Voilà l’instant d’émotion qui devrait illuminer votre dimanche… A ma gauche un artiste qu’on ne présente plus, Bernard Lavilliers, qui sortira son 23ème album studio (oui ce chiffre laisse pantois, je vous l’accorde) Sous un soleil énorme le 12 novembre prochain et à ma droite un duo talentueux Terrenoire dont le premier album Les forces contraires est un diamant brut qui s’est imposé comme le plus bel album de 2020 pour moi (à lire par ici et par ici ). Un point commun qui a uni ces artistes pour ce superbe morceau Je tiens d’elle, leur ville natale de Saint-Etienne. Sur une orchestration tout en douceur et en simplicité, entre piano et cordes, un texte puissant se déroule avec justesse. Les voix se croisent et s’entrelacent avec délices pour rendre hommage à cette ville admirée dont il a fallu partir pour mener une carrière musicale. Rarement un hommage rendu à une ville aura été si touchant et si juste, à la fois explicite et d’une grande pudeur, il ne m’en faut pas plus pour rendre mon dimanche plus beau et me confirmer les talents de production de Terrenoire. Enjoy !
Étiquette : Terrenoire
Review n°57: Les Forces contraires de TERRENOIRE (2020)
Mon album de l’année 2020 pourrait finalement être français… Incontestablement les frères Théo et Raphaël de TERRENOIRE viennent de frapper un coup retentissant avec leur premier album, Les Forces contraires. Si vous êtes un lecteur régulier du blog, vous savez que je suis avec un réel intérêt les stéphanois de naissance depuis que mon chemin a croisé le bijou La Nuit des parachutes (voir par ici) mais ce serait mentir d’affirmer que j’étais prêt à une telle pépite sonore.
En 34 minutes TERRENOIRE nous donne une leçon d’émotion dans un album où s’entrelacent avec rage la mort, la peur et cette volonté insatiable de se confronter à ce monde, d’aimer. 10 grains de chapelet déposés que je ne peux m’empêcher de manipuler quotidiennement pour en sentir toutes les aspérités et que je vous invite modestement à découvrir avec moi. Il est une certitude au moment d’écrire cette review, mes mots ne seront pas assez forts pour retranscrire mon plaisir d’écoute.
Le morceau d’ouverture Le temps de revenir à la vie propose un univers instrumental qui n’est pas sans rappeler le brillant Baths en croisant le piano avec une certaine distorsion des machines. Les paroles très imagées – un des réels points forts de l’album – évoquent le deuil ou la fin de l’amour, instaurant un spleen esthétique qui séduit. Dis moi comment faire vient ensuite jouer la carte d’une électro-pop plus affirmée et plus frontale dans la droite lignée d’Agar Agar. Entre synthés, choeurs et montée en tension finale, on retrouve tous les ingrédients du titre facile d’accès qui, cependant, ne reflète pas véritablement l’album. Baise-moi vient ensuite aborder l’amour physique, une véritable déclaration d’amour pour le désir. Le refrain est obsédant, les paroles d’une justesse et d’une poésie rares (« la musique de l’amour aura l’odeur du tonnerre »). Dans cet album, l’amour est presque perçu comme une fuite face à un monde si dur et si sombre, ce qui sera parfaitement illustré par la suite par La fin du Monde. Arrivent alors deux pépites dans deux registres différents: Mon âme sera vraiment belle pour toi, océan de douceur mélodique qui démontre la volonté de confronter l’amour au monde et tenter d’éviter les écueils de la vie à deux (« Est-ce qu’on s’ra team divorce ou pas? ») et le sublime Derrière le soleil. Difficile de rendre un plus bel hommage au père décédé. Bijou de poésie, entre euphémisme « La vie s’est refermée à double tour sur toi » et simplicité enfantine « Vilain cancer a dévoré Papa », l’émotion est poignante et s’extériorise à travers le refrain, comme une litanie incessante. En évitant de tomber dans les excès du pathos et en gardant une certaine pudeur, les « coeurs mercenaires » que sont les deux frères de TERRENOIRE composent une des plus belles chansons écoutées sur le deuil.
Jusqu’à mon dernier souffle, dans un registre plus dépouillé piano/chant aux confins du spoken word, raconte avec simplicité le parcours accompli depuis le quartier de Terrenoire et la volonté viscérale de façonner une vie aussi simple qu’idéale. Margot dansait sur moi et son refrain pop rappelle l’univers musical de Dis moi comment faire et l’amour physique de Baise-moi, c’est le morceau qui me touche le moins dans cet album car je trouve qu’il manque un peu de nuances. Cet album finit très fort avec le tryptique suivant: La fin du Monde en featuring avec Barbara Pravi qui célèbre l’amour et le désir de paternité – « Un genre de diamant/Au goût de la vie/ Issu de mon corps » – malgré la dureté du monde, le bijou plein d’optimisme Ca va aller dont la douceur et le flow du chant sont d’une grande beauté et Là où elle est et son spoken word précis et touchant.
Si vous doutez encore de la beauté de ces Forces contraires, je ne peux que vous conseiller d’aller vous confronter à ce maëlstrom d’émotions qui fait tellement chaud au coeur, TERRENOIRE devrait être déclaré d’utilité publique en ces temps difficiles, enjoy!
Sylphe
Pépite du moment n°6: La Nuit des parachutes de Terrenoire (2018)
Envie de douceur et de pop onirique? Je pense avoir ce qu’il vous faut mais je tiens à vous prévenir d’emblée: si vous lisez ce texte et écoutez le titre dans la foulée vous risquez de perdre tout libre-arbitre et de fredonner inlassablement un refrain addictif … Vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus…
Un lendemain de claque musicale – le live brillant de Her– un besoin viscéral de bon son se fait forcément ressentir et pour pallier ce manque une intraveineuse de Terrenoire est le remède idéal. Terrenoire, un duo originaire de Saint Etienne composé de deux frères (Théo aux machines et Raphaël au chant), vient de sortir le 12 octobre son premier EP sobrement intitulé Terrenoire, en référence au quartier dont ils sont issus.
Le morceau choisi La Nuit des parachutes est un bijou de pop rêveuse et mélancolique. Des paroles poétiques incitant au lâcher prise, à se libérer de la tension du quotidien, un univers électro d’une rondeur sensuelle, un refrain lancinant d’une douceur inouië. Le tout sublimé par un clip prenant où l’on voit la danse habitée de Théo. Pour l’anecdote, ce clip est pris sur le vif, suite à un after arrosé après une émission à France Inter, et révèle la spontanéité et la sincérité qui illustrent parfaitement la musique de Terrenoire.
Allez, bonne écoute à vous! Je vous attends en bas, impossible pour moi de ne pas sauter…
Sylphe