Après avoir écouté du 50 ans d’âge la semaine dernière, réduisons un peu la voilure pour revenir presque 30 ans en arrière. En 1994 plus précisément, pour nous replonger dans l’excellent Ill Communication des Beastie Boys. Pour leur quatrième album, Michael « Mike D » Diamond, feu Adam « MCA » Yauch et Adam « Ad-Rock » Horowitz mélangent hip-hop, punk rock et sonorités jazz. Ce mix aventureux pourrait tourner à la catastrophe. Entre les mains des Beastie Boys, l’ensemble constitue un des meilleurs albums du groupe. D’un titre à l’autre parmi les 20 qui constituent la galette, on navigue entre titres à chiller, ambiance plus vénère et flow hip-hop jazzy. C’est plutôt dans cette dernière case qu’on rangerait Sure Shot, titre inaugural de Ill Communication et pépite énergique et énergisante comme on n’en fait plus.
Exploitant au maximum le sample de Howlin’ for Judy du flûtiste de jazz américain Jeremy Steig, Sure Shot est un titre obsédant. Dans son rythme d’une part, qui se met en route et se tend sans jamais relâcher l’énergie durant ses 3 minutes 20. Dans son flow d’autre part, que se partagent les Beastie Boys, en semblant ne jamais respirer de la première à la dernière note. Les trois rappeurs se passent et repassent le micro dans un morceau qui sonne comme une profession de foi. Titre d’ouverture parfait pour un album, qui envoie sans délai toute l’énergie nécessaire pour se tarter immédiatement après les 19 autres compositions. Sure Shot fut mon titre de rencontre avec les Beastie Boys, et j’y reviens régulièrement. Dont aujourd’hui, avec partage ici-bas, ici même. Avec en prime le clip, qui fleure bon les années 1990.
On ne fera ici l’affront à personne de présenter les Beastie Boys. Né dans la sueur du punk hardcore à la toute fin des années 1970, le groupe new-yorkais fera pendant 25 ans les belles heures du hip-hop, avant de s’éteindre en 2014, suite au décès d’Adam MCA Yauch survenu en 2012. Le premier album Licensed to Ill en 1986 pose les bases du son et de l’énergie Beastie Boys, avant que bien d’autres titres enrichissent le parcours d’un groupe qui a marqué à jamais l’histoire de la musique. Sure Shot (1994) sur Ill Communication ou Make some noise (2011) sur Hot sauce committee Part Two font partie de mes sons préférés, mais tout est bon chez les Beastie.
Y compris un album-compilation un peu ovni tombé dans les bacs en 1996. The In Sound from Way out ! est une galette qui regroupe uniquement des instrumentaux du trio. Toutefois, des instrumentaux pas vraiment hip-hop puisque les différents titres retenus lorgnent plutôt du côté du groove 70’s, à grands coups de pédale wah-wah sur les guitares, de ligne de basse rondes comme un son de Lalo Schifrin, et même ici et là de quelques pointes de didgeridoo et d’ambiances tibétaines. Bref, on ne s’ennuie pas un instant au long des 40 minutes de ce chouette album et de ses 13 pépites.
Au milieu de tout ça, il y a Groove Holmes (initialement paru sur Check your head en 1992) et ses caresses sonores, avec des riffs d’orgue jazz en ouverture, une rythmique hautement lumineuse et des réponses de guitare comme des olives marinées pour accompagner un bon verre de vin. C’est légèrement enivrant et suave sans jamais écœurer et ça réveille tout en donnant envie de se prélasser encore un peu sous la couette. Si un jour on est invités par Yann Barthès sur Quotidien (on peut rêver non ?), et que pour la playlist des invités il me faut choisir le morceau pour une nuit d’amour, je pourrais très bien répondre Groove Holmes. Et plein d’autres choses, parce que ce titre ne dure que 2 minutes 30. On peut aussi le laisser tourner en boucle, ou écouter le reste de l’album. Et déguster un verre en s’abandonnant dans le regard doux et complice qui veut bien nous accompagner.
Pas de découverte incroyable cette semaine, mais l’envie d’un petit coup d’œil dans le rétro (auquel, par pitié, n’accrochez jamais un sapin qui sent bon ou n’importe quelle autre merde, ça pue, c’est moche et c’est #soringard). Il y a deux jours mon ami Sylphe a encore accru son capital amitié en nous/me remettant dans les oreilles le 3e album de Portishead à travers The Rip (2008), un des plus beaux titres du groupe. Une déchirure selon la traduction littérale, un moment de grâce aussi.
Pépite intemporelle en réponse, avec Make some noise (2011) des Beastie Boys, tiré du dernier album du groupe Hot sauce committee part two. Active depuis 1979, la formation américaine livre ici ses dernières compositions, avant de se séparer définitivement en 2014, suite au décès d’Adam Yauch, un des membres fondateurs.
Fidèles lecteurs.trices, vous m’avez rarement, voire jamais, vu mettre en avant du hip-hop sur ce blog. Pas trop ma came, mais les Beastie c’est différent. J’aime le mélange des genres, et j’aime quand le hip-hop va fureter sur d’autres terres musicale. Comme par exemple dans le boulot de Wax Tailor. C’est ici le cas, avec ce Make some noise qui s’ouvre de bien belle façon avec ces sons synthés saturés et bien bidouillés. Vient par-dessus se poser le flow ravageur du groupe qui envoie le bouzin (#jepirateSylphe).
Peur de gâcher le plaisir en parlant trop, en écrivant avec des mots trop faibles pour retranscrire la puissance de ce titre… je vais lâchement vous laisser en profiter, non sans avoir livré quelques conseils :
Make some noise s’écoute fort. Très fort. Oui, au risque de réveiller ou déranger le voisin. Mais comme il a passé la nuit à bourriquer sa copine et à la faire brailler toute la nuit en faisant cogner le lit contre la cloison, on va dire qu’on a le droit nous aussi de faire du bruit à notre façon.
Make some noise est d’une efficacité redoutable pour tenter de mettre en route n’importe quelle journée. Lorsque la douche ne suffit pas, lorsque le café nous laisse de marbre, et que tu te lèves avec une putain de boule au ventre de découvrir que le matin a la même gueule que la veille, dégaine les Beastie.
Make some noise (et par extension les Beastie), ça peut aussi être un excellent exutoire pour supporter des heures de bagnole dans les bouchons. On est d’accord, ça fait pas avancer plus vite, mais ça soulage un peu tout de même.
Au boulot, ton chef te fait chier (ou ta cheffe d’ailleurs, dans la loi de l’emmerdement maximum, on s’y retrouve parfois en égalité homme-femme) ? Make some noise et saute sur le bureau, sur le comptoir de la réception, dans les couloirs… bref, on voit l’idée.
On a l’impression que tout va de travers en me lisant non ? C’est pas tout à fait vrai, c’est pas tout à fait faux. Néanmoins, je me dis que si on fait du bruit, c’est qu’on est encore en vie. Y a pire constat, même si la vie ne tourne pas toujours comme on le voudrait.
En prime : un chouette clip réunissant plein de têtes connues, à commencer par Elijah Wood. Mais surtout un clip hyper rock dans l’intention, un clip à foutre un méga bordel pour se soulager de ouf et tout envoyer chier (à ne pas reproduire chez vous, ce sont ici des professionnels).
Note finale : Pour adoucir un peu les mœurs, je parlerai dans ma prochaine livraison de la réédition toute récente (en joli vinyle coloré limité qui plus est) du 3e album d’un grand groupe français, gravé dans ma mémoire à jamais et récurrent dans mes écoutes. Indéniablement leur meilleure galette, toute de jaune vêtue, pour sa diversité cohérente et parce qu’il annonce les futures créations solos d’un de ses membres. Un disque magique faisant partie des sons pouvant accompagner une traversée du désert (#teasingetindicesdelamort).