Ciné-Musique n°11 : I’m shipping up to Boston (2005) des Dropkick Murphys in Les Infiltrés (2006) de Martin Scorsese

Capture d’écran 2022-03-17 à 18.15.35Alors que l’on redécouvre au cinéma la trilogie Infernal Affairs vingt ans après sa sortie, à la faveur d’une ressortie en version restaurée 4k, on peut aussi se replonger dans deux enfants spirituels des films de Alan Mak et Andrew Law. Les trois longs métrages hong-kongais suivent l’existence de deux infiltrés sur une dizaine d’années : l’un au sein de la police, l’autre dans les triades de Hong Kong. Si le genre vous tente un tant soit peu, foncez sur ce triptyque qui a marqué non seulement le début des années 2000, mais aussi l’univers vidéoludique et le cinéma occidental. Infernal Affairs a en effet largement semé dans Sleeping Dogs, jeu vidéo très efficace sorti en 2012 sur PS3, puis en version polishée et définitive en 2014 sur PS4. On y incarne Wei Shen, policier infiltré dans les triades, pour un GTA-like dense et captivant de par l’environnement où l’on évolue. Entre la nécessité de sans arrêt jouer sur un fil et divers retournements de scénario, voilà bien un titre qui ne peut nier sa filiation avec Infernal Affairs.

Du côté du cinéma occidental, Martin Scorsese s’empare du sujet dès 2006 pour réaliser Les infiltrés. Un film policier de haute volée, qui oppose la mafia irlandaise et la police dans la ville de Boston. On retrouve Matt Damon en flic mais issu du milieu mafieux et qui n’a pas réellement coupé les ponts, et Leonardo DiCaprio en flic infiltré issu d’un milieu assez huppé tout en ayant dans son arbre généalogique quelques spécimens de truands. Autant dire qu’il n’y a rien de manichéen dans Les infiltrés, et qu va rapidement s’engager un jeu de dupes dont personne ne sortira indemne. No spoil évidemment, je vous laisse découvrir cette petite merveille si vous ne la connaissez pas. Outre son scénario diablement ficelé et ses interprètes au sommet de leur forme (oui, même Matt Damon) sous la caméra du maître Scorsese, c’est une énorme énergie rock qui se dégage du film. Si le réalisateur a choisi Howard Shore pour la BO de son film, il est aussi allé chercher son thème principal chez les Dropkick Murphys.

En activité depuis 1996, la formation américaine de punk rock celtique déverse une énergie qu’on a connu jadis dans de folles et interminables soirées lycéennes/étudiantes au fin fond d’un pub enfumé et chargé de houblon. Un son qui rappelle parfois celui de The Pogues, dans son côté foutoir festif rock. Dix albums studio au compteur pour les Dropkick Murphys, et notamment The Warrior’s Code en 2005, qui leur apportera le succès commercial. Pas seulement commercial puisque Scorsese, en fin mélomane et grand connaisseur rock, saura repérer le titre I’m shipping up to Boston pour mettre le feu à ses Infiltrés. Sans ce thème énergique, rageux et inoubliable, le film de Scorsese aurait-il été le même ? Dans sa qualité et sa globalité, oui sans doute. Toutefois, le rock incendiaire des Dropkick Murphys apporte sa dose de tabasco dans une sangria déjà bien relevée. Voilà une nouvelle preuve de la fusion Scorsese/Rock, que l’on retrouve depuis des décennies au fil de films aussi géniaux que Les Affranchis, Casino, ou encore de projets autour de Bob Dylan. Prêts à mettre un peu le bordel et à prolonger la St Patrick ?

Raf Against The Machine

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