Il y a deux semaines, je vous parlais de ma première pépite de l’année 2020 avec We Can’t Be Found d’Algiers (voir ici ) et je pressentais déjà que l’album mériterait amplement une chronique. Ce troisième opus, avec le duo Randall Dunn et Ben Greenberg à la production, confirme la tendance perçue lors du deuxième album The Underside of Power d’un son encore plus frontal et faisant la part belle aux percussions, ce qui n’est pas sans lien avec l’arrivée dans le groupe de l’ancien batteur de Bloc Party, Matt Tong.
Reprenant le titre d’un roman de Blake Butler publié en 2011, There Is No Year est un mélange subtil d’influences (soul, punk et rock) porté par le charisme de Franklin James Fisher. Le morceau éponyme ouvre l’album de manière plus que directe avec un sentiment d’urgence qui transpire par tous les pores à travers le chant engagé et la rythmique sombre aussi uptempo qu’étouffante. Dispossession reste ensuite dans la même atmosphère avec une rythmique moins intense mais des choeurs particulièrement oppressants. Les titres s’enchaînent et fonctionnent bien, la litanie électrique de Hour Of The Furnaces (en référence à un documentaire de Fernando Solanas sur l’Amérique du Sud en 1968, L’Heure des brasiers), la soul très Massive Attack de Losing Is Ours ou encore Unoccupied qui flirte cependant un peu trop avec les plaines plus lumineuses de la pop-rock.
Chaka vient ensuite nous surprendre avec toutes ses sonorités électroniques pour un résultat qui me laisse encore dans le doute, doute totalement absent à l’écoute de l’excellent Wait For The Sound dont j’aime l’ambiance dépouillée et la rythmique lente. Un Repeating Night qui s’est quelque peu perdu dans la reverb, le bijou We Can’t Be Found dont on a déjà parlé et un contraste final saisissant entre la belle intensité de Nothing Bloomed et le punk presque anachronique de Void démontrent la belle richesse de ce très bon There Is No Year, enjoy!
Sylphe