En 2014, Tahliah Debrett Barnett alias FKA twigs, tel un papillon sortant de sa chrysalide, se révèle au grand public avec son premier album sobrement intitulé LP1. Portée par la production léchée d’Arca, elle propose un r&b tout en émotions et s’impose comme une icone urbaine en puissance. Il aura fallu patienter cinq ans pour que FKA twigs retrouve le chemin du studio et nous offre son deuxième opus, MAGDALENE. Une volonté évidente de se renouveler apparaît, Arca ayant cédé sa place à la production à Nicolas Jaar (dont l’album Space Is Only Noise est brillant au passage) et le résultat gagne ostensiblement en émotion et subtilité.
Le morceau d’ouverture thousand eyes offre une plage de douceur initiale savoureuse avec le chant quasi incantatoire de FKA twigs au milieu d’une orchestration dépouillée et relativement sombre. Tel un cygne, le titre se déploie avec majestuosité, la voix cristalline monte dans les aigus et révèle sa puissance alors que l’instrumentation s’enrichit de multiples petits sons divers. En 5 minutes, la mue s’est brillamment opérée et je finis ce titre en pensant aux trop rares soeurs de Cocorosie. Home with you joue ensuite avec son auditeur en aimant brouiller les pistes, ce piano/voix met en scène l’affrontement entre la voix voccodée de FKA twigs et sa voix juste sublime qui ne cessera de m’évoquer dans tout l’album St Vincent. De l’autre côté le piano lutte contre les drums et diverses sonorités dubstep pour un résultat aussi beau qu’inclassable… Moment de pure magie. Sad day va faire perdurer cet ascenseur émotionnel pour un morceau plein d’émotions, tiraillé entre la voix angélique et le piano d’un côté et de l’autre ces ruptures dubstep où les drums brisent les codes. C’est jouissif et inclassable mais FKA twigs n’est pas seulement dans une démarche arty où elle cherche à briser à l’excès les codes… Ainsi holy terrain avec Future en featuring nous rappelle-t-il que cette dernière ne tourne pas le dos à ses inspirations urbaines en rendant honneur à la trap pour un résultat solide mais qui correspond moins à mes envies suscitées par les premiers morceaux.
Mary magdalene et son orchestration tout en subtilités nous recentre ensuite autour de cette voix capable d’alterner avec brio la douceur et la puissance pour un résultat aussi classique que beau. Mais que dire ensuite de ce fallen alien tombé du ciel? FKA twigs révèle des choses insoupçonnées en elle pour un morceau brillant qui rappelera à beaucoup la folie de Björk et la puissance émotionnelle de St Vincent. Voilà un des titres marquants de cette riche année 2019 (#topdefindanneeenapproche). Pour le coup, mirrored heart paraît ensuite très classique, dans la droite lignée de mary magdalene, en soulignant la beauté incommensurable de la voix de FKA twigs. Finalement la fin de l’album est juste sublime d’émotions en jouant moins la carte des contrastes, comme si FKA twigs assumait pleinement sa mue en une diva arty qui aurait délaissé ses oripeaux urbains. Daybed joue la carte de la sobriété avant le sommet Cellophane, ballade piano/voix à faire pleurer les pierres.
Ce MAGDALENE se sera fait attendre mais la direction choisie par FKA twigs pour sa carrière est enthousiasmante et je dois reconnaître -mea culpa- que je ne m’attendais pas du tout à tant d’émotions d’une artiste dont on avait davantage entendu parler dernièrement de sa relation avec Robert Pattinson que de son envie de composer. Mea culpa et enjoy!
Sylphe
Un commentaire sur “Review n°41: MAGDALENE de FKA twigs (2019)”