Cabaret contemporain ou le défi de jouer de la techno de manière acoustique en oubliant les machines… Signés sur le label d’Arnaud Rebotini, Blackstrobe Records, les cinq compères (Fabrizio Rat au clavier, Giani Caseroto à la guitare, Julien Loutelier à la batterie, Ronan Courty et Simon Drappier aux contrebasses) font souffler un vent frais sur les complexes industriels désaffectés de Détroit pour réveiller Jeff Mills et consorts. Une musique âpre et brillamment produite qui démontre que la techno a bien, elle aussi, sa place sur Five-Minutes.
On ne va pas se mentir, la techno est un style musical aussi séduisant qu’exigeant et j’ai de plus en plus de mal à écouter des albums ou des sets en entier… (#jevieillisetjeposeplusmespiedsenclub) Cet album se pose donc comme une belle exception tant je trouve la démarche artistique louable. Petit tour d’horizon de ces 8 titres taillés dans la pierre brute.
Les 7 minutes du morceau d’ouverture Ballaro ne laissent pas la place au doute. Sonorités sombres et urbaines, ryhmiques lancinantes des contrebasses, superposition des couches sonores, le titre est un subtil hommage à la techno de Jeff Mills et une vraie pépite de haut vol. Transistor reste dans cette même veine tout en se montrant encore plus âpre et plus anxyogène. Plus dépouillé et privilégiant moins une ligne mélodique évidente, ce titre ne trouve pas véritablement grâce à mes yeux… ce qui n’est pas du tout le cas de La selva qui me rappelle les premiers morceaux de Vitalic. Le climat est inquiétant et la rythmique dub particulièrement entêtante pour un résultat brillant et hypnotique. Arrive alors mon sommet de l’album, La chambre claire, plus downtempo et volontiers groovy avec ses contrebasses. La mélodie est plus douce et l’ambiance plus lumineuse, ce morceau est d’une richesse évidente et s’impose comme un de mes titres préférés de l’année.
Arnaud Rebotini collabore ensuite sur le morceau Boogaloo, la voix caverneuse et les synthés délivrant une mélodie répétitive donnent l’impression que Faithless est sorti de la naphtaline. Ce morceau un brin suranné amène le minimaliste Cactus qui, par son âpreté et ses bruits qui hérissent le poil, représente la froideur de la techno qui me séduit peu. Heureusement la rythmique uptempo de TGV va vite me faire oublier ce Cactus avec ses envies de trance qui me rappellent le très bon Manual For Successful Rioting de Birdy Nam Nam. De nouveau Arnaud Rebotini collabore sur le morceau final October Glider, subtile montée en puissance portée par des sirènes angoissantes où l’explosion finale réveille le démon de la danse hypnotique en moi.
Cabaret contemporain réussit donc le tour de force avec ce Séquence collective de revitaliser brillamment la techno.
Sylphe