Pépite intemporelle n°116 : Un temps pour tout (2008) de Vincent Delerm

71+On4zvFvL._SL1500_Après le coup de vieux filé par le copain Sylphe dans sa dernière chronique, je vais aussi vous piquer un peu la timeline en remontant quasiment quinze années en arrière. Cette année 2008, le mois de novembre voit arriver le quatrième album de Vincent Delerm sobrement intitulé Quinze chansons. Clin d’œil à Leonard Cohen et ses Ten new songs ou Randy Newman avec son 12 songs, le titre de l’album invite surtout à découvrir les nouvelles compositions d’un garçon qui séduit autant qu’il peut être détesté. Sans attendre, plaçons nous dans la première catégorie. Depuis son premier album, Vincent Delerm me raconte avec un sens du détail imagé et cinématographique une succession de petites histoires qui touchent juste. Lorsqu’est sorti Quinze chansons, j’étais assez impatient, d’autant que Les piqûres d’araignée sorti deux ans plus tôt m’avait un peu laissé sur ma faim. Album bourré de pépites, il m’avait pourtant moins convaincu dans sa globalité. Quinze chansons replace la barre très haut, avec dès l’ouverture Tous les acteurs s’appellent Terence qui sent bon Hollywood des années 1950. Émotions directes du cinéphile/historien, et les yeux fermés à voir défiler mille scènes réelles ou imaginaires. Émotions et sourires qui se poursuivront pendant 37 minutes, avec, à l’entrée du dernier tiers, la pépite de douceurs de la galette.

Dixième titre de l’album, Un temps pour tout est une petite merveille. Cela tient peut-être à la délicate mélodie légèrement rythmée qui sait se suspendre pour mieux nous rattraper. A moins que ce ne soit pour le texte, finement et réalistement écrit, et ce qu’il raconte. Des instants saisis lors d’un trajet à deux en voiture qui est bien plus qu’un trajet, en forme d’un court-métrage mémoriel qui convoque en nous des images mentales. Des souvenirs ou moments vécus lors de ce genre de trajet-bulle, chargé de détails visuels et sensoriels, de sourires.

Il y a bien Un temps pour tout : pour écouter Vincent Delerm, pour aimer « votre visage à la lumière du péage », pour moduler « le son de la modulation », pour « votre main dans mon cou », pour « vos théories sur les autoroutes la nuit », pour « vos yeux près des miens flous ». En parler et mettre trop de mots sur cette chanson, c’est déjà la gâcher et ne pas lui laisser la place d’exister pleinement. Vous allez donc lancer la lecture ci-dessous, et vous laisser porter. Libre à vous, évidemment, de ne pas aimer. Mais, puisqu’il y a Un temps pour tout, écoutez ces 2 minutes 38, puis laissez venir votre avis.

Ensuite, puisqu’il y a Un temps pour tout, nous laisserons le temps jouer son rôle et faire venir à nous les moments qu’il nous réserve. Dont ceux où seront « vos yeux près des miens flous ».

(Photo de pochette : Virginie Aussiètre)

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°115 : Whole lotta love (1969) de Led Zeppelin

Vinyles-Led-Zeppelin-Vinyle-Led-Zeppelin---Led-Zeppelin-II--Remastered--lAprès 2022, ses 12 mois et tous ses bons sons partagés ici, il est grand temps de basculer en 2023 (comment ça on est déjà le 13 janvier ?). En commençant par souhaiter à tous nos lecteurs une excellente nouvelle année, pleine de bonnes choses, de santé et d’amour. Et puisqu’on parle d’amour, pourquoi ne pas fêter cette première chronique de 2023 avec un titre plein de love ? Avec élégance et distinction, comme toujours sur Five-Minutes. Whole lotta love (littéralement « Tout plein d’amour ») est sans doute ce qu’on fait de plus éloigné de toutes les bluettes et déclarations d’amour guimauves. On est là face à presque 5 minutes de pure énergie en tout genre, incandescentes et fortement sexualisées. La chanson ouvre Led Zeppelin II, deuxième album du groupe Led Zeppelin emmené par Robert Plant (chant) et Jimmy Page (guitare). Un album qui contient d’autres pépites comme The lemon song, Heartbreaker ou encore Moby Dick et son incroyable solo de batterie par John Bonham. Pourtant, c’est bien Whole lotta love qui met une baffe monumentale en ouvrant la galette et semble irriguer de toute son insolence le reste de l’album.

Whole lotta love est une adaptation de You need love du bluesman Willie Dixon, titre auquel Robert Plant ajoute quelques passages. Mis à part son titre somme toute assez sage (qui ne voudrait pas « Tout plein d’amour » ?), c’est plutôt ce qu’on trouve en fouillant un peu qui érotise l’ensemble. L’original de Willie Dixon contient déjà des paroles sans équivoque avec le « way down inside » (« tout au fond de toi »). Led Zeppelin va un peu plus loin en ajoutant au beau milieu du titre des cris vocaux d’orgasme se mêlant à d’autres moins évidents (mais tout aussi explicites) joués au thérémine par Jimmy Page pendant la montée psychédélique, sonore et jouissive du pont de milieu de la chanson. Comme s’il en fallait encore, les dernières paroles sont tout aussi électriques et font référence au Back Door Man (autre titre blues de Willie Dixon, repris cette fois par les Doors en 1967 pour une version tout aussi sexuelle que Whole lotta love) : « Shake for me girl, I wanna be your back door man » (Secoue-toi pour moi, je veux être ton homme de la porte de derrière). Tout un programme.

L’ensemble deviendra rapidement un standard absolu du groupe, autant pour son énergie et ses qualités musicales rock que pour le parfum vénéneux que le morceau dégage. Joué durant des années dans à peu près toutes les prestations du groupe, parfois dans d’interminables versions longues comme un orgasme qu’on retarde pour mieux le laisser venir, Whole lotta love est un titre chaud comme la braise, dévastateur, profondément connoté. Le genre de morceaux entré dans les annales depuis des années et jusqu’à la nuit des temps. Tant que les hommes et les femmes aimeront le rock, l’amour et le sexe, ils écouteront Whole lotta love.

Cerise sur le gâteau ? Whole lotta love est sorti en 1969, année érotique. Quant à la pochette du disque, regardez bien. On en le voit pas au premier coup d’œil mais il y a bien un gros Zeppelin gonflé qui flotte sur l’album. Il vous faut encore des explications après ça ? Si non, passons à l’écoute et à la démonstration, son à l’appui. Si oui.. et bien passons à la dernière preuve que seront l’écoute et la démonstration, son à l’appui. Whole lotta love !

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°114: Les jours heureux de Ben Mazué (2020)

Allez, rendons honneur à la carrière solo de Ben Mazué qui le mérite amplement pour commencer avec subtilité etBen Mazué - Paradis grâce ce début de nouvelle année bloguesque. J’ai déjà beaucoup parlé ici de sa participation avec Gaël Faye et Grand Corps Malade au superbe projet collectif qui a abouti au non moins superbe EP Ephémère. Je plaide néanmoins coupable et reconnais volontiers ne pas être très connaisseur de ses albums -se confronter à sa plume sensible et ses cinq albums fait partie de mes modestes objectifs de 2023- même si certains titres me viennent immédiatement en tête… J’aurais donc pu choisir aujourd’hui la facilité de La résiliation qui est, pour moi, la plus belle et plus humaine chanson sur la séparation amoureuse.

Cependant, j’ai préféré me tourner vers son dernier album Paradis sorti en 2020 et réédité en 2022. Le très beau clip de Les jours heureux est sorti il y a dix jours et je me suis tout de suite fait happer par les images et la justesse du texte. Orchestration dépouillée, violons bien sentis, les mots précis qui claquent fort, ce titre traitant du besoin d’amour qui nous anime toutes et tous révèle une belle sensibilité et une forme de spontanéité séduisante. Quitte à enfoncer une porte ouverte, je vais tout de même prendre le risque de la facilité… Je ne peux que souhaiter à tous nos lecteurs une année riche en jours heureux, de notre côté à Five-Minutes nous allons tout faire pour enrichir votre bande-son de 2023 pour qu’elle se marie à merveille avec ce désir de jours heureux. Je vous laisse avec Les jours et heureux et La résiliation car je suis une âme faible incapable de choisir ou soucieuse de partager, enjoy !

 

Sylphe

Pépite intemporelle n°113 : Human (2021) de Thomas Méreur

Capture d’écran 2022-12-12 à 22.06.34Petit drop surprise du soir, avec un son qui réchauffe en cette froide journée. Un 12 décembre dont on se souviendra chez Five-Minutes. Pour la première fois depuis la création du blog, nous franchissons la barre des 20 000 vues sur une année, par ailleurs pas tout à fait terminée. « Nous » qui franchissons la barre des 20k, c’est à la fois le copain Sylphe et moi-même, mais aussi vous tous qui nous faites la gentillesse et la joie de passer, ponctuellement ou plus régulièrement, partager un son et les quelques lignes qui les accompagnent. Au-delà de la satisfaction de ce chiffre, c’est avant tout celle d’atteindre notre objectif, très humble et modeste, de mettre en avant des artistes et des titres qui nous font du bien. D’en partager quelques notes et quelques minutes avec vous lecteurs/auditeurs. Et peut-être aussi parfois de vous en faire découvrir.

Ce blog est originellement celui de Sylphe, qui, un jour de 2009, m’a fait l’amitié de me proposer de le rejoindre dans cette aventure. Nous portons Five-Minutes depuis, d’abord sur une autre plateforme, puis ici depuis la relance en 2018. Mener cette petite barque ensemble est un plaisir, malgré parfois quelques petites baisses de rythme bien indépendantes de notre volonté. Alimenter chaque jour les pages de notre Five-Minutes nous replonge chaque semaine dans la musique. Cet art qui nous accompagne jour après jours dans un monde bien chahuté, mais également rempli de merveilles sonores, telle que ce Human de Thomas Méreur, tiré de The Dystopian Thing (2021), deuxième album du garçon. Un titre déjà chroniqué en novembre 2021, mais dont je ne me lasse pas et qui tourne à l’instant sur la platine. Ce n’est ni un hasard, ni étonnant, quand un morceau porte autant de poésie et d’émotions. Une galette dont on a fêté voici quelques jours à peine le premier anniversaire, et qui continue de ravir mes oreilles autant que son grand frère Dyrhólaey (2019). Human. Un mot et une idée qui nous tiennent particulièrement à cœur chez Five-Minutes. Un titre qui fête ses 1 an alors que nous fêtons nos 20k vues. Alignement des planètes ?

Merci à la musique. Merci à Thomas Méreur pour ses petites pépites musicales. Merci à vous tous qui nous visitez. Merci à toi mon ami Sylphe.

Artwork by Céline Hennu

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°112 : Year of tha Boomerang (1996) de Rage Against The Machine

519PtbRH2fLNous voici à moins d’un mois de quitter 2022. Certes, l’année n’est pas encore terminée, mais comme un bon marronnier on se prépare à faire la rétrospective de ces 12 derniers mois. Ici, vous trouverez bientôt nos classiques Tops, qui récapituleront ce qui nous a musicalement marqué. Ailleurs, ce seront les évènements marquants de ce monde. Tout ce qui a pu nous saisir à un moment ou un autre. Elle est pas belle cette année 2022 ? Chaque mois de décembre depuis quelques années, on se dit peu fâchés de quitter l’année pour embrasser la suivante sous le gui. Et puis ? Un festival. On n’est jamais déçus des 12 mois qui suivent les 12 précédents. Me concernant, je crois que ça dure surtout depuis 2015. Oui, 7 ans déjà que l’année suivante est toujours plus régalante que la suivante. Notre 2022 qui court vers sa fin n’échappe pas à la règle. Pourtant, elle plus encore que les autres m’a fait remettre sur la platine Year of tha Boomerang de Rage Against The Machine. Vous vous demandez pourquoi ? Réfléchissons quelques lignes ensemble.

On a tous été saisis dès février avec l’attaque de la Russie sur l’Ukraine, et le conflit qui perdure désormais. Pas une semaine ne passe depuis sans qu’on se demande si la planète ne va pas s’auto-vitrifier. A peine deux mois plus tard, la France s’offre une élection présidentielle ahurissante où l’on voit monter un peu plus l’extrême-droite. Sans se douter que, quelques semaines plus tard, elle fera son entrée massive et tonitruante à l’Assemblée Nationale. On n’est pas bien là ? Non, on n’est pas bien. Heureusement, nous avons passé un été frais et serein. Oups, non. Coups de chaud à répétition, feux de forêt cauchemardesques en France, mais aussi en Europe et en Afrique du Nord. On se remettra à l’automne avec une Coupe du Monde de Football apaisée et éthique. Oups, non plus. Si ces quelques grands évènements ne sont pas un retour de boomerang d’ambiguïtés géopolitiques, de manque de courage politique, de complaisance envers les idées les plus nauséabondes que l’Homme peut véhiculer, d’alertes environnementales niées depuis des décennies, de prééminence du pognon sur l’humain, je ne vois pas ce que ça peut -être d’autre.

Heureusement, le boomerang apporte parfois aussi quelques notes de positif et d’espoir. Un Brésil qui éjecte son président extrémiste, une population iranienne qui dit non, des salopards de mecs qui tombent les uns après les autres pour avoir fait les pires saloperies à des femmes, une rédaction jeux vidéo qui se saborde avec dignité suite à son rachat et recueille tous les honneurs de son lectorat (oui Gamekult 2002-2022, respect à toi)… Parfois le boomerang ramène de la merde, parfois il nous réserve de belles surprises et quelques notes de lumière.

Lumière comme dans ce titre de clôture de Evil Empire, deuxième album de Rage Against The Machine. Pas ma galette préférée du quatuor, mais un opus qui contient tout de même des brûlots absolus tels que Bulls on parade ou Without a face. Et Year of tha Boomerang qui nous claque en pleine tronche ses 4 minutes, pour nous laisser sonnés mais heureux de tant d’énergie, de conviction et d’intransigeance. On se retrouve en 2023 pour lancer une nouvelle fois le boomerang ? Pas tout à fait. On a encore l’année musicale à récapituler. C’est pour bientôt. En attendant, si vous avez un peu la rage, mettez beaucoup Year of the Boomerang dans vos oreilles.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°111: I Am Chemistry de Yeasayer feat. Suzzy Roche (2016)

Envie de bizarrerie pop savoureuse? Il est temps de dégainer un petit Yeasayer, ce groupe américain qui est une versionYeasayer - Amen & Goodbye pop débridée de Grizzly Bear ou ce que serait Animal Collective s’il avait choisi de se montrer plus accessible et moins porté sur les substances hallucinogènes. La bande constituée autour du trio Anand WilderChris KeatingIra Wolf Tuton  a produit de très beaux albums de pop psychédélique autour de 2010 avec l’album initial All Hour Cymbals en 2007 et leur plus grand succès Odd Blood en 2010 porté par des titres jouissifs comme O.N.E. ou Ambling Alp. Cependant, aujourd’hui je préfère m’intéresser à leur quatrième opus Amen & Goodbye sorti en 2016 et en particulier le deuxième titre I Am Chemistry. Morceau dénonçant les dérives de la chimie et ses dangers réels, il brille par ses sonorités électroniques âpres et sa rythmique psychédélique dès le début. Harmonies vocales en fond, chant plus posé, synthés psychédéliques obsédants, pont mené par des enfants et Suzzy Roche, le morceau fourmille d’idées ingénieuses pour un résultat d’une grande inventivité digne des plus grands moments de MGMT. Pour les plus joueurs, je vous attends sur vos interprétations du clip pour le moins original, enjoy !

 

Sylphe

Pépite intemporelle n°110 : The Letter (1970) par Joe Cocker

76255507Nous nous faisons un peu rares ces derniers jours sur Five-Minutes. Rien à lire et/ou écouter depuis la chouette review du dernier Phoenix publiée voici dix jours par le copain Sylphe. La faute à des journées sans fin, donc sans commencement, sans fond. Une sorte de tunnel de boulot et de préoccupations qui restreint le temps disponible pour se plonger pleinement dans du bon son avec l’objectif de vous le partager et de vous en dire sérieusement quelques mots. Ici, on s’est toujours donné pour objectif avec mon ami Sylphe de faire les choses bien, ou de ne pas les faire. Cela explique parfois de petites périodes de silence. Toutefois, silence ne veut pas dire qu’on ne met rien dans nos oreilles. L’un comme l’autre, on est musico-dépendants. Il pourrait bien ne plus rien rester en ce monde qu’on aurait encore toutes les minutes cinq minutes de bon son  en tête. Tout ça pour vous dire qu’on est toujours là, toujours vivants, toujours debouts. Et qu’on le sera encore en 2023.

En attendant les traditionnels tops de fin d’année, et le passage à 2023 qu’on espère moins craignos que 2022 (rappelez-vous, ça fait quelques années qu’on dit ça ^^), un son sorti tout droit de la toute fin des années 1960. The Letter est initialement un titre du groupe The Box Tops sorti en août 1967. Tout le monde connaît cette petite merveille pop, mais tout le monde connaît aussi la relecture qu’en fera Joe Cocker quelques années plus tard. En 1970, le bouillonnant chanteur sort en single une reprise blues/soul qui déchire le bouzin (#commediraitSylphe), mais on lui préfèrera encore la version live disponible sur Mad Dogs & Englishmen. Cet enregistrement live capté les 27 et 28 mars 1970 au Fillmore East de New York constitue un témoignage majeur de l’énergie et de la folie scéniques de Joe Cocker. On trouve aussi sur cette galette d’anthologie des versions dingues de Honky Tonk Women et Cry me a river, tout en passant d’une merveille à l’autre.

Ce triple LP live reste fascinant plus de 50 ans après sa parution. Puissance live et émotions intactes, en voici un aperçu avec The Letter par Joe Cocker. Version après laquelle vous trouverez l’originale, histoire de comparer. Si toutefois l’original soutient la comparaison avec la reprise. Phrase rhétorique : vous avez déjà compris le verdict.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°109 : Grandma (Destruction) (2017) de Keiichi Okabe

artworks-000209408336-k2r2z9-t500x500On retiendra de ce jeudi 17 novembre 2022 la fin annoncée de Gamekult pour le 7 décembre prochain après 22 ans d’existence. Suite au rachat du groupe Unify par Reworld Media, la rédaction du site de presse spécialisée jeux vidéo a annoncé ce soir son départ collectif dans les prochains jours. On est apparemment bien éloignés de Five-Minutes. Pas tant que ça. Gamekult c’est avant tout une passion partagée. C’est aussi une rigueur journalistique, une éthique, et une équipe investie pour ses lecteurs et abonnés. Si Gamekult n’avait pas existé, je ne serais pas devenu le modeste gamer que je suis, à dévorer par dizaines les contenus publiés et à me faire embarquer hors de ma zone de confort dans des terres vidéoludiques où je ne serais jamais allé sans cette fine bande. Si Gamekult n’avait pas existé, je n’aurais sans doute pas la modeste mais passionnée culture musicale et vidéoludique qui est la mienne. Grâce à leur travail, ces journalistes m’ont appris à écouter les jeux autant qu’à les jouer. En point d’orgue, sans Gamekult, je n’aurais pas mis un jour la main sur le jeu parmi les jeux, le chef-d’œuvre absolu à mes yeux. NieR: Automata de Yoko Taro, porté par sa BO incroyable composée sous la direction de Keiichi Okabe.

Impossible de choisir un autre son que celui-là : un des titres de NieR: Automata, que j’avais déjà chroniqué il y a quelques temps mais qui reste une merveille absolue. Grandma (Destruction) est un condensé de Keiichi Okabe dont je ne me lasse pas, comme l’entièreté de la BO d’ailleurs. Ecoutez-moi ça d’urgence, montez bien fort le son, plongez vous là-dedans. Avec une énorme pensée pour cette rédaction Gamekult de rêve et de passion qui reste digne jusqu’au bout. Chapeau bas, merci pour tout ce que vous avez fait. Et, bien évidemment, #Merde.

Visuels Square Enix

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°108 : Untitled #1 (Vaka) (2002) de Sigur Rós

R-69857-1505864447-6375Une chronique Five-Minutes peut tenir à peu de choses. Parfois longuement mûrie et réfléchie, parfois plus spontanée, elle a toujours pour objectif de partager un moment et un bon son. Celle d’aujourd’hui n’échappe pas à la règle et, si elle aurait pu relever de la catégorie « mûrement pensée », elle s’inscrit toutefois dans la seconde. Notre son du jour est d’un intemporalité évidente, mais il m’est revenu dans les oreilles de façon un peu inattendue alors que j’échangeais quelques messages avec un copain sur la beauté de ce monde (non). Spoiler : nous étions en train de discuter de toutes les tristes immondices qui nous entourent, entre la nature dont tout le monde semble se contrefoutre et préférer la saloper, le racisme ouvertement exprimé dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale, ou encore la connerie humaine en général. Vaste programme dépressif à nous rendre plus asociaux et misanthropes qu’on ne l’est déjà. Nous avons cherché une lueur d’espoir, que j’ai modestement résumé par un « Heureusement qu’il y a la musique ». Ce à quoi le garçon m’a répondu par l’envoi d’un lien simplement ponctué d’un « Genre ça ».

Le lien en question, c’était cette pépite totale du jour. Untitled #1 est le titre d’ouverture du troisième album de Sigur Rós nommé (). Pas vraiment de titre pour cet opus qui fait suite au déjà excellent Ágætis byrjun (1999), en relevant encore le niveau. Si le groupe islandais s’était déjà montré on ne peut plus créatif, cette troisième galette enfonce le clou de la poésie sonore et de l’évasion maximale. Sur de grandes nappes sonores quasi hors du temps, le chanteur Jónsi pose sa voix de falsetto pour des mélodies qui défient les lois du temps et de l’espace. Sans doute un des plus beaux albums au monde, () est une claque absolue autant qu’une bulle pour se réfugier du monde et arriver à le supporter.

Le titre d’ouverture Untitled #1 illustre brillamment ce constat, en se faisant mélange de douceur et de mystère porté par les mots de Jónsi. Mots que l’on ne cherchera pas à comprendre, puisque l’album tout entier est enregistré en Vonlenska, une langue inventée en totalité par le chanteur. Est-ce essentiel de comprendre le texte ? Non, pas quand la voix et les sons qui l’entourent portent autant d’émotions. Le morceau se suffit à lui-même, et sans plus tarder nous allons en profiter dans une version live quelque peu différente de l’enregistrement originel, mais tout aussi envoûtante. Puisque le bonheur des oreilles est total, on vous drope les deux version, histoire de comparer et de doubler le plaisir.

Et, si l’ambiance vous attrape autant que nous chez Five-Minutes (Sigur Rós figure vraiment très haut dans notre panthéon musical), courez donc écouter la totalité de (). Un album qui ressort d’ailleurs pour ses 20 ans, en version remasterisée et augmentée de 3 B-sides et 3 démos. Ne vous privez pas de cet album hors du temps qui nous permet de continuer à vivre dans ce temps.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°107 : Say yes (2009) de Wax Tailor feat. ASM

51gHjSK0AGLQuand, à quelques minutes de rédiger et publier sa chronique hebdomadaire, on n’a eu le temps de rien et pas de nouveauté particulière en tête, il faut se mettre un petit coup de pied au cul pour trouver une idée. Qui ne tarde pas à arriver, en allant vous chercher un son qui tabasse toujours autant près de 15 ans après sa sortie. Introduction meta, pour amener la pépite intemporelle du jour que l’on doit à Wax Tailor. Compositeur, DJ, producteur français, le garçon a toute notre attention chez Five-Minutes, et ce depuis son tout premier opus Tales of the forgotten melodies sorti en 2005. Rien à jeter depuis. Les albums se succèdent et se ressemblent, tout en cultivant chacun une couleur musicale différente. In the mood for life est son troisième album studio et tombe dans les bacs en septembre 2009. C’est toutefois dès l’été 2009 que Wax Tailor donne un premier aperçu de cette galette réjouissante, avec le single Say yes.

Exemple typique du groove hip-hop waxtailorien, Say yes est une vraie petite bombe qui fera bouger vos têtes et vos corps. Le son est intelligent, fluide, riche, accessible sans être jamais simpliste. Sur la globalité de In the mood for life, Wax Tailor explore différentes pistes, entre chansons portées notamment par la géniale Charlotte Savary, mixs downtempo, et hip-hop groovy mâtiné de trip-hop. Say yes appartiendrait plutôt à la troisième catégorie, mais le talent du garçon réside dans sa capacité à mélanger les genres, brouiller les frontières et abolir les distinctions. Tout cela pour aboutir à un son qui n’appartient qu’à lui, et dont on ne se lasse jamais.

Petite cerise : Say yes est partagé avec ASM. Rien à voir avec l’ASM Clermont Auvergne, pas plus qu’avec la SM (je vous vois du coin de l’œil). Génial collectif de hip-hop britannique regroupant des artistes canadiens, allemands et anglais, ASM aka A State of Mind a collaboré plusieurs fois avec Wax Tailor. Say yes est un parfait exemple de l’alchimie entre les deux. Assez parlé, il est grand temps de découvrir cette pépite. Comme on est généreux par ici, en bonus, on s’écoute aussi Positively inclined, autre collaboration Wax Tailor/ASM, disponible sur l’album précédent Hope and Sorrow (2007).

Raf Against The Machine