Five Reasons n°26 : The shadow of their suns (2021) de Wax Tailor

Cover_TheShadowOfTheirSuns_3000px_9424f154-17cb-4ac2-8623-d3735deaa885_1024x1024Aux dernières nouvelles, nous avions laissé Wax Tailor il y a presque 5 ans avec son dernier album studio By any beats necessary (2016), augmenté l’année suivante d’une galette de remixes By any remixes necessary (2017). Un diptyque plutôt efficace et percutant, avec une coloration éminemment politique et combattive. Depuis, aucune sortie dans les bacs, exceptés les deux singles The Light (2019), chroniqué par ici, et Keep it movin (2020), chroniqué par là. Deux titres assez différents mais très prometteurs, en prélude à un nouvel album que l’on a longtemps attendu. The shadow of their suns est désormais disponible depuis début janvier 2021. Après un mois à tourner sur la platine, petit tour d’horizon en Five Reasons de ce nouveau LP aussi brillant et élégant qu’obsédant.

  1. The shadow of their suns est un nouvel album de Wax Tailor. Le premier depuis 5 ans. Un album de Wax Tailor, c’est déjà une raison suffisante pour ne pas en aligner quatre autres derrière. Un son de Wax Tailor, c’est comme une soirée pizza/musique/gaming avec le poto Sylphe, une virée en Bretagne, un épisode de l’Agence tous risques ou un film de Tarantino : on n’est jamais déçu. Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. Si vous aimez Wax Tailor, vous retrouverez là bien des choses qui vous feront du bien. Si vous ne connaissez pas son travail, voilà une porte d’entrée idéale.
  2. Idéale, parce que The shadow of their suns rappelle le tout premier album de Wax Tailor, Tales of the forgotten melodies (2005). Quinze ans déjà que l’on a découvert la richesse du son tailorien avec ce LP qui fût une vraie baffe en matière de créativité. Le mélange des genres trip-hop, hip-hop et downtempo, grassement nourri de samples vocaux d’une classe absolue et étayé par de multiples instruments, a fait de Tales un disque parfait et une référence absolue. Les albums suivants sont tous de très haute tenue, mais celui-ci reste l’opus fondateur d’un son et d’un genre à lui seul : on écoute du Wax Tailor. The shadow passe son temps à me rappeler des mesures de Tales, par son tempo, ses incrustations sonores et le rythme à la fois lancinant et intense de l’album. La boucle est bouclée (pas mal pour un artiste qui utilise les samples et loops #vousl’avez ?) Jusque dans les titres des deux albums, qui affichent chacun un paradoxe : Tales of the forgotten melodies (les contes des mélodies oubliées, ou comment raconter ce qui a été oublié ?), et The shadow of their suns (L’ombre de leurs soleils, ou comment la source lumineuse par excellence peut-elle nous plonger dans l’ombre ?).
  3. Toutefois, The shadow of their suns n’est pas que le lointain descendant de Tales of the forgotten melodies. C’est aussi la parfaite continuité de By any beats necessary, album politique et combattif. Rappelons que le titre est une référence au “By any means necessary“ de Malcolm X, et que la galette est fortement parfumée d’Amérique blues-rock tout en faisant un gros clin d’œil à la Beat Generation et à Sur la route de Jack Kerouac. Rappelons également que, sorti en octobre 2016, By any beats necessary précède de quelques semaines l’arrivée de Trump au pouvoir et préfigure déjà les 4 années de résistance qui vont suivre. The shadow of their suns poursuit le combat, avec des beats bien placés et des titres sans équivoque. A commencer par Fear of a blind planet en ouverture, mais avec aussi Keep it movin, sans oublier le conclusif The Light et son clip qui, déjà en 2019, m’avait fait un effet de dingue. Encore un argument ? La magnifique photo noir et blanc de pochette : ce poing serré et dressé couvert de cambouis et des maux de notre époque, mais qui ne renonce pas et se tient là, fier et levé. Ou on lutte ensemble, ou on tombe tous.
  4. L’universalité de The shadow of their suns transparait dans ses featurings. Wax Tailor a toujours pratiqué une musique ouverte, généreuse et faite de partages, en invitant régulièrement bon nombre d’artistes sur ses pistes. On pense à Charlotte Savary, Ali Harter, Mr Mattic, A.S.M. ou The Others sur les précédents albums. Ici, de nouveaux venus dans la galaxie Wax font leur apparition : Mark Lanegan, Gil Scott-Heron, D Smoke, Rosemary Standley… Impossible de les citer tous, tant ils inondent l’album. Déluge permanent d’émotions et de styles variés, tous s’inscrivent dans le son Wax Tailor pour donner un album riche, dense, ouvert et partagé. Le taulier c’est Wax Tailor, mais en bon taulier il ouvre la porte et laisse la place à de bien beaux artistes. L’essence même de la musique, qui devrait toujours être le lieu de rassemblement des diversités.
  5. Tout cela fait de The shadow of their suns un album indispensable. Ses 45 minutes s’écoutent d’une traite, comme un long morceau qui passerait par plusieurs ambiances. Une sorte de film sonore tant il convoque des images mentales. Il synthétise tout le talent de Wax Tailor et regroupe à lui seul toutes les couleurs musicales du garçon. Finalement, ce disque n’a qu’un seul défaut : il passe beaucoup trop vite. A peine les dernières secondes de The Light sont-elles écoulées qu’on reprend au départ pour se refaire un shoot. The Light, un titre qui nous avait déjà impressionnés à sa sortie en 2019, et qui est peut-être encore plus efficace aujourd’hui. Parce qu’il conclut avec brio le premier album coup de poing de 2021, et parce que nous avons désespérément besoin de lumière au bout de ce putain de tunnel covidien.

The shadow of their suns est un album indispensable, qui peut déjà prétendre au podium 2021, et peut-être même rester sur la première marche. Il s’y trouve pour le moment, faute de concurrence puisque nous ne sommes que fin janvier. Il reste 11 mois, mais il va falloir bûcheronner dur pour déloger ce disque sombre mais optimiste. Voilà peut-être pourquoi il me parle tant, moi qui regarde bien souvent le monde d’un œil un peu dark, mais qui te crois sans réserve, quand tu me répètes, comme un mantra, que « Le meilleur est à venir ».

Raf Against The Machine

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