En pleine période caniculaire fin juin, nous avions parlé sur Five-Minutes (voir ici) des deux premiers singles Lately et Salted Caramel Ice Cream du cinquième opus de Metronomy, nommé avec une modestie certaine Metronomy Forever, deux titres qui brouillaient les pistes quant à la substantifique moëlle de l’album. Alors qu’en est-il? Retour aux sources électroniques de Nights Out? au groove sensuel du bijou English Riviera? ou prolongement des deux derniers albums Love Letters et Summer 08 qui proposent une pop plus immédiate et, à mon goût, un peu trop lisse?
D’emblée, on constate que la bande formée autour de la tête pensante Joseph Mount nous a concocté un programme d’une grande densité avec pas moins de 17 titres et 54 minutes de musique. Dans la setlist on retrouvera quelques intermèdes instrumentaux (Wedding, Driving, Forever Is A Long Time et Insecure) qui, on ne va pas se mentir, ne sont pas d’un grand intérêt pour l’album. Forever Is A Long Time aura même la fâcheuse tendance à faire retomber quelque peu le soufflé après le duo percutant Lately/ Lying Low. Bon, il faut reconnaître que j’attaque cet album par un angle très réducteur car le reste est digne du plus grand intérêt et démontre que, 15 ans après leurs débuts, le groupe est toujours animé par un appétit gargantuesque de sons.
Les premières écoutes peuvent s’avérer un peu destabilisantes car il est difficile de percevoir l’unité de l’album. Cependant, une fois le postulat de l’hétérogénéité accepté, l’écoute se révèle plaisante et nous offre de beaux moments. La pop trop lisse des deux derniers albums est remisée au placard et je ne vais pas m’en plaindre. La pop légère d’inspiration très eighties où les synthés sont à l’honneur garde cependant une place non négligeable dans l’album avec le single Salted Caramel Ice Cream qui aura la possibilité de déclencher une crise d’hyperglycémie à certains et la pop plus chaotique de Sex Emoji dont le refrain assume pleinement le côté sucré.
A côté de cette tendance pop, on retrouve le groove hédoniste cher à English Riviera. Des lignes de basse qui concourent à accentuer le réchauffement climatique apportent un groove séduisant, le duo Whitsand Bay et The Light (qui aurait pu avoir pleinement sa place dans la setlist de English Riviera) devrait vous faire frissonner de désir… Si vous ajoutez à ce groove une surprenante envie d’un rock plus incisif et direct, vous obtenez un son qui rappelle l’excellent groupe TV on the Radio et là ça frappe juste. Insecurity et Lately vous apporteront sans problème ce petit supplément d’âme électrique qui réchauffe les coeurs et les corps.
En parlant de réchauffer les corps, j’apprécie tout particulièrement ce retour aux origines électroniques du groupe (franchement je vous conseille d’aller réécouter Nights Out qui a été réédité en début d’année avec des titres inédits pour fêter ses 10 ans) et cette volonté d’aller taquiner les dance-floors. Le minimalisme de Lying Low est surprenant et addictif dans une version électro/techno savoureuse, Miracle Rooftop nous donne une belle leçon d’électronica hypnotique.
Pour compléter le tableau très riche de cet album, la fin devrait vous surprendre car clairement ça part dans tous les sens. Entre la guitare mélancolique de Upset My Girlfriend, Wedding Bells et ses sonorités plus âpres qui copulent avec les synthés et la douceur ingénue de Lately (Going Spare), les repères se brisent. Voilà finalement ce qui me séduit dans ce Metronomy Forever, qui s’apparente à une playlist de haut vol qui résume les nombreuses inspirations du groupe et révèle le plaisir intact de partager, enjoy!
Sylphe
Un commentaire sur “Review n°37: Metronomy Forever de Metronomy (2019)”