Parfois, je n’écris pas mes articles à la dernière minute, mais plutôt à la dernière heure du jour, ou la première du jour suivant selon d’où on regarde la situation. C’est le cas cette semaine, avec une bonne vieille pépite ressortie de mes archives musicales et émotionnelles. Je replace le contexte.
Lumière tamisée, verres de bières sur table en bois, conversations qui se mêlent, parfums de currywurst et de Berliner Dog qui flottent : plusieurs heures déjà que je me trouve au Berliner Wunderbar, une adresse parisienne très recommandable. La soirée se déroule tranquille, qui plus est en chouette et charmante compagnie. L’idée d’explorer un peu plus la culture allemande nous vient presque naturellement.
Et notamment la culture allemande musicale, qui recèle quelques artistes hauts en couleurs. Tout se joue un peu plus tard sur le quai du métro. Je me souviens des Toten Hosen (Les Pantalons Morts), groupe de punk-rock allemand né en 1982 autour de son leader Campino. Je me rappelle cette cassette audio sur laquelle j’avais copié plusieurs de leurs morceaux. Elle tournait souvent dans ma piaule d’ado pour écouter, entre autres pépites, Hier kommt Alex et Disco in Moskau. Mais les Toten Hosen sont bien plus que ça : une carrière de maintenant 38 années, ponctuée de 30 albums en cumulant studios et lives, et des concerts à la pelle. Histoire de rappeler que le punk-rock, ça se passe avant tout sur scène avec des guitares, des gars un peu énervés et de la bière.
Au milieu de cette carrière assez improbable et néanmoins époustouflante, les lascars de Düsseldorf ont repris Should I stay or should I go, un des grands titres du Clash de Joe Strummer. Peut-être pas le meilleur morceau, mais sans doute un des plus emblématiques, aux côtés de London Calling et Rock the casbah. Histoire d’appuyer les clins d’oeil punk-rock, on se rappellera aussi que les Toten Hosen avait pondu en 1987 Never mind The Hosen, Here’s die Roten Rosen. Un album au titre plus que référence.
Et sur ce quai de métro, on écoute le Should I stay or should I go revisité par les Toten Hosen. Deux minutes et des poussières pour patienter jusqu’à l’arrivée de la rame, prévue trois minutes plus tard. Une poignée de riffs de guitare un poil plus rapides et plus aérés que l’original, pour se sentir exactement d’où on sortait tout en s’imaginant bien ailleurs. La station de métro s’efface le temps d’une bulle pépite-punk. Il ne reste plus que nous.
Quelques instants plus tard, tu me fais remarquer ce monsieur, adossé à la cloison de sécurité. Il lit un livre bien imposant et fort encombrant pour circuler dans le métro. Je trouve ça touchant et aussi un peu punk ce genre d’observation. Et je souris.
Faut-il rester ou partir ? Question de vie fondamentale et récurrente. Trouvez votre propre réponse, mais de mon côté, c’est assez clair.
Raf Against The Machine