J’ai enfin trouvé un concurrent sérieux à Thylacine pour la première place du top albums 2019 avec le troisième opus des anglais de Fat White Family! J’étais jusqu’alors passé à côté de la bande loufoque et déjantée menée par les frères Saoudi et Saul Adamczewski, Champagne Holocaust (2013) et Songs for our Mothers (2016) mériteront à coup sûr quelques écoutes pour espérer prolonger le plaisir jouissif ressenti à l’écoute de ce Serfs Up!… Je vais tenter en toute humilité de dire tout le bien que je pense de ce brillant album mais dites-vous que mes mots resteront toujours très en-deça de la réalité.
Le titre d’ouverture Feet me cueille totalement d’emblée , j’aime toute la grandiloquence de ce morceau, la voix de crooner, les choeurs obsédants (#airdelaBOdeGladiatorensouvenir), les violons lancinants et ces refrains qui nous éclaboussent la face par vagues. Un titre brillantissime qui me rappelle les sommets de Cage The Elephant dans une version encore plus électrique et électrisante. Wow! Difficile de se remettre d’une des plus brillantes ouvertures depuis longtemps mais I Believe In Something Better va venir tranquillement et méthodiquement creuser le sillon d’une pop plus sombre et un brin bruitiste. Un titre tout en tension dont j’aime tout particulièrement la distorsion sur la fin qui vient apporter un sentiment d’urgence bien palpable. Cet album explore toutes les contrées musicales et ce n’est pas Vagina Dentata qui va déroger à la règle avec cette plongée sous acide dans une pop psychédélique qui croise Of Montreal et le sous-estimé Congratulations de MGMT.
Le voyage sensoriel continue avec deux titres assez similaires, Kim’s Sunsets et Fringe Runner, qui mettent à l’honneur une pop synthétique discordante entre rythmique ralentie et choeurs toujours aussi judicieux. Un peu l’impression d’avoir la bande-son d’un train fantôme qui ne se prend pas au sérieux et nous rappelle sans cesse qu’il ne reste qu’un divertissement… Mais là tel un Edouard Balladur au sommet de son art je vous demande de vous arrêter car un dyptique jouissif va vous affliger un coup de pied latéral en pleine face (#grossereferenceciné): à ma gauche l’improbable Oh Sebastian et ses violons d’une grande douceur qui détone dans cet univers électrique et à ma droite le single gargantuesque Tastes Good With The Money dont je ne me suis toujours pas remis. Vous voulez des choeurs grégoriens, de la pop délurée, un riff de glam rock qui sent bon les Etats du Sud, des choeurs entêtants, un refrain obsédant et un Baxter Dury qui vient poser son flow noir comme la suie en toute nonchalance? Ecoutez Tastes Good With The Money, c’est tout ça et encore plus!
Rock Fishes nous laisse à peine nous remettre et m’évoque un Get Well Soon qui aurait délaissé quelque peu les oripeaux de sa pop baroque pour mettre un ou deux doigts de plus dans la prise. Le résultat est mélancolique à souhait et permet de continuer cette exploration musicale de haut vol. When I Leave nous ramène sur les terres de notre train fantôme avec sa rythmique au ralenti, figée dans la naphtaline de la BO de Virgin Suicides d’Air avant que Bobby’s Boyfriend ne referme dans une certaine sobriété cet album. Voilà un bon mois que je suis sous le charme grandissant de ce Serfs Up! et je me demande encore où tout ceci va s’arrêter, en tout cas voilà un album phare de cette année 2019. Enjoy!
Sylphe
Un commentaire sur “Review n°32: Serfs Up! de Fat White Family (2019)”