Pépite intemporelle n°37 : 40 ans de chansons sur scène (2019) de Hubert-Félix Thiéfaine

40-Ans-de-chansons-sur-scene-Coffret-Inclus-DVDC’était il y a un an. Pas la sortie de cet album, mais la série de concerts qui en est à l’origine. Nous étions donc en 2018, et Hubert-Félix Thiéfaine (HFT) avait choisi de fêter avec son public ses 40 ans de chansons. D’une part, avec la réédition en vinyles de la totalité de sa discographie studio. D’autre part, avec une mini-tournée anniversaire 40 ans de chansons sur scène : 12 concerts à travers la France, dont un Bercy parisien plein à craquer le 9 novembre, et un Zénith dijonnais le lendemain tout aussi plein. Un 10 novembre donc, qui me revient en pleine mémoire quasiment jour pour jour un an après.

Quelques mois plus tard, est sorti ce double CD/quadruple vinyle, pour nous replonger dans l’intégralité de ce mémorable concert de près de 3 heures. Moi qui écoute Thiéfaine depuis mes années lycée, moi qui trépignait de le revoir sur scène après le Vixi Tour en 2015, bien évidemment j’ai sauté sur cet enregistrement, et bien évidement j’ai revécu cette soirée ponctuée de moments inoubliables. La tracklist est inattendue, intelligente, et faite pour combler tout le monde en balayant effectivement les 40 années de chansons de HFT. J’ai vérifié pour vous : il y a au moins un titre de chacun des albums studio du bonhomme. Et donc pas tricherie sur la marchandise : on revisite bien la totalité de la carrière.

Double revisite de la discographie d’ailleurs. Par la présence de morceaux très anciens, parfois jamais ou rarement joués sur scène, comme de titres plus récents. J’avoue que j’ai frétillé de plaisir en entendant HFT ouvrir sa soirée avec 22 mai, et plus tard envoyer La dèche, le twist et le reste ou encore Enfermé dans les cabinets (avec la fille mineure des 80 chasseurs). Dans les titres moins anciens, on trouve aussi Eloge de la tristesse, Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable, ou encore l’exceptionnel Confessions d’un never been. C’est une vraie balade au cœur d’une carrière que je ne cesse d’admirer qui nous était proposée à l’automne dernier, et qui est retranscrite ici.

Double revisite disais-je, parce que la tracklist n’oublie pas de rappeler que Thiéfaine, c’est tout une somme d’émotions et de sentiments mélangés, mixés, imbriqués entre eux. Entre spleen rimbaldien et grain de folie, regards sur le monde et sexualité vénéneuse, j’enfonce des portes ouvertes en disant que les textes de Thiéfaine sont tous de petites merveilles qui sont capables de faire sourire et pleurer en même temps, de partir dans un autre monde en ne perdant jamais de vue qu’on est là et bien là, jusqu’à ce que la faucheuse nous attrape tout du moins. C’est aussi pour cet éventail intarissable de sentiments que j’écoute HFT depuis maintenant plusieurs décennies, sautant allègrement de L’agence des amants de Madame Müller à Sweet amanite phalloïde queen, en passant par La maison Borniol, Mathématiques souterraines, Soleil cherche futur ou Les dingues et les paumés.

C’est donc peu dire que cet album live est une pépite intemporelle. S’il n’invente rien de bien nouveau, il est un magnifique moment pour retrouver Thiéfaine dans ses œuvres et son talent. Il a aussi la vertu de donner immédiatement l’envie de se retaper tous les albums, pour en réécouter un texte, un arrangement, un riff de guitare. Pour comparer les versions de tel ou tel titre, tantôt rock, tantôt plus reggae teinté de synthés et guitare 80’s.

Et, pour tous ceux qui, comme moi, ont eu le bonheur d’assister à ces soirées anniversaires l’an dernier, c’est la garantie de revivre à jamais les frissons qui ont ponctué ce concert. On a coutume de dire que chaque chanson ou chaque album nous ramène inlassablement à un moment de notre vie. C’est on ne peut plus vrai avec cet enregistrement, qui me renvoie à un moment scénique et musical incroyable. J’aurais rêvé de le partager, je l’ai vécu seul. Comme une préfiguration de ma solitude à venir. J’y repense à chaque fois que j’enfile ce t-shirt kaki, floqué du corbeau de Thiéfaine, que j’ai acheté ce soir-là. Une sorte d’oiseau qui veille, comme une âme. Ils sont encore nombreux les petits matins où je me réveille autour de 4h10. Dans ces moments d’insomnie, je pose ce disque de Thiéfaine sur la platine, et je replonge dedans. Comme dirait Hubert, « je n’ai plus rien à exposer dans la galerie des sentiments », ce qui ne m’empêche pas d’entretenir la mémoire des moments passés, le souvenir des orgasmes de vie et de me frayer un chemin dans les affres de cette existence pour aller, le moins vite possible, vers l’inévitable fin. Mood Thiéfaine pur jus.

Raf Agent The Machine

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