Pépite du moment n°102 : Déjà Vu (2021) de Sencit feat. Fjøra

91SdIGXDDwL._SS500_« On est pas bien là ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland… »* Non mais franchement, je vous le demande : on est pas bien là ? A quelques heures d’entrer dans les fêtes de fin d’année, et tout juste poursuivis par une saloperie de virus qui nous prend bien la tête depuis maintenant presque deux ans. On est pas bien là ? Avec nos plus de 80 000 cas déclarés par jour, autant dire des chiffres jamais atteints. On est pas bien là, au creux de notre 5e vague ? Tu la sens l’odeur de confinement ? L’odeur de l’incertitude qui te conduit à ne faire absolument aucun projet ? On est pas bien là, avec cette sensation de revivre la même fin d’année que 2020 ? Si tout ça n’était pas d’une tristesse et d’une morosité sans nom, ça en serait presque intrigant et drôle. Cette impression de déjà-vu, cette putain de boucle covido-temporelle qui donne envie de rebooter la Matrice pour voir si les mêmes anomalies et les mêmes bugs se reproduisent. Après tout, pourquoi ne pas en rire, et pourquoi ne pas jouer avec cette idée de répétition, de boucle infinie ? C’est sans doute l’idée qui est venue aux développeurs du studio Arkane Lyon, que l’on connaît déjà pour les excellents Dishonored, et le non moins excellent Prey.

Le dernier-né des jeux vidéo du studio se nomme Deathloop (sorti en septembre 2021, édité par Bethesda) et plonge le joueur dans une boucle temporelle qu’il va falloir briser. Un peu comme si on avait mis dans le mixer Bill Murray et son jour de la marmotte, James Bond et Austin Powers. Le résultat est brillant. Outre son concept assez génialement décliné, Deathloop doit beaucoup à sa direction artistique très 60’s, mais aussi à sa BO qui fonctionne parfaitement au fil des heures de jeu. Disponible sur à peu près toute les plateformes, elle regroupe pas moins de 59 titres et différents artistes, tout en mélangeant allègrement rock psyché, blues, country et ambiances feutrées. On y reviendra possiblement et plus en détails dans un Ecoute ce jeu, lorsque votre serviteur aura poncé Deathloop et bien exploré les différents thèmes qui s’y cachent. Au milieu de cette grosse BO se trouve Déjà Vu, un des trois titres de Sencit. Le nom ne vous dit rien ? Moi non plus, jusqu’à ce que j’aille faire un tour sur le site officiel. Sencit, c’est des compositions pour Toy Story 4, John Wick 3, Maniac (excellente mini-série bien perchée), Guardians on the Galaxy (le récent jeu), Making a murderer, Inception ou encore l’excellent Ex_Machina. On fait pire comme carte de visite. Sur Déjà Vu, on entend aussi Fjøra (de son vrai nom Alexandra Petchovski), chanteuse canadienne originaire de Macédoine. Son premier album Onyx (2021) fleure bon la pop inspirée par Lady Gaga.

Le mélange Sencit/Fjøra accouche ici d’un titre extrêmement James Bondien. Déjà Vu sonne comme un générique de 007, avec son démarrage lent et posé, qui explose et prend toute son ampleur vocale comme musicale sur le refrain. Voilà une pépite qui n’est pas tout à fait du moment, puisque nous l’avions découverte lors d’un trailer de Deathloop voici quelques mois. Toutefois, voilà une vraie pépite, qui laisse imaginer ce qu’aurait donné le générique d’un Bond des années Brosnan ou Craig (au hasard Goldeneye ou Skyfall) s’il avait été interprété par Shirley Bassey. Déjà Vu contient tous les ingrédients du générique pop qui fonctionne parfaitement. Le titre va comme un gant à Deathloop, dans lequel je m’empresse de retourner. Parce que, quitte à être coincé dans un jour épidémique sans fin, autant s’en jouer et en faire un amusement. On est pas bien là ?

* Evidemment piqué à Depardieu dans Les Valseuses

Visuels du jeu Arkane Lyon/Bethesda

Raf Against The Machine