Review n°116 : Fishing for accidents (2023) de Wax Tailor

Cover-FishingForAccidents-3000_1b83cea1-d504-484d-a22c-2577457be02d_700xDeux ans après l’excellent et percutant The shadow of their suns (2021), Wax Tailor (aka Jean-Christophe Le Saoût) est de retour dans les bacs avec Fishing for accidents. Sorti le 10 février dernier, ce nouvel et septième opus parvient de nouveau à nous étonner. Tout en s’inscrivant dans la continuité des sons de son créateur, il renoue avec l’esprit des premiers albums, et notamment de Tales of the forgotten melodies (2005), pierre fondatrice de la carrière de Wax Tailor. Un disque qui n’a donc rien d’un accident, et qui apporte son lot d’énergie et d’émotions autant qu’il bouleverse. Au fil de ses 12 titres et de ses 38 minutes, le musicien nous embarque dans un voyage dont il a le secret, en mixant allègrement samples musicaux et vocaux, mais aussi en convoquant moult featurings comme pour toujours élargir un peu plus sa famille et ses horizons musicaux. Que trouve-t-on dans Fishing for accidents, et pourquoi faut-il absolument l’écouter ? Décryptage de l’objet et de ses pépites, sans attendre.

Tout commence par des présentations. Craftsman, premier titre de l’album, s’ouvre par un collage de deux samples vocaux : « I forgot to introduce myself / Tailor you remember me ? ». Comme si on avait oublié ce cher Wax Tailor, Craftsman parmi les craftsmen. Le Craftsman, c’est l’artisan, le bricoleur de génie. Celui qui transforme en beauté tout ce qu’il touche. Pas celui qui cloue trois planches en espérant économiser le prix d’un étagère Ikea, pas non plus celui qui sortirait un album tous les 6 mois depuis 9 ans en mode usine à sons. Non, Wax Tailor c’est plutôt l’artiste artisan qui, depuis 2005, habille et décore notre intérieur musical de ses créations. Craftsman nous le rappelle avec style et simplicité, sur un son qui pourrait accompagner une scène de Ghost Dog.

Vont ensuite s’enchainer trois types de morceaux, pour un voyage somme toute assez feutré : les sons très low-tempo hip-hop, les étrangetés freaks et les mélodies capiteuses.

Du côté du low-tempo hip-hop, on relèvera Searchin, Home, Just rock on, Let them know et No more magical. Soit une bonne partie de l’album. Chacun de ces 5 titres recèle sa petite touche individuelle. Home par exemple déroule une grosse et très présente ligne de basse sur laquelle se colle une ambiance distordue, tandis que Just rock on pose un groove plus tranquille pour chiller après plusieurs titres troublants. No more magical, quant à lui, sera le onzième et avant-dernier titre de l’album. Un low-tempo pour porter un flow diablement efficace tout juste interrompu par de langoureux « No more magical ». Wax Tailor fait ce qu’il a toujours su faire. Du hip-hop, qui se fait pourtant plus intimiste sur cet opus. On n’est plus sur les House of Wax (sur Hope & Sorrow en 2007), The sound (sur Dusty rainbow from the dark en 2012) ou même Keep it movin (sur The shadow of their suns en 2021). Ici le low-tempo hip-hop se fait moins groovy, plus déconstruit, mais terriblement captivant et troublant.

Le trouble, c’est précisément ce qu’apportent les titres que nous regrouperont sous la bannière étrangetés freaks. Font partie de ceux-là That good old tomorrow, Freaky circus, et Forbidden cabinet. Ces trois morceaux apportent une couleur très nouvelle dans le son Wax Tailor. That good old tomorrow sonne comme un pied de nez au sépia « C’était mieux avant », en étant plutôt un « C’était mieux demain » (le meilleur étant à venir, rappelons-le). Sur un rythme de valse lente, Wax Tailor brouille les époques et les pistes. Et si le meilleur moment, c’était maintenant ? Freaky circus nous emmène dans un cabinet des curiosités sonores, en mixant un flow efficace et des samples qui évoquent une BO de Tim Burton et un film joyeux de David Lynch (oui, j’ai bien dit ça). Quant à Forbidden cabinet, c’est une avalanche de samples vocaux parfaitement mixés sur une trame musicale toujours plus intrigante. Ces trois titres, respectivement en 3e, 6e et 7e position sur la galette, tombent à point nommé pour nous surprendre et nous emmener là où on ne pensait pas aller.

Précisément, là où ne pensait pas aller, c’est dans un troisième univers avec Come with me et Shaman in your arms. Placés tous deux en 4e position des faces A et B, ils se parlent l’un à l’autre. Victoria Bigelow dans le premier, Jennifer Charles (de Elysian Fields) dans le second : deux voix féminines, langoureuses, envoutantes et captivantes. Voilà bien deux titres qui font penser très fort à Twin Peaks et ses scènes capiteuses à souhait. Comme deux bulles respiratoires autant que séduisantes, l’un et l’autre offrent un moment en suspension. Une sorte de Red Room dans laquelle on se poserait et s’abandonnerait, avant de reprendre le voyage.

Un voyage qui, vous l’aurez compris, n’a rien d’un gros son mal dégrossi. Wax Tailor livre ici un album d’une richesse et d’une finesse assez bouleversantes. Une fois de plus, il brouille nos attentes et les frontières musicales en mélangeant avec grand talent du low-tempo hip-hop (sa marque de fabrique) et divers univers qui trouvent pourtant une cohérence évidente. A aucun moment on ne se demande ce qu’est ce melting-pot sonore. En revanche, à chaque seconde et chaque titre, on frissonne d’émotions et de plaisir face à cette intelligence artistique qui, une fois encore, me laisse admiratif et captivé. Comme à son habitude, Wax Tailor convoque une longue liste de featurings parfaitement choisis, selon le climat qu’il veut donner à chacune de ses compositions.

Fishing for accidents est un magnifique album, qui se clôt sur The final note. Une conclusion au voyage, construite sur quelques notes de pianos et une nappe de cordes traînante. Un peu comme s’il était tard dans la nuit, au fin fond d’un bar lynchien, et que nous avions rêvé les 38 minutes qui viennent de passer. L’album est pourtant bien là, avec de plus une pochette absolument somptueuse réalisée par Hanako Saïto, artiste japonaise qui a notamment collaboré avec Tarantino sur Kill Bill. Tourné autant vers ses prédécesseurs (à commencer par Tales of the forgotten melodies) que vers l’avenir et de nouvelles pistes musicales, Fishing for accidents est la très belle surprise de ce début 2023. Après un excellent The shadow of their suns puissant mais assez sombre, Wax Tailor démontre une nouvelle fois ses talents de Craftsman avec ce nouvel opus tout aussi excellent que ses albums précédents. Procurez vous d’urgence cette merveille si ce n’est déjà fait : voilà un sérieux prétendant au podium 2023.

(Visuel pochette par Hanako Saïto)

Raf Against The Machine

Five Titles n°30 : Radiohead

Capture d’écran 2023-02-15 à 16.20.35Un Five Titles pour le moins original cette semaine : alors que nous réservons généralement cette rubrique à l’extraction de cinq titres d’un même album pour vous donner envie d’en écouter le reste, nous allons plutôt partir sur un top 5. Étrange idée ? Pas tout à fait. Voici quelques semaines, j’ai vu passer et répondu sur Twitter à un petit jeu consistant à donner son top 5 des titres de Radiohead, tout album confondu (Twitter où, je le rappelle, vous pouvez nous suivre dans nos pérégrinations bloguesques et culturelles en rejoignant nos deux comptes @sylphe45 et @BatRafATM). Ce top 5 Radiohead fut une sacrée difficulté : comment extraire de la discographie du groupe seulement cinq titres au beau milieu de cette avalanche de pépites depuis le premier album Pablo Honey en 1993 ? Trente ans que la bande de Thom Yorke nous accompagne, avec à ce jour une carrière parfaite. Pas un mauvais album, pas un titre à jeter. Après les plutôt rock Pablo Honey et The Bends (1995) que j’aime beaucoup, OK Computer (1997) fut la claque absolue dont je ne suis toujours pas remis. En 2000 et 2001, le diptyque Kid A / Amnesiac (aujourd’hui réuni dans le triple vinyle Kid A Mnesia sorti en 2021) fait entrer le groupe dans une nouvelle dimension artistique, en venant prolonger OK Computer tout en éclatant tous les repères.

Les quatre albums suivants, respectivement Hail to the thief (2003), In Rainbows (2007), The King of limbs (2011) et A Moon Shaped Pool (2016), installent définitivement Radiohead au panthéon du rock et de la musique des 20 et 21e siècles. Dès lors, comment ne retenir que cinq titres ? Tout simplement en les laissant venir, spontanément. Quels sont les morceaux qui me viennent et qui vibrent le plus en moi lorsqu’on me parle de Radiohead ? Réponse immédiatement, ici-bas, ici même.

  1. Paranoid Android (sur OK Computer) : titre rock, étiré, déconstruit, hors de toute norme single et radiophonique, Paranoid Android est un bijou de création qui alterne moments intimistes, dépressifs, planants, et explosions rock. Tout Radiohead est là, et si un jour il ne fallait en garder qu’un, le voilà.
  2. Like Spinning Plates (sur Amnesiac) : je peine à trouver les mots justes pour décrire l’effet que me fait cette chanson. Notamment dans sa version ‘Why us ?’, entendue sur le live I might be wrong en 2001, et disponible sur Kid A Mnesia. A écouter, tout simplement. Une des merveilles musicales de notre temps.
  3. Fake Plastic Trees (sur The Bends) : balade rock quasi acoustique qui empile les émotions comme les couches musicales, portée par la voix déchirée et déchirante de Thom Yorke. Là encore, une musicalité presque hors du temps.
  4. Motion Picture Soundtrack (sur Kid A) : quasi titre de clôture du chef-d’œuvre Kid A, un titre sans aucune guitare ni aucun attribut rock pour une mélodie aérienne qui monte très très haut à la faveur de chœurs quasi mystiques. En découvrant Kid A pour la première fois, et en le refermant avec ce morceau, des vagues d’émotions encore intactes aujourd’hui.
  5. Climbing up the walls (sur OK computer) : pour son travail sur le son, les dizaines d’artefacts et de glitches sonores (écoutez moi ça au casque je vous en prie), ce titre est une pépite d’écriture. Trois minutes contenues et posées en tension, pour finir sur un mur de guitares et de cordes déchirant, avant de s’échouer dans trente secondes de retombées. La transition avec No Surprises sur ce même OK Computer.

Vous aurez donc aujourd’hui non pas cinq minutes mais cinq titres de bon son fournis par une des plus grands groupes que la musique nous ait offert. On ne fait que relayer et vous partager ça, en attendant la review de fin de semaine qui concernera un autre grand musicien dont le dernier et bouleversant album est sorti vendredi dernier (spoiler/indice : on peut émouvoir avec des platines).

(Visuel by Stanley Donwood pour Radiohead)

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°121 : Brimstone rock (1997) de 16 Horsepower

R-389347-1226083178Et si nous finissions ce week-end en écoutant un son un peu crasseux mais diablement bon ? Soyons raccord avec le mood du dimanche soir, qui n’est pas vraiment mon moment préféré de la semaine. C’est l’heure de clore le repos de fin de semaine et de penser déjà à la reprise du boulot le lundi matin. Voilà un double programme qui vend du rêve. Pour lutter contre cette merveilleuse ambiance, j’ai quelques pistes intéressantes, dont certaines que je garde rien que pour moi. Mais il en est une qui fonctionne très bien et que je peux vous partager : plonger dans mes disques et trouver le son qui fait du bien. Ils sont divers et plusieurs pour tout dire. Au hasard de la playlist, c’est un morceau de 25 ans d’âge que je vous propose ce soir. Low estate est le deuxième album studio de 16 Horsepower, sorti en 1997. A l’époque, le groupe, fondé par l’Américain David Eugene Edwards et les Français Pascal Humbert et Jean-Yves Tola (anciens de chez Passion Fodder) existe depuis 5 ans. Il a déjà livré un EP en 1995, sobrement intitulé 16 Horsepower, puis le très bon Sackcloth ‘n’ Ashes en 1996. Cette première galette studio illustre parfaitement le Denver sound dont la formation se fait immédiatement un porte étendard. Le Denver sound ? Un savant mélange de country, American Gothic, folk, garage rock et gospel, qui donne à 16 Horsepower son identité musicale si caractéristique.

Un an plus tard, Low estate tombe dans les bacs avec une touche plus rock et plus électrique que son prédécesseur. Produit par John Parish, l’album contient de la pépite à ne plus savoir quoi en faire et reste, à ce jour, mon opus préféré. Le groupe déploie une énergie et une musicalité qu’on retrouvera dans les albums ultérieurs, mais c’est sur Low estate qu’il explose de sa classe. Du rock tendu et à fleur de peau qui sent la terre, les grands espaces, la ruée vers l’or, le bourbon et le vent dans les plaines et dans nos cheveux. De quoi s’évader tranquillement un dimanche soir. Et ce n’est pas le titre d’ouverture de Low estate qui me fera mentir. Brimstone rock pose son empreinte sonore comme un cheval foule la terre de ses sabots. Quelques notes de banjo, la voix nasillarde de David Eugene Edwards, puis le déchainement rock-folk pour 4 minutes 20 de pure évasion.

Je vous laisse filer à Brimstone rock, et sur les 15 autres pistes de l’album si le cœur vous en dit. Avec, à l’arrivée et en clôture, une imparable et bouleversante reprise de The Partisan de Leonard Cohen par le groupe, accompagné de Bertrand Cantat, alors chanteur de feu Noir Désir. Listen it and escape.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°120 : Over my head (2015) de Asaf Avidan

81Wh3CgrybL._SY355_Petite virée dans des terres musicales hautement émotionnelles aujourd’hui, avec Asaf Avidan. D’abord connu comme le leader du groupe de folk-rock Asaf Avidan and the Mojos, le garçon s’est fait connaître en 2008 avec The Reckoning, le premier et très chouette album du groupe. La galette contient notamment le méga connu Reckoning song (One day), ensuite remixé de diverses façons plus ou moins heureuses. Dès ces premières compositions, c’est tout à la fois la richesse musicale et la voix hors normes d’Asaf Avidan qui nous saisissent. Un talent à fleur de peau qui ne fera que se confirmer, et particulièrement dans Different Pulses (2013), son premier album solo. C’est pourtant sur le deuxième que l’on va s’arrêter quelques minutes, le temps d’une pépite intemporelle. Gold Shadow (2015) est, lui aussi, une merveille de 13 titres qui ne laissent personne indemne.

A commencer par Over my head, splendide ballade qui sonne un peu comme du Bob Dylan qui aurait enregistré Blonde on Blonde dix ans plus tôt dans les années 1950. Il en résulte deux minutes trente de pure merveille musicale. Tout comme Maybe you are irradiait l’ouverture de The Reckoning, Over my head annonce le grand album qui s’offre à nous. Rien que les quatre premiers titres sont une immense fessée musicale, introduite par ce Over my head qui m’a obsédé des jours durant à la sortie de l’album. Pour son rythme doux et lancinant, pour la tendre plainte vocale d’Asaf Avidan, pour la puissance du voyage en moins de trois minutes. Comment un seul garçon peut-il contenir autant de talent, autant d’émotions, et savoir si bien les exprimer ? Je n’en sais foutrement rien. Seul compte le plaisir que j’ai à chaque écoute de Gold Shadow, à commencer par Over my head. Pour vous avoir fait saliver, vous aurez un deuxième titre en écoute. Et pour prolonger le tout, écoutez Gold Shadow en entier, avant de plonger dans The study on falling (2017), troisième album d’Asaf Avidan, et autre merveille à explorer.

En bref, écoutez Asaf Avidan. En commençant par ça.

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Pépite intemporelle n°119 : Pure Morning (1998) de Placebo

71TjTnlLKcL._SL1400_Connaissez-vous l’histoire du garçon qui procrastine toute la semaine, en se disant qu’il a le temps d’écrire sa chronique ? Ne cherchez pas, le monsieur en question est face à vous (enfin, derrière le clavier), et c’est dans une certaine urgence teintée néanmoins d’un grand plaisir que je vous drope un son en ce vendredi soir. Pour faire un pied de nez à la soirée, quoi de plus amusant que d’écouter un titre matinal ? En l’occurrence, celui qui me trotte dans la tête depuis ce matin. Voilà plusieurs jours que je cherche quoi chroniquer, et la vie m’apporte une pépite intemporelle avec Pure Morning de Placebo. Titre d’ouverture de Without you I’m nothing (1998), deuxième album de Placebo, Pure Morning envoie du gros son d’entrée de jeu. Guitares saturées lourdes et sèches surplombées par la voix hors norme de Brian Molko, voilà 4 minutes de son comme on l’aime chez Five-Minutes. Si affinités, je vous invite fortement à écouter le reste de l’album, qui est pour moi le meilleur de toute la discographie du groupe. Treize titres et autant de pépites écoutées et usées jusqu’à l’os il y a 25 ans, et depuis très régulièrement. Without you I’m nothing est une de ces galettes dont je ne me suis jamais vraiment remis. En raison de ce Pure Morning, mais aussi du furieux et tendu Every you every me, que je vous mets en écoute bonus pour me faire pardonner de la livraison tardive de cette chronique. Bon weekend et bon Pure Morning.

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Pépite intemporelle n°188 : Run boy run (2013) de Woodkid

71F9C9qszYL._SL1400_Dix ans déjà que cet album-claque nous est tombé dessus. En mars 2013, Yoann Lemoine aka Woodkid livre The Golden Age, son premier album studio. Que dire qui n’aurait déjà été dit de cette galette incroyable, révolutionnaire dans son mixage de sonorités, unique dans ses ambiances sonores, surplombé par la voix hors normes de son créateur ? The Golden Age est bourré de 14 pépites toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Depuis le titre éponyme qui ouvre les hostilités entre lyrisme et intimisme au martial The Other Side qui clôt le voyage, nos oreilles en prennent plein les yeux. On n’oubliera pas non plus le tribal Iron, le bouleversant Boat Song ou le vertigineux Conquest of Spaces. Bref, quelque soit le bout par lequel on attrape The Golden Age, c’est la fessée musicale de haute qualité. Difficile de retenir un titre plus qu’un autre tant, à la manière d’un Kubrick, chaque création en vaut largement une autre. C’est plutôt l’humeur du moment, ou le contexte, qui nous amène à préférer temporairement un morceau plus qu’un autre.

Aujourd’hui, ce sera une question de contexte. Lors de notre petite conférence de rédaction hebdomadaire avec le copain Sylphe, nous avons fait le constat d’une semaine à la fois très dense et qui file à vive allure. Sans trop savoir pourquoi, Run Boy Run de Woodkid m’est venu en tête et ne m’a pas lâché pendant plusieurs heures. Peut-être l’urgence du titre incarnée par les percussions intenses. A moins que ce ne soit la cadence, marquée et pourtant si lumineuse et semblant survoler le temps. Ou encore la conclusion du titre qui ressemble à ce qui transperce le coureur lorsqu’il aperçoit la ligne d’arrivée. Run Boy Run n’est peut-être rien de tout ça, et n’est peut-être simplement qu’un foutu bon morceau de musique qui file le pêchon. On aurait bien tort de s’en priver. Assez parlé, il est temps d’écouter cette petite merveille, à écouter sans aucune modération comme tout Woodkid. En bonus, le clip est une dinguerie de classe visuelle. Run Boy Run !

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Pépite intemporelle n°116 : Un temps pour tout (2008) de Vincent Delerm

71+On4zvFvL._SL1500_Après le coup de vieux filé par le copain Sylphe dans sa dernière chronique, je vais aussi vous piquer un peu la timeline en remontant quasiment quinze années en arrière. Cette année 2008, le mois de novembre voit arriver le quatrième album de Vincent Delerm sobrement intitulé Quinze chansons. Clin d’œil à Leonard Cohen et ses Ten new songs ou Randy Newman avec son 12 songs, le titre de l’album invite surtout à découvrir les nouvelles compositions d’un garçon qui séduit autant qu’il peut être détesté. Sans attendre, plaçons nous dans la première catégorie. Depuis son premier album, Vincent Delerm me raconte avec un sens du détail imagé et cinématographique une succession de petites histoires qui touchent juste. Lorsqu’est sorti Quinze chansons, j’étais assez impatient, d’autant que Les piqûres d’araignée sorti deux ans plus tôt m’avait un peu laissé sur ma faim. Album bourré de pépites, il m’avait pourtant moins convaincu dans sa globalité. Quinze chansons replace la barre très haut, avec dès l’ouverture Tous les acteurs s’appellent Terence qui sent bon Hollywood des années 1950. Émotions directes du cinéphile/historien, et les yeux fermés à voir défiler mille scènes réelles ou imaginaires. Émotions et sourires qui se poursuivront pendant 37 minutes, avec, à l’entrée du dernier tiers, la pépite de douceurs de la galette.

Dixième titre de l’album, Un temps pour tout est une petite merveille. Cela tient peut-être à la délicate mélodie légèrement rythmée qui sait se suspendre pour mieux nous rattraper. A moins que ce ne soit pour le texte, finement et réalistement écrit, et ce qu’il raconte. Des instants saisis lors d’un trajet à deux en voiture qui est bien plus qu’un trajet, en forme d’un court-métrage mémoriel qui convoque en nous des images mentales. Des souvenirs ou moments vécus lors de ce genre de trajet-bulle, chargé de détails visuels et sensoriels, de sourires.

Il y a bien Un temps pour tout : pour écouter Vincent Delerm, pour aimer « votre visage à la lumière du péage », pour moduler « le son de la modulation », pour « votre main dans mon cou », pour « vos théories sur les autoroutes la nuit », pour « vos yeux près des miens flous ». En parler et mettre trop de mots sur cette chanson, c’est déjà la gâcher et ne pas lui laisser la place d’exister pleinement. Vous allez donc lancer la lecture ci-dessous, et vous laisser porter. Libre à vous, évidemment, de ne pas aimer. Mais, puisqu’il y a Un temps pour tout, écoutez ces 2 minutes 38, puis laissez venir votre avis.

Ensuite, puisqu’il y a Un temps pour tout, nous laisserons le temps jouer son rôle et faire venir à nous les moments qu’il nous réserve. Dont ceux où seront « vos yeux près des miens flous ».

(Photo de pochette : Virginie Aussiètre)

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Pépite intemporelle n°115 : Whole lotta love (1969) de Led Zeppelin

Vinyles-Led-Zeppelin-Vinyle-Led-Zeppelin---Led-Zeppelin-II--Remastered--lAprès 2022, ses 12 mois et tous ses bons sons partagés ici, il est grand temps de basculer en 2023 (comment ça on est déjà le 13 janvier ?). En commençant par souhaiter à tous nos lecteurs une excellente nouvelle année, pleine de bonnes choses, de santé et d’amour. Et puisqu’on parle d’amour, pourquoi ne pas fêter cette première chronique de 2023 avec un titre plein de love ? Avec élégance et distinction, comme toujours sur Five-Minutes. Whole lotta love (littéralement « Tout plein d’amour ») est sans doute ce qu’on fait de plus éloigné de toutes les bluettes et déclarations d’amour guimauves. On est là face à presque 5 minutes de pure énergie en tout genre, incandescentes et fortement sexualisées. La chanson ouvre Led Zeppelin II, deuxième album du groupe Led Zeppelin emmené par Robert Plant (chant) et Jimmy Page (guitare). Un album qui contient d’autres pépites comme The lemon song, Heartbreaker ou encore Moby Dick et son incroyable solo de batterie par John Bonham. Pourtant, c’est bien Whole lotta love qui met une baffe monumentale en ouvrant la galette et semble irriguer de toute son insolence le reste de l’album.

Whole lotta love est une adaptation de You need love du bluesman Willie Dixon, titre auquel Robert Plant ajoute quelques passages. Mis à part son titre somme toute assez sage (qui ne voudrait pas « Tout plein d’amour » ?), c’est plutôt ce qu’on trouve en fouillant un peu qui érotise l’ensemble. L’original de Willie Dixon contient déjà des paroles sans équivoque avec le « way down inside » (« tout au fond de toi »). Led Zeppelin va un peu plus loin en ajoutant au beau milieu du titre des cris vocaux d’orgasme se mêlant à d’autres moins évidents (mais tout aussi explicites) joués au thérémine par Jimmy Page pendant la montée psychédélique, sonore et jouissive du pont de milieu de la chanson. Comme s’il en fallait encore, les dernières paroles sont tout aussi électriques et font référence au Back Door Man (autre titre blues de Willie Dixon, repris cette fois par les Doors en 1967 pour une version tout aussi sexuelle que Whole lotta love) : « Shake for me girl, I wanna be your back door man » (Secoue-toi pour moi, je veux être ton homme de la porte de derrière). Tout un programme.

L’ensemble deviendra rapidement un standard absolu du groupe, autant pour son énergie et ses qualités musicales rock que pour le parfum vénéneux que le morceau dégage. Joué durant des années dans à peu près toutes les prestations du groupe, parfois dans d’interminables versions longues comme un orgasme qu’on retarde pour mieux le laisser venir, Whole lotta love est un titre chaud comme la braise, dévastateur, profondément connoté. Le genre de morceaux entré dans les annales depuis des années et jusqu’à la nuit des temps. Tant que les hommes et les femmes aimeront le rock, l’amour et le sexe, ils écouteront Whole lotta love.

Cerise sur le gâteau ? Whole lotta love est sorti en 1969, année érotique. Quant à la pochette du disque, regardez bien. On en le voit pas au premier coup d’œil mais il y a bien un gros Zeppelin gonflé qui flotte sur l’album. Il vous faut encore des explications après ça ? Si non, passons à l’écoute et à la démonstration, son à l’appui. Si oui.. et bien passons à la dernière preuve que seront l’écoute et la démonstration, son à l’appui. Whole lotta love !

Raf Against The Machine

Rétrospective 2022 de Raf Against The Machine

L’année touche à sa fin, et comme un vieux marronnier, il est de bon ton de regarder un peu dans le rétroviseur. Pas par nostalgie, ni avec des regrets, mais pour voir ce que l’on retient de 2022. Une année du boomerang (voir la petite chronique liée par ici) que je laisse partir tranquillement, pour plonger dans 2023 afin de voir comment 2022 et ses bonnes ondes (oui, il y en a eu) se prolongent. Toutefois, à la porte de cette nouvelle année, partageons une dernière fois ce qui a marqué mon année écoulée sur le plan musical. Une rétrospective forcément subjective : ne hurlez pas s’il n’y a pas votre son de l’année, votre découverte ou le live qui vous a marqué. En revanche, ne vous privez pas de laisser, dans les commentaires, votre top à vous. Five-Minutes, c’est aussi l’envie de partager ainsi quelques minutes de bon son.

Du côté des albums de l’année, une fois n’est pas coutume, j’ai un vrai podium à trois places. Pas quatre comme les années passées où, incapable de choisir, j’avais systématiquement rajouté une marche au podium. Et une fois n’est pas coutume, nous allons remonter les places. Sur la troisième marche, A Light for Attracting Attention, l’album de The Smile. Composé de Thom Yorke (chanteur de Radiohead), Jonny Greenwood (guitariste de Radiohead) et Tom Skinner (batteur chez Sons of Kemet), le groupe a livré au beau milieu de 2022 une galette assez impressionnante de créativité (la chronique est à relire par ici). J’attendais énormément cet album, et j’avoue avoir été très agréablement surpris par la richesse et la variété des compositions, alors que je m’attendais plutôt à un trio rock brut de décoffrage assez basique et uniforme dans les sons.

A la deuxième place, une galette totalement inattendue pour moi : La mémoire du feu du groupe Ez3kiel. Pour tout dire, c’est le copain Sylphe qui a mis ce son dans mes oreilles. Voilà un album concept comme on n’en fait plus. L’histoire d’amour de Diane et Duane qui prend place dans un univers de SF post-apocalyptique. La petite histoire dans la grande, toutes deux narrées au travers de onze titres tour à tour très rock qui décapent ou très doux et intimistes. Des compositions incroyables d’efficacité, surplombées par les voix tout aussi incroyables de Jessica Martin-Maresco et Benjamin Nérot. Un fascinant album que nous avons eu le plaisir de découvrir live. En plus d’un disque impressionnant, Ez3kiel sait aussi conquérir le public sur scène. Une vraie bonne surprise qui a tapé très fort dès janvier 2022.

Mais qui peut bien attraper la plus haute marche du podium ? Aucune surprise pour qui me connaît un minimum ou lit régulièrement ces pages. Sans aucune hésitation, mon album 2022 est Call to Arms & Angels de Archive. Album attendu comme aucun autre de ma part, j’ai plongé dès le jour de la sortie et les premières notes, et chroniqué la bête ici-même. Un peu plus tôt même, puisque j’avais eu la chance de pouvoir écouter l’album quelques jours avant sa sortie, lors d’une soirée-rencontre avec le groupe et quelques fans hardcores tous plus sympathiques les uns que les autres. Call to Arms & Angels est une claque totale et absolue. Un disque qui est pour moi autant une somme de lumières qu’un refuge, un baume autant qu’une pile d’énergie inépuisable. Alors que le groupe venait de fêter ses 25 ans avec la sortie d’un gargantuesque coffret et de Versions, deux albums de remixes, je me demandais (sans en douter) comment le groupe allait pouvoir poursuivre et innover. C’est bien plus que de l’innovation. C’est une réinvention totale pour un groupe qui ne cesse de me bouleverser. Nous aurions dû découvrir tout cela en live en octobre dernier, mais un putain de crabe a attrapé Darius Keeler, reportant d’un an la tournée. Darius va bien (et tant mieux pour lui et ses proches avant tout), Call to Arms & Angels poursuit sa route, et nous retrouverons bientôt Archive sur scène, pour un live qui s’annonce déjà dantesque.

Au-delà de ce top 3 d’albums sortis en 2022, il faut ajouter deux autres galettes, également sorties en 2022 qui ont marqué mon année. On vient de parler d’Archive, un groupe dans lequel officie le génial et sympathique Dave Pen (chant/guitares). Ce dernier a sorti à l’automne The universe is IDK, un EP de sept titres inattendu et assez captivant. J’en ai parlé par ici et vous laisse relire tout le bien que j’en pense. Preuve de la proximité et de l’humilité du garçon ? Suite à cette chronique, j’ai reçu un très gentil mot de remerciements. Autre galette, totalement inattendue elle aussi, Transmissions par le collectif Transmission. Initialement entendue en live au festival HopPopHop en septembre, la prestation m’a scotchée au point de vouloir retrouver ces sensations sur disque. Ce qui tombe bien, puisque ces compositions sont disponibles sur un enregistrement de haute facture qui rend justice à la créativité du collectif (chronique à retrouver ici). Un collectif porté en partie par des membres d’Ez3kiel. On ne se refait pas.

Il me faut encore citer cinq albums, cette fois non sortis en 2022 mais qui ont laissé une trace dans ces douze derniers mois. Sorti en décembre 2021, The Dystopian Thing de Thomas Méreur a littéralement ruisselé et accompagné tout 2022 (la review est à retrouver par ici). Le petit frère de Dyrhólaey (2019) est tout aussi magique, envoûtant, prenant et maîtrisé, pour nous emmener dans des voyages et des évasions intimistes au fond de nous-mêmes. Un magnifique album dont je ne me lasse pas. La réédition de Est-ce que tu sais ? de Gaëtan Roussel a apporté trois nouveaux titres à un album sorti en 2021 et déjà parfait. Pas vraiment un opus de 2022, mais une version définitive qui m’a fait replonger directement dans un des disques qui compte le plus pour moi. Autre réédition, celle de () du groupe islandais Sigur Rós. Pour célébrer les 20 ans de cet album incroyable, le groupe le republie ces jours-ci dans une édition anniversaire. Une excellente occasion de (re)découvrir un des groupes les plus fascinants et les plus créatifs de ces dernières années. Autre groupe fascinant : Noir Désir. Si l’intégrale vinyle est annoncée pour janvier 2023 au prix délirant et stratosphérique de plus de 200 euros, on s’arrêtera plutôt sur Comme elle vient – Live à Evry 2002, captation efficace et émouvante du dernier live du groupe. Clôture de la tournée Des visages, des figures, ce concert enregistré le 14 décembre 2002 restera pour toujours la dernière prestation du groupe, au sommet de sa créativité et de son intelligence musicale. Enfin, puisqu’on parle d’ultime prestation, comment ne pas penser au grand Arno, parti en mai 2022, laissant une carrière qui force le respect par son audace, sa diversité, son énergie. Une des meilleures façons de parcourir l’éventail musical de ce grand rocker sensible, c’est de s’écouter Vivre. Un album piano-voix sorti en 2021 et enregistré avec Sofiane Pamart. Tout est délicatesse, sensibilité, énergie, rage de vivre dans ces reprises intimistes de titres plus ou moins connus d’Arno. Avec une version bouleversante et imparable de Solo gigolo qui résonne comme un testament autant qu’un hymne éternel. Les poils putain putain. Avec Arno à nos côtés pour toujours.

La musique occupe une place essentielle pour moi aussi dans les œuvres où elle pourrait passer pour secondaire. Je m’explique. La musique existe et vit pour elle-même, mais j’y suis aussi particulièrement sensible dans les films et les séries, autant que dans les jeux vidéo.

Côté films/séries, trois BO auront marqué mon 2022. The Batman, sorti sur nos écrans en mars dernier, bénéficie d’une bande originale très efficace composée par Michael Giacchino, qui soutient un des grands films de l’année par sa noirceur autant que par sa compréhension de ce qu’est le Batverse. Ce film a marqué mon année, autant que sa BO. Autre moment à retenir : Cyberpunk Edgerunners, ou l’adaptation par Netflix du jeu CyberPunk 2077 de CD Projekt. La série réalise le mélange de l’animé japonais ultraviolent et de l’univers cyberpunk imaginé par Mike Pondsmith. L’occasion toute rêvée pour redécouvrir ce grand jeu malade à la faveur de sa mise à jour consoles next-gen, et se remettre dans les oreilles la super BO du jeu, que l’on retrouve en partie dans la série aux côtés de quelques titres rock bien sentis. Enfin, toujours côté séries, comment ne pas parler de l’ascenseur émotionnel (et donc du scandale) provoqué par Westworld ? Quelques jours après la sortie/diffusion de la saison 4 cet été, nous apprenions que HBO, chaîne à l’origine de la série comme de bien d’autres chef-d’œuvres du petit écran, ne donnerait pas suite et fin à Westworld, en refusant de financer l’ultime saison 5. Nous resterons donc orphelins de la conclusion d’une des plus grandes séries de notre temps, tout en gardant en tête son incroyable BO faite de compositions originales de Ramin Djawadi et de reprises de grands titres rock.

Coté jeux vidéo, deux OST ont ponctué mon 2022. D’une part, les compositions toujours hors du temps et du réel de Keiichi Okabe pour NieR Replicant et NieR: Automata. Ce dernier jeu est ma référence absolue, le jeu parmi les jeux et la BO de jeu parmi les BO de jeux. J’en suis tellement fan et soufflé que je n’ai toujours pas réussi à vous en faire une chronique par ici, faute de trouver les mots justes qui retranscriront ce que me procure ces musiques et ce jeu. Mais, pour reprendre Jack Kérouac (in Les clochards célestes), « Un jour je trouverai les mots justes, et ils seront simples ». Cette année 2022 est celle où j’ai enfin pris le temps de faire NieR Replicant, jeu grand frère et préquel de Nier: Automata. Si le jeu m’a moins marqué, tout en étant un super moment vidéoludique, sa BO m’a tout autant retourné et j’ai passé de longues heures à réécouter les compositions de Replicant et Automata. D’autre part, 2022 aura aussi été l’année du décès de Ryan Karazija, chanteur du groupe Low Roar dont les morceaux ont été largement mis en avant par Hideo Kojima dans son chef-d’œuvre Death Stranding. Une BO là aussi hors du temps, tout comme le jeu qu’elle accompagne. Et, à la survenue de cette triste nouvelle, relancer Death Stranding et réécouter Low Roar. Dont cet incroyable I’ll keep coming.

Objet inclassable et non classé de 2022 qui mérite pourtant amplement de figurer ici, le coffret PJ Harvey B-sides, Demos and Rarities constitué de 6 galettes vinyles et pas moins de 59 titres. Histoire de parachever la réédition depuis 2020 de l’ensemble de sa discographie, la chanteuse nous a gratifiés à l’automne de cette dantesque rétrospective de sa carrière, au travers de morceaux à découvrir ou redécouvrir. Un coffret dont j’avoue n’avoir pas encore fait le tour, tant il est riche, dense et passionnant. En proposant son contenu dans l’ordre chronologique de la carrière de PJ Harvey, il permet aussi de mesurer l’évolution et la créativité artistiques d’une artiste à nulle autre pareille.

Enfin, comme de petites ritournelles pop-folk-rock, je ne peux pas refermer 2022 sans mentionner Angus & Julia Stone. Leur dernier album studio Snow remonte à 2017, et leur dernière production à 2021 avec la BO du jeu vidéo Life is strange – True colors (que je reconnais ne pas avoir encore fait, il m’est donc impossible de pouvoir légitimement en parler). Pourtant, ces deux là m’accompagnent depuis quelques années, plus précisément depuis un jour de 2010 où j’ai découvert leur album Down the way et leur folk-rock, pour ne plus jamais trop m’en éloigner. L’année 2022 a fait que j’ai plus réécouté Angus & Julia Stone que d’autres années. Comme pour me glisser dans une bulle de sérénité. Comme du son qu’il fait bon partager au cœur de cette bulle.

Un dernier mot sur 2022 : notre Five-Minutes a encore progressé, aussi bien en nombre de vues avec plus de 21 250 (15 231 en 2021) qu’en nombre de visiteurs avec près de 15 100 (10 613 en 2021). Mes presque derniers mots de rétrospective 2022 iront donc à vous, lecteurs réguliers ou plus ponctuels, qui nous faites la gentillesse de venir suivre notre modeste et humble aventure bloguesque, pour quelques minutes de bon son. Merci infiniment à vous.

Last but not least, mon dernier coup de projecteur musical avant de refermer 2022 sera pour mon ami et compère de Five-Minutes. Sylphe, merci pour ta passion musicale, cette aventure Five-Minutes, ton indéfectible soutien en tout temps. Ton amitié.

Prenez soin de vous, bons derniers jours de 2022, et rendez-vous de l’autre côté en 2023 pour une nouvelle année de pépites et découvertes musicales.

Raf Against The Machine

Pépite intemporelle n°113 : Human (2021) de Thomas Méreur

Capture d’écran 2022-12-12 à 22.06.34Petit drop surprise du soir, avec un son qui réchauffe en cette froide journée. Un 12 décembre dont on se souviendra chez Five-Minutes. Pour la première fois depuis la création du blog, nous franchissons la barre des 20 000 vues sur une année, par ailleurs pas tout à fait terminée. « Nous » qui franchissons la barre des 20k, c’est à la fois le copain Sylphe et moi-même, mais aussi vous tous qui nous faites la gentillesse et la joie de passer, ponctuellement ou plus régulièrement, partager un son et les quelques lignes qui les accompagnent. Au-delà de la satisfaction de ce chiffre, c’est avant tout celle d’atteindre notre objectif, très humble et modeste, de mettre en avant des artistes et des titres qui nous font du bien. D’en partager quelques notes et quelques minutes avec vous lecteurs/auditeurs. Et peut-être aussi parfois de vous en faire découvrir.

Ce blog est originellement celui de Sylphe, qui, un jour de 2009, m’a fait l’amitié de me proposer de le rejoindre dans cette aventure. Nous portons Five-Minutes depuis, d’abord sur une autre plateforme, puis ici depuis la relance en 2018. Mener cette petite barque ensemble est un plaisir, malgré parfois quelques petites baisses de rythme bien indépendantes de notre volonté. Alimenter chaque jour les pages de notre Five-Minutes nous replonge chaque semaine dans la musique. Cet art qui nous accompagne jour après jours dans un monde bien chahuté, mais également rempli de merveilles sonores, telle que ce Human de Thomas Méreur, tiré de The Dystopian Thing (2021), deuxième album du garçon. Un titre déjà chroniqué en novembre 2021, mais dont je ne me lasse pas et qui tourne à l’instant sur la platine. Ce n’est ni un hasard, ni étonnant, quand un morceau porte autant de poésie et d’émotions. Une galette dont on a fêté voici quelques jours à peine le premier anniversaire, et qui continue de ravir mes oreilles autant que son grand frère Dyrhólaey (2019). Human. Un mot et une idée qui nous tiennent particulièrement à cœur chez Five-Minutes. Un titre qui fête ses 1 an alors que nous fêtons nos 20k vues. Alignement des planètes ?

Merci à la musique. Merci à Thomas Méreur pour ses petites pépites musicales. Merci à vous tous qui nous visitez. Merci à toi mon ami Sylphe.

Artwork by Céline Hennu

Raf Against The Machine