Lamb, duo anglais composé de Lou Rhodes et Andy Barlow, a connu ses instants de gloire en pleine période trip-hop sur la fin des années 90 et début 2000 avec un tryptique de haut vol Lamb (1996), Fear of Fours (1999) et What Sound (2001) dont je vous ai déjà parlé en des termes élogieux par ici. L’originalité du groupe résidait dans sa capacité à distiller des rythmiques drum’n’bass au sein de la douceur mélancolique habituelle au trip-hop et s’appuyait sur la voix mélancolique à souhait de Lou Rhodes. Passé ce tryptique j’ai étrangement perdu de vue Lamb, délaissant un Between Darkness and Wonder (2003) qui montrait l’essoufflement du groupe, avant que le groupe ne se sépare pour laisser entre autres Lou Rhodes mener une carrière solo. Depuis leur reformation en 2009, Lamb a sorti 5 en 2011 et Backspace Unwind en 2014 que je n’ai tout simplement jamais écoutés (#suranbondancedemusique) et c’est avec ce The Secret of Letting Go que j’ai envie de renouer avec ce trip-hop qui a tellement su me toucher dans le passé…
Le morceau d’ouverture Phosphorous réveille d’emblée mes souvenirs avec la douceur de la voix de Lou Rhodes qui n’a pas perdu de sa superbe. L’instrumentation assez minimaliste avec ce piano inquiétant donne un aspect somme toute assez classique au titre et Moonshine va ensuite nous ramener vers les rythmiques drum’n’bass habituelles avec un featuring reggae/dub de Cian Finn qui, à mon sens, n’apporte pas grand chose au morceau. Voilà en tout cas deux titres très attendus qui fonctionnent plutôt bien mais sans grande originalité, ni supplément d’âme… Ce supplément d’âme c’est Armageddon Waits qui va nous l’apporter sur un plateau d’argent: chant sépulcral à la Beth Gibbons, ambiance anxyogène et instrumentation d’une grande richesse avec quelques montées rock qui s’inclinent peu à peu et laissent les violons prendre le pouvoir avant un chant final plus rock à la Karen O. Ce morceau un brin décousu séduit par la variété de ses propositions et nous laisse espérer un regain d’inspiration du duo.
La rythmique drum’n’bass originale de Bulletproof et l’utilisation judicieuse des synthés dans The Secret of Letting Go nous permettent modestement d’attendre de nouvelles envolées et le tryptique suivant va frapper fort. Tout d’abord l’infinie douceur d’Imperial Measures m’évoque l’intensité émotionnelle de Bat for Lashes dans son alliance subtile entre piano et violons, le morceau est superbement épuré et touchant de sincérité. The Other Shore prolonge l’admiration dans un tout autre style, ambiance inquiétante digne de Third de Portishead avec ce chant introverti et torturé et ces sublimes violons qui tentent désespérément d’apporter une touche de luminosité au morceau qui brille par son spleen étouffant. Le tryptique séduisant se referme avec Deep Delirium qui va explorer des terres peu habituelles du duo en proposant un morceau instrumental lorgnant vers une house racée où les cordes discordantes et un saxophone (#decidementinstrument2019) font naître un paysage brumeux. Une bien belle surprise!
La fin de l’album revient sur un schéma plus classique qui met essentiellement en avant la douceur et des cordes qui sont très présentes sur cet album, certes c’est attendu mais assez brillamment réalisé en particulier sur The Silence in Between. Je ne regrette définitivement pas d’avoir renoué contact avec Lamb, ce The Secret of Letting Go est un très bel album dont les qualités et l’originalité sont réelles et ne doivent pas seulement au doux sentiment de nostalgie qui m’a forcément habité lors de son écoute… Enjoy!
Sylphe
Un commentaire sur “Review n°29: The Secret of Letting Go de Lamb (2019)”