Hier Raf Against The Machine nous faisait découvrir Mùm dont la musique aérienne et éthérée faisait honneur aux terres sauvages de l’Islande. Ce pays reste pour moi une énigme musicale tant il a cette capacité à faire émerger des artistes qui me touchent particulièrement. Au milieu de Björk, Monsters and Men, Asgeir ou encore Emiliana Torrini trône un groupe à la sensibilité exacerbée qui figure humblement dans mon panthéon musical, Sigur Rós. Excepté la chronique du plus rock et plus âpre Kveikur en 2013 ou le très bel album solo de Jonsi Go en 2010, j’ai toujours eu une réticence à parler des premiers albums de Sigur Rós par peur de déflorer ce sublime îlot d’innocence et de ne pas trouver les mots pour décrire l’émotion dégagée par ce groupe.
L’envie de partager a cependant pris le dessus aujourd’hui et c’est avec la plus grande humilité face à ce monument que je souhaite vous parler du quatrième opus sorti en 2005, Takk… Ce choix de titre -takk signifie merci en islandais- représente bien les mots qui me viennent à l’écoute de cet album. On retrouve dans ce bijou tout ce qui fait la grâce et la beauté de Sigur Rós: le falsetto touchant de Jonsi, la finesse et la douceur de l’orchestration entre violons, cuivres et glockenspiel, les lentes montées en puissance post-rock qui nous évoquent Mogwai ou encore Godspeed You Black Emperor. Voici 5 titres qui devraient illuminer votre journée ou vos années à venir…
1.Après le doux morceau d’ouverture Takk… qui s’apparente pour moi à une fragile constellation de synthés, Glósóli (soleil brillant en islandais) est le premier moment de grâce de l’album. La voix de Jonsi, la richesse des sons aquatiques et du glockenspiel qui esquisse un univers enfantin, la lente montée en puissance qui prend forme au bout de deux minutes pour finir en une sauvage explosion post-rock aussi brutale que savoureuse avec ces guitares acérées… Imparable..
2. A peine remis de Glósóli, Hoppípola (« sauter dans des flaques d’eau ») vient nous donner une subtile leçon de candeur. L’orchestration est juste sublime, le piano et les violons viennent donner un aspect majestueux au morceau qui célèbre l’enfance. Les cuivres finissent de nous cueillir dans la montée finale.
3. Sé Lest (« je vois un train ») et ses presque 9 minutes est une belle odyssée intimiste à l’orchestration subtile. J’aime en particulier le clin d’oeil des cuivres sur la fin qui m’évoque un autre orfèvre, Beirut.
4. Sæglópur (« perdu en mer ») est une nouvelle pépite post-rock que je rapproche de Glósóli. La douceur de la neige laisse peu à peu sa place à la lave volcanique qui anime le morceau pour une très belle démonstration post-rock que ne renierait pas Mogwai. Je savoure en particulier le sentiment d’urgence que l’on ressent à travers la rythmique uptempo.
5. Pour le dernier morceau, j’aurais pu choisir la douceur du trio final de l’album mais je vais de nouveau me laisser tenter par le post-rock de Milanó où la voix de Jonsi montre toute la richesse de son émotion.
Si le besoin de s’évader se fait ressentir pourquoi n’iriez-vous pas voyager en Islande avec Sigur Rós pour parcourir ces paysages sauvages et polaires où les volcans peuvent à tout moment entrer en irruption?
Sylphe