Pépite du moment n°130 : No Reason (2023) de The Chemical Brothers

Capture d’écran 2023-03-18 à 12.16.43Trente et un ans déjà que The Chemical Brothers nous envoient du son qui fait du bien. Fondé en 1992 par Tom Rowlands et Ed Simon, le duo anglais de musique électronique affiche 9 albums au compteur entre 1995 et 2019, tous plus captivants les uns que les autres. Depuis No Geography, dernier LP en date, c’est l’attente. On a beau se passer et repasser ces 9 galettes, depuis Exit Planet Dust (1995) jusqu’aux dernières secondes de Catch me I’m falling, qui referme No Geography, il faut avouer qu’on est un peu en manque de The Chemical Brothers. On avait bien eu le single The darkness that you fear en 2021, qui semblait annoncer un nouvel album. Pourtant, pas de nouvelles depuis, jusqu’à maintenant. Les deux anciens étudiants en histoire (comme quoi, en plus d’être une passionnante filière d’études, l’histoire mène décidément à tout) livrent ces jours-ci No Reason, un nouveau single inattendu et diablement efficace.

No Reason condense en 4 minutes tout ce qu’on aime des Chemical Brothers. Une basse funk sert de base rythmique et métronomique à un savant mélange de techno et d’acid house. L’ensemble est saupoudré de rock et de samples vocaux issus de Courts of war, titre du répertoire du groupe de new wave Second layer, sorti en 1979. Gros melting pot d’influences me direz-vous ? Exactement, et comme pour tout mélange des genres musicaux, c’est toujours une prise de risques qui peut finir en morceau casse-gueule et désastreux qui ne fonctionne pas. Sauf que nous avons là un des groupes les plus talentueux dans ses compositions, surtout lorsqu’il s’agit de préparer le genre de salade composée qui nous fait reprendre cinq assiettes.

No Reason est ainsi un titre bourré d’énergie(s), comme ont pu l’être en leur temps Block Rockin’ Beats (1997), Hey Boy Hey Girl (1999), Galaxy bounce (2002), ou encore Galvanize (2005). Si vous avez besoin de votre dose de groove qui donne le pêchon pour ce samedi, et même l’entièreté de votre weekend, No Reason est fait pour vous. Si vous voulez juste un bon son qui nous rappelle combien The Chemical Brothers sont indispensables au paysage musical, No Reason est fait pour vous. Si vous aimez la musique et la vie, No Reason est fait pour vous. En bref, listen it.

Chronique préparée à l’aide de l’article paru chez Tsugi : https://www.tsugi.fr/the-chemical-brothers-devoilent-no-reason-apres-deux-ans-dabsence/

Visuel pochette tiré du clip de No Reason, réalisé par Adam Smith & Marcus Lyall : https://store.thechemicalbrothers.com/*/No-Reason-Vinyl/No-Reason-12/7RJL1ZVN000

Raf Against The Machine

Review n°86: De Película de The Limiñanas et Laurent Garnier (2021)

Voilà sans conteste possible l’album qui a rythmé mon mois de septembre… Peut-être laGarnier The Liminanas collaboration la plus excitante depuis de longues années, et pourtant je ne partais pas foncièrement avec des a priori positifs. Le rock garage un peu poisseux du duo The Limiñanas n’est pas ma came et, comme beaucoup, je connais la techno de Laurent Garnier de manière assez superficielle. Ce De Película dépasse finalement outre mesure toutes mes attentes tant l’électro/techno de Laurent Garnier va se marier avec délices aux inspirations krautrock de The Limiñanas pour façonner un road-trip tragique dont la puissance narrative est incommensurable.

Le morceau d’ouverture Saul met en place d’emblée tous les éléments de l’album: la voix sépulcrale de Lionel qui nous narre la rencontre entre le jeune Saul et Juliette, une prostituée de 18 ans, et l’atmosphère instrumentale sous une tension grandissante. L’univers est volontiers inquiétant, la batterie omniprésente et on retrouve avec plaisir des sonorités électroniques qui me rappellent Swayzak. Le moteur de la tragédie vient de s’enclencher, le climat est pesant « il y a de la cruauté dans l’air » et nous allons désormais assister, impuissants, à la sombre destinée de Saul et Juliette… Je rentrais par les bois…BB va ensuite démontrer le talent du trio à mettre en place des morceaux instrumentaux d’une grande puissance, alliant l’instrumentation rock symbolisée par cette batterie centrale et des synthés plus éthérés faisant penser à l’amour de Saul et Juliette qui tente de s’extraire de cette réalité mortifère. Juliette dans la caravane explicite par le biais de Lionel la rencontre entre les deux protagonistes et la douce malédiction qui s’abat sur eux comme un couperet  à la fin du morceau, « C’était déjà trop tard / J’étais fou amoureux d’elle. ». Les synthés angoissants en fond ne laissent pas place à une once d’espoir…

L’explosion de la passion est portée par le brillant single Que Calor ! qui fait appel au chant acéré d’Edi Pistolas, le chanteur de Panico et Nova Materia. Les sons et les mots sont plus âpres, la ritournelle de fond particulièrement obsédante. Voilà pour moi un des titres majeurs de cette année 2021! Le rock de Promenade oblique qui laisse poindre une surprenante basse plus funk et Tu tournes en boucle où pour la première fois la voix de Marie apparaît peinent à concurrencer l’intensité folle de Que Calor !. On retrouve cette intensité avec le bijou électronique Steeplechase, vaste odyssée entre krautrock et tentation psychédélique qui rappelle davantage le son de Laurent Garnier. Ce morceau charnière de l’album ouvre une deuxième partie d’album plus sombre.

Après un Juliette très narratif porté de nouveau par le timbre grave de Lionel qui nous dresse les origines d’une Juliette, fruit d’un viol vécu par sa mère, Ne gâche pas l’aventure humaine nous hypnotise par sa boucle addictive et ses sonorités plus techno sur lesquelles vient se poser avec justesse la voix de Marie. L’ambiance est sombre, la violence a la mainmise sur les personnages. Au début c’était le début apparaît ensuite de manière assez incompréhensible avec une ambiance instrumentale plus douce et le chant de Bertrand Belin qui a décidé de devenir le sosie vocal d’Alain Bashung. J’avoue avoir du mal à intégrer ce titre à la noirceur du road-trip et Saul s’est fait planter va vite me ramener au dénouement tragique attendu. Voilà en tout cas la BO absolument parfaite pour accompagner une sombre histoire que pourrait nous écrire un Jaenada ou un Damasio… Il ne vous reste plus qu’à aller lire cet album, enjoy!

Sylphe

Five Titles n°16: Inner Song de Kelly Lee Owens (2020)

Deuxième belle découverte féminine en cette fin d’année avant la dernière ligne droite, les tops deKelly Lee Owens fin d’année et le plaisir de réécouter tout ce qu’on a savouré, en vérifiant si la patine du temps a embelli ou atténué l’éclat des pépites. L’artiste du jour, Kelly Lee Owens, est galloise et a sorti son deuxième opus Inner Song fin août. Après un premier opus éponyme sorti en 2017 et passé sous mon radar, cette dernière a décidé d’allier sa belle voix de falsetto et son électro-techno pour un résultat percutant tout en contrastes. La preuve en cinq instantanés menés tambour battant…

  1. Après le morceau d’ouverture Arpeggi, reprise instrumentale aux confins du dubstep du titre de Radiohead, On nous permet de découvrir la voix d’une très grande suavité de Kelly Lee Owens. Le résultat d’une grande luminosité est d’une très belle richesse: une dream-pop aérienne, illuminée par des synthés en arrière-plan m’évoquant le Loops from the bergerie de Swayzak avant que la fin plus techno révèle la puissance plus sombre sous-jacente.
  2. Après un Melt! sans concession par sa techno martiale sur laquelle des paroles chuchotées tournent en boucle, je choisis le trip-hop moderne de Re-Wild. On sent rapidement le potentiel illimité du chant, une voix qu’on aimerait voir illuminer les productions d’un James Blake
  3. Jeanette s’impose ensuite comme le sommet lumineux de l’album. Les synthés primesautiers évoquent Pantha du Prince ou les dernières productions de Four Tet, le pouvoir cinétique du titre est incontestable et le paysage sonore du morceau se dessine avec minutie. Le résultat démontre bien la double volonté de l’album: parler au corps avec cette tentation du dance-floor et satisfaire l’esprit par la capacité à mettre en place des atmosphères suggestives.
  4. L.I.N.E s’impose ensuite comme le morceau le plus accessible de l’album. Une voix et une mélodie d’une grande innocence font de ce titre un superbe condensé de dream-pop sucrée et gourmande.
  5. Même si Night ou Wake-Up auraient mérité de figurer ici, je ne résiste pas à la tentation de partager Corner Of My Sky, titre plus oppressant et sombre qui met à l’honneur un autre Gallois en featuring, John Cale en toute simplicité. Le résultat évoque les bouges enfumés de Bristol et le ton rocailleux de Tricky.

Sur ce, je vous laisse savourer ce Inner Song à sa juste mesure et me mets désormais en mode Top de fin d’année, enjoy!

Sylphe

Review n°31: Drift d’Agoria (2019)

Voilà un album qui m’a beaucoup interrogé… Une première écoute globalement Agoriadécevante avec l’impression (qui demeure toujours en fond) d’un son qui a eu tendance à se standardiser pour succomber aux sirènes commerciales. Après un Impermanence brillant qui s’imposait comme un bien bel hommage sans concession à la techno de Détroit (le garçon avait quand même réussi à faire chanter Carl Craig!), on s’attendait 8 ans plus tard à un album plus racé d’un artiste dont le cv fait rêver entre la création du label Infiné et sa participation active à la fondation des Nuits sonores à Lyon… Maintenant le très bon magazine Tsugi dont je suis un abonné fidèle a fait de cet album son album du mois de mai et m’a convaincu de donner une seconde chance à ce Drift, les mots de Sébastien Devaud s’avérant d’une grande franchise: « On vit tous dans une sorte de schizophrénie où on a envie d’écouter à la fois Rihanna et Aphex Twin. Mais aujourd’hui, la façon de consommer la musique, avec notamment les playlists, fait qu’il n’y a plus de jugement de valeur. Drift, c’est s’autoriser ces dérapages. Cet album est une envie de se faire plaisir et d’assumer mes contradictions et mes choix, peut-être plus commerciaux que ce que j’ai pu faire par le passé. » Force est de constater que j’ai bien fait de donner une seconde chance à cet album que je prends de plus en plus de plaisir à réécouter, une fois accepté le postulat de base que nous nous trouvons face à une playlist quelque peu destructurée…

Le morceau d’ouverture Embrace avec la chanteuse Phoebe Killdeer nous propose d’emblée une électro-pop assez bien sentie avec des synthés planants qui ne sont pas sans nous rappeler des atmosphères aperçues dernièrement chez Blow par exemple. Cependant, dans ce registre, je préfère You’re Not Alone et le flow plus sombre de Blasé qui m’évoquent un croisement plus subtil entre Modeselektor et The Blaze. En tout cas, après deux titres, bien habile serait l’auditeur qui aurait deviné que nous sommes dans un album d’AgoriaArêg vient alors nous rassurer par la richesse de sa structure, on part sur une plage de douceur qui rompt bien avec le morceau précédent avant d’inlassablement monter en puissance avec un sentiment d’urgence obsédant digne des grandes envolées électroniques de Birdy Nam Nam pour finir sur un piano apaisé. Passé le dispensable It Will Never Be The Same et ses 2 petites minutes, Call Of The Wild nous projette de nouveau dans un univers totalement différent avec un son techno plus âpre et le hip-hop de STS pour un résultat plein de caractère qui me séduit amplement (#vivelaguitaredefin).

Le florilège d’influences se perpétue, on a de la techno martiale avec un Dominae très influencé par les premiers albums de Vitalic et des synthés aériens sur le A One Second Flash qui nous rappellent qu’Agoria a été très proche de Francesco Tristano et son ancien groupe Aufgang. (#promisjevaismecalmersurlenamedropping). Le trio final clot superbement l’album: la voix soul de NOEMIE illumine de tout son talent la pépite électro-pop Remedy, Scala en featuring avec Jacques revisite judicieusement le titre sorti en 2013 chez Innervisions pour une électro soignée dont la guitare est juste jouissive et mériterait de figurer chez Thylacine alors que le morceau final Computer Program Reality nous ramène à la douceur d’Arêg et évoque les plaines sauvages de Boards of Canada (#perdupourlafindunamedropping…)

Voilà en tout cas un album très riche qui d’une certaine manière réhabilite les plaisirs coupables de tout passionné de techno et ça c’est déjà une sacrée performance. Enjoy!

Sylphe

Pépite du moment n°22: Who de Modeselektor feat. Tommy Cash (2019)

Gernot Bronsert et Sebastian Szary, alias Modeselektor, savent se faire attendre et Modeselektordistillent avec parcimonie les albums studio. Hier est sorti leur troisième opus Who Else qui fait suite à l’excellent Monkeytown en 2011… et oui seulement troisième opus pour ce duo allemand passionné d’électro et de techno qui, en plus des nombreuses compilations, oeuvre avec Sascha Ring alias Apparat pour former le cultissime combo Moderat. Bon je vois que certains peinent à suivre et je vais la faire simple, une sortie de Modeselktor c’est de l’or brut qu’il convient de savourer comme un mets exquis…

Je serai bien présomptueux d’avoir déjà un avis sur l’album que je découvre à peine mais par contre rien ne m’interdit de dire tout le bien que je pense du single Who… Certes, le clip est quelque peu inquiétant et je prendrai sur moi de ne pas y repenser la prochaine fois que je me raserai ou que j’aurai mal à une dent mais aujourd’hui c’est bien le son qui m’importe, et quel son! Un kick obsédant, des sonorités indus, une montée étouffante magnifiée par le flow du rappeur estonien Tommy Cash, des ruptures acérées font de ce titre un hymne au dance-floor avant une fin plus surprenante où les choeurs enfantins nous assènent des blabla qui restent bien en tête. En tout cas pas de blabla avec ce Who qui nous file une claque magistrale qui devrait me permettre d’aborder plein d’énergie le dur lundi de rentrée. Humm j’ai presque du plaisir à penser à la douleur du réveil à 6h… (#contaminéparleclipsm)

Sylphe

Review n°19: ROADS Vol.1 de Thylacine (2019)

Trois EP en 2014/15, un premier album Transsiberian composé lors d’un périple en thylacineRussie et deux BO de films en 2017 pour De toutes mes forces et Gaspard va au mariage, pour autant je dois reconnaître que je n’ai jamais rien écouté de William Rezé alias Thylacine, autre nom du loup de Tasmanie, au moment où je lance ce ROADS Vol.1. J’ai simplement en tête les conditions idylliques de composition de cet album où Thylacine a arpenté les routes de l’Argentine à bord de son Airstream de 1972 réaménagé en studio alimenté par des panneaux solaires (#studiodemesrêves).

Murga ouvre brillamment l’album avec ses percus et sa guitare judicieuse. Les sons nous enveloppent, la rythmique est addictive et il se dégage incontestablement de ce titre une luminosité et une humanité qui seront les marques de fabrique de cet opus, dans la droite lignée de la superbe pochette mettant en valeur les espaces sauvages sous une lumière virginale. Purmamarca ralentit le tempo avec son début plus contemplatif à la Boards of Canada auquel vient se joindre une voix intemporelle rappelant les premiers Moby. La guitare entre en jeu et réveille les paysages argentins pour un sublime tableau en mouvement. El Alba, avec Weste en featuring, nous offre alors une belle plage de douceur qui réhabilite à mes yeux le saxophone qui n’a jamais été mon instrument de prédilection. Le morceau est d’une simplicité et d’une grâce désarmantes…

Petit clin d’oeil rappelant les conditions de création de ce ROADS Vol. 1 avec la voix d’un GPS sur le début de The Road qui se montre plus techno dans son approche. Une techno subtile laissant la part belle à une large palette de sons légers pour un résultat hypnotique. Volver reste dans la même atmosphère en apportant un saxophone brillant qui m’évoque le premier album d’Aufgang dans cette volonté de confronter techno et musique classique. Le résultat est d’une grande douceur, le maître mot de l’album… Mais que dire de 4500m après ce dyptique techno? Le rappeur américain Mr J. Medeiros pose son flow acéré sur un océan de douceur pour un morceau d’anthologie. Le flow gagne en intensité et rappelle par sa rythmique insensée Eminem, la montée est imparable et me file des frissons. #pluslesmotspourdecrireça

Condor nous aide à atterrir rapidement avec une techno plus âpre et dansante à laquelle le refrain apporte une étrange note de douceur pop avant que Sal y Tierra continue avec brio son ardue mission de réhabilitation du saxophone. Les deux derniers morceaux viennent nous donner une leçon d’humilité et d’humanité: Santa Barbara, en featuring avec la voix de cristal de Julia Minkin, nous cajole et nous offre une belle montée tout en intensité à la Woodkid et la douceur enfantine de 30(Outro) nous offre un joli moment de poésie lorsque William Rezé tente de faire prononcer trente à une vieille femme… Ou comment finir modestement un album sublime dont la première écoute m’a profondément marqué, à l’instar de ma première écoute de Swim de Caribou. Le garçon cite comme références Four Tet, Massive Attack, Moderat, nous étions définitivement prédestinés à nous rencontrer. Allez je vous laisse, j’ai un ROADS Vol. 1 à réécouter! On a beau être simplement fin janvier, je peux prendre le pari avec vous que je reparlerai de Thylacine dans les tops de fin d’année et qu’il sera bien difficile de le déloger de la première place…

Sylphe

Review n°17: Séquence collective de Cabaret contemporain (2018)

Cabaret contemporain ou le défi de jouer de la techno de manière acoustique en oubliant Cabaret contemporainles machines… Signés sur le label d’Arnaud Rebotini, Blackstrobe Records, les cinq compères (Fabrizio Rat au clavier, Giani Caseroto à la guitare, Julien Loutelier à la batterie, Ronan Courty et Simon Drappier aux contrebasses) font souffler un vent frais sur les complexes industriels désaffectés de Détroit pour réveiller Jeff Mills et consorts. Une musique âpre et brillamment produite qui démontre que la techno a bien, elle aussi, sa place sur Five-Minutes.

On ne va pas se mentir, la techno est un style musical aussi séduisant qu’exigeant et j’ai de plus en plus de mal à écouter des albums ou des sets en entier… (#jevieillisetjeposeplusmespiedsenclub) Cet album se pose donc comme une belle exception tant je trouve la démarche artistique louable. Petit tour d’horizon de ces 8 titres taillés dans la pierre brute.

Les 7 minutes du morceau d’ouverture Ballaro ne laissent pas la place au doute. Sonorités sombres et urbaines, ryhmiques lancinantes des contrebasses, superposition des couches sonores, le titre est un subtil hommage à la techno de Jeff Mills et une vraie pépite de haut vol. Transistor reste dans cette même veine tout en se montrant encore plus âpre et plus anxyogène. Plus dépouillé et privilégiant moins une ligne mélodique évidente, ce titre ne trouve pas véritablement grâce à mes yeux… ce qui n’est pas du tout le cas de La selva qui me rappelle les premiers morceaux de Vitalic. Le climat est inquiétant et la rythmique dub particulièrement entêtante pour un résultat brillant et hypnotique. Arrive alors mon sommet de l’album, La chambre claire, plus downtempo et volontiers groovy avec ses contrebasses. La mélodie est plus douce et l’ambiance plus lumineuse, ce morceau est d’une richesse évidente et s’impose comme un de mes titres préférés de l’année.

Arnaud Rebotini collabore ensuite sur le morceau Boogaloo, la voix caverneuse et les synthés délivrant une mélodie répétitive donnent l’impression que Faithless est sorti de la naphtaline. Ce morceau un brin suranné amène le minimaliste Cactus qui, par son âpreté et ses bruits qui hérissent le poil, représente la froideur de la techno qui me séduit peu. Heureusement la rythmique uptempo de TGV va vite me faire oublier ce Cactus avec ses envies de trance qui me rappellent le très bon Manual For Successful Rioting de Birdy Nam Nam. De nouveau Arnaud Rebotini collabore sur le morceau final October Glider, subtile montée en puissance portée par des sirènes angoissantes où l’explosion finale réveille le démon de la danse hypnotique en moi.

Cabaret contemporain réussit donc le tour de force avec ce Séquence collective de revitaliser brillamment la techno.

Sylphe