Review n°117: Player Non Player d’Agar Agar (2023)

       Le duo composé de Clara Cappagli et Armand Bultheel, alias Agar Agar, aime prendre son temps comme ils Agar Agar Player Non Playerl’affirment dans une interview accordée aux Inrocks « On a besoin d’accueillir certaines propositions pour se les approprier et ne pas être dans un dialogue immédiat avec ce que l’on vit. » Dans une époque de l’immédiateté poussée à son paroxysme, la démarche est pour le moins à contre-courant. Le premier album The Dog and the Future (apprécié et chroniqué par ici pour l’inauguration des Five-Titles) date donc déjà de 2018 et c’est avec une véritable impatience que je me lance dans ce Player Non Player, album-concept qui est la bande-son du jeu vidéo du  même nom créée par un ami d’Armand, Jonathan Coryn. Un jeu vidéo au concept assez original où l’on incarne un personnage qui arrive sur une île et rencontre des personnages énigmatiques qu’il va aider à accomplir leurs rêves, la progression du jeu débloquant les clips musicaux interactifs d’Agar Agar.

      Le morceau d’ouverture Grass nous emmène d’emblée en territoire connu avec ses synthés brumeux, ses beats de fond et cette voix d’une nonchalance toujours aussi sensuelle et séduisante. Les synthés d’Armand Bultheel sonnent toujours aussi eighties et on perçoit tout l’amour des consoles 8-bits, à l’image d’un groupe comme Crystal Castles. The visit creuse le même sillon dans une version cependant un peu plus pop uptempo, les synthés rappelant les débuts de Calvin Harris. On retrouvera cette électro-pop attendue et riche de contrastes dans l’excellent morceau final It’s Over dont la mélancolie est particulièrement poignante.

      Néanmoins, ce Player Non Player se présente davantage comme un vrai patchwork d’inspirations diverses qui peut déstabiliser. Ainsi Trouble se présente-t-il comme un vrai casse-tête électronique qui part dans tous les sens et qui a dû se montrer particulièrement complexe à produire, dans la foulée Odile nous propose une belle plage de douceur, aussi belle qu’inattendue, contrastant avec l’intermède d’une minute 45 Dragon, électro dépouillée et languissante qui ferait penser à un morceau caché du Third de Portishead. Accrochez-vous car l’auditeur ne va pas cesser d’être trimballé dans de multiples univers: Dragonlie est un de mes morceaux préférés avec son trip-hop désincarné et cette froideur esthétique d’une grande beauté qui contraste à merveille avec Crave et ses 2 minutes angoissantes qui croisent l’univers de The Knife avec le goût du 8 bits de Crystal Castles. Ce Crave me déplaît et me met mal à l’aise et je retrouve avec plaisir la douceur de Fake names qui s’impose comme le plus bel exemple d’électrop-pop inventive d’Agar Agar.

     L’électro-pop plus attendue de No Pressure, le featuring de Zombie-Chang qui apporte un texte en japonais bien senti sur Dude on Horse et la sublime plage contemplative Plaine qui ramène aux étendues balayées par le vent de Boards Of Canada confirment ce plaisir jouissif à explorer des contrées variées. Même si ce Player Non Player m’a demandé plusieurs écoutes pour appréhender son aspect protéiforme, je ne peux que vous engager à savourer l’inventivité d’Agar Agar, enjoy !

 

Sylphe

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