Pépite intemporelle n°130 : New soul (2007) de Yael Naim

51XzCuVbkAL._SX355_Envie d’une petite pépite feelgood en ce dimanche ? On a ça en stock. On en a même un bon paquet, duquel nous allons sortir aujourd’hui New soul de Yael Naim. Premier single et succès immédiat de l’artiste franco-israélienne, cette chanson contient déjà tout le talent d’une auteure-compositrice qui nous ravit à chaque création. Si New soul est très connoté pop-folk, Yael Naim commence par étudier la musique classique durant une dizaine d’années, avant de se tourner vers un savant mélange de pop/folk/jazz. A partir de 2000 (soit à peine âgée de 22 ans), elle participe à des projets divers comme la comédie musicale Les Dix Commandements ou encore la BO du film Harrison’s Flowers, tout en sortant un premier album dès 2001, In a Man’s Womb. L’année 2004 sera déterminante pour elle : elle commence à travailler avec David Donatien, pour aboutir en 2007 à l’album Yael Naim porté par le single New soul.

N’y allons pas par quatre chemins : New soul est une pépite de douceurs et de couleurs. L’ouverture se fait sur des accords de piano, vite rejoints par la jolie voix de Yael Naim. Viennent ensuite se greffer d’autres instruments et musiciens pour une ritournelle collective pop/folk qui me fait immanquablement penser à l’esprit qui régnait lors de la tournée 1975 de Bob Dylan. Celle-là même qui est retracée dans le très chouette documentaire Rolling Thunder Revue de Martin Scorsese (dont nous avions parlé voici quelques temps, à relire ici). Ce n’est pas le clip de New soul qui me fera changer d’avis, notamment dans sa deuxième moitié avec l’arrivée desdits musiciens. Ces images se confondent dans ma tête avec quelques-unes du film de Scorsese.

Le texte apporte lui aussi son lot de douceurs. Yael Naim y alterne paroles réalistes sur un monde étrange où l’apprentissage de donner et recevoir est parfois délicat, et mots rassurants qui contrebalancent ce constat par petites touches : de la sérénité, une note d’espérance, une main. Autant dire de la lumière. Quant au clip (déjà évoqué), c’est lui aussi une petite merveille que je vous laisse revoir ci-dessous. Lorsque les images collent et répondent ainsi à la musique, on peut parler de multi-pépite.

Ceci est New soul de Yael Naim, dont vous pouvez écouter les autres compositions. Il n’y a vraiment pas grand-chose à jeter dans la carrière de cette artiste, qui sait aussi nous toucher au travers de reprises assez magnifiques. On se souvient notamment de son Quand on a que l’amour de Brel en 2015 (suite aux attentats du 13 novembre), ou plus récemment de sa version du Chant des partisans. Mais c’est une autre histoire, dont nous reparlerons peut-être. Pour l’heure, écoutons New soul dans la plus grande des douceurs.

Raf Against The Machine

Five Titles n°21: Rone & Friends de Rone (2021)

Il était temps de réparer une injustice de ce blog avec l’absence d’un article sur Erwan Castex, alias Rone. JeRone & Friends suis admiratif depuis de très nombreuses années de la production artistique du français qui nous offre une électro inventive et hédoniste. Je serais bien présomptueux de vouloir vous résumer la carrière de ce dernier ici mais je ne peux que vous inviter à aller écouter les albums Tohu Bohu (2012) ou Mirapolis (2017) entre autres… L’année dernière, Rone a mené un projet fort autour de son très riche dernier album Room with a View qui aurait amplement mérité de figurer ici: monter un ballet avec le collectif d’une vingtaine de danseurs (La) Horde sur la scène du théâtre du Châtelet. Ce spectacle qui traitait d’urgence climatique a malheureusement dû rapidement se stopper, la faute à vous savez quoi… Afin de lutter face au désoeuvrement et la solitude du confinement, Rone a fait appel à des amis ô combien prestigieux pour créer cet album sobrement nommé Rone & Friends. Peu d’artistes sont capables de réunir un tel panthéon qui va de l’écrivain et compagnon de toujours Alain Damasio au brillant Dominique A, en passant par la nouvelle scène française (Odezenne, Flavien Berger, Camelia Jordana) ou des valeurs sûres au-delà de nos frontières (Yael Naim, Georgia, Casper Clausen, Mélissa Laveaux, Roya Arab). Le résultat, en lien direct avec Room with a View, est d’une grande homogénéité dans la volonté de proposer une électro douce et propice à la rêverie, une électro nappée d’une grande humilité dans son désir de mettre en avant les différents artistes venus mettre leurs mots au service de la musique de Rone. Choisir c’est renoncer mais j’aime ce jeu de dégager 5 titres qui m’ont encore plus touché… Bien sûr, j’aurais pu sélectionner la douceur de Georgia sur Waves of Devotion qui reprend le Gingko Balboa de Room with a View ou la beauté des textes et des voix de Jehnny Beth, Laura Etchegoyhen et Yael Naim sur Et le jour commence, L’orage et Breathe In. Ou encore la savoureuse électro-pop fantasque de Flavien Berger sur Polichinelle. Ou encore m’offrir un instant de nostalgie en savourant le grain de Roya Arab (qui est la voix principale du Londinium d’Archive) sur Twenty 20. Vous voyez bien que je triche alors je m’arrête pour vous proposer ces 5 pépites…

  1. Le morceau d’ouverture Sot-L’y-Laisse, reprise du titre Room with a View, frappe fort, porté par le flow uptempo d’Odezenne. L’urgence du texte et l’explosion électro finale se marient à merveille pour un uppercut sonore qui fait vaciller de plaisir.
  2. A l’errance n’en finit plus de montrer le pouvoir d’interprète de Dominique A… Je pense que je serais capable d’acheter un album où ce dernier se contenterait de lire un dictionnaire… Je vous rassure, on est très loin du dico avec cette ode à la liberté où la grâce poétique de Dominique A fait humblement mouche.
  3. Un qui s’appuie sur un duo de voix inédit Damasio et Mood, associe avec subtilité une électro majestueuse à un texte d’une grande sensualité. Mention spéciale à Mood que je ne connaissais pas et qui m’a rappelé le timbre de Laura Smet sur Un verre à la main de Grand Corps Malade. Un hymne à l’amour imparable.
  4. La Nuit venue confirme de son côté le talent de Camelia Jordana qui est littéralement en train de rentrer dans une autre sphère. Un morceau qui se veut aussi dépouillé que les corps la nuit, sublime de simplicité.
  5. Closer reprend enfin brillamment le Human de Room with a View. Porté par le timbre en or du chanteur d’Efterklang, Casper Clausen, une montée en tension électro inarrêtable et le spoken-word de Melissa Laveaux, ce morceau brilla par sa richesse.

Je crois que vous savez désormais ce que vous allez écouter aujourd’hui, enjoy!

 

Sylphe