Pépite intemporelle n°77 : Trouble (2015) de Cage The Elephant

Comme une coïncidence, je me retrouve dans la même situation que le copain Sylphe voici quelques jours : alors que j’avais prévu de vous parler d’un album live assez exceptionnel, brillant et bourré de pépites émotionnelles (#artduteasing), voilà que le temps m’a manqué pour préparer une chronique digne de ce nom. Tout comme il a manqué à mon ami bloguesque dimanche dernier pour vous parler du dernier album de Loney Dear. Je reporte donc de quelques jours, histoire de vous parler correctement de ce magnifique live que je ne me lasse pas d’écouter (d’où, peut-être, le manque de temps pour écrire). Pour néanmoins patienter avec un bon son, poussons plus loin la copie un peu éhontée de Sylphe. Dimanche dernier, il nous a ressorti une très jolie pépite nommée Trouble, par l’excellent Ray LaMontagne (à retrouver d’un clic par ici). Quant à moi, je me suis tourné vers une autre pépite portant exactement le même titre. Vous pouvez continuer à lire, la similitude s’arrête là, et nous allons bien écouter ensemble un morceau différent.

Oui, il existe plusieurs Trouble. Celui du jour nous vient du groupe américain Cage The Elephant, que nous aimons particulièrement chez Five-Minutes, et que nous avons déjà plusieurs fois mis en avant. Notamment au travers de leur live acoustique Unpeeled, un enregistrement assez exceptionnel, mais qui n’a rien à voir avec l’album live que je voulais chroniquer. J’espère que vous suivez, c’est un peu labyrinthique mais c’est pour mieux brouiller les pistes. Je m’égare. Cage The Elephant, ou ce groupe actif depuis maintenant 15 années, c’est donc un live exceptionnel, mais aussi cinq albums studio dont Tell me I’m pretty (2015), le quatrième en date dont est extrait notre Trouble.

Le Trouble de Cage The Elephant est une balade rock qui s’ouvre sur une guitare légère et des choeurs haut perchés, presque éthérés, comme pour mieux nous placer dans une dimension hors de tout. Puis vient le couplet, posé par le chanteur Matthew Shultz dans un minimalisme qui contraste avec la montée vers le refrain. Un refrain fait de mélancolie sereine. Oui, ça existe : une sorte de mélange de résignation et, malgré tout, d’espoir, de lumière et d’une forme d’énergie tranquille qui n’est pas pour me déplaire.

C’est d’ailleurs ce que raconte le texte de Trouble. La chanson raconte une vie faite de soucis et de problèmes à gérer (les Trouble du titre), dont même un doux amour ne ferait pas sortir. Mais (car il y a un mais, évidemment), le morceau raconte aussi une déclaration cachée derrière une phrase à double sens : « Everywhere I look I catch a glimpse of you / I said it was love and I did it for life, do do for you » (N’importe où où je regarde j’attrape une lueur de toi / J’ai dit que c’était l’amour et je l’ai fait pour toi, fait fait pour toi). Un constat du passé, mais aussi la possibilité que, justement, tout est possible et que c’est peut-être bien cette « lueur de toi », au creux de la bulle, qui permettra de dépasser les soucis en tout genre, pour aller vers une douce vie auprès de l’amoureux/se en question. Cette lecture positive est renforcée par un autre bout de texte : « You can have my heart any place any time » (Tu peux avoir mon cœur n’importe où, n’importe quand). Une façon détournée mais élégante de dire que c’est déjà fait.

Une jolie musique, un texte bien ficelé pour 3 minutes 45 de bon son : il ne m’en faut pas plus pour craquer et tomber sous le charme de cette pépite. Vous me direz qu’il y a tromperie sur la marchandise, avec seulement 3 minutes 45 de musique sur Five-Minutes, le blog qui promet 5 minutes de bon son par article ? Je rétorque que, d’une part, la qualité est préférable à la quantité, et que, d’autre part, rien n’interdit d’écouter la version studio puis la version Unpeeled (live), encore plus sublime. Cette fois, le compte y est. J’ai déjà bien trop parlé. Place à la musique.

Trouble version studio
Trouble version live

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°63 : Golden brown (1982/2017) de The Stranglers par Cage the Elephant

5898976-lSi vous êtes des Five Minuteurs réguliers et assidus, vous savez comment on aime, parfois, regarder dans le rétro pour le plaisir de nos oreilles, et accessoirement pour alimenter cette rubrique des pépites intemporelles. Et vous savez également la place de choix qu’occupe dans nos cœurs de mélomanes le groupe américain Cage the Elephant. Mon bon ami Sylphe en a d’ailleurs parlé à plusieurs reprises, notamment lors de la sortie en 2019 du 5e et dernier album studio en date Social Cues. C’est également lui qui m’avait mis dans les oreilles, un beau jour de 2017, le live acoustique du groupe sobrement titré Unpeeled. Claque musicale pour l’un comme pour l’autre, on peut dire que cette galette a tourné en boucle tout l’été, et bien plus car affinités.

Pas un morceau à jeter dans cet enregistrement qui dégueule la classe rock à chaque instant. Les premiers titres sonnent comme du rock seventies, alors que la voix et l’énergie du chanteur Matthew Shultz rappellent parfois Mick Jagger. C’est pourtant un groupe tout à fait de son époque, qui officie depuis 2008 et propose un son à la croisée des classiques rocks et d’une touche années 2000. De plus, ce Unpeeled est savamment construit, en alternant titres rocks et balades sans aucun temps mort. Un live d’anthologie on vous dit.

Golden brown résume plutôt bien l’essence de cet captation live, tout en étant un excellent titre en lui-même. J’aime le son du clavier arythmique qui ouvre le morceau, tout autant que la voix qui démarre tranquillement pour se poser sur une trame musicale qui s’enrichit et s’amplifie mesure après mesure. Plus loin, je craque sur les solos de guitare acoustique. Aux deux tiers, impossible pour moi de résister à l’osmose totale qui se crée entre voix et instruments avec chant et contrechant, dans une classe absolument folle. 

Bref, j’aime beaucoup trop ce morceau pour le gâcher en écrivant trop de mots dessus. La meilleure façon de le valoriser, c’est de l’écouter, tout simplement. Il ne dure qu’à peine 4 minutes, mais soyez rassurés. Si vous aimez, vous pouvez le réécouter en boucle. Mais vous pouvez également élargir votre écoute à tout l’album, que je m’en vais réécouter de ce pas.

[Edit/MàJ 26/12] : Le commentaire de Sprecks (ci-dessous) apporte une précision d’importance, en ce que Golden Brown est avant tout un titre de The Stranglers, paru en 1982. Trente-cinq ans plus tard, Cage the Elephant en livre donc une reprise magique, tout comme ils n’ont pas à rougir de la brillante réinterprétation sur ce même album de Instant Crush, initialement dû à Daft Punk. Il était indispensable de rendre aux Stranglers ce qui leur appartient, et merci pour la contribution !

Raf Against The Machine

Review n°28: Social Cues de Cage The Elephant (2019)

Je ne voudrais absolument pas me répéter car je l’ai déjà évoqué précédemment (voir iciCage The Elephant ) mais, depuis ma découverte très tardive de Cage The Elephant, j’attends avec impatience un nouvel album de la bande de Matthew Shultz. La production de ce cinquième opus a été attribuée à John Hill ( Florence and The Machine, Portugal The Man) qui avait pour mission de sublimer le spleen du chanteur qui vient de connaître un divorce difficile. Si je me permets cette allusion à la vie privée c’est parce que l’on connaît nombre d’albums sublimes nés après un traumatisme…

Le morceau d’ouverture Broken Boy et sa rythmique rock uptempo suintant par tous les pores un sentiment d’urgence insatiable  joue la carte de la distorsion sonore pour nous gifler d’emblée, ce qui est assez bien symbolisé par la fin abrupte. Social Cues, le titre éponyme, vient alors s’inscrire dans une approche plus pop avec ses synthés et ses choeurs pour un résultat surprenant qui ne dénoterait pas dans la discographie de Hot Chip. Pour clore un tryptique initial de haut vol, Black Madonna nous ramène vers les contrées pop-rock que les américains arpentent avec talent depuis toujours, le contraste entre le chant languissant de Matthew Shultz et le refrain pop plus lumineux est séduisant. Une pépite mélodique instantanée… Ces trois premiers morceaux fonctionnent bien dans des registres assez variés et cette diversité de styles sera la marque de fabrique de cet excellent Social Cues.

Difficile de faire plus original avec l’improbable Night Running Beck vient poser son flow face à Matthew Shultz sur un fond reggae/dub inattendu. Le résultat est bon mais ne me touche pas particulièrement et Skin and Bones nous ramène rapidement en terrain connu avec sa mélodie douce amère avant le très convaincant Ready To Let Go qui oscille brillamment entre blues et garage rock et rappelle l’opus précédent Tell Me I’m Pretty (#phrasearallongeforever). Le sulfureux House of Glass vient alors tout exploser, l’âpreté de la rythmique qui lorgne vers les sonorités électro et la tension du chant font de ce morceau un bijou rock à la The Kills.

Les violons de Love’s The Only Way viennent alors facilement me cueillir et confirment à quel point Cage The Elephant maîtrise les ballades… La fin de l’album garde la même intensité, des synthés rock de The War Is Over -version virile de MGMT – à la douceur finale de Goodbye en passant par la richesse instrumentale de Dance Dance qui résiste à toutes les classifications. Ce Social Cues est incontestablement un album brillant, pour moi l’apogée rock de ce début d’année 2019.

Sylphe

Pépite du moment n°24: House of Glass de Cage The Elephant (2019)

Ma rencontre avec Cage The Elephant a été aussi intense que tardive lorsqu’en 2017 j’ai Cage The Elephantécouté le live Unpeeled qui, pour moi, reste un des plus beaux albums live jamais écoutés au côté du Alive 2007 des Daft Punk ou le Live from Mars de Ben Harper… L’émotion du chant de Matthew Shultz, ce blues rock assez intemporel capable de générer des pépites à foison (Sweetie Little Jean,Too Late To Say Goodbye, Trouble, Aberdeen, Cold Cold Cold, Cigarette Daydreams et j’en passe…) méritent d’être savourés et écoutés régulièrement comme remède contre la sinistrose.

Du coup, j’attends impatiemment depuis 2 ans de pouvoir savourer un album dès sa sortie et ce sera chose faite le 19 avril avec la sortie de Social Cues dont est tiré le son du jour, House of Glass. Après un Ready To Let Go très bon et somme toute assez classique dans la discographie des américains, House of Glass vient davantage brouiller les pistes avec ses 2 minutes 35 intenses. Rythmique uptempo tournée vers le dance-floor et chant tout en retenue et intériorité sur les couplets, le morceau suinte le stupre et l’angoisse. C’est électrique et électrisant et ça j’achète! (#gimmickdemerde)

Sylphe

Pépite intemporelle n°11: Instant Crush de Cage The Elephant (2017)

L’une de mes dernières claques musicales a eu lieu l’été 2017 en écoutant un live d’unCage The Elephant groupe que je ne connaissais pas, Cage The Elephant… Je n’ai pas véritablement d’intérêt pour les albums live qui me paraissent souvent des pompes à fric qui aspirent les fans, incapables de résister à la tentation. Oui, bon, je me rends bien compte que je suis quelque peu extrême dans mes propos quand mes yeux tombent sur le Live from Mars de Ben Harper… Bref, la pochette de l’album n’était pas véritablement attirante, c’était un live et un groupe que je ne connaissais pas… et mon Dieu, quelle claque!

Du rock assez jouissif, des perles à foison (Trouble, Cold Cold Cold, Sweetie Little Jean, Too Late To Say Goodbye), un aspect intemporel et j’oserai même dire suranné particulièrement séduisant… Vous n’êtes pas à l’abri que je vous reparle un jour de ce sublime Unpeeled à ne pas mettre entre les mains de tous les amateurs de rock, par peur de vous retrouver avec un procès sur le dos ayant pour motif « Deal de produits créant une dépendance totale »…

Je m’égare et ne dois pas perdre de vue que je veux vous parler d’une superbe reprise du Instant Crush de Daft Punk (avec Julian Casablancas, le chanteur de The Strokes en featuring) présente sur ce live. Le morceau de base est déjà imparable et s’impose comme un des sommets de Random Access Memories, la rythmique oscillant entre électro et funk et le chant percutant et survitaminé au vocoder sont estampillés « Made in France de qualité ». La version live de Cage The Elephant réussit le tour de force de redonner un second souffle à cette pépite dans une version acoustique brillante. La diction faussement nonchalante de Matthew Shultz et les cordes subliment cet Instant Crush qui garde son pouvoir mélodique addictif.

Je serais bien embêté de devoir choisir ma version préférée parmi ces deux pépites… et vous, vous êtes plutôt Daft Punk ou Cage The Elephant? Voilà de quoi animer quelques repas de Noël soporifiques où, après 7 entrées et un chapon destinés à vous faire péter la panse, vous voudrez éviter les convives un peu saoûls de s’écharper autour du sujet des Gilets jaunes… Bref Five-Minutes vous souhaite un joyeux Noël!

Sylphe