Visuel Blood Machines from Bloodmachines.com
Petite interruption de la balade dans le carton à souvenirs, puisqu’on me signale dans l’oreillette que le nouveau Carpenter Brut est sorti, sous la forme de la bande originale de Blood Machines. Qui ? Quoi ? Quand ? Comment et pourquoi ? On rembobine la VHS et on reprend les bases pour mieux comprendre où on en est.
Derrière Carpenter Brut, il y a Franck Hueso. Le garçon débute sa discographie en 2012 avec un premier album de 6 titres sobrement intitulé EP I. Suivront assez logiquement les EP II (2013) et EP III (2015), aujourd’hui regroupés dans le gros album Trilogy. Représentant de la synthwave (genre musical et artistique né dans les années 2010 et très inspiré par les films et la musique des années 1980), Carpenter Brut a même creusé son sillon dans le sous-genre musical darksynth, basé sur le métal, les sonorités sombres et les musiques de films d’horreur. En est logiquement sorti en 2018 l’album Leather Teeth (littéralement les dents en cuir, tout un programme), vraie fausse BO d’un film imaginaire qui aurait tout à fait trouvé sa place dans les vidéo-clubs des 80’s au rayon Horreur.
Transition toute trouvée pour évoluer vers la galette qui nous intéresse aujourd’hui. Plus exactement la galette virtuelle, puisqu’à ce jour Blood Machines OST n’est disponible qu’en version numérique. Le vinyle est annoncé, mais sans date pour le moment. Le nouveau disque de Carpenter Brut est, cette fois, la vraie BO d’un vrai film, lui aussi intitulé Blood Machines. Aux commandes de ce court métrage de 50 minutes, on trouve Seth Ickerman (aka Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard). Si le nom vous dit quelque chose, c’est normal : le titre Turbo Killer (2015) de Carpenter Brut était déjà mis en images par le duo. Ça raconte quoi ? Une sorte de fils illégitime de Mad Max et de K2000 en mode furieux, qui vole au secours d’une beauté brune en transe prisonnière de mystérieux et malfaisants personnages, dans une ambiance sonore plutôt gros son. Comme on est sympas sur Five Minutes, on vous met le clip à déguster sans tarder (avant de reprendre la lecture juste en dessous).
Important d’avoir en tête ce Turbo Killer, puisque Blood Machines en est la suite. On y retrouvera Mima, cette jeune femme délivrée de sa prison pyramidale, dans une histoire dont le pitch envoie plutôt du lourd : « Deux chasseurs traquent une machine qui tente de s’émanciper. Après l’avoir abattue, ils assistent à un phénomène mystique : le spectre d’une jeune femme s’arrache de la carcasse du vaisseau comme si elle avait une âme. Cherchant à comprendre la nature de ce spectre, ils entament une course-poursuite avec elle à travers l’espace. » (site officiel Bloodmachines.com). Le spectre de la jeune femme, c’est justement Mima, dont on a fait, assez fortement ému, la connaissance dans Turbo Killer. Vous suivez ?
Blood Machines fait dans la science-fiction, entre cyberpunk et space opera. Entre Blade Runner et Star Wars version dark, avec une touche du John Landis du clip de Thriller en 1983. Là encore, logique pour un duo qui a pondu un premier film Kaydara (2011) se déroulant dans l’univers du Matrix des Wachowski (si ça vous tente, Kaydara est visible via ce lien). Blood Machines est visuellement ambitieux et très alléchant (voir la bande-annonce ci-dessous), mais pour le moment impossible à voir légalement en France : aucun distributeur ne s’est manifesté pour diffuser ce qui semble être une petite pépite, bien que le site officiel nous promette des nouvelles pour bientôt. En revanche, ce sera dispo pour les backers du Kickstarter le 20 mai prochain, et ça débarque dès le lendemain 21 mai sur Shudder, la plate-forme de streaming d’AMC Networks. Prenons donc notre mal en patience. Et pour patienter, quoi de meilleur que de s’écouter la BO de Blood Machines ? (#l’artderetombersursespiedsenfind’article)
Disponible donc à l’achat (5 malheureux euros sur Bandcamp, c’est donné !) et en streaming depuis quelques jours, le versant sonore et musical de Blood Machines regroupe 13 titres, pour une durée totale de 36 minutes. Oui, 36 minutes pour un film qui en fait 50, ça veut dire que la place laissée à l’ambiance sonore est très grande. Quelle ambiance me direz-vous ? A l’image des influences visuelles de Seth Ickerman, Carpenter Brut conduit sa BO sous deux influences majeures. On alterne entre du Giorgio Moroder un peu vénère (comme dans le Blood Machines Theme) et du Vangelis de Blade Runner ou du Benjamin Wallfisch/Hans Zimmer de Blade Runner 2049 (sur une bonne partie du reste de l’album). Deux ambiances qui se répondent d’un morceau à l’autre, quand elles ne se croisent pas au sein d’un même titre. Ce qui, entre nous soit dit, colle totalement à ce que l’on connait de ce Blood Machines. D’un côté, du synthé ronflant et boosté par une batterie qui tabasse, histoire de bouger son corps. De l’autre, du synthé balancé par nappes aériennes, fantomatiques et parfois inquiétantes, comme pour nous plonger dans un monde que l’on frisonne de connaitre tout en n’ayant aucune envie d’y vivre.
Blood Machines OST c’est tout ça à la fois, et bien plus encore : le son Carpenter Brut est évidemment présent et immédiatement identifiable, au-delà de toute influence déjà évoquée. C’est excellent, comme toujours. Le seul problème de cet album ? Nous donner furieusement envie de voir (enfin) ce Blood Machines, mais aussi d’occuper nos journées de confinement en se refaisant une bonne partie de nos références musicales et cinématographiques SF/Cyberpunk. Comme effets secondaires, on a connu bien pire. En un mot comme en cent : foncez !
Raf Against The Machine
4 commentaires sur “Ciné-Musique n°7 : Blood Machines (2020) de Seth Ickerman + Carpenter Brut”