C’est l’heure de la livraison hebdomadaire, et même de la grosse livraison ce jeudi. Puisqu’on est un peu moins actifs par ici ces derniers temps (mais ce n’est que passager, rassurez-vous !), ça mérite qu’on charge un peu la mule à chaque passage. La semaine dernière, on était sur du lourd avec le Gimme Shelter des Stones. On jour les prolongations avec un retour en 5 actes sur ce qui est sans aucun doute l’un des meilleurs albums rock de l’univers : Dry de PJ Harvey.
- Dry est le premier album de PJ Harvey (Polly Jean Harvey en version complète). La galette qui nous permet, en 1992, de découvrir ce petit bout de femme sorti du Dorset. Du haut de ses 23 balais, elle balance alors ces 11 titres qui marquent le début d’une carrière assez oufissime : 9 excellents albums au compteur, 11 si on ajoute les 2 en collaboration avec John Parish, 13 si on ajoute les 4-track Demos (1993, du 2e album Rid of me) et les Peel Sessions 1991-2004, 14 si on ajoute encore All about Eve, BO de l’adaptation scénique en 2019 du film éponyme de Mankiewicz sorti en 1950. Dry ouvre donc cette riche discographie avec 41 minutes d’un rock sec, tendu, vénéneux, sans aucune concession et malgré tout riche d’une énergie maboule.
- Ouverture des hostilités avec Oh my lover, sorte de lamentation rock désespérée qui pourrait donner envie de ne pas aller plus loin. C’est torturé et d’une noirceur impénétrable, mais c’est porté par une basse sonore bien mise en avant, des riffs de guitare rageux, et une batterie qui sait raconter les choses. Et surtout, c’est emmené par la voix de PJ Harvey qui, en un seul et premier titre, expose le matos : voilà, je sais monter dans les aigus, je sais rester dans les graves en allant y chercher le petit grain râpeux quant il faut. Et cette voix, j’en fais un peu ce que je veux, en jouant avec les lignes mélodiques. C’est brillant, ça dure 3 minutes 57 et c’est le premier titre en écoute ci-dessous.
- Au milieu de la virée Dry, nous tombe dessus le 6e titre Sheela-Na-Gig. On a déjà pris bien cher tellement l’énergie rock des cinq premiers morceaux nous a éprouvés mais hypnotisés. Et voilà que PJ Harvey lâche un titre d’apparence plus pop dans sa construction : petit intro, couplets, refrain. Titre qui n’est pop que dans sa construction, et encore. Une putain de déferlante rockeuse oui : ça tabasse à la rythmique, ça riffe à la six cordes et, encore, la voix de PJ Harvey, dont on pensait avoir tout découvert en 5 titres. Erreur fatale ! Les choses ne font que commencer, dans cet album comme pour les années à venir. Sheela-Na-Gig est le 2e titre à écouter.
- On reprend à peine son souffle avec Plants and Rags, rythmiquement parlant, parce que côté ambiance du morceau c’est loin d’être la joie et la sérénité, comme viendra le confirmer le violon torturé qui accompagne la fin du morceau. Et juste derrière, Foutain aurait pu être le titre de fin. Il ressemble à une fin d’album. Mais non : PJ Harvey choisit de nous achever avec Water, démentielle conclusion d’un album de folie et 3e morceau en écoute. Et de l’eau, on en a besoin après cette traversée aride d’une contrée rock inconnue, terriblement novatrice et hyper bandante. En plus, c’est drôle de finir par Water un album qui s’appelle Dry.
- Combien de fois j’ai écouté cet album ? Aucune idée, mais j’y reviens régulièrement depuis sa sortie. Peut-être le PJ Harvey que j’écoute le plus. Et aussi un des rares albums parfaits à mes yeux : pas une seconde à jeter. Un album à retrouver très prochainement en réédition vinyle. Oui, c’est l’annonce musicale du mois (easy) : toute la discographie de PJ Harvey rééditée en vinyles dans les 12 prochains mois. Les originaux étant introuvables, ou à des prix insaisissables, voilà une occasion rêvée pour (re)découvrir cette exceptionnelle musicos. Mais ce n’est pas tout : chaque album sera accompagné d’un second contenant les démos de chaque titre. Une sorte de galette miroir qui donne la fringale. Surtout lorsqu’on découvre la démo de Sheela-Na-Gig (4e titre à écouter), voix/guitare folk, qui donne à la fois une nouvelle couleur et une autre énergie à ce morceau. Et cette voix putain !
Autant dire que tout ça est attendu de pied ferme : Dry et son Dry – Demos sont annoncés pour le 24 juillet, Rid of Me et son 4-Track Demos pour le 21 août. Et tous quatre en précommande à ce jour. C’est de la bonne came, c’est du lourd, c’est du rock. C’est la vie. Foncez.
Raf Against The Machine
2 commentaires sur “Five Reasons n°21 : Dry (1992) de PJ Harvey”