Pour cette première review de 2022, je vais me permettre de revenir vers un album sorti fin août qui a illuminé mon automne et aurait vraisemblablement mérité de figurer dans mes tops de fin d’année. Il faut cependant se rendre à l’évidence qu’il est impossible de fixer dans le marbre un top tant il est en perpétuelle évolution. Rendons donc hommage au cinquième album studio de Villagers (en français, ça perd pas mal de son charme d’aimer un groupe qui s’intitule Villageois non?) qui confirme que Conor O’Brien et toute sa clique irlandaise ont encore beaucoup à nous offrir, 10 ans après leur premier opus Becoming a Jackal. Sans être fondamentalement un fan de la première heure -manière subtile ou non pour dire que je ne connais pas les premiers albums -, je reste sur de très bonnes impressions avec l’excellent The Art Of Pretending To Swim (2018) qui démontrait une volonté de faire évoluer la folk intimiste des débuts. Pour cet album de nouveau signé sur leur label de toujours Domino Records, Villagers a eu le nez fin avec le choix de David French au mixage de l’album, lui qui a déjà oeuvré pour The XX, Caribou ou encore Arlo Parks dernièrement. La pochette de l’album donne elle aussi envie de voyager sous le regard bienveillant de la Grande Ourse mais cette introduction commence à se faire trop longue et il est temps d’aller se laisser bercer par ces rêves enfiévrés…
Après la douce introduction Something Bigger et ses 47 secondes intimistes, The First Day révèle d’emblée tout ce que j’aime chez Villagers avec son refrain lumineux sublimé par les cuivres qui contraste à merveille avec un chant dans la retenue et la pudeur. Tous les sons fragiles en fond m’évoquent l’univers féérique d’Eels. Néanmoins, la douceur feutrée de la folk reste centrale dans ce nouvel opus avec Song In Seven qui retranscrit avec grâce une vision apparue au bord de la chaude (!) Mer du Nord. Cet univers faisant la part belle aux cordes se retrouve dans Momentarily, hymne pudique à l’amour qui a ce pouvoir de contrebalancer les douleurs liées au quotidien. Quand les cordes cèdent leur place au piano, c’est le fantôme de Sufjan Stevens qui vient s’inviter. Ainsi la thématique religieuse de Full Faith In Providence accentue-t-elle aisément le parallèle avec notre natif du Michigan alors que le morceau final Deep In My Heart paraît tout droit sorti d’Illinois.
Ce Fever Dreams n’est pas aussi monolithique qu’il peut peut-être paraître sur les premières écoutes. So Simpatico offre ainsi un bel instant mélancolique sublimé par un clip plein de poésie qui redonne foi en l’humanité, Circles In The Firing Line surprend par son univers plus pop-rock, son refrain addictif et son explosion électrique finale alors que Restless Endeavour, longue incantation, est plutôt attiré par le free-jazz extatique. Pour finir, je vous mets au défi de ne pas penser à la pop faussement bancale de MGMT en écoutant le brillant Fever Dreams.
Si vous avez envie de douceur au coin du feu ce soir, ce Fever Dreams de Villagers satisfaira tous vos moindres désirs, enjoy !
Morceaux préférés (pour les plus pressés) : 2. The First Day – 6. Circles In The Firing Line – 4. So Simpatico – 9. Fever Dreams