Pépite du moment n°132 : A Child’s Question, August (2023) de PJ Harvey

hqdefaultCe mercredi 26 avril est marqué par le retour (et quel retour) de PJ Harvey. Celle qui domine du haut de ses désormais 53 ans le rock indépendant/alternatif parfois teinté de folk depuis maintenant 31 ans nous revient au travers d’un single disponible depuis quelques heures, A Child’s Question, August. La grande question était de savoir vers quel terrain musical PJ Harvey allait nous emmener. Depuis Dry (1992) qui reste à mes yeux un des plus grands albums de rock qui existe, elle n’a eu de cesse d’explorer différentes facettes du rock, puis de la musique en général. Souvenons nous du premier virage Is this desire ? (1998), qui amenait tout autant des sons électros que des balades folks mélancoliques, ou encore du choc White Chalk (2007) qui ouvrit la porte à Let England Shake (2011) et The Hope Six Demolition Project (2016). Ces deux dernières galettes sortent du terrain rock pour aller visiter des compositions plus expérimentales, introduisant des instruments assez rares voire inédits dans le milieu rock. Sept années déjà que nous étions sans nouvelles compositions de PJ Harvey, sept années d’une forme de manque malgré le gargantuesque coffret B-Sides, Demos & Rarities sorti l’an dernier et qui n’a toujours pas fini de me fasciner.

L’annonce d’un nouveau single a donc forcément attisé ma curiosité. A Child’s Question, August est disponible à l’écoute depuis ce matin. Et c’est une petite merveille. Un titre très posé, avec une dose de mélancolie, mais incroyablement envoûtant. Il me rappelle des titres comme The River (sur l’album Is this desire ?) par son côté traînant, magnétique, enveloppant. La trame musicale est d’une sobriété à toute épreuve mais diablement efficace, notamment pour servir de support à la voix de PJ Harvey. Et, une nouvelle fois, quelle voix. En un titre d’à peine 3 minutes, la chanteuse en exploite toute l’étendue, passant des notes les plus hautes pour les couplets aux graves les plus posés pour le refrain. Cerise sur le gâteau : le clip qui accompagne cette nouvelle pépite est d’une beauté incroyable. Réalisé par Steve Gullick en quasi noir et blanc du début à la fin, les images s’enchaînent au son de A Child’s Question, August comme si musique et visuels avaient toujours été là et s’étaient enfin trouvés pour notre plus grand plaisir.

PJ Harvey est de retour avec ce single, en prélude à un futur album intitulé I Inside The Old Year Dying, à paraître le 7 juillet prochain. D’ici là, je vous laisse découvrir ce magnifique A Child’s Question, August.

(Visuel tiré du clip by Steve Gullick)

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°121 : Brimstone rock (1997) de 16 Horsepower

R-389347-1226083178Et si nous finissions ce week-end en écoutant un son un peu crasseux mais diablement bon ? Soyons raccord avec le mood du dimanche soir, qui n’est pas vraiment mon moment préféré de la semaine. C’est l’heure de clore le repos de fin de semaine et de penser déjà à la reprise du boulot le lundi matin. Voilà un double programme qui vend du rêve. Pour lutter contre cette merveilleuse ambiance, j’ai quelques pistes intéressantes, dont certaines que je garde rien que pour moi. Mais il en est une qui fonctionne très bien et que je peux vous partager : plonger dans mes disques et trouver le son qui fait du bien. Ils sont divers et plusieurs pour tout dire. Au hasard de la playlist, c’est un morceau de 25 ans d’âge que je vous propose ce soir. Low estate est le deuxième album studio de 16 Horsepower, sorti en 1997. A l’époque, le groupe, fondé par l’Américain David Eugene Edwards et les Français Pascal Humbert et Jean-Yves Tola (anciens de chez Passion Fodder) existe depuis 5 ans. Il a déjà livré un EP en 1995, sobrement intitulé 16 Horsepower, puis le très bon Sackcloth ‘n’ Ashes en 1996. Cette première galette studio illustre parfaitement le Denver sound dont la formation se fait immédiatement un porte étendard. Le Denver sound ? Un savant mélange de country, American Gothic, folk, garage rock et gospel, qui donne à 16 Horsepower son identité musicale si caractéristique.

Un an plus tard, Low estate tombe dans les bacs avec une touche plus rock et plus électrique que son prédécesseur. Produit par John Parish, l’album contient de la pépite à ne plus savoir quoi en faire et reste, à ce jour, mon opus préféré. Le groupe déploie une énergie et une musicalité qu’on retrouvera dans les albums ultérieurs, mais c’est sur Low estate qu’il explose de sa classe. Du rock tendu et à fleur de peau qui sent la terre, les grands espaces, la ruée vers l’or, le bourbon et le vent dans les plaines et dans nos cheveux. De quoi s’évader tranquillement un dimanche soir. Et ce n’est pas le titre d’ouverture de Low estate qui me fera mentir. Brimstone rock pose son empreinte sonore comme un cheval foule la terre de ses sabots. Quelques notes de banjo, la voix nasillarde de David Eugene Edwards, puis le déchainement rock-folk pour 4 minutes 20 de pure évasion.

Je vous laisse filer à Brimstone rock, et sur les 15 autres pistes de l’album si le cœur vous en dit. Avec, à l’arrivée et en clôture, une imparable et bouleversante reprise de The Partisan de Leonard Cohen par le groupe, accompagné de Bertrand Cantat, alors chanteur de feu Noir Désir. Listen it and escape.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°120 : Over my head (2015) de Asaf Avidan

81Wh3CgrybL._SY355_Petite virée dans des terres musicales hautement émotionnelles aujourd’hui, avec Asaf Avidan. D’abord connu comme le leader du groupe de folk-rock Asaf Avidan and the Mojos, le garçon s’est fait connaître en 2008 avec The Reckoning, le premier et très chouette album du groupe. La galette contient notamment le méga connu Reckoning song (One day), ensuite remixé de diverses façons plus ou moins heureuses. Dès ces premières compositions, c’est tout à la fois la richesse musicale et la voix hors normes d’Asaf Avidan qui nous saisissent. Un talent à fleur de peau qui ne fera que se confirmer, et particulièrement dans Different Pulses (2013), son premier album solo. C’est pourtant sur le deuxième que l’on va s’arrêter quelques minutes, le temps d’une pépite intemporelle. Gold Shadow (2015) est, lui aussi, une merveille de 13 titres qui ne laissent personne indemne.

A commencer par Over my head, splendide ballade qui sonne un peu comme du Bob Dylan qui aurait enregistré Blonde on Blonde dix ans plus tôt dans les années 1950. Il en résulte deux minutes trente de pure merveille musicale. Tout comme Maybe you are irradiait l’ouverture de The Reckoning, Over my head annonce le grand album qui s’offre à nous. Rien que les quatre premiers titres sont une immense fessée musicale, introduite par ce Over my head qui m’a obsédé des jours durant à la sortie de l’album. Pour son rythme doux et lancinant, pour la tendre plainte vocale d’Asaf Avidan, pour la puissance du voyage en moins de trois minutes. Comment un seul garçon peut-il contenir autant de talent, autant d’émotions, et savoir si bien les exprimer ? Je n’en sais foutrement rien. Seul compte le plaisir que j’ai à chaque écoute de Gold Shadow, à commencer par Over my head. Pour vous avoir fait saliver, vous aurez un deuxième titre en écoute. Et pour prolonger le tout, écoutez Gold Shadow en entier, avant de plonger dans The study on falling (2017), troisième album d’Asaf Avidan, et autre merveille à explorer.

En bref, écoutez Asaf Avidan. En commençant par ça.

Raf Against The Machine