième album du groupe mené par Damon Albarn, sorti en avril 1994. Pour emmener la galette, il fallait une locomotive sonore et musicale. Ce sera donc Girls and Boys, titre à la croisée du rock alternatif et de la britpop. Ce dernier courant musical, fraichement émergé et issu du rock alternatif britannique, s’incarne déjà avec Modern Life is Rubbish, deuxième album de Blur sorti en 1993. Mais son explosion viendra l’année suivante avec Parklife et son ouverture entêtante, dansante, obsessionnelle.

Girls and Boys a tout de la réussite instantanée, du tube en puissance, du titre imparable. S’ouvrant sur des notes de synthés simples mais ultra rythmées, le morceau claque dès la 18e seconde avec une section rythmique d’une redoutable efficacité. La ligne de basse groovy et ronde à souhait ne laissera aucun corps immobile. Débarquent alors la voix et la gouaille de Damon Albarn, qui apportent un ton désinvolte mais pleinement investi. Le reste appartient déjà à l’histoire de la britpop. Tout au long de ses presque 5 minutes, Girls and Boys est le bonbon impertinent à la fois sucré et acidulé dont on se gave jusqu’à plus soif… pour mieux en reprendre. Il n’y a pas une seconde de temps mort dans l’énergie déployée par Blur avec ce titre qui, aujourd’hui encore, reste une référence pour qui veut se lever et se sentir en vie.

Assez parlé : il est grand temps d’écouter cette pépite absolue. Malgré son grand âge, Girls and Boys nous donne un sacré coup de jeune lorsqu’on réalise que le titre a déjà 30 ans, mais qu’il a gardé intacte sa fraîcheur. On monte le son, et on danse sur une des pépites les plus emblématiques de la britpop.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°141 : Love on the beat (1984) de Serge Gainsbourg

516JvwfspmL._UF1000,1000_QL80_Il n’aura échappé à personne que nous étions hier le 14 février. Difficile de passer à côté de la Saint-Valentin aka la fête des amoureux, étalée sur toutes les devantures de magasins et une bonne partie des panneaux publicitaires. Que l’on souscrive (ou pas) à la formule, chacun est libre de célébrer (ou pas) cette date, de la façon qu’il le souhaite. Prolongement du 14 février, la chronique du jour n’est finalement pas si éloignée qu’il n’y parait de note sujet d’introduction. Love on the beat, sorti en 1984 sur l’album éponyme de Serge Gainsbourg, ouvre la galette de la plus funky des façons. Rompant alors avec ses deux précédents albums très teintés reggae Aux armes et cætera (1979) et Mauvaises nouvelles des étoiles (1981), Gainsbourg se tourne vers l’Amérique du Nord et des musiciens issus de l’univers funk-rock. Il en résulte un album puissant et groovy, au son très années 80 qui n’a néanmoins pas pris une ride. L’album contient également plusieurs textes qui choquèrent à l’époque, dont Love on the beat et Lemon incest, mais aussi deux titres abordant ouvertement l’homosexualité : I’m the boy et Kiss me Hardy. Love on the beat est un album court mais intense, fait de 8 titres rock, percutants, vénéneux.

Love on the beat (la chanson) en est la parfaite incarnation. Porté par une rythmique funky-groovy et soutenu par une batterie omniprésente, le titre est chaud bouillant. En 8 minutes, Gainsbourg égrène les étapes d’un rapport sexuel dans le rythme (on the beat), que l’on vous laisse découvrir. Il serait en effet maladroit, voire malvenu, de tenter de décrire avec nos propres mots ce que le poète a si bien écrit. Et qu’il livre de son phrasé si particulier, mettant sa voix unique au service d’un talking over rendant l’ensemble plus récité que chanté. Le texte peut ainsi être perçu comme un poème pornographique, ou encore comme la narration d’un moment intime de fusion et d’abandon. C’est Gainsbourg qui décrit le mieux cette exploration des sens : « Tu as envie d’une overdose / De baise, voilà, je m’introduis ». Deux lignes extraites d’un texte ciselé comme jamais, avec en toile de fond musicale l’enchevêtrement fiévreux de la basse, de la guitare qui groove, et des cris féminins qui ne laissent aucun doute sur l’intensité du moment.

Et l’amour dans tout ça me direz-vous ? C’est bien beau d’ouvrir sa chronique sur la Saint-Valentin pour ensuite nous faire écouter un titre aussi sexuellement cru, qui ne semble pas laisser la moindre place aux sentiments. D’une, chacun sa vision des choses. De deux, souvenons-nous des mots d’un autre poète. En 2002, Renaud publie l’album Boucan d’enfer, qui se referme par Mon bistrot préféré. Un lieu imaginaire où il se plaît à convoquer ses influences. On y croise pêle-mêle Brassens, René Fallet, Boris Vian, Desproges… et, dans un coin du bistrot, « Gainsbourg est au piano, jouant sa Javanaise / Et nous chante l’amour qu’il appelle la baise ». Simple question de mots et de conception des choses.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°140 : The Letter (2005) de Xavier Rudd

0045778683161Après avoir remis dans nos oreilles Alela Diane (chronique à retrouver d’un clic par ici), restons au milieu de la décennie 2000-2010 pour replonger dans la musique de Xavier Rudd. Chanteur et multi-instrumentiste, cet Australien de 45 ans écume les plages musicales depuis maintenant près de 25 ans. Créateur d’une musique mélangeant allègrement le folk rock, le blues et la world music, Xavier Rudd livre des titres facilement écoutables au coin du poêle, au chaud le soir ou au petit matin avec un café, ou encore autour d’un feu après une session de surf. Pas de hasard : le garçon est aussi surfeur à ses heures, et entretient avec la nature une relation des plus proches puisqu’il est également activiste écologique. Vous commencez à vous faire un portrait de l’artiste ? On peut donc poursuivre et se plonger dans une de ses pépites musicales, qui va terminer de dresser le tableau.

The Letter n’a rien à voir avec celle des Box Tops (re)popularisée par Joe Cocker (nous en avions parlé ici, et également). Celle de Xavier Rudd sent la poussière, le jour qui tombe, le bush australien. Dans une sorte de folk blues lancinant lancé par sa voix et quelques accords de guitare folk plaqués, Xavier Rudd pose une ambiance d’entrée de jeu. Pas très étonnant que le titre ouvre Food in the Belly, troisième album studio des dix que le musicien a aujourd’hui à son compteur. Voilà un son qui donne le ton, et qui se pose d’emblée entre un John Butler des débuts et un Ben Harper de ses deux premiers albums Welcome to the cruel world (1994) et Fight for your mind (1995). Belles références me direz vous. A juste titre, puisque la référence/similtude avec Ben Harper ne s’arrête pas là. Si The Letter vous rappelle des Ground on down ou God Fearing man, c’est aussi parce que Xavier Rudd et Ben Harper ont en commun une guitare bien particulière.

Parmi les nombreux instruments dont il joue, Xavier Rudd utilise, tout comme Ben Harper, une guitare de la marque hawaïenne Weissenborn. Ces six cordes ont la particularité d’être jouées à plat sur les genoux. Le guitariste en tire les notes à l’aide d’une tone bar (sorte de barre métallique) qu’il glisse sur les cordes, donnant ainsi ce son caractéristique. La guitare Weissenborn apporte ainsi à la musique de Xavier Rudd cette chaleur sonore si particulière. Il maîtrise sur le bout des doigts (#jeudemotsfacile) sa guitare, mais aussi l’entièreté de ses compositions. The Letter en fait partie. Si tout cela vous plait après avoir écouté le titre, il vous reste tout Food in the Belly à savourer. Sans aucune modération.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°139 : Tired feet (2004) de Alela Diane

AlelaDiane-the-pirateSorti il y a déjà 20 ans, l’album The Pirate’s Gospel d’Alela Diane mérite qu’on y revienne. Initialement autoproduit sur CD-R en 2004 (d’où le 20 ans d’âge), ce LP fut républié par Holocene Music en 2006. Un CD-R, c’est tout simplement un CD directement enregistrable par l’utilisateur. Alela Diane en fit bon usage à l’époque, en gravant sur ces 12 centimètres de plastique son premier opus. Et quel opus. La chanteuse américaine, alors âgée de 21 ans seulement, livre onze titres folk, teintés de blues acoustique. Comme pour nous emmener au fin fond d’une Amérique entre routes de la Louisiane et delta du Mississippi. Pour ce premier album, Alela Diane convoque tout à la fois les influences de Bob Dylan, Woody Guthrie, ou encore Robert Johnson. Oui, rien que ça.

Premier titre de la galette, Tired feet contient tout ce que les 10 titres suivants apporteront. Un folk acoustique, minimaliste et dépouillé, surplombé par la voix d’Alela Diane. Là encore, Dylan n’est pas très loin, mais plus encore Rosemary Standley, chanteuse du groupe franco-américan-suisse Moriarty. A l’écoute de ce morceau inaugural, impossible en effet de ne pas penser au Jimmy qui, lui aussi, ouvrait Gee whiz but this is a lonesome town, premier album du groupe publié en 2007. Une même intonation de voix qui mêle le nasillard et la chaleur, pour nous raconter des histoires au fil des différentes chansons. Une histoire à la fois simple et récurrente dans le folk blues des influences précitées : le voyage à pied ou à la nage, l’errance et la découverte, la fatigue et la joie, la vie et la mort, tout ceci avec une pincée divine et religieuse.

Tired feet est à la fois blues, gospel, chant améridien, folk, introspection, air et lumière. En cela, le titre rejoint immédiatement les grands classiques de ses aînés, tout en n’étant que le premier d’un album émouvant et vertigineux. Un réel voyage dans cette ruralité du sud des Etats-Unis autant qu’en soi-même. Nous n’avons parlé que de Tired feet, mais les 11 titres sont tous d’une grande beauté. Et même les 21 titres, puisque The Pirate’s Gospel est aujourd’hui disponible (et ce depuis 2018) dans une édition deluxe augmentée de 10 pistes. Que ce soit sur votre plateforme de streaming favorite, ou en CD et vinyle, impossible de passer à côté de Tired feet et de cet album majeur si vous aimez la musique folk bien faite. A noter que, si les versions CD et vinyle de 2018 sont aujourd’hui difficilement trouvables, une réédition limitée en double vinyle doré a vu le jour en novembre 2023. Faites vous plaisir, écoutez et achetez la musique d’Alela Diane.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°138 : Safe from Harm (1991) de Massive Attack

61N9E6jnyVL._UF8941000_QL80_Dans sa dernière chronique en forme de Top 10, mon ami Sylphe concluait sur l’envie de continuer à partager des sons que l’on aime et de vous inciter à acheter de la musique. Incitation que l’on s’applique à soi-même chez Five-Minutes. Et pas plus tard qu’il y a quelques jours, où je suis tombé sur un exemplaire vinyle de Blue Lines (1991), premier album de Massive Attack considéré comme le disque séminal et fondateur du trip-hop. Bien que le terme n’apparaisse qu’en 1994, l’acte de naissance de ce genre musical est indéniablement contenu dans ce Blue Lines. Avec cette galette, Massive Attack pose non seulement les bases de son propre son, mais aussi de tout un courant que l’on appellera ensuite le Bristol Sound. Des artistes comme Portishead et Tricky emboiteront le pas à Massive Attack pour donner naissance à certains des plus grands albums que l’on connaisse à ce jour. Je pense notamment à Dummy (1994) de Portishead, ou encore Maxinquaye (1995) de Tricky.

Toutefois, avant ces disques majeurs, il y eut donc Blue Lines de Massive Attack. L’album est une pépite intemporelle à tout point de vue. Il suffit d’en réécouter les 45 minutes pour se faire attraper sans délai par le talent du groupe. A commencer par Safe from Harm (littéralement A l’abri du danger) en guise de premier titre. Un morceau puissant et pénétrant dès les premières secondes, sur lesquelles résonne une basse samplée depuis le titre Stratus de Billy Cobham. Une basse ronde, ronronnante, sur laquelle la chanteuse Shara Nelson pose sa voix puissante et aérienne. Le reste appartient à la magie Massive Attack : de multiples ajouts et collages sonores pour habiller et enrober une base déjà assez incroyable.

Quitte à terminer 2023, finissons donc cette année avec classe et élégance, et avec du bon son dans les oreilles. Safe from Harm en fait partie, et comme un plaisir ne vient jamais seul, on ajoute en écoute bonus Blues Lines, troisième morceau très soft groovy de cet album éponyme, où l’on retrouvera la voix de Tricky. Rendez-vous en 2024 : nous sommes ravis de voir que la fréquentation de Five-Minutes est en hausse cette année encore. Comme l’a dit mon compère de blog, tout cela nous incite à poursuivre l’aventure et le partage musical. Merci pour vos visites régulières ou plus ponctuelles. Le meilleur pour 2024. Et le meilleur commence à l’instant avec une double dose de Massive Attack.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°137 : Fairytale of New York (1988) de The Pogues

81rpFJdVkNL._UF1000,1000_QL80_En plein cœur de l’été dernier, nous avions jeté une oreille sur un son estival tout droit sorti de 1988 et de la discographie des Pogues, avec The Broad Majestic Shannon. Nous ne savions alors pas que, quasiment 3 mois plus tard jour pour jour, la voix des Pogues quitterait ce bas-monde. Shane MacGowan est mort le 30 novembre dernier. Avec sa voix éraillée reconnaissable immédiatement et sa gouaille à nulle autre pareille, le garçon aura porté bien haut et durant de nombreuses années The Pogues. Le groupe de folk rock irlandais mâtiné de punk rock a fait vibrer notamment les années 1980 avec deux grands albums qui, à mon sens, restent leurs meilleurs : Rum, Sodomy and the Lash (1985) et If I Should Fall from Grace with God (1988). Dans ce dernier, on trouvait par exemple The Broad Majestic Shannon évoqué plus haut, mais aussi Fairytale of New York (Conte de fées de New York), en duo avec Kirsty MacColl. Un titre pépite intemporelle, qui mérite doublement qu’on y revienne quelques minutes ces jours-ci. A la fois pour son sujet, et parce qu’on l’a réentendue aux obsèques du chanteur.

Les funérailles de Shane MacGowan ont eu lieu le 8 décembre dernier. Loin d’être une procession morbide et mortifère, le moment a donné lieu à un grand moment d’hommage populaire, comme en attestent divers reportages. Il est assez émouvant de voir des milliers d’Irlandais suivre le cortège funéraire et le corps de Shane MacGowan, tout en ponctuant le rassemblement de chants et de musiques. En l’église Sainte-Marie-du-Rosaire de Nenagh (Irlande), de bien belles notes ont résonné, à l’initiative des Pogues réunis pour l’occasion et de Nick Cave. L’interprétation de Fairytale of New York est assurément un moment intense qui va vous faire dresser les poils. De la musique, de la danse et du cœur : les Pogues c’était ça. Et ça le restera.

Coïncidence du calendrier, Fairytale of New York raconte une histoire entre Christmas Eve (le réveillon) et Christmas Day. Alors que nous n’avons jamais été aussi près de Noël, voilà une parfaite occasion de penser aux gens qu’on aime et avec qui partager un moment, mais aussi à celles et ceux qui ne fêteront rien, qui seront seuls, ou tout simplement qui ne sont plus là pour fêter quoique ce soit. Pas avec tristesse ou avec pitié, mais plutôt avec l’esprit de Noël, le vrai : celui qui nous fait penser d’abord aux autres avant nous-mêmes. Celui qui devrait, finalement, régner et nous habiter tout au long de l’année. Shane MacGowan est parti, mais il nous laisse, avec les Pogues, des morceaux gravés dans le marbre, pleins de vie, de fête, d’émotion. Merci Messieurs.

Pour préparer Noël, mettons dans nos oreilles Fairytale of New York en version studio, suivie de l’interprétation donnée aux obsèques de Shane MacGowan. En bonus, on écoutera aussi Nick Cave qui reprend magnifiquement A Rainy Night in Soho. Merci à vous toutes et tous de nous lire et de faire vivre Five-Minutes, et bien sûr un joyeux Noël.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°136 : Peace of mind (2011) de Selah Sue

71vN49LCxDL._SL1200_Toujours à la recherche de pépites passées, nous voici remontés en 2011, pour réécouter le premier album de Selah Sue, simplement intitulé Selah Sue. A l’époque, la chanteuse belge a déjà plusieurs années artistiques au compteur. Née en 1989, elle débute à 15 ans en apprenant à jouer de la guitare et en composant ses premiers titres. Nous sommes alors en 2004, et c’est mois de 5 ans plus tard que sortira Black part love, premier EP de 5 chansons. Alors influencée par des artistes comme Lauryn Hill, M.I.A. ou Erikah Badu, Selah Sue gagne en notoriété au gré de ses passages dans de nombreux festivals en 2009 et 2010. Le chemin est tout tracé vers un premier LP publié en mars 2011. Selah Sue publie Selah Sue, une galette qui laisse exploser le talent de la jeune femme. Vendu à plus de 300 000 exemplaires, et certifié double disque de platine en France, Selah Sue contient moult pépites entre R’n’B, soul et raggamuffin. Raggamuffin (justement intitulé), This world ou encore Crazy vibes font de ce LP une chouette pépite.

C’est pourtant un autre morceau qui retient nos oreilles aujourd’hui. Peace of mind (littéralement tranquillité d’esprit) est un savant dosage de soul, de raggamuffin et d’une touche de rap. Titre énergique, tendu, nerveux, Peace of mind donne des pistes pour tenir dans ce monde chahuté, compétitif, exigeant, parfois bousculant et violent. Une piste notamment, celle de l’esprit le plus serein possible, afin d’aller chercher en soi toutes les ressources nécessaires. Voilà un titre de combat autant que d’introspection, de courage autant que de volonté. Selah Sue y mélange avec grâce des couplets très soul et un refrain rap/raggamuffin qui laissent apprécier ses capacités vocales. Voix légèrement éraillée et enveloppante dans les couplets, mais bien plus en avant et battante au refrain, avec flow assez imparable.

Peace of mind est ainsi le titre dont on a besoin. Pour tout dire, on a toujours besoin de beaucoup de musiques, et notamment en ce monde bousculé. De la musique qui nous apaise, de la musique qui nous fait danser, de la musique qui nous vide la tête, de la musique qui nous permet d’avancer aussi, en nous filant le petit coup de pêche qui réveille. Peace of mind est de cette dernière catégorie et, comme toujours, si cet extrait vous plaît, nul doute que vous vous jetterez sur le reste de ce brillant LP, qui plus est pour un premier album.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°135 : Glitter Queen (1993) de Marva Wright

41g+fIhkquL._UF1000,1000_QL80_Alors que la météo nous offre un automne particulièrement agité qui invite au cocooning, on vous sort aujourd’hui une pépite qui réchauffe et qui fait du bien. Si vous êtes amateurs de blues, de rythm’n’blues, de soul et de funk, le titre de ce dimanche devrait vous combler. Sorti voici déjà 30 ans, Glitter Queen figure sur le deuxième album de Marva Wright, intitulé (fort pertinemment) Born with the blues (1993). Née Marva Maria Williams, cette artiste est plongée dès son plus jeune âge dans le gospel et le chant en général, en fréquentant avec sa mère l’église, où elle donne de la voix dès l’âge de 9 ans. Ce n’est pourtant qu’au tournant de sa quarantaine qu’elle entame une carrière professionnelle en 1987. Elle se fait alors remarquer en interprétant des titres d’Aretha Franklin, une proximité artistique évidente lorsqu’on écoute l’une et l’autre. Après un premier album studio en 1991, Heartbreakin’ Woman, sort en 1993 Born with the blues, qui s’ouvre sur notre Glitter Queen du jour.

Tout le talent, l’énergie et la générosité artistiques de Marva Wright sont dans ce titre. D’une composition/structure ultra classique, Glitter Queen (littéralement la reine des paillettes) groove comme il n’est presque pas permis. Les chœurs ouvrent le morceau avec un gimmick qui sonne comme une profession de foi « She’s a blues lady / Better known as a Glitter Queen ». L’intro se termine par une réponse de cuivres qui amène la voix puissante et imparable de Marva Wright, pour ensuite se laisser glisser dans un peu plus de 3 minutes qui balancent entre la voix de Marva, les cuivres qui lui répondent en permanence et la section rythmique qui envoie ce qu’il faut pour soutenir l’ensemble.

Avec Glitter Queen, on tient là une chouette petite virée dans l’univers des Blues Brothers et autres artistes associés. Un aperçu qui donne instantanément envie de se lever et de remuer son corps, tout en écoutant d’autres titres de Marva Wright. Ce qui tombe plutôt bien, puisque la chanteuse compte pas moins de 12 albums studios à sa discographie entre 1991 et 2007. Décédée en 2010, cette reine du blues qui n’avait besoin d’aucune paillette pour briller nous laisse de bien belles pépites qu’il serait indécent de laisser dans l’oubli. Groove it !

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°134 : Left hand free (2014) de alt-J

71Ek34cM6YL._UF894,1000_QL80_L’été arrive dans trois jours au calendrier, mais il est déjà là sans l’être. Côté ciel, il fait des chaleurs comme au cœur de juillet-août. Côté rythme, on n’est pas encore dans le farniente et la flemmardise qui caractérisent les congés estivaux. Pour se mettre dans l’ambiance déroulage de journées en les laissant venir, quoi de mieux qu’un petit son feelgood ? Pour cela, nous tendrons aujourd’hui nos oreilles vers un des titres les plus connus de alt-J. Fondé en 2007, ce groupe de rock indépendant originaire de Leeds n’a que peu d’albums à son actif, mais c’est à chaque fois une vraie réussite. Dans un style musical qui mélange allègrement pop-folk, hip-hop et travail sur les voix, alt-J publie en 2012 son premier album An awesome wave et se distingue d’emblée sur la scène musicale internationale. Deux ans plus tard, This is all yours arrive dans les bacs. Un second opus très marqué indie pop et electronica, qui fait la part belle aux morceaux plutôt posés et parfois planants.

Left hand free est une petite exception au milieu de l’album. Son côté très pop mâtiné de hip-hop en fait un titre groovy et dansant. Il y a de l’énergie là-dedans. Une énergie toutefois loin de toute explosivité ou brutalité. alt-J fait de son morceau un étonnant mélange de coolitude, de nonchalance, d’énergie solaire et de flemmardise (on y revient). Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, Left hand free donne l’envie de se bouger tout en ne faisant rien. Profiter pleinement de ses journées sans avoir à regarder la montre, en suivant le rythme et les envies du jour. Une certaine idée de l’été en somme.

Assez parlé : la meilleure chose à faire à présent, c’est de mettre cette petite pépite dans vos oreilles, et de profiter de ce dimanche au son de alt-J et de ce Left hand free. L’énergie cool par excellence.

Raf Against The Machine