Review n°50: Méridiens de Chapelier Fou (2020)

Un orfèvre des sons se présente à nous ce soir en la personne de Louis Warynski, aliasChapelier fou Chapelier Fou afin de nous apporter grâce et poésie en cette période chaotique. Voilà déjà dix ans que l’électro fantasmagorique et ô combien personnelle de Chapelier Fou nous illumine… 5 EP et un sixième album, trois ans après Muance, dont le titre Méridiens nous invite au voyage. Un voyage que je vous propose de faire, les yeux fermés et le casque vissé sur les oreilles pour encore plus s’immerger dans cet univers où l’imagination est reine.

Le morceau d’ouverture L’austère nuit d’Uqbar met d’emblée à l’honneur l’instrument de prédilection de Chapelier Fou, le violon qui ici nous offre une complainte mélancolique. Le violon se suffit à lui-même et nous enveloppe de son émotion poignante, on se croirait dans un mariage juif où mélancolie et joie s’entrelacent amoureusement. Ce morceau intime tout en retenue laisse place à un sublime Constantinople qui s’appuie sur la complémentarité des percussions et du violon. On retrouve tout le pouvoir cinétique de Chapelier Fou qui me touche tant, ce morceau s’apparentant à la subtile rencontre entre l’intensité un brin urbaine d’Ez3kiel et la poésie trip-hop d’un Kid Loco. Chapelier Fou semble tiraillé dans cet album entre introspections empreintes de grâce et exutoires plus âpres comme dans Insane Realms et sa construction d’une grande complexité. Doux piano puis montée en puissance urbaine à la Amon Tobin avant que des boucles jazzy ne viennent marteler le morceau, un final d’une richesse incommensurable. Tous les codes, de la musique classique à l’abstract, viennent d’être brisés pour créer une créature indéfinissable et un brin inquiétante. Ce sentiment d’oppression se déploie abruptement dans Cattenom Drones qui me destabilise par sa rythmique house sans concession et sa fin saturée, hymne dangereux à la centrale nucléaire du village mosellan de Cattenom?

Le Triangle des Bermudes vient alors nous rassurer (#imageparadoxale) avec son electronica subtile, illuminée par cette palette de sons aériens… L’intermède L’état nain vient nous enivrer (#vousl’avez?) avec sa surprenante guitare avant que le bipolaire Chapelier Fou retombe dans ses angoisses avec Asteroid Refuge , électro affirmée à la Birdy Nam Nam  placée sous le signe de l’urgence. Les cinq derniers titres résument parfaitement cette impression de bipolarité tellement séduisante: d’un côté l’électronica estampillée Boards of Canada de Am Schlachtensee dont le violon me file de sacrés frissons et Everest trail, morceau final qui sublime le mariage entre la musique classique et les machines dans la droite lignée du InBach d’Arandel et de l’autre l’association oxymorique du feu et de la glace avec trois nouvelles pépites… La vie de Cocagne met à l’honneur le violon intimiste comme dans L’austère nuit d’Uqbar avant une deuxième partie surprenante où l’électro et les machines viennent prendre le pouvoir (#Ez3kielfiliation). Le méridien du péricarde  brille par ses contrastes mais que dire du bijou Le désert de Sonora? Ou comment brillamment faire le grand écart entre violons nostalgiques et rythmique house pour un résultat d’une grande unité…

Ce Méridiens confirme l’hédonisme de Chapelier Fou qui aime jouer avec les codes pour nous proposer une musique qui résiste à toute tentative de classement, et ça c’est la singularité de l’art tout simplement, enjoy!

Sylphe

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