Pépite intemporelle n°100 : Olé (1961) de John Coltrane

100878705_oPour fêter la 100e pépite intemporelle de Five-Minutes, il nous fallait bien un titre d’anthologie. C’est le cas avec Olé de John Coltrane, sorti en 1961 sur l’album éponyme. D’une durée de plus de dix-huit minutes, ce morceau incroyable à bien des égards est, possiblement, ma composition préférée de Coltrane. Pas ma première porte d’entrée dans le monde de ce jazzman hors normes, mais le son qui m’a empêché de dormir des nuits entières, et qui m’a donné envie d’attraper un jour un saxophone pour essayer d’en faire quelque chose. Peine perdue, et pourtant Olé reste un incontournable absolu dans ma discothèque, et une des compositions de jazz vers laquelle je reviens plus que régulièrement.

Le début des années 1960 est une charnière dans la carrière de John Coltrane. Bien qu’il joue dès 1945, sa carrière discographique, courte mais intense et dense, se déroule de 1955 à sa mort en 1967. Douze années pendant lesquelles il va révolutionner et réinventer le jazz. Après des collaborations multiples, dont celle au sein du quintet, puis du sextet de Miles Davis (on entend notamment Coltrane sur Milestones en 1958 et Kind of blue en 1959), Coltrane monte ses propres formations et offre, sous le label Atlantic, quelques unes des partitions de jazz les plus vertigineuses. Olé se situe à la toute fin de cette période, en étant le dernier album chez Atlantic, avant le passage chez Impulse! pour un jazz toujours plus inventif, toujours plus moderne, toujours plus free.

Album de clôture des années Atlantic, tout autant que clin d’œil/réponse au Sketches of Spain (1960) de Miles Davis, Olé s’ouvre sur dix-huit minutes fiévreuses, envoûtantes, hypnotiques, vénéneuses. Construit sur une rythmique piano/basse en syncope permanente, le morceau propose un thème sorti de nulle part, interprété au saxophone soprano que Coltrane a découvert quelques mois plus tôt. Ensuite… ensuite, on va enchaîner les chorus de folie. D’abord à la flûte avec Eric Dolphy, puis à la trumpette avec Freddie Hubbard, avant de laisser la place à McCoy Tyner au piano, et enfin la contrebasse d’Art Davis. Chacun a la parole durant les deux tiers du morceau. Le dernier tiers est une folie absolue, un délire musical qui explose toutes les frontières. Plus rien ne compte, si ce n’est la musique et la transe.

On ne tient pas encore ici le futur classic quartet de Coltrane, qui verra l’année suivante Jimmy Garrison s’emparer de la basse et Elvin Jones de la batterie. Toutefois, Olé est un incontournable de la discographie de Coltrane, et pour tout amateur de jazz. Viendront ensuite les années Impulse! avec des albums comme Ballads (1962), Impressions (1963) et surtout A love supreme (1964), considéré à la fois comme un chef-d’œuvre total et album majeur du jazz, mais aussi comme un des disques de Coltrane les plus accessibles. Mais ça, c’est une autre histoire. Pour le moment, Olé de Coltrane, suite à quoi vous pouvez écouter la suite de l’album pour découvrir les autres pépites qui le composent, à commencer par Dahomey Dance et Aisha.

PS : puisqu’on parle jazz… le VeryDub, formation electro-jazz dont nous avions parlé en rubrique Live il y a quelques semaines, lance un crowdfunding pour soutenir la sortie de l’album à l’automne prochain. Un chouette projet musical ! Si le cœur vous en dit, ça se passe par ici : https://www.helloasso.com/associations/serres%20chaudes/collectes/verydub-le-disque-2

Raf Against The Machine

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