Review n°69: Vertigo Days de The Notwist (2021)

Décidément ce début d’année musicale 2021 est particulièrement excitant! L’année dernière, lesThe Notwist 2 Allemands de The Notwist sortaient un EP Ship aussi beau que frustrant (comment est-il possible de tenir psychologiquement en n’écoutant que 3 titres?) dont nous vous avions à l’époque parlé par ici. Cet EP nous avait cependant mis du baume au coeur car il nous annonçait à coup sûr l’arrivée d’un onzième album studio pour illuminer notre début d’année 2021. Et voilà qui est chose faite avec ce Vertigo Days qui n’a pas fini de faire tourner la tête et de prendre rendez-vous avec les tops de fin d’année. Pour ce premier album signé sur le label berlinois Morr Music, les frères Markus et Micha Acher montrent qu’ils ont pleinement digéré le départ en 2015 du claviériste Martin Greschmann, l’homme qui, par son arrivée en 1997, avait insufflé un nouveau souffle électronique au groupe après trois albums sacrément énervés. On connaît tous le résultat et on est en droit de penser que tout mélomane qui se respecte frissonne en entendant parler de Shrink ( 1998), Neon Golden (2002) ou encore The Devil, You + Me (2008). Le dernier album studio Superheroes, Ghostvillains + Stuff en 2016 avait démontré que les Allemands avaient encore beaucoup à partager et ce Vertigo Days met brillamment fin à ce faux suspense: les frères Archer ont encore l’intention de sublimer nos années à venir.

Après la minute d’ouverture angoissante d’Al Norte avec ses drums et cette voix d’outre-tombe inquiétante, parfaitement en adéquation avec la pochette de l’album (qui au passage m’évoque la pochette de Both Ways Open Jaws de The Do, mais bon cette information est franchement dispensable…), Into Love / Stars nous ramène d’emblée en des contrées familières. Quelques notes de piano, des synthés dans la distorsion sonore, la douceur mélancolique imitable de la voix de Markus Acher, le sublime est à portée de main même si The Notwist aime à nous surprendre avec une deuxième partie du morceau laissant les machines prendre subtilement le pouvoir. La construction de ce morceau révèle toute la créativité du groupe… Exit Strategy To Myself se rappelle ensuite aux bons souvenirs des premiers albums, les machines et les guitares nous proposent un post-rock sépulcral qui saura satisfaire tous les fans de Mogwai et Archive. Passée cette sublime parenthèse d’une grande intensité, on retrouve la mélancolie pop de Where You Find Me dans la droite lignée du début d’Into Love / Stars, ce bijou d’émotion n’est pas sans rappeler les productions du side-project Lali Puna.

On retrouve ensuite l’électro hypnotisante de Ship, morceau central du dernier EP, porté par la litanie du chant de Saya (issue du duo japonais Tenniscoats) et une fausse impression de destructuration perpétuelle. Ce titre amène sur un plateau d’argent la pépite Loose Ends (déjà présente sur l’EP Ship) qui résume à elle seule la puissance émotionnelle de cette électronica mélancolique propre à The Notwist, on a envie de fermer les yeux et de se laisser guider par Markus Acher dans cette parenthèse enchantée… La guitare finale apporte ce supplément d’âme et refuse une linéarité trop prévisible. Les morceaux s’enchaînent avec brio: l’exploration free-jazz d’Into The Ice Age sublimée par Angel Bat Dawid et évoquant le travail de Radiohead, le groove fantomatique de Oh Sweet Fire porté par la voix trip-hop de Ben LaMar Gay, l’intermède candide de Ghost ou encore la pop plus classique de Sans Soleil.

La fin de l’album nous apporte encore de très beaux moments avec la pop mélancolique de Night’s Too Dark qui m’évoque le premier album Happiness de Sébastien Schuller, l’univers plus électronique de Al Sur où la voix modifiée de Juana Molina fait mouche ou encore le bijou de douceur final Into Love Again avec Zayaendo en featuring qui nous rappelle que la musique des Allemands de The Notwist reste un refuge dans lequel il fait bon se ressourcer. Cet album prend une place de choix au milieu d’une discographie d’une grande richesse, et vous quelle place allez-vous lui donner? Bonne écoute à tous, enjoy!

Sylphe

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