A l’occasion d’ une playlist best of de The Strokes (à réécouter par ici ), je vous avais déjà fait rapidement part de mon intérêt pour le sixième opus de Julian Casablancas and co, The New Abnormal. Explorons désormais ensemble ce qui se cache derrière ce Bird On Money de Jean-Michel Basquiat afin de confirmer qu’on a bien retrouvé The Strokes à un niveau qu’on ne lui avait pas connu depuis First Impressions of Earth en 2006 (par pudeur, on ne dira rien de Angles et Comedown Machine…).
Le début d’album est très bon et on retrouve cette subtile alliance du rock et de la pop chère à The Strokes portée par, n’en déplaisent aux grincheux, la voix très convaincante de Julian Casablancas. Le morceau d’ouverture The Adults Are Talking nous ramène ainsi 15 ans en arrière avec son riff de guitare addictif, sa rythmique uptempo et la voix résolument pop de Casablancas (quelle belle capacité à encore monter dans les aigus), c’est une vraie cure de jouvence et de fraîcheur et on comprend rapidement que le versant pop va être davantage exploré sur ce début d’opus. Selfless explore les contrées d’une pop presque psychédélique à la MGMT pour traiter avec une certaine mélancolie la thématique de l’amour, les synthés jouant un rôle central. Brooklyn Bridge To Chorus prolonge la tentation des synthés, c’est léger et dansant (ça me fait penser aux premiers Mika c’est dire…) et clairement le morceau, sans être exceptionnel, fait bien le job. Bad Decisions apporte plus de caractère et me rappelle les premiers albums avec ce refrain obsédant et la puissance mélodique imparable, je me suis penché sur les paroles où Billy Idol en personne a mis la main à la pâte et je reste toujours dubitatif. Moscou 1972, le traité ABM sur la limitation des armes stratégiques signé par Nixon et Brejnev? Je suis preneur de toute interprétation mais bon ce serait mentir que de dire que les paroles sont l’intérêt premier d’un album de The Strokes…
Eternal Summer reste dans une veine résolument optimiste et pop pour un résultat un brin lisse et un peu long (plus de 6 minutes) avant THE bijou At The Door. Un morceau très riche instrumentalement qui brille par la confrontation de sa douceur mélancolique et de ses sonorités plus sombres/électroniques, le tout illustré par un clip brillant à visionner en-dessous. Le plaisir est décuplé car je n’attendais pas The Strokes sur un tel terrain torturé… Il faut reconnaître que Why Are Sundays So Depressing et Not The Same Anymore souffrent de la comparaison avec At The Door et peinent à déclencher un très grand intérêt face à la mélancolie de Julian Casablancas. Heureusement le morceau final Ode To The Mets clot assez brillamment l’album avec sa douceur nostalgique d’une grande justesse. 45 minutes plus tard, c’est un sourire sur le visage qui persiste et me fait prendre conscience que The Strokes a encore des choses justes à nous raconter en 2020, et cela suffit amplement pour mon plaisir, enjoy!
Sylphe
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