Pépite intemporelle n°114: Les jours heureux de Ben Mazué (2020)

Allez, rendons honneur à la carrière solo de Ben Mazué qui le mérite amplement pour commencer avec subtilité etBen Mazué - Paradis grâce ce début de nouvelle année bloguesque. J’ai déjà beaucoup parlé ici de sa participation avec Gaël Faye et Grand Corps Malade au superbe projet collectif qui a abouti au non moins superbe EP Ephémère. Je plaide néanmoins coupable et reconnais volontiers ne pas être très connaisseur de ses albums -se confronter à sa plume sensible et ses cinq albums fait partie de mes modestes objectifs de 2023- même si certains titres me viennent immédiatement en tête… J’aurais donc pu choisir aujourd’hui la facilité de La résiliation qui est, pour moi, la plus belle et plus humaine chanson sur la séparation amoureuse.

Cependant, j’ai préféré me tourner vers son dernier album Paradis sorti en 2020 et réédité en 2022. Le très beau clip de Les jours heureux est sorti il y a dix jours et je me suis tout de suite fait happer par les images et la justesse du texte. Orchestration dépouillée, violons bien sentis, les mots précis qui claquent fort, ce titre traitant du besoin d’amour qui nous anime toutes et tous révèle une belle sensibilité et une forme de spontanéité séduisante. Quitte à enfoncer une porte ouverte, je vais tout de même prendre le risque de la facilité… Je ne peux que souhaiter à tous nos lecteurs une année riche en jours heureux, de notre côté à Five-Minutes nous allons tout faire pour enrichir votre bande-son de 2023 pour qu’elle se marie à merveille avec ce désir de jours heureux. Je vous laisse avec Les jours et heureux et La résiliation car je suis une âme faible incapable de choisir ou soucieuse de partager, enjoy !

 

Sylphe

Top de fin d’année 2022 Titres et albums de Sylphe

Au moment de vivre les dernières heures de cette année 2022 et de regarder dans le rétroviseur musical, je constate avec amertume que mon rythme d’écriture et d’écoute de nouveautés a singulièrement baissé cette année. Ce fichu temps et cet art de cumuler les passions chronophages, la perte de fluidité de l’écriture quand elle perd en régularité, le besoin des écoutes multiples pour se sentir une quelconque légitimité à parler des albums, la vie quoi… Bref, je ne vais pas m’apitoyer outre mesure et plutôt me tourner vers le futur avec optimisme en m’engageant à repartir sur la base de deux articles par semaine (la sacrosainte période des résolutions de début d’année qui ne durent jamais bien longtemps, nous verrons bien combien de temps je tiendrai et vous pouvez ouvrir les paris). Parce que, comme l’a déjà écrit l’ami Raf, vous êtes toujours plus nombreux à nous lire et c’est assez grisant de tout faire pour maintenir cette courbe ascendante. Parce que ces artistes méritent amplement de vivre de leur art et que notre partage peut peut-être amener des lecteurs à acheter des albums. Parce que la musique et l’écriture demeurent des refuges sublimes où le temps suspend son vol.

Pour ce top de fin d’année, je reste sur le principe de ne garder que des albums sur lesquels j’ai écrits. Certains que j’ai beaucoup écoutés et pour lesquels je n’ai pas su trouver les mots auraient amplement mérité de figurer dans ce top et figureront vraisemblablement dans d’autres tops de bon goût, néanmoins ce top plus limité a tout de même une bien belle allure et devrait vous offrir de belles heures d’écoute. Pour ce top 14 (non, non, aucune dédicace particulière à la patrie de l’ovalie), vous trouverez de nombreux artistes dont je suis assidument les carrières – Get Well Soon, Les Gordon, Thylacine, Hot Chip, Moderat – avec une mention spéciale à Arcade Fire qui monte sur la troisième place de mon podium musical avec un très beau WE qui donne foi en l’humanité. Les deux premières places sont trustées par des artistes français qui chantent en français, il faut croire que je suis définitivement en train d’entamer une mue musicale. La Mémoire du feu d’Ez3kiel a frappé fort les esprits dès janvier avec un album à la puissance narrative indéniable mais c’est bien Garden Party de Florent Marchet qui monte sur la première place de ce top 2022. L’art de ciseler de superbes textes sur ce qui façonne notre quotidien m’a profondément touché et j’aime l’idée de cette fausse simplicité qui trône tout en haut.

Pour ce top 14 des albums, n’hésitez pas à cliquer sur les liens pour aller jeter un oeil sur les chroniques si l’envie vous en prend. Vous trouverez en tête de cet article un top 55 des titres qui m’ont accompagné cette année et devraient s’installer durablement dans mon ADN musical, On a pris le temps de Grand Corps Malade/ Gaël Faye/Ben Mazué trône au sommet en toute humilité et s’impose comme une leçon de vie qu’il est de bon ton de ne pas oublier… Prendre le temps d’écouter des albums et de ne pas seulement les entendre, prendre le temps de les savourer, prendre le temps d’acheter de la musique et d’aller voir les artistes en concerts, prendre le temps de lire Five-Minutes, prendre le temps de vivre tout simplement. Bon réveillon à vous et on se retrouve en 2023 avec l’ami Raf Against The Machine -big-up pour son éternelle envie de découvrir et partager avec moi l’aventure bloguesque – pour de nouvelles aventures musicales, enjoy !

Top Albums 2022:

1. Garden Party de Florent Marchet

2. La Mémoire du feu d’Ez3kiel

3. WE d’Arcade Fire

4. Amen de Get Well Soon

5. Ephémère de Grand Corps Malade/ Gaël Faye/Ben Mazué

6. Hideous Bastard d’Oliver Sim

7. 9 Pieces de Thylacine

8. Freakout/Release d’Hot Chip

9. Nuances de Les Gordon

10. MORE D4TA de Moderat

11. Wet Leg de Wet Leg

12. Reborn de Kavinsky

13. GHOSTS ON TAPE de Blood Red Shoes

14. As I Try Not To Fall Apart de White Lies

 

Top Titres 2022:

1. On a pris le temps de Grand Corps Malade/Gaël Faye/Ben Mazué

2. Unconditionnal I (Lookout Kid) d’Arcade Fire

3. Diaphane d’Ez3kiel

4. My Home Is My Heart de Get Well Soon

5. Freddie Mercury de Florent Marchet

6. EASY PREY de Moderat

7. Reclaim Your Heart de Daniel Johns

8. COMPLY de Blood Red Shoes

9. Hideous d’Oliver Sim feat. Jimmy Somerville

10. Anatolia de Thylacine

11. Impossible de Royksopp feat. Alison Goldfrapp

12. Broken d’Hot Chip

13. A Song For Myself de Get Well Soon

14. Goodbye de Kavinsky feat. Sébastien Tellier

15. Knight & Car de Les Gordon

16. De justesse de Florent Marchet

17. The Lightning II d’Arcade Fire

18. Polar de Thylacine

19. Am I Really Going To Die de White Lies

20. La cause de Grand Corps Malade/Gaël Faye/Ben Mazué

21. Serpent corail d’Ez3kiel

22. GMT d’Oliver Sim

23. En famille de Florent Marchet

24. MORBID FASCINATION de Blood Red Shoes

25. One For Your Workout de Get Well Soon

26. Paris Nice de Florent Marchet

27. Trigger de Kavinsky

28. Enid & Rebecca de Les Gordon

29. Beautiful James de Placebo

30. F.O.R.C.E de Canine

31. MURDER ME de Blood Red Shoes

32. Never Here d’Oliver Sim

33. Qui a kidnappé Benjamin Biolay? de Grand Corps Malade/Gaël Faye/Ben Mazué

34. Tonight de Phoenix feat. Ezra Koenig

35. Silence d’Editors

36. I Love Humans de Get Well Soon

37. Bosphorus de Thylacine

38. Chaise Longue de Wet Leg

39. Sun de Canine

40. Somewhere de Les Gordon feat. Sauvane

41. Heart Attack d’Editors

42. Galaxies de Canine

43. Try Better Next Time de Placebo

44. Renegade de Kavinsky feat. Cautious Clay

45. Breathe de White Lies

46. This Is Your Life de Get Well Soon

47. As I Try Not To Fall Apart de White Lies

48. Zenith de Kavinsky feat. Prudence et Morgan Phalen

49. I Don’t Want To Go To Mars de White Lies

50. Surrounded By Spies de Placebo

51. Out Of My Depth d’Hot Chip

52. Picturesque d’Editors

53. The Prodigal de Placebo

54. FAST LAND de Moderat

55. Twin Demons de Placebo

 

 

Sylphe

Review n°107: Ephémère de Grand Corps Malade, Ben Mazué et Gaël Faye (2022)

Si vous êtes des lecteurs réguliers de ce blog, vous n’êtes pas sans savoir que je suis un ferventGrand Corps Malade Gael Faye Ben Mazué - Ephémère admirateur du travail de Grand Corps Malade (voir par ici la review sur Mesdames) et de Gaël Faye (ou par ici la review sur Lundi Méchant). Je n’ai jamais écrit sur Ben Mazué mais des titres comme Quand je marche ou La résiliation me désarment, tant la plume de ce dernier est juste et touchante. Les trois me parlent particulièrement car ils sont de ma génération et nous avons donc des références communes, les trois mettent en avant une amitié forte d’une grande simplicité qui fait plaisir à voir…. bref vous l’aurez bien compris, je suis très impatient de découvrir cet EP avec Mosimann et Guillaume Poncelet à la réalisation…

S’enfermer dans un studio une semaine pour composer un EP, le défi est pour le moins ambitieux et, autant ne pas tergiverser, le résultat est brillant. Nous nous retrouvons avec 7 titres variés qui entrelacent avec un plaisir non feint l’émotion et l’humour, le tout porté par des textes finement ciselés. Le morceau d’ouverture On a pris le temps frappe fort d’emblée avec cette thématique du temps qui file, de ces artistes pris dans le cyclone de leur vie professionnelle et personnelle -« Alors j’ai tout fait tout fait / Jusqu’à étouffer étouffer » – qui ont enfin décidé de prendre le temps et ces 7 jours pour composer à leur rythme cet EP. On reconnaît la patte de Mosimann avec la superbe montée finale entre cuivres et synthés qui te donnent une envie immédiate de bouger et de prendre toi aussi ton temps. Tailler la route est ensuite pour moi un des titres qui représente le mieux le projet avec trois textes très personnels, trois sensibilités si différentes mais qui se rejoignent sur l’idée de découvrir le monde, le tout sur une instrumentation en retrait, entre piano et quelques cuivres sur la fin. Sous mes paupières prolonge cette émotion à fleur de peau en s’appuyant sur la nostalgie des souvenirs d’enfance, le piano accompagne avec délices et pudeur ces trois plongées sensibles dans le passé. Un bijou d’émotion pure qui picote les yeux…

Comme si l’émotion était devenue trop poignante, Qui a kidnappé Benjamin Biolay? va amorcer un virage à 360 degrés en proposant un délire cinématographique dont je ne me suis toujours pas remis. On est au cinéma et on suit les conséquences liées au vol (fictif je vous rassure) de la Victoire de la Musique de Benjamin Biolay pour Grand Prix (qui l’avait remporté face à nos trois acolytes), le résultat est jouissif et hilarant. Franchement à quand un court-métrage autour de cette histoire loufoque? Pour le clin d’oeil, le titre suivant La cause s’appuie sur l’instru de La Superbe (faut croire que la famille a payé la rançon pour récupérer Benjamin Biolay…) afin d’aborder la notion de l’engagement pour un artiste. Question difficile à trancher que Gaël Faye résume finalement assez bien dans la formule « Parler c’est prendre position / Se taire c’est prendre position » qui montre que l’artiste est prisonnier du tribunal médiatique.

Besoin de rien s’appuie sur un ping-pong verbal entre Grand Corps Malade et Gaël Faye qui rappelle bien que ces deux-là sont issus de la scène du slam. Le plaisir de manipuler les mots et de partir de rien -une attente à un abribus et une réflexion hautement philosophique autour de Chipster et Curly – débouche sur une explosion pop savoureuse menée par Ben Mazué. Ephémère clôt enfin l’album en rendant hommage à cet éphémère qui donne toute la saveur à notre quotidien, à l’image de cet opus. Quitte à manquer cruellement d’originalité et à finir sur une chute attendue, je ne peux que prier intérieurement pour que la collaboration entre ces trois-là ne soit pas qu’éphémère, tant le résultat est d’une grande humanité, touchante en ces temps difficiles… Enjoy !

 

Sylphe

Pépite du moment n°4 : Dix ans de nous de Ben Mazué (2017)

Comme un prolongement de la review love Arthur H de la semaine dernière, je vous propose une pépite du moment. Certes de 2017, mais du moment tout de même puisque ce morceau ne cesse de me revenir au corps à intervalles réguliers. Un morceau découvert par hasard et pas rasé, en échangeant de bons conseils musicaux : là où il se trouve, le bon son mérite d’être partagé comme une figue fraîche arrosée de lait d’amande.

Je confesse avoir découvert Ben Mazué avec ce titre Dix ans de nous voici quelques mois, alors que le garçon œuvre depuis bien des années : premières parties de Anis, Tété et Hocus Pocus (on fait pire comme références), ainsi que des singles/EP/albums depuis 2007. Cruelle sensation d’être passé depuis des années à côté d’un vrai talent auteur-compositeur-interprète, que je voudrais atténuer en mettant en avant ce titre extrait de son troisième et dernier album à ce jour, La femme idéale.

Une pépite musicale et textuelle qui, sur un lit piano-voix des plus émouvants et doux, tente une définition de ce que pourrait être l’amour au sein d’un couple. Des mots simples mais si justes pour un constat plein d’humilité et de lucidité. A quoi ça tient ? Pourquoi et comment ça dure (ou pas) ? Comment on entretient les choses dans ce monde qui voudrait nous vendre une putain d’idée frelatée du bonheur ? Qu’est-ce qui importe et qu’est-ce qu’on peut attendre de l’autre et d’un « nous » ? C’est quoi aimer ?

Je vous laisse y songer en déversant dans vos oreilles ce vibrant Dix ans de nous. En écho, on appréciera également le titre pop qui clôt cet album : Nous deux contre le reste du monde.

 

Raf Against The Machine