Même si la météo nous raconte tout le contraire, l’été est là et bien là. On est dedans et, comme annoncé, Five Minutes bascule en mode « Son estival du jour ». Toujours autant de musique, moins de bla-bla, pour (re)découvrir les sons qui accompagnent notre été. Le son estival du jour sera un album complet, qui s’apprête à fêter ses 30 années d’existence. Qui sème le vent récolte le tempo de MC Solaar sort en effet en octobre 1991. Néanmoins, pendant plus de 20 ans (2000-2021), la galette sera indisponible à la vente pour des questions de droits. Ce litige récemment réglé (que ce soit du côté des droits comme des bandes, aujourd’hui de nouveau entre les mains de Solaar), l’album a été réédité (CD, vinyle et streaming) au début de ce mois de juillet 2021. Une excellente occasion de se replonger dans ce génial album, ou tout simplement de le découvrir.
Qui sème le vent récolte le tempo contient Bouge de là, que l’on a coutume de considérer comme le premier grand tube du hip-hop français. Cependant, réduire l’album à ce single reviendrait à passer à côté d’un ensemble percutant, intelligent et terriblement efficace. Outre les autres singles Caroline, Victime de la mode et Qui sème le vente récolte le tempo, on retrouve aussi dans d’autres titres moins connus tout ce qui constitue la Solaar touch : des samples puissants, des textes finement ciselés, un flow inimitable, et une énergie sublimée par les producteurs Jimmy Jay et Boom Bass (aka Hubert Blanc-Francard, future moitié de Cassius). Matière grasse contre matière grise, Armand est mort ou encore La devise sont autant de pépites incontournables, mais aussi de souvenirs et de moments vieux de 30 ans.
Relancer Qui sème le vent récolte le tempo, c’est retrouver les origines de ce qui donnera, 3 ans plus tard, l’excellent Prose combat. Ces deux albums restant, à mon goût, les meilleurs de MC Solaar. Relancer ce premier album, c’est aussi prendre conscience de l’avance, voire de l’avant-gardisme, de cet artiste : le son est parfait et n’a pas vieilli, pas plus que les textes qui sont toujours d’une actualité criante. Relancer ce disque, c’est enfin regarder de 30 années dans le rétroviseur. Se rappeler où l’on était et ce que l’on faisait lorsque cet ovni musical a débarqué. Se souvenir aussi de qui l’on était. Ce jeune garçon que j’étais, cette jeune fille que tu étais. Que nous ne sommes plus. Les nous d’il y a 30 ans ont disparu. Plus exactement, ils se sont dissous dans nous-mêmes et nos expériences de vie, pour contribuer à ce que nous sommes devenus aujourd’hui. Voilà aussi pourquoi réécouter Qui sème le vent récolte le tempo, c’est être pleinement dans le temps actuel, tout en mesurant le chemin parcouru.
Raf Against The Machine